Le projet : Méthode Goguelin
La méthode proposée par Pierre Goguelin a pour objectif d'aider chacun à devenir l'auteur de son propre projet. Elle prend en compte trois termes : l'auteur, le «facilitateur» qui l'assiste dans sa démarche, et le projet lui-même.
Neuf Principes |
Sept étapes |
La démarche de l'auteur du projet a plus de chance d'aboutir qu'elle respecte les principes suivants : 1 le principe de réalité : le projet doit tenir compte des capacités de son auteur et des situations que celui-ci sera amené à affronter ; sa volonté (le réalisation implique qu'il en ait conscience); 2 le principe de congruence : un projet doit être l'expression des vaIeurs, des besoins et de la personnalité de son auteur : ce dernier doit se reconnaître dans son projet ; 3 le principe d'auto-contrôle : à tout moment de sa réflexion l'auteur doit se poser les questions sur la vraisemblance ("est-ce possible ?") et les implications de ses options ("si je fais cela, que va-t-il se passer ?") ; 4 le principe d'emboîtement (ou de "poupées russes") : l'auteur doit s'assurer que chaque souhait ou option particulière s'inscrit bien dans son projet général de vie. Inversement il doit considérer qu'un projet général se décompose nécessairement en sous-projets, qui ne doivent pas être incompatibles ; 5 le principe d'ordre : un projet doit s'inscrire dans le temps et se décomposer en étapes successives qui forment un schéma prévisionnel d'actions. quant à l'aide directe offerte par le facilitateur , elle devra observer les suivants : 6 le principe de respect de l'autre : Le le facilitateur ne doit pas se substituer à l'auteur, II est le catalyseur du projet, qui doit être entièrement l'oeuvre de l'auteur ; 7 le principe de maïeutique : sa mission est d'amener l'auteur par questions et reformulations à exprimer et clarifier ses propres souhaits et options à en être conscient ; 8 le le principe d'information et de libre choix : il peut proposer à l'auteur des informations objectives s'il les juge utiles, mais ne doit pas l'obliger à en tenir compte ; 9 le principe d'imagination réalisante : il peut demander à l'auteur d'imaginer la situation créée par un choix, notamment lorsqu'il décide d'ignorer certines informations. En somme, il s'agit de veiller à ce qu'il respecte le principe d'auto-contrôle) |
Un "facilitateur" est un consultant. Il ne doit exercer aucune pression sur l'auteur du projet, sauf sur un point : l'observation scrupuleuse du programme d'élaboration, qui comprend sept étapes. l'exemple que nous développons est celui d'un projet professionnel, mais le programme s'applique à toutes sortes de projets. 1 Rendre manifeste le cadre du projet. Un projet professionnel s'inscrit dans un projet de vie. Il s'agit donc de faire émerger les traits dominants de ce projet de vie : est-il orienté vers l'"avoir" et le "pouvoir", ou bien vers "l'être" et "l'aimer" ? Dans le premier cas, c'est la réussite professionnelle qui compte, dans le second, plutôt la réalisation de soi". 2 Rendre manifestes les grands axes d'intérêt du projet. Un projet doit correspondre aux intérêts personnels de l'auteur. Le "facilitateur"aidera l'auteur à découvrir ses domaines de prédilection (littérature, arts, sciences, nature, social. économie etc.) au cours d'un entretien. Du (Ou des) centre(s) d'intérét, on passera au métiers que l'auteur connaît déjà, qu'il envisage de faire, en lui faisant expliciter ses raisons. A ce stade l'important pour les deux interocuteurs est de parvenir à une représentation commune, globale et provisoire de ce que souhaite l'auteur. 3 Réunir l'information. Rappelons que le "facilitateur" ne recherche pas, des informations pour bâtir lui-même le projet de l'autre ni même pour le conseiller, mais pour que l'autre soit l'auteur d'un projet réaliste et réalisable. On procèdera en deux temps :
4 Réaliser la synthèse. A cette étape, le "facilitateur" invitera l'auteur à élaborer par écrit une synthèse des résultats des étapes précédentes, qui mette en regard le bilan de ses aptitudes et les souhaits qu'il a formulés à l'étape 2. Il lui demandera également de préciser les efforts qu'il est prêt à faire et les points forts ou faibles qu'il reconnaît en lui. 5 Rechercher des solutions. Une fois la synthèse réalisée. le "facilitateur" devra inviter l'auteur à considérer des choix concrets (professionnel dans le cas-type). C'est à ce stade seulement qu'il peut jouer un rôle d'informateur actif sur les conditions d'accès, le développement, l'encombrement et le niveau de rémunération des professions envisagées, et en proposer d'autres si nécessaire 6 Amener le choix et la décision. Le tiers demandera à l'auteur de classer les solutions retenues en fonction de deux critères : sa préférence et ses chances de réussite. Puis il l'invitera à faire un choix à prendre une décision, sur laquelle il n'émettra pas de jugement. Tout au Plus, en cas d'option aberrante, pourra t-il inviter l'auteur à réfléchir quelque temps, au besoin à l'aide d'une question d'imagination réalisante. 7 Préparer la mise en oeuvre. Conformément au principe d'ordre énoncé en 1, la mise en oeuvre du projet doit prendre la forme d'un programme d'actions à réaliser. Le "facilitateur" aidera l'auteur à en établir le planning précis. Enfin, le suivi... Trop souvent l'accoucheur de projet laisse l'auteur se débrouiller seul avec son programme. Réaliser un projet est une démarche érilleuse qui ne doit pas s'interrompre au premier obstacle rencontré. Dans 1 idéal, donc le "facilitateur" suivra sa mise en oeuvre pas à pas toujours dans le même esprit : celui dun accompagnateur qui ne se substitue pas à l'auteur du projet. Le candidat à la réussite ou à la réalisation de lui-même trouvera sûrement sécurisant d'apprendre la voltige avec un filet. |
Pierre Goguelin, In Dossier Projet in Science Humaines N° 39 MAI 1994 P. 31