Exemples illustratifs - modélisation de scénario avec BPMN 2.0

Janvier 2015

Écriture de récits collaboratifs en contexte hybride.

Intentions pédagogiques

        Notre scénario pédagogique invoque la construction d’un récit en communauté. Les étudiants construisent (seul ou à deux) à distance des suites à un début d’histoire fournit par l’enseignant et votent chaque semaine pour la meilleure. Le scénario se focalise sur la pratique réflexive de l’apprenant et la confrontation de connaissances aux points de vue d’autrui. À chaque itération le dispositif enjoint l’apprenant (par des questions) à réfléchir sur la manière dont il a abordé l’écriture de l’itération précédente et à faire un petit commentaire sur l’écriture en cours.

Notre scénario s’ancre dans une perspective socioconstructiviste de l’apprentissage que nous pourrions énoncer selon les principes de Doolittle (1999) de la manière suivante :

1.     Présenter une activité complexe et authentique. La production d’un récit commun représente le résultat tangible issu d’un travail collaboratif global sur plusieurs semaines.

2.     Procurer des interactions sociales. À chaque itération l’apprenant doit argumenter, lire l’argumentation de ses paires et la discuter dans la perspective concrète d’un vote « éclairé ». L’interaction utilise les technologies de communication.

3.     Fournir un contenu et un savoir-faire signifiants et proche des acquis de l’élève. Le scénario s’ancre dans le programme d’un cours de français de niveau lycée. Il représente une application originale et assez ludique d’aborder l’expression écrite et ses principes (architecture et construction de récit, style littéraire, figures etc.)

4.     Bénéficier d’une évaluation formative continue. Chaque itération fournit un feedback issu de la communauté. L’enseignant peut aussi effectuer un retour en classe ou en ligne sur les réalisations de la semaine.

5.     Être responsable de son apprentissage. L’apprentissage de l’apprenant dépend de lui-même et non de son enseignant. Cet apprentissage nécessite un engagement profond de la part de l’apprenant dans la participation au travail de la communauté.

6.     Les enseignants sont d’abord des guides et des agents facilitants de l’apprentissage. L’enseignant n’est pas un instructeur. Il propose plutôt à l’élève des expériences aptes à susciter des acquisitions significatives.

7.     Revoir des contenus et les présenter selon diverses perspectives. L’étudiant à travers la confrontation des travaux à la vision de ses paires apprend à percevoir la réalité selon divers points de vue afin de construire sa propre vision de cette réalité perçue (formalisé par l’acte final du vote).

Aborder un tel scénario en contexte hybride nécessite une technologie de support permettant sa mise en œuvre organisationnelle mais aussi pédagogique. La réussite (création d’une réelle compétence d’écriture chez l’apprenant) ne peut être atteinte qu’au prix d’une scénarisation précise des activités. Le socioconstructivisme postule avant tout que l’apprentissage survient lorsque des individus tentent de coordonner des centrations cognitives divergentes dans la perspective d’une action commune concrète. Les conditions nécessaires à ce processus ne vont pas de soi et résultent d’une scénarisation visant à provoquer des apprentissages.

        De manière globale notre modélisation et son implémentation doivent faire démarrer le travail, rendre l’enseignant disponible au moment opportun, gérer le temps, faire participer les apprenants, susciter le questionnement, confronter l’apprenant au travail des autres, gérer le flux documentaire etc.

 

 

Modélisation

 

 

Figure 6: Scénario récit collaboratif (niveau 1) - Grand format voir annexe 9

 

Les différentes phases du scénario consistent à (1) présenter l’activité aux étudiants et introduire le sujet par une activité préparatoire, (2) introduire les consignes, s’assurer que tous les apprenants ont bien compris les directives, former des groupes ou non, (3) proposer une suite, (4) voter pour une suite et argumenter son choix, (5) lire les argumentations, les discuter, (6) voter définitivement, (7) réitérer les phases précédentes jusqu’à fin de l’histoire en ajoutant des étapes permettant d’interroger l’étudiant sur sa pratique à chaque itération, (8) institutionnaliser, (9) concrétiser le travail par la production d’un produit finalisé et esthétique (motivation des élèves aimant le graphisme), (10) présenter aux autres, (11) publier sur le blog de l’école (motivation).

        La modélisation se situe à un niveau 1 et décrit l’enchainement des différentes étapes selon les acteurs, la temporalité, les ressources et outils utilisés. Chaque appel d’activité (en blanc) est multi-instancié en parallèle et attribué à chaque apprenant. Ces activités font alors références à un workflow de niveau 2 (voir ci-après) décrivant le parcours de l’apprenant.

        Le scénario donne une vision globale du déroulement des tâches des acteurs mais aussi du système (ex : compilation des travaux étudiants, attribution d’un étudiant à un groupe). Les tâches et activités n’impliquant pas d’interaction avec le système E-flow sont tous simplement ignorées et sautées par le système durant l’exécution. Des évènements de temporalité permettent alors de gérer et coordonner le flux. Les attributs définissant ces temporalités ne sont pas fixes mais récupèrent la valeur d’un paramètre devant être complété par l’enseignant durant l’installation. Durant les itérations les temps sont définis comme des cycles (ex : tous les lundis à 8h) permettant d’appliquer le même schéma chaque semaine.

La modélisation représente un workflow global lancé une seule fois par l’enseignant pour tout le dispositif. Chaque appel d’activité est ensuite décrit par un diagramme au niveau 2.

        À titre d’exemple la figure 7 ci-après est un diagramme de niveau 2 concernant l’activité « production ». Il décrit le parcours instancié pour chaque apprenant à cette étape du dispositif. Ce parcours se présente différemment si (1) l’apprenant a choisi d’effectuer le travail seul ou en groupe durant l’acte précédent (figure 8) et (2) si l’apprenant se trouve à la première itération du processus ou les suivantes. En cas de retard important à une date fixée un signal se déclenche et envoi un avertissement à l’enseignant. Ce dernier l’informe de la situation de l’étudiant et lui offre différents choix de régulation (figure 9). Chaque activité appelante est définie à un niveau 2.

 

 

Figure 7: Description activité « production » (niveau 2)

 

Figure 8: Description activité « consigne et groupement » (niveau 2)

 

 

Figure 9: Processus de régulation enseignant déclenchée via signal.

 

Activité simple de correction.

        Modélisation d’un petit workflow permettant la circulation automatisé d’un document entre différents acteurs jusqu’à être jugé valide pour la publication finale. De manière simple l’idée première aurait pu se représenter de la façon suivante :

 

Figure 1: Modèle simple processus de correction

 

Ce processus a ensuite été enrichi et précisé afin d’en proposer une version exécutable par le système. Nous avons premièrement précisé la situation d’application, les acteurs impliqués et leurs rôles respectifs. Nous avons choisi une situation fictive de type académique, comprenant enseignants, assistants et apprenants. L'idée est de fournir un système non linéaire permettant un bouclage infini entre ces trois acteurs tant que le document ne convient pas aux exigences. Dans notre scénario :

-        L'apprenant : Produit le document, transmet le document à l'assistant, effectue les corrections nécessaires.

-        Les assistants : Sont chargés des premières lectures et des prises de décision. Ils peuvent notamment demander des corrections et revoir le document, demander des corrections et transmettre à l’enseignant pour validation, décider de publier le document tel quel, etc.

-        L'enseignant : Décide si le document peut être publié ou publié après quelques corrections mineures ou enfin nécessite des corrections importantes impliquant un retour point de départ.

Après différents tests notre modélisation s’est arrêtée sur le diagramme BPMN de la figure 2.

 

Figure 2 : Diagramme BPMN final activité de correction

 

Des variables booléennes conditionnent le parcours en prenant les valeurs « True » ou « False » en fonction des choix des participants dans les formulaires. L’application une fois exportée en ficher .bar peut être installée sur E-flow et initialisée par n’importe quel étudiant voulant démarrer un cycle de correction de son travail avec l’aide de l’équipe pédagogique. Cette activité peut donc être lancée manuellement par chaque apprenant mais peut aussi être utilisée dans le cadre d’un scénario de niveau 1. Auquel cas l’activité de correction sera initialisée par le système à un moment donné et selon les conditions définis dans le scénario BPMN niveau 1 orchestrant les activités.

 

 

Figure 3: Activité de correction disponible sur E-Flow pouvant être démarré par un étudiant.

 

 

 

Figure 4: Nouvelle tâche disponible pouvant être réalisé par un assistant

 

 

 

 

 

Figure 5: Réalisation de la tâche par un assistant