CHAUSSURES ET MAGIE    
 
 
 
CHAUSSURES ET PEINTURE   
LE SURREALISME 
 
 
 
 
 
 

Le culte de la chaussure    

Comme il avait peur d'être emporté par le vent, Philétas de Cos, mort en 290 avant    
Jésus-Christ, portait des sandales à semelles de plomb. Jules César arborait, dit-on des souliers à semelles d'or pour les grandes occasions. Néron, qui    
affectionnait les semelles d'argent, portait des chaussures à semelles d'or le jour où il tua sa femme Poppée à coup de pied. Héliogabale ne mettait jamais deux fois la même paire de souliers.    
 

  
LE FETICHISME    
 
CHAUSSURES PORTE-BONHEUR 
 
 
 
 CHAUSSURES ET MAGIE   

Les qualités magiques attribuées aux chaussures leur ont valu un rôle important dans de nombreux  contes de fées. De même qu'ils ont toujours rêvé de voler, les  
hommes ont échafaudé des fantasmes dans lesquels bottes et chaussures miraculeuses étaient un moyen d'échapper à l'ennui et à l'oppression.  
 (préambule)

 
 
 
CHAUSSURES PORTE-BONHEUR 

Rares sont les pays où il n'existe pas de croyance superstitieuse voulant que les chaussures portent bonheur aux amoureux ou aux jeunes mariés. La plus répandue  
est l'habitude d'attacher un vieux soulier à l'arrière du véhicule qui emporte le jeune couple vers son nouveau foyer ou sa lune de miel. La chaussure fut choisie parce  
qu'elle représentait non seulement la fertilité, mais la stabilité, la prospérité et l'harmonie. Elle était la marque du confort et de la chaleur, indispensable pour un mariage réussi.  
    Au siècle dernier, il était de coutume d'offrir à ses proches, en guise de porte-bonheur, des souliers miniatures en porcelaine ou en terre cuite; on marquait souvent  
ainsi les événements familiaux: baptêmes, noces d'argent ou d'or et anniversaires. Dans tous cas, la chaussure était censée représenter et encourager les vertus domestiques.  
    Ceci dit, les souliers magiques ne portent pas toujours bonheur. Dans Les Chaussons rouges, réalisé en 1948 par Michel Powell, les ravissants chaussons  
écarlates de Moira Shearer étaient si maléfiques qu'ils l'obligèrent à danser jusqu'à la mort.  
 

 
Cendrillon est le plus populaire de tous les contes de fées. Il en existe des centaines de versions, mais celle de Perrault (1697) est la première où l'on rencontre la   
pantoufle de verre. La chose parut si incongrue à certains qu'ils crurent à une erreur typographique, le mot "verre" s'étant, selon eux, substitué à "vair" (fourrure   
analogue au petit-gris). Peut-être. En tout cas, l'erreur était heureuse car le verre fragile et rigide semble bien fait pour interdire toute tricherie lors de séance   
d'essayage. En outre sa transparence et son brillant en font un symbole idéal à la fois pour la pureté de Cendrillon et pour le luxe qui l'attend.   
 (conclusion)
 
 
 
CHAUSSURES ET PEINTURE 

Les Vieilles Bottes que Van Gogh peignit en 1886 furent les premiers souliers jugés dignes d'intérêt par un grand artiste. Jusque-là, les peintres les avaient  
souvent représentés dans le plus grand détail, mais uniquement en tant qu'accessoires de leur modèle et dénués de personnalité propre. Van Gogh a su  
donner à des objets inanimés quelque chose de poignant qui préfigure les souliers de Charlot dans ses premiers films.

 Le Péché originel, peint par Salvador Dalì en 1941, est porteur d'un message beaucoup plus compliqué. Les bottines - vieilles et usées, mais bien  
entretenues - ont été ôtées à la hâte (les lacets ne sont mêmes pas dénoués), manifestement à cause du pied de la femme orné d'un serpent. Dalì oppose  
exotisme et banalité. Bottines et pied nu sont les paradigmes de la vie quotidienne de l'homme assujetti à son labeur, et de la femme libre comme l'air et  
prête à s'envoler vers des univers inusités et romantiques.   
 
 
 
le sURREALISME  

Le surréalisme se distingue des autres mouvements artistiques par son sens de l'humour; il n'est donc pas étonnant que ses adeptes des années 20 et 30 aient été  
prompts à réagir aux absurdités de la mode, s'en servant pour faire une satire spirituelle des attitudes modernes.  
    Les surréalistes aiment choquer et surprendre par d'inattendues juxtapositions d'objets. La chaussure-chapeau de Schiaparelli est un excellent exemple de cette  
technique. Quant aux chaussures en forme de pied de Pierre Cardin, elles sont merveilleusement absurdes.  
 

 
 
LE FETICHISME     

Le fétichisme n'a rien de nouveau; il est lié à la sexualité depuis que la chaussure existe. Allen Jones donne à sa Maîtresse des talons aiguillles parce que les hommes  
pour qui le plaisir sexuel est lié au châtiment les considèrent comme des symboles de crauté et de souffrance.  
    Robert Mapplethorpe, dont les photographies ont exploré dans les années 70 et 80 les allées du sexe, a porté à son paroxysme le désir qu'éprouve le fétichiste  
d'embrasser et de lécher les chaussures de sa partenaire.