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6-3 La modélisation d'objets et d'acteurs

6-3.4 L'avenir de la simulation orientée objet

A notre avis, les langages de simulation orientée objets ne rencontrent pas assez d'intérêt dans la recherche et il serait temps que plus d'efforts soient consacrés à leur développement, notamment en vue du très grand potentiel que possède la simulation dans l'enseignement et la formation professionnelle. Une fois trouvé une (ou plusieures) norme(s) de simulation orientée objet, il serait également très profitable de distribuer des bibliothèques d'objets[96]. Ceci pourrait faciliter énormément le travail de développement. Par définition, un objet et les "méthodes" associées sont réutilisables, combinables et spécialisables dans un langage de programmation objets.

La raison pour laquelle la simulation orientée objet d'agents et d'événements discrets ne rencontre pas énormément d'intérêt en sciences humaines tient surtout aux raisons suivantes: d'abord il s'agit d'une technologie relativement nouvelle. Les disciplines comme la science politique mettent en règle générale une vingtaine d'années ou plus pour adopter une nouvelle technologie. Aujourd'hui la pression d'être "à la page" a sans doute augmenté. Toutefois, il manque au politologue moyen une formation suffisamment bonne en informatique pour travailler avec des langages plutôt proto-typiques. Finalement, toute modélisation orientée objet nécessite un certain investissement en ressources humaines dont on dispose que rarement dans notre discipline[97]. Ce problème est aggravé par le fait qu'il existe peu d'efforts de recherche à long terme sur un même sujet, cadre où la modélisation objets est particulièrement payante. Toutefois, dans le cadre d'un travail coopératif en partageant des bibliothèques d'objets, ce type de simulation est tout à fait envisageable au plan des ressources.

La discipline de l'informatique proprement dite ne s'intéresse guère à la simulation à moins que ce ne soit des problèmes très difficiles et pointus. La simulation numérique ou orientée objets est essentiellement un domaine d'application et non de recherche en informatique. Elle est donc "laissée" aux autres disciplines. La modélisation de l'interaction d'agents intelligents se fait surtout dans le cadre du domaine IA du "planning" sous les labels de "cooperative planning", "collaborative interagent planning", etc. Nous y reviendrons brièvement dans la section suivante.


[96] A titre d'exemple, nous citons le "mathématicien" et le "physicien" utilisés dans les simulations militaires de Ross ou encore les objets-type utilisés dans la simulation des processus de fabrication (unités physiques comme "usine" ou "centre d'assemblage", unités d'information comme "ordre d'un client" ou "opération à effectuer", etc.). Voir par exemple la proposition de Zeigler, Vahie et Young(94) qui va dans le même sens.
[97] On peut très rapidement construire une simulation numérique qui "tourne". Par contre, il faut plus de temps pour construire une simulation objets, car il faut modéliser les attributs et actions des objets d'une façon qui permet à l'ensemble de tourner. Une action "non-comprise" par un objet peut déranger le système entier, tandis qu'une opération mathématique (la seule opération effectuée sur les "objets" des simulations numériques) marche toujours dans le sens où le modèle ne s'arrête pas.