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Dès son retour à Vienne, Freud s'était
heurté à l'hostilité de ses collègues de la
Société des médecins lorsqu'il tentait de rendre compte
de ce qu'il avait appris auprès de Charcot. Seul Breuer avait toujours
soutenu Freud et ils avaient pour habitude de mettre tous leurs intérets
scientifiques en commun. Suite à leur coopération, Freud
publie en 1895 la biographie clinique d'Anna O. dans "Etudes sur
l'hystérie", livre qui sera le point de départ de la psychanalyse. |
Pourtant, Freud abandonne déjà
progressivement la méthode hypnotique. En effet, les améliorations
constatées étaient souvent peu durables et Freud remarque
que ces améliorations obtenues après hypnose , au réveil
du patient, sont décuplées quand il amène le patient
à se ressouvenir de ce qu'il avait vécu, mais d'une manière
consciente cette fois-ci. De plus Freud lui-même se considére
comme un piètre hypnotiseur.
Freud abandonne donc la technique de l'hypnose pour adopter celle, plus
personnelle, du divan. Il installe ses patients en position allongée,
sur un lit de repos derrière lequel il s'asseoit, ce qui lui permet
de voir sans être vu lui-même pour permettre la résurgence
des souvenirs du patient. Ce dernier doit dire tout ce qui lui passait
à l'esprit peu importe la cohérence des souvenirs. C'est
le début des associations libres qui sont à la base de la
thérapie verbale ou psychanalyse. Ce nouveau dispositif permet de
mettre en évidence un jeu de forces dans le psychisme : tout ce
qui était oublié avait été pénible,
ou effrayant, ou douloureux, ou honteux au regard des prétentions
qu'avait la personnalitépeut remonter à la surface. Pour
que les pensées oubliées fassent retour à la conscience,
il faut surmonter quelque chose qui résistait chez le malade, faire
pression sur celui-ci.
Freud s'aperçoit rapidement qu'à travailler sur le refoulement,
il est très souvent ramené à des périodes toujours
plus précoces de la vie du malade, jusqu'aux premières années
de l'enfance. Il s'avère en fait que les impressions des premières
périodes de la vie, bien que tombées sous le coup d'une amnésie,
sont déterminantes pour le développement de l'individu, et
peuvent prédisposer à une névrose ultérieure.
Freud met alors en évidence l'importance des excitations sexuelles
infantiles, des expériences de plaisir du corps dans la prime enfance.
L'existence d'une véritable sexualité infantile est découverte,
ce qui provoque dans l'entourage de Freud une explosion d'indignation considérable.
Breuer tenta dans un premier temps de le soutenir, mais sans véritable
inclination personnelle. Freud met d'ailleurs en évidence les raisons
de l'ambivalence de son collègue et ami au regard de l'étiologie
sexuelle. Breuer avait en effet été confronté, avec
Anna O., à un épisode d'amour de "transfert",
révélation qui causa l'interruption brutale du traitement
de Anna O. par Breuer.