SPP "Switzerland - Towards the Future", Module "Media"
TECHNOLOGY TOOLS AND FORMS OF PEDAGOGICAL COMMUNICATION
Rapport d'activités 1997-1998
Abstract
I.1.Timetable
I.2.Results of the last 12 months
I.3.Perspectives for the next 12 months
II.1.Cooperation
II.2.Exchange of collaborators
II.3.Knowledge and Technology Transfer
II.4.Publications
Project Leader : Daniel Peraya TECFA FPSE Université de Genève
Start of Project : 09/1997
End of Project : 08/2000
Abstract
Ce projet fait partie d'un groupe de trois projets coordonnés ayant pour objet et pour terrain le programme d'enseignement à distance du Progetto Poschiavo. Les deux autres sous-projets sont pilotés par le Séminaire de Psychologie de l'Université de Neuchâtel et l'Instituto Swizzero di Pedagogia per la Formazione Professionale de Lugano.
Ce projet est un laboratoire à échelle réelle et constitue donc une opportunité unique d'observation et de recherche expérimentale. Le sous-projet se focalise sur la problématique de la communication pédagogique médiatisée par la technologie. Il se propose d'utiliser une approche sémiopragmatique - inspirée des théories de la communication - pour aborder deux types particuliers de communication médiatisée largement utilisés dans les programmes d'enseignements à distance : la publication électronique de matériel d'enseignement (ligne de recherche 1) et les interactions entre les différents participants à l'aide d'email (ligne de recherche 2).
Les buts principaux de la recherche sont :
- contribuer à une meilleur compréhension des applications pédagogique des médias électroniques, en particulier ce qui concerne leurs deux dimensions communicatives (sémiotique et pragmatique);
- identifier et essayer des stratégies afin d'optimiser l'utilisation de ce genre d'outil dans le cadre de l'enseignement ouvert et flexible;
- de superviser la communication et l'interaction médiatisées par ordinateurs.
Le programme de recherche s'étend sur 35 mois et va faire appel à une variété de méthodes et d'analyses : un modèle des relations entre texte et paratexte sera validé sur la base d'une analyse des accords interjuges; une analyse qualitative et quantitative de corpus; des analyses expérimentales portant sur la lisibilité et le potentiel évocateur des plages visuelles et sur l'impact des icones de marquage sur la gestion de la lecture; une étude comparative de différentes présentations électroniques sera basée sur des enquêtes auprès des participants ainsi que des données expérimentales; un sondage d'opinion parmi les concepteurs et les utilisateurs complètera l'analyse de la qualité des documents d'enseignement; des protocoles de communications feront partie de l'étude des interactions verbales médiatisées.
Les résultats devraient contribuer à une meilleure compréhension des différentes formes de communication pédagogique médiatisée dans le contexte de l'enseignement ouvert et à distance. Elles mettront aussi en évidence des recommandations appropriées pour l'amélioration de la production de matériel d'enseignement basé sur la technologie, au même titre que l'identification de stratégies tutorielles dans un environnement communicatif basé sur l'ordinateur. Ces recommandations pourraient être intégrées progressivement dans le développement du Progetto Poschiavo mais aussi dans l'évolution de la formation STAF dispensée à Genève (TECFA, FPSE).
(Ce résumé est celui de la banque de données du Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation - Aarau)
Part I
1. Timetable
Le projet a débuté avec retard (début réel en septembre et non en février 1997, comme initialement prévu) à cause de l'incertitude quant à l'acceptation définitive du sous-projet de coordination (Sous projet A). Il apparaissait en effet impensable aux deux autres partenaires (Séminaire de Psychologie, Université de Neuchatel et TECFA, Genève) de pouvoir mener leur sous-projet respectif sans l'aide du responsable du Projet Poschiavo pour la coordination et l'accès au terrain.
2. Results of the last 12 months
Le sous-projet B est constitué de deux lignes de recherches particulières, portant respectivement les formes de publications électronique scripto-visuelle, i.e. les sites WEB, (Ligne 1) et les échanges (encadrement, tutorat, gestion) médiatisés par les dispositifs de communication synchrone et asynchrone électroniques (Ligne 2). L'appartenance au domaine plus général de la communication éducative médiatisée rassemble ces deux orientations sous un même projet. Etant donné leurs particularités, chacune de ces deux lignes a connu, selon un planning propre, un développement autonome et sans doute inégal. L'accent a été mis d'avantage sur la Ligne 1 durant cette première année. Ceci s'explique par le fait que cette thématique fait partie d'un paradigme développé depuis plusieurs années et que le démarrage a donc paru plus naturel mais aussi plus facile. De plus, la grande spécialisation de chacune de ces deux lignes de recherche s'avère difficile à maîtriser en profondeur pour un seul chercheur. Pour cette raison, le poste sera dès octobre 1998 scindé en deux demi postes spécialisés, le chercheur actuel demeurant affecté à la Ligne 1 tandis que l'engagement d'un second chercheur pour la Ligne 2, linguiste et informaticien de formation, est actuellement en cours et connaît certaines difficultés: ce double profil est en effet peu fréquent.
Il faut indiquer aussi que le contenu des recherches menées sous l'une et l'autre de ces deux lignes a été infléchi au gré de l'évolution du projet lui-même : au moment ou la requête a été formulée, le Projet Poschiavo se profilait à la fois comme un projet de formation à distance ayant pour thème l'écologie humaine et un projet de développement régional basé sur le technologies. Aussi la Ligne 1 se donnait-elle par exemple comme objectif de " The first research orientation concerns the mediatisation of the content of teaching, that is the presentation of the subject and topics in textual-visual representational forms (so called " paratexts "). ".
Au cours du temps, le Projet Poschiavo a évolué plus nettement vers la seconde orientation, les contenus d'enseignement se sont donc mués en contenus informatifs ou socio-éducatif, au sens large.
LIGNE 1
La recherche trouve son origine dans une recherche plus ancienne comparant les rapports entre les textes et les paratextes dans les manuels d'économie et de biologie, recherche a fait l'objet de plusieurs publications (Peraya, Nyssen, 1993, 1994 ; Peraya, 1995). Un mémoire de troisième cycle commencé en 1996 (Lintz, 1998) tentait de valider la grille d'analyse des rapports textes/paratextes initiale et de l'appliquer aux Cd-roms de biologie. La ligne 1 s'inscrit donc dans la continuité d'une thématique et d'un paradigme de recherche développés depuis près de 5 années au sein de TECFA.
Etape 1 : Application de la grille initiale (1993) à un site WEB produit dans le cadre du Projet Poschiavo
- Site analysé : http://194.209.44.3/ap/michael/thema/default.html. C'est le site de présentation de l'association sportive " Calcio Bregalia ".
- Objectif : application de la grille initiale à un document électronique et étude les modifications nécessaires suite au changement de matériel étudié.
- Résultat : modification et adaption de la grille notamment sur les points suivants :
- Abandon des concepts de texte et de paratexte au profit de celui d'Unité d'information (UI). En effet, dans le cadre de publications éducatives ou didactiques imprimées, on peut concevoir que le texte demeure le support principal de l'information et lui accorder en conséquence une certaine prévalence. Par contre dans le cas de sites WEB, cette primauté tend à s'estomper, voire à disparaître complètement dans les sites les plus " graphiques ".
- Ce changement fondamental a impliqué une nouvelle définition de la grande majorité des variables initiales.
- Ajouts de variables propres aux hypertextes et hypermédias (son, animation, hyperlien, etc.)
- La comparaison entre les deux versions de la grille d'analyse est disponible sur le WEB à l'adresse suivante : http://tecfa.unige.ch/~ott/poschiavo/slides/comparaison.html.
Etape 2 : Conception et construction d'une outil d'apprentissage et de validation de la grille sur le réseau Internet
Au sein du TECFA les technologies ont acquis un statut complexe : outils professionnels, environnement d'apprentissage, contenus d'enseignement, objet de recherche et moyen de recherche. Pour cette raison, il a été développé un outil d'apprentissage et d'évaluation de la grille accessible exclusivement et entièrement sur réseau. Le site permettant la validation de la grille d'analyse a été construit dans le cadre d`un exercice pratique du cours STAF 13 du DES STAF.
- Adresse du site d'apprentissage et d'évaluation de la grille : http://tecfa.unige.ch/~ott/pp/pp.php
- Interface accessible depuis n'importe quel browser Netscape 3 ou 4, utilisant les langages HTML, PHP, Python et JavaScript. Le temps de programmation de l'outil est relativement important : près de deux mois, à temps plein.
- Les deux phases (apprentissage et validation) possèdent chacune un système d'aide en ligne, portant respectivement sur le système d'apprentissage lui-même d'une part, sur la grille et ses variables d'autre part.
- La phase d'apprentissage intègre un dispositif de communication synchrone : les " Living pages ", i.e. une version du TECFAMoo simplifiée grâce à une interface utilisateur graphique(GUI). La matière est présentée variable par variable. A chacune de celles-ci est affecté un espace de communication (" un espace virtuel d'interaction ") de telle sorte que chaque apprenant a la possibilité de communiquer avec toutes les autres personnes étudiant la même matière que lui. De plus l'expérimentateur est accessible a tous moments par n'importe qui, quelle que soit la variable étudiée.
- L'apprentissage des différentes variables a été conçu et structuré de façon séquentielle.
- Lors de la validation de la grille, le sujet procède UI par UI et enregistre ses réponses avant d'aborder l'UI suivante. La validation se fait par un questionnaire HTML. La validation est individuelle et ne permet aucune communication entre le sujet, ses pairs et/ou l'expérimentateur. Il est impossible au sujet de revenir sur une analyse déjà faite et enregistrée. Les réponses de chaque sujet sont enregistrées dans un fichier individuel sur le serveur de TECFA afin de pouvoir être traitées ultérieurement.
- Les étapes 3 et 4 ci-dessous ont pour objectif d'affiner la grille d'évaluation.
Etape 3 : Apprentissage et de validation de la grille
- Au départ, les Assistants de pratiques (APFD) auraient dû constituer le groupe expérimental. Toutefois vu leur indisponibilité - due à une surcharge de travail d'encadrement des groupes-projets et de leur propre formation -, il a été décidé de recourir à des étudiants de la FPSE ou d'autres universités et à des chercheurs extérieurs av
- Nombre de sujets : 18 sujets non experts, dont 2 chercheurs de l'ULG, 4 étudiants de l'UCL (voir ci-dessous, II,1) et 12 étudiants de la FPSE (2ème et 3ème cycles confondus).
- Temps d'apprentissage de la grille : 2 heures, en moyenne.
- Temps de validation : entre 60 et 90 minutes.
- Les phases d'apprentissage et de validation ont été séparées d'une semaine maximum.
- Après la validation, un questionnaire a été distribué afin de recueillir l'appréciation des sujets sur le matériel d'expérimentation. Quelques sujets seulement ont répondu.
- La validation de la grille a été prévue selon une méthode du pourcentage d'accord interjuge. D'autres modalités d'analyse qui tiennent compte de l'accord aléatoire (l'indice de fidélité de Scott, par exemple) pourraient être appliquées si les résultats le demandaient.
- Les résultats sont en cours de traitement. On peut néanmoins déjà faire apparaître les aspects suivants :
- Le dispositif collaboratif d'apprentissage a été peu voire pas utilisé, sans doute parce que la tâche était individuelle et que la majorité des sujets (les étudiants de la FPSE) étaient rassemblés dans un même local de travail.
- On observe une grande variabilité des résultats. Pour les variables " son ", " animation ", " hyperlien " et " localisation " recueillent un, on observe un % d'accord supérieur ou égal à 80 %. Parmi celles-ci, les trois premières ne devaient normalement poser aucun problème d'identification.
- Pour les autres variables, les résultats font apparaître très peu d'accord entre les différents juges sans que l'on puisse décider si cette situation provient d'une lacune de l'apprentissage qui n'a pu être testé, de la qualité du matériel d'apprentissage ou encore de la pertinence des catégories proposées. L'étape suivante (ci-dessous) semblerait montrer que la formation des codeurs soit seule en cause.
Etape 4 : Evaluation d'un site par deux experts
Cette seconde étape de validation concerne cette fois des codeurs experts, D. Peraya et D. Ott. L'analyse de la fidélité interjuge pourrait être analysée, si nécessaire, grâce au coefficient d'accord de Cohen qui permet lui aussi d'évaluer l'accord observé en tenant compte de l'accord aléatoire.
- Site étudié : le site retenu est le site d'un des groupes-projets membre reconnus du Projet Poschiavo. Le groupe est composé de quatre entreprises (Claim Publicità, Plozza Vini, Macellaria Equina Scalino et Caseificio Sociale San Carlo) associées dans un seul et même site de présentation et de diffusion de leurs produits (http://194.209.44.4/prog/17). Parmi les 8 groupes-projets présents sur Internet, celui-ci présente le site le mieux et le plus rigoureusement construit : il offre par exemple une structure unique pour chacun des partenaires et les mêmes rubriques. Le site est aussi le plus riche du point de vue de la diversité des modalités scritpo-visuelle de publication électronique. Enfin, s'il est à vocation informative, publicitaire et commerciale - il permet de commander des produits présentés -, il contient une forte composante socio-éducative : explication des procédés de fabrication, historique de l'entreprise, explication et traduction des termes techniques en romanche, etc.
- L'analyse détaillée est en cours actuellement. Les premières analyses montrent une grande fidélité de jugement entre les deux experts.
- Quelques divergences sont des erreurs de codage manifestes, comme l'atteste la confrontation réalisée après la validation.
- Certaines erreurs proviennent d'une mauvaise information dans le document d'apprentissage
- La typologie des UI devrait être modifiée afin de pouvoir coder les UI mixtes, autrement dit construites à partir de systèmes de signes relevant de registres sémiotiques différents (verbal et visuel, par exemple).
- Dans le même ordre d'idée, la catégorie des ILEIS pourrait être supprimée puisque l'on retrouve les mêmes catégories au niveau qui contient celle des ILEIS et sous cette dernière catégorie. Il y a donc là un problème de cohérence taxinomique important. De plus une ILEIS n'est pas un registre, un type sémiotique, mais plus une fonction particulière affectée à une UI.
- Des erreurs de codage proviennent d'une mauvaise délimitation de l'Unité d'Information : il paraîtrait donc nécessaire de faire un test préalable portant sur la capacité à délimiter les UI. D'un point de vue théorique, ces erreurs sont intéressantes en ce qu'elles montrent l'influence des conditions de restitution et d'affichage du message sur les mécanismes de sémiotisation comme nous l'avions supposé dans l'analyse du dispositif médiatique que nous avons développée (1998-a). L'une des modifications fondamentales lors du passage de l'imprimé à la publication électronique concerne le statut de la page et de la page-écran en tant qu'unité d'information complexe (cf Peraya, 1998-b).
- Les premiers résultats détaillés sont disponibles sur le WEB à l'adresse suivante : http://tecfa.unige.ch/~ott/pp/l2-etape1.html)
Etape 5 : Analyse des icones de logiciels et d'environnements informatiques standardisés (ILEIS)
Les icones de logiciels jouent des rôles importants dans les logiciels et les environnements informatiques standardisés : elles rendent accessibles de nombreuses fonctions et commandes ou possèdent un rôle informatif et métatextuel, guidant le lecteur dans son processus de lecture et d'extraction, de mémorisation et de recherche de l'information. Une première étude de ces icones avait été proposée dans le cadre d'un séminaire d'été de la Téluq (http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/teluq/semete.htm) tandis que depuis trois années, les étudiants du cours STAF 13 ont eu pour tâche d'une part d'étudier la sémantique et la syntaxe de ces icones et d'autre part d'en créer un jeu utilisable dans leurs propres sites ou logiciels.
Une étude détaillée de ces ILEIS a porté sur la définition de leur classement fonctionnel et sur leur " grammaire ". D'un point de vue théorique, cette étude tentait de voir les différence, du point de vue des mécanismes et caractéristiques sémiotiques, entre les ILEIS et l'imagerie initiale étudiée par Darras (1996). Cette recherche sera publiée prochainement dans la revue Recherche en Communciation tandis que certains résultats sont déjà rendus publics sur le WEB à l'adresse et ont été utilisés comme document de formation dans le cadre des cours que nous offrons au 2ème et 3ème cycles (http://tecfa.unige./themes/icones/ico-dos.html).
La classification fonctionnelle des ILEIS qui est encore embryonnaire dans cette étude sera développée avec le concours de M. F. Lombard, Chargé d'enseignement, récemment engagé dans le cadre du cours Média et informatique (P. Mendelsohn et D. Peraya) de la licence Mention Enseignement de la FPSE durant l'année académique 1998/1999.
LIGNE 2
La première année du projet devait était consacrée à plusieurs tâches préparatoires : recherche et analyse de logiciels d'analyse de contenu, évaluation des méthodologies existantes et recherche d'indicateurs.
Etape 1 : Analyse de logiciels d'analyse de contenu
Deux logiciels ont été testés : TROPES (ACETIC, Paris) et NOMINO (LICEF, Télé Université du Québec, Montréal). Si ce constitue un bon outil d'analyse textuelle construit sur une base de données textuelles compatibles avec les outils standard (WEB et traitement de texte), il reste comme TROPES un logiciel d'analyse de textes et non d'interactions. Aussi pourraient-ils être utiles dans une étape ultérieure du travail au moment où l'analyse thématique des messages deviendra importante. Enfin, Une analyse du logiciel NUDISTE est programmée dès la rentrée académique 98/99.
Etape 2 : Test de méthodologies et recherches d'indicateurs : choix de corpus différenciés et formulation d'hypothèses
Il a été décidé dans un premier temps de travailler sur trois types de textes différents, représentatifs de trois modalités de communication différentes telles qu'elles se pratiquent régulièrement dans le cadre du diplôme STAF, notamment pour les cours STAF 13 et 17:
- les séances de tutorat et de discussion des travaux en cours : communication synchrone textuelle multi-utilisateur (TECFAMoo);
- le forum de discussion thématique mis en place dans le cadre du cours STAF13 : dispositif de communication asynchrone textuel multi-utilisateur
- les échanges de courrier électronique : communication asynchrone interpersonnelle textuelle et/ou collective.
La caractérisation de ces différentes dispositifs de communication médiatisée peut être envisagée selon les critères proposés par Clark et Brennan (1993) dont la coprésence, la visibilité et l'audibilité, la synchronicité entre production et émission, la possibilité de réception multiple et synchrone, la structure séquentielle de l'échange, l'accessibilité à un mémoire de la conversation, la possibilité de modifier son message avant de le transmettre. Ces différents critères définitoires ont été intégrés à notre modèle du dispositif médiatique déjà évoqué ci-dessus.
Sur la base de ces critères, on peut montrer la position particulière du système de communication synchrone médiatisée.
Etape 3 : Préparation et analyse du corpus MOO
La première analyse a porté sur le corpus du MOO.
- Trois raisons ont poussé à choisir le Moo comme premier corpus:
- les caractéristiques propres du dispositifs;
- contrairement au courrier électronique, le peu d'études de référence à propos de ce type de dispositif;
- l'étendue plus limitée du corpus.
- Corpus :
- Cinq séances de tutorat (4/11, 11/11; 20/11, 2/12, 9/12) dont le protocole est saisi automatiquement par le système informatique (cf. un exemple à l'adresse http://tecfa.unige.ch/talk/dper/strasbrg.html);
- Entre 8 et 10 participants à chaque séance sauf la séance 4, qui n'en compte que 6.
- Durée des séances : minimum: 40 minutes; maximum : 1 heure 40 minutes.
- Les protocoles reproduisent automatiquement l'information visible à l'écran pour tous les utilisateurs :
- Qui parle.
- La modalité de phrase (question, affirmation, exclamation, etc.): ce que l'on appelle les " verbes ".
- Le texte de l'intervention.
- L'heure de chaque intervention et de chaque événement (la connexion ou le départ d'un participant, par exemple).
- Les événements (ce que l'on appelle les " emote ") non verbaux qui permettent d'indiquer des attitudes, des comportements et des actions non verbales (par exemple : " jean salue pierre qui vient d'entrer dans la salle de cours ", " jean est déconnecté ")
- Les " mood " qui permettent à chaque participant de définir à chaque moment son humeur, une particularité, un trait de caractère qu'il veut faire connaître aux autres participants (par exemple : " jean (content) says - ").
- L'interpellation directe d'un intervenant qui se marque par l'insertion d'un " to suivi du nom de l'intervenant ".
- Certaines de ces indications sont automatiques comme l'heure, le contenu de l'intervention, les modalités de phrase inférées automatiquement à partir des signes de ponctuation en fin de phrase. Certains emote sont eux aussi directement produits par le système : ils indiquent qui arrive, qui part, etc. Par contre, les emote individuel (expression volontaire d'un participant), les mood et les " to " doivent être insérés volontairement par les utilisateurs à l'aide de commandes spécialisées. Leur usage demande donc un certain degré de maîtrise du système et du logiciel.
- Afin de pouvoir faire l'objet d'un traitement informatique, ces protocoles (en format .txt) ont dû être modifiés et transformés afin de faire apparaître chacune des information dans une catégorie labelisée et d'être transférées, à travers le format Word, dans un tableau Excel.
- Les donnés ainsi transformées ont fait l'objet d'un premier traitement informatique afin d'obtenir certains indicateurs :
- Nombre de caractères
- Nombre de mots
- Nombre d'intervention
- Longueur moyenne des mots en caractères
- Longueur moyenne des interactions en mots
- Temps moyen entre deux interventions
- Corrélation entre longueur moyenne et temps moyen entre deux intervention
- Durée de l'unité analysée (global ou épisode)
- Verbes (says, asks, exclaims, questions, yells, smiles, winks, frowns, smirks)
- Nombre de mood
- Nombre d'emote volontaires
- Nombre d'emote produits par le système
- Nombre de communication explicitement adressée à un personne
- La programmation des différentes macro permettant de réaliser ces différentes opération sous Word et Excel a demandé un mois de travail à temps plein.
- Ces différents indicateurs ne portent pas sur le contenu des interventions mais décrivent uniquement leurs aspects formels et de surface, tels qu'ils sont saisis par l'interface de communication.
- L'extraction des valeur de ces différents indicateurs a été faite sur la base :
- Du protocole dans on ensemble.
- Des différents épisodes thématique repérables comme sous unités de la séance entière : par exemple les épisode de salutations (début, et fin, arrivée en cours d'un retardataire), les épisodes consacrés aux contenus, les épisodes de négociation portant sur la régulation du processus d'interaction ou sur le déroulement même de la séance etc.
- De l'ensemble des interventions de chacun des participants.
- La préparation des protocoles a demandé un certains nombre de décisions méthodologiques importantes portant sur des difficultés de traitement :
- La définition des limites d'un épisode et des transition d'un épisode à l'autre. Il s'agit donc techniquement de décider du rattachement à un épisode des interventions d'ouverture et clôture des épisodes. Il a été décidé par convention de rattacher la transition à l'épisode précédent sauf quand l'ouverture de l'épisode suivant constitue une rupture sans transition, une saute thématique explicite.
- L'attribution d'un message à un intervenant particulier ou à la collectivité lorsque l'émetteur n'a utilisé ni un " to " ni spécifié explicitement dans le message le nom de son interlocuteur. La décision a donc dû être prise au cas par cas par une analyse de contenu. De plus, les procédures de traitement actuellement mises au point ne permettent pas d'extraire une configuration du flux de communication (qui parle à qui). Cet aspect devra être traité différemment à partir d'une analyse portant sur le contenu des interventions.
- Le cas des interventions adressés explicitement à deux personnes en même temps (par exemple : " danielP says "Anouk et Fabrice, je suis content de vous voir" "). Le traitement informatique ne permettant pas de prendre en compte ce double adressage et ne permettant pas d'avoir, pour des raisons évidentes de calcul, deux intervention au même moment, il a été décidé de dédoubler l'intervention et d'insérer un dixième de seconde de différence entre les doublons.
- Le cas d'interventions synchrones, c'est-à-dire enregistrées par le système au même moment, a été réglé de la même façon afin de pouvoir être traités.
Etape 4 : Les premiers résultats
Les données sont en cours de traitement et ne les quelques résultats que nos donnons ci-dessous ont donc un statut provisoires. Enfin, nous l'avons dit ces résultats portent sur la description extérieure des interactions et non sur leur contenu. Celui-ci devra faire l'objet d'une analyse ultérieure pour laquelle parmi les logiciels testé Nomino semble le plus adapté. Cette analyse pourra se faire sur la base d'un modèle d'interactions de tutorat tel que celui proposé par F. Henry (1991) ou récemment par McDonald et Gibson (1998)
- Les résultats fournis par le premier traitement informatique ne sont pas tous d'égal intérêt en fonction de l'unité textuelle retenue (la séance, l'épisode ou les interventions d'une personne) : par exemple, le calcul de la corrélation entre longueur et temps n'a aucun sens lorsque l'on considère la séance globalement. Mais il constitue une information importants quand on l'observe pour une seule et même personne
- Il semble n'exister qu'une faible corrélation entre la longueur d'un message et le temps qui le précède. Si la corrélation était égale à 1, le temps écoulé serait entièrement consacré à la rédaction du message : plus le message est long, plus son écriture et sa saisie sont longues. Or, les faibles corrélations observées semblent indiquer le lien minimum entre longueur du message et saisie, tout en laissant une place pour d'autres activités telles que la lecture des autres messages, la réflexion, et sans doute le choix du moment de l'intervention en fonction du contexte.
- La répartition des interventions semble fort inégales parmi les intervenants, l'enseignant prenant une part largement majoritaire.
- Le degré d'expertise et de maîtrise de l'interface du logiciel MOO influence le taux d'utilisation des verbes sociaux et des indicateurs relationnels. De plus, avec le temps les novices, au fur et à mesure qu'ils acquièrent de l'expérience, utilisent plus fréquemment ces indicateurs.
- La longueur moyenne des interventions est de l'ordre de 7.5 mots dissyllabiques. C'est une contrainte sans doute liée à l'interface. Elle varie certainement selon la nature de l'épisode (salutations et contenus) et selon la position dans le déroulement global de la séance (ouverture et fermeture 3.5 ; milieu 8-10). On observe aussi une grande variabilité interindividuelle, à l'exception de l'enseignant.
BIBLIOGRAPHIE
- Darras B. (1996), Au commencement était l'image, du dessin d'enfant à la communication d'adultes, Paris, ESF.
- Henri F. (1991), Computer Conferencing and Content Analysis, Kaye A. (Ed), Collaborative learning Through Computer Conferencing, NATO ASI Series, F, 90, Berlin, Springer Verlag,117-137.
- Lintz M. (1998), L'analyse des rapports textes/images dans les documents pédagogiques en biologie humaine, Mémoire de DES, TECFA, Université de Genève.
- McDonald J., Gibson C.C. (1998), Interpersonal Dynamics and Group development in Computer Conferencing, The American Journal of Distance Education, 12, 1, 7-25.
- Peraya D. (à paraître), Les structures sémiotiques des ILEIS, Recherches en Communication, 6,1998.
- Peraya D. (à paraître), Le cyberespace : un dispositif de communication et de formation médiatisées, Alava S. (Ed.) Cyberespace et autoformation, De Boeck.
- Peraya D. (1998-a), Théories de la communication et technologies de l'information et de la communication. un apport réciproque, Revue européenne des sciences sociales, Mémoire et savoir à l'ère informatique, XIV e Colloque annuel du Groupe d'Etude "Pratiques Sociales et Théories", XXXVI, 111, 171-188.
- Peraya D. (1998-b), Une révolution sémiotique, Cahiers pédagogiques, A l'heure d'Internet, mars, 362, 26-28.
- Peraya D. (1995), Vers une théorie des paratextes, La médiation des savoirs, Recherche en communication, n°4, pp. 119-156.
- Peraya D, Nyssen M.C. (1994), Les illustrations dans les manuels scolaires. Vers une théorie générale des paratextes, in Médiascope, 7, 8-12, avril/mai, CRDP Versailles.
- Peraya D, Nyssen M.C. (1994),Les paratextes dans les manuels de biologie et d'économie: une première approche, in Médiascope,7, 13-21, avril/mai, CRDP Versailles.
- Peraya D, Nyssen M.C. (1993), Pour une théorie des paratextes: une étude comparée des manuels de biologie et d'économie, Les cahiers de la Section des Sciences de l'Education, n° 78, Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education, Genève.
3. Perspectives for the next 12 months
Ligne 1
Voici les thèmes de recherches privilégiés par cette ligne :
- Application de la grille d'analyse sur des sites de Groupes du projet Poschiavo, afin d'extraire les spécificités d'utilisation des Unités d'Information dans un document électronique à visée informative. Par ailleurs, ces résultats seront transmis aux différents groupe afin de leur donner une information sur la manière dont ils utilisent la diversité des formes de représentation caractéristiques du WWW.
- Utilisation de la grille comme outil de formation des APFD.
- Voir comment les gens identifient les Unités d'Informations dans un document électronique, selon les critères qui de définition.
Voici quelques recherches potentielles liées à la thématique de cette ligne, parmi lesquelles certaines seront traitées en fonction du développement du projet :
- Etude du choix des Unités d'Information utilisées comme point de départ cliquable d'un hyperlien.
- Quel est l'impact de la différence entre format électronique avec support fixe et support variable sur la lecture d'un document?
- Quel est l'impact de la différence entre format électronique avec support fixe et support variable sur la rédaction d'un document?
- A partir de quelle taille un document accédé par un hyperlien est-il considéré comme un document à part entière, plutôt qu'une simple "note'?
- Quel effet le scrolling a-t-il sur la lecture d'un document? Référenciation inter ou intra : quelle préférences?
Ligne 2
- Fin de l'analyse des protocoles Moo et analyse de contenu.
- Comparaison avec les autres modalités de communication prévues.
- Essai de typologies des genres de textes en fonction des dispositif technologique de médiatisation.
- Tentative de définition de profils de tutorat sur la base des analyse de discours.
- Utilisation des profils comme guide à la gestion des interactions.
- Eventuellement implémentation sur le réseau d'outils d'aide à la régulation des interactions.
Part II
1. Cooperation
- Université de Lyon 1 (Pr. Sylvie Laine-Cruzel)
- Université de Liège (Sylvie Anne Piette)
2. Exchange of collaborators
- HITL, Seattle, Département spécialisé dans la conception des interfaces Homme/Machine, D. OTT, sur fonds propres TECFA.
- LICEF, Télé Université du Québec, D. Peraya, à l'occasion d'une invitation et d'une mission d'évaluation financée par la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUC).
3. Knowledge and Technology Transfer
- Publications
Détails sous Points 4, Publications
- Applications
- Collaboration avec le Laboratoire RECODOC (http://www.univ-lyon1.fr/recodoc) de l'Université Claude Bernard de Lyon 1 (Pr. Sylvie LAINE-CRUZEL). M. Mohamed BEN ROMDHANE, dans le cadre de sa thèse de Doctorat, se propose de reprendre à des fins descriptives la grille d'analyse des Unités d'information produite à l'occasion du projet. La première réunion de travail est programmée pour le début du mois d'octobre. Les deux équipes devront se rencontrer normalement à Genève afin de déterminer les orientations précises de cette collaboration et d'élaborer un plan de travail.
- Collaborations épisodiques avec la Faculté de Psychologie et de Science de l'Education de l'Université de Liège et le département de Communication de l'Université catholique de Louvain dont certains chercheurs ou étudiants on participé en tant que sujet à la validation de la grille.
- Teaching and training
Les recherche menées dans le cadre du, projet ont donné lieu à plusieurs formes d'intégration dans le cadre de l'enseignement que TECFA propose au second et troisième cycles et dont D.Peraya a la charge.
- Présentation de l'analyse des ILEIS dans les cours de 2ème cycle (Licences LMRI et LME) et 3ème cycle (STAF 13, DES, STAF).
- Présentation de la grille d'analyse des Unités d'information dans le cadre du Cours STAF 13.
- Passation du test de validation de la grille d'analyse des Unités d'information par des étudiants de 2ème cycle (Licence LMRI) et de 3ème cycle (DES, STAF).
4. Publications
- Articles
- PERAYA, D (à paraître) - Les structures sémiotiques des ILEIS, Recherches en Communication, 6.
- Communication acceptée au Colloque " Indutries éducatives ", IUFM Nord pas de Calais (avec le concours de l'Université de Lille 3 et de l'Université du Littoral Côte d'Opale), 29 au 30 octobre 1998. D. OTT et D. PERAYA, " Dispositif de recherche et campus virtuel : intégration et influence réciproque ".
- Publications électroniques
- une information générale et tenue à jour est mise à disposition dans la rubrique recherche du site Web de TECFA (http://tecfa.unige.ch/research/~ott/pp/research/sub-b.html) ;
- le matériel d'apprentissage et de validation de la grille d'analyse des Unités d'informations dans les sites (Ligne 1) se trouve à disposition sur le Web à l'adresse : http://tecga.unige.ch/~ott/pp/pp.php ;
- Des extraits de l'analyse des ILEIS (Ligne 1) se trouvent publiés dans le matériel de formation pour les différents niveaux d'enseignement dispensés par D. Peraya dans le cadre de TECFA (http://tecfa.unige./themes/icones/ico-dos.html).
David Ott
Last modified: Thu Mar 23 16:02:09 MET 2000