Remarque : ceci est un travail scolaire. Il n'a pas de caution scientifique, médicale ou autre, et, bien que cet élève ait fait un travail qui a été accepté dans le contexte scolaire, il ne peut prétendre être une source fiable d'informations ! |
Collège Calvin. Juin 1999
I . Introduction
IIIa. Problèmes rencontrés
IIIb. Choc que provoque l'arrivée des OGM
IV. Bilan
V. Annexes
VI. Bibliographie
Photo en page de titre : Petite fille du Sahel de Philippe Luzuy, tirée de l'Atlas n°123, septembre 1976
Aujourd'hui, à l'aube du XXIe siècle, notre Terre compte six milliards d'habitants. Plus de huit cents millions d'entre eux souffrent de la faim, dont cinq cents millions en Asie et deux cent cinquante millions en Afrique. Cette situation est inacceptable, d'autant plus qu'elle va en s'aggravant. Il est donc impératif et urgent de trouver le moyen d'accroître la production agronomique de notre planète.
Le génie génétique est peut-être la solution. L'industrie des biotechnologies, pour nous convaincre que les OGM représentent une invention bénéfique pour l'homme et inoffensive pour l'environnement, n'a pas hésité à promettre que ce serait là la meilleure manière d'assurer la sécurité alimentaire, d'éliminer la pauvreté et l'inégalité, et d'instaurer des politiques commerciales justes. Cette position est également défendue par les Nations Unies, par exemple, qui préconisent le développement des biotechnologies pour améliorer le sort des populations du Tiers Monde.
Utiliser les technologies des pays du Nord pour aider les pays du Sud, en améliorant les cultures locales, est un idéal qui semble très difficile à réaliser. Le Nord, animé par le souci, certes légitime, de rentabiliser ses investissements, s'affronte avec le Sud qui désire un partage équitable. Nous nous rendons compte, alors, que tout est bien plus compliqué que ce que prônent les grandes sociétés industrielles dans leurs campagnes publicitaires.
L'industrie agro-alimentaire pourrait s'engager dans un chemin contraire à l'amélioration du niveau de vie du Tiers Monde, ne faisant ainsi que renforcer le fossé qui sépare depuis longtemps le Nord du Sud.
Ayant remarqué, au cours de notre étude sur le génie génétique, que l'avenir des OGM dans les Pays en Voie de Développement (PVD) était une question délicate à laquelle, par exemple, les hommes politiques ne s'aventuraient pas à répondre, nous avons décidé de nous pencher sur ce sujet, dont nous étions particulièrement sensibles à l'aspect humanitaire. Des contacts auprès de plusieurs associations humanitaires et des recherches diverses nous ont apporté une documentation précieuse.
Au terme de nos investigations, afin de clarifier la situation et de parvenir à établir un bilan, nous avons organisé notre travail comme suit :
I. PROMESSES FAITES AUX PAYS DU SUD
L'arrivée des OGM dans les pays du Tiers Monde est un thème très délicat. La population mondiale croît chaque jour de plus en plus vite : elle s'agrandit chaque année de 91 millions d'habitants, soit trois bouches de plus à nourrir chaque seconde. Cet éclatement démographique a provoqué un vaste débat et pose beaucoup de problèmes quant à la nourriture mondiale, qui reste limitée.
La biotechnologie est l'un des plus grands espoirs de la science, qui pourrait réduire, voire même supprimer la faim dans le monde. Ces dernières années ont donc été accompagnées par des projets prometteurs visant à régler le problème des pays du Tiers Monde. Voici ce qui a été promis.
Tout d'abord, l'entreprise Nestlé a envisagé d'introduire un " vaccin génétique " dans des plantes comme le manioc ou la pomme de terre, et ce pour faire apparaître une résistance contre les virus et diminuer les quantités de pesticides.
En 1992, se tenait l'assemblée de la CNUED (Conférence des Nations-Unies sur l'Environnement et le Développement) dans la ville de Rio de Janeiro où ont été débattus un certain nombres de points concernant la faim dans le monde et le génie génétique. La CNUED a notamment préconisé :
Dans l'article 19 de la Convention, on soulignait l'importance d'une rémunération, qui devrait être donnée aux PVD pour les dépenses de leur matériel génétique. Cependant, on se rend compte que ces promesses n'ont pas été tenues.
Lors de la Déclaration de Rome, il a été souligné plusieurs fois, que la population des mal-nourris, composée d'une majorité d'enfants de moins de 20 ans, devait impérativement être réduite de moitié et que le génie génétique pourrait y contribuer.
Certains chercheurs tentent actuellement d'obtenir des plantes s'accommodant à la sécheresse et aux sols ingrats.
La biotechnologie est peut-être prometteuse dans la lutte contre la faim. Elle rencontre pourtant de nombreux obstacles, mais laisse entrevoir aussi des solutions bénéfiques pour l'humanité. La suite de notre travail va tenter de le démontrer.
Bien que le génie génétique soit actuellement largement exploité au profit des pays du Nord, il n'en est pas de même pour les pays du Sud. Ceci pour diverses raisons,certaines économiques, dont nous parlerons dans les chapitres suivants, d'autres purement techniques.
En effet, si l'on veut améliorer certaines propriétés d'un végétal, il faut pouvoir identifier, localiser et enfin isoler, dans le génome d'un organisme donné, la séquence d'ADN qui code pour les propriétés recherchées. Ces gènes sont appelés " gènes d'intérêt ". Mais il se trouve que les gènes commandant les caractéristiques utiles aux PVD, telle la résistance au froid, à la salinité, ou à la sécheresse, sont très mal connus.
Le seul domaine où les chercheurs ont obtenu de bonnes performances est la résistance aux virus et aux bactéries. Ainsi, lorsque le " gène d'intérêt " est découvert, il est multiplié plusieurs millions de fois. Puis, afin de le rendre opérationnel, on doit parvenir à insérer le gène dans la plante, à l'intégrer à son matériel génétique. A cette fin, les chercheurs disposent de deux méthodes. Soit ils tentent de transférer directement le segment d'ADN d'un organisme à un autre, ceci par un bombardement de micro-particules d'or recouvertes d'ADN. Soit ils utilisent comme véhicule une bactérie présente dans le sol, Agrobacterium humefaciens, qui provoque, comme un cancer végétal, le crown-gall. Quelle que soit la technique de transfert utilisée, les chercheurs se trouvent face à une multitude de cellules, sans savoir pour lesquelles la transformation a réussi. Afin d'isoler les cellules transformées, ils utilisent un gène appelé " marqueur de sélection ", qui code pour une résistance à une toxine, un herbicide par exemple. Cette toxine est appliquée sur toutes les cellules : celles ayant reçu le gène de la caractéristique recherchée et le gène marqueur de sélection résisteront, les autres pas.
Lorsque l'on a réussi à faire pousser des plantes désormais résistantes aux virus, il est possible d'accroître leur production grâce à une technologie appelée méthode par clonage, ou culture de méristème. Il suffit alors de séparer les surgeons et de les replanter.
Cette description, bien que sommaire, nous permet de remarquer que le clonage à grande échelle est rapide, efficace, et surtout économique : lorsque l'on possède les cellules génétiquement modifiées, on obtient un million de boutures en un an pour une espèce de plante génétiquement modifiée, résultat que les scientifiques espèrent encore améliorer.
Ainsi, plusieurs PVD, tels le Nigéria ou le Mexique, ont pu se lancer avec un minimum d'installations et d'infrastructures, et obtenir des résultats rapides notamment avec le manioc.Une victoire sur cet aliment très nourrissant, consommé quotidiennement par cinq cents millions de personnes, est un premier pas encourageant.
Les promesses des multinationales et les espoirs des associations humanitaires luttant contre les problèmes de malnutrition sont pour l'instant très mal récompensés. Sur la route des OGM vers les pays du Tiers Monde surgissent une multitude de problèmes auxquels, pour l'instant, aucune solution ne paraît adéquate.
Tout d'abord, comme nous l'avons expliqué dans le chapitre II, les chercheurs ne connaissent que très mal les gènes commandant les propriétés utiles aux PVD.
Et même si, dans quelques années, grâce à des progrès scientifiques fulgurants, des plantes pouvant concrètement améliorer les conditions de vie dans les pays du Sud, étaient produites, les PVD ne sont pas assez structurés ni assez riches pour accéder aux OGM. En effet, la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement, la CNUED, en 1993 déjà, a estimé le coût de son programme à vingt milliards de dollars. Il ne pourrait être mis sur pied qu'à la condition que les gouvernements, les secteurs privés et les secteurs de recherche, les ONG, et les institutions internationales oeuvrent tous ensemble. Mais ce voeu se trouve être pour l'instant une profonde utopie. Jamais tout ce monde ne sera d'accord de tirer sur la même corde. Les multinationales, par exemple, suivent en ce moment l'orientation contraire. Elles se tournent, logiquement, vers des secteurs promettant des rentes, ce qui correspond évidemment mieux à leurs intérêts que la sécurité alimentaire mondiale ! Ainsi, la mauvaise orientation du marché mondial ne permet pas à ceux qui en ont le plus besoin d'accéder aux OGM.
De plus, les moyens de contrôle étant beaucoup plus difficiles dans les PVD, certains organismes craignaient des essais illégaux. Nous n'avons trouvé qu'une seule source de chiffres qui dément ces craintes. Selon une étude faite entre 1986 et 1995 par l'Institut National de Recherche Agronomique (INRA), 92% des essais ont été entrepris en pays développés, contre seulement 8% dans les pays du Tiers Monde, parmi lesquels 0,7% en Afrique et 1,7% en Asie (Chine comprise).
Enfin, un risque qui n'est pas négligeable est l'élimination, par l'importation des OGM, des variétés traditionnelles porteuses d'un riche patrimoine génétique acquis par des siècles de sélection.
L'un des deux problèmes majeurs qui ne font qu'augmenter le fossé séparant les pays du Nord des pays du Sud est la brevetabilité du vivant. Depuis la fin des années 70, tout organisme modifié, ne fût-ce que d'un seul gène, peut être breveté. Le brevet une fois déposé, l'espèce appartient alors à son détenteur, et personne ne peut plus l'exploiter, ce qui permet à " l'inventeur " de garder la haute main sur sa plante modifiée, privant du même coup les pays du Sud du libre accès à un patrimoine génétique appartenant à l'ensemble de l'humanité.
De plus, étant donné que le Sud possède le 80% de la biodiversité mondiale, dont 35'000 espèces végétales ayant une valeur médicale, les pays du Nord vont continuer à s'y approvisionner, et les entreprises les plus importantes risquent de s'approprier une part prépondérante du matériel génétique mondial, en anéantissant l'équilibre actuel des PVD.
Il faut encore souligner que certaines denrées, dont les pays du Sud étaient les seuls producteurs, sont maintenant fabriquées industriellement grâce aux biotechnologies. Par exemple la vanille, dont les exportateurs étaient Madagascar et l'Indonésie, est actuellement produite artificiellement à partie d'essence de pin. Les coûts de cette production étant 40 fois inférieurs aux coûts des cultures traditionnelles, la vanille de Madagascar risque de ne pas survivre. Il en va de même pour plusieurs autres denrées végétales telles que le tabac, le beurre de cacao, la gomme arabique, etc. (cf. Annexe n°1).
Certains groupements, tels le Groupe Consultatif pour la Recherche Agronomique Internationale (GCRAI), proposent des solutions pour lutter contre ce type de brevets. Selon eux, il faudrait limiter leur durée de vie, établir ensuite un consensus entre les secteurs public et privé, et enfin créer une " trousse à outils " de gènes qui resterait à la disposition des chercheurs.
Par ailleurs, une des plus grandes menaces d'exploitation pour les pays du Sud est la stérilisation des semences. Nous pourrions même avancer que les grandes firmes tentent de prendre les agriculteurs en otage. En temps normal, les paysans achètent des graines qu'ils sèment, et lors de la récolte, ils en conservent une partie destinée à être semée, ce qui garantit leur indépendance et leur permet d'économiser de l'argent. Les semences achetées aux firmes industrielles ne produiront qu'une unique récolte, de plantes dont les graines seront stériles. Les paysans seront donc contraints de racheter chaque année de nouvelles graines et les multinationales détiendront le monopole de leur technologie. L'accroissement du profit des uns ira de pair avec l'augmentation de la pauvreté des autres. Rappelons que la stérilisation des semences peut être obtenue par deux méthodes : la Terminator Technology, et l'hybridation.
LA TERMINATOR TECHNOLOGY
Brevetée aux USA sous le nom de Technology Protection System (TPS), cette technique diabolique est surnommée Terminator. Le développement de la plante s'effectue d'abord tout à fait normalement. Ce n'est que lorsqu'elle se charge d'épis ou de gousses prêts à être récoltés, qu'une " toxine suicidaire ", un poison est fabriqué, qui s'attaque à l'embryon en germe, rendant ainsi les graines stériles. Pour ce faire, l'ADN de la plante a été modifié (cf. schéma page suivante): on a ajouté à la suite du gène opérateur une recombinase, un promoteur tardif, un bloqueur, et enfin le gène Terminator. Cette modification est à jamais irréversible. Les ingénieurs ont ensuite imbibé les graines d'une substance appelée inducteur, qui active ou désactive le répresseur. Lors de la transcription, un petit bout de l'ADN, le régulateur, est copié (n° ). Cette copie, qui s'appelle l'ARN messager, va sortir du noyau et entrer dans le cytoplasme où se trouvent des ribosomes, des inducteurs, des ARN de transfert et des répresseurs. L'ARN messager est lu par une protéine polymérase, ce qui crée un répresseur. Celui-ci peut ensuite pénétrer dans le noyau et bloquer la suite de la lecture du gène s'il n'est pas inhibé par un inducteur. Si l'inducteur le rend inactif, l'opérateur peut être lu (n° ). Vient ensuite la recombinase qui, lorsque le ribosome la lit, " fabrique " une enzyme qui va détruire le bloqueur (n° ). Au signal du promoteur tardif (n° ), le ribosome continuera sa lecture : le gène Terminator sera traduit, et une protéine destructrice produite (n° ).
Selon les " inventeurs " de Terminator, il représente une sécurité nécessaire : il protège les plantes brevetées des pilleurs de gènes et réduit les risques de dissémination, ce qui pourrait être néfaste à l'environnement.
L'HYBRIDATION
L'hybridation est " la fécondation croisée entre deux lignées possédant des génotypes différents " et ce, grâce à l'hybridation moléculaire " réaction chimique permettant d'apparier deux brins d'ADN ou un brin d'ADN et un brin d'ARN ". Ainsi, en croisant deux espèces aux caractéristiques intéressantes, on parvient à augmenter les rendements, à accroître la taille des fruits et des céréales, à éliminer des toxines ou des substances amères. Mais le bagage génétique des graines ainsi obtenues étant composé de chromosomes provenant de deux génotypes différents, la méiose ne s'effectuera pas normalement, les chromosomes ne pouvant pas s'apparier, soit à cause de leur différence, soit en raison de leur nombre inégal. Ainsi produites, de telles graines seront stériles dès la deuxième génération. (Il est intéressant de comparer ce phénomène à la stérilité " naturelle " du mulet ou du tigron).
Des chercheurs sont actuellement en train de se pencher sur le problème de la stérilisation des semences. Ils ont découvert qu'en insérant un gène appelé apomexis dans une plante transgénique, on pourrait obtenir l'effet exactement inverse de la Terminator Technology : toutes les graines, hybrides ou transgéniques qui posséderont ce gène, pourront être réensemensées sans que les caractères de la plante-mère se diluent au fil des générations. Personnellement, cette solution nous paraît quelque peu utopique et difficile à réaliser, mais nous n'avons pas trouvé de plus amples informations.
IIIb. CHOC QUE PROVOQUE L'ARRIVÉE DES OGM
Outre les problèmes abordés au chapitre précédent, l'arrivée des OGM fait entrer les pays du Sud dans une sphère tout à fait inconnue et engendr un bouleversement terrible au sein des peuples du Tiers Monde qui, jusque là, suivaient le cours tranquille de leur vie proche de la "nature".
Les scientifiques auront toujours quelque chose à dire sur le sujet: leurs alibis seront fondés sur les effets positifs de l'introduction des plantes et aliments transgéniques dans ces pays en voie de développement. Mais que restera-t-il de l'évolution naturelle de ces pays ? Des traditions et des moeurs bafouées par une soudaine occidentalisation? Une vie de plus en plus dépendante et de plus en plus liée au progrès ou aux risques qu' apportera la biotechnologie?
Les paroles des scientifiques semblent néanmoins être contestées par les plaintes de plus en plus importantes d'une population choquée par l'arrivée des organismes génétiquement modifiés au sein de leur quotidien. En voici quelques détails.
La terre est le don du ciel le plus précieux aux yeux de ces peuples vivant dans les régions peu favorisées. Cette terre se transmet de génération en génération et est le symbole de la tradition, de l'éternité. C'est sur elle que grandissent et jouent les enfants, c'est sur elle que cette population en explosion démographique construit ses richesses. Ce sont, enfin, ces nombreuses heures de travail qui nourrissent le peuple et lui permettent de subsister dans des conditions de vie très difficiles dues à un climat naturel chaud et sec. La terre développe les cultures de maïs, de haricots, de courges, de pommes de terre, de manioc, qui composent la nourriture quotidienne de ces populations. Mais ces vivres sont pourtant très menacés par l'incessante sécheresse, les maladies et les nombreuses contagions virales qui s'attaquent aussi bien aux champs de cultures qu'aux hommes qui les entourent.
Aujourd'hui, ces champs ne risquent-ils pas de transmettre une nouvelle contagion bouleversant ainsi des groupes de populations, et qui ne s'arrêtera probablement pas de sitôt ? Cette contagion puise sa source dans la biotechnologie et dans l'avènement,si l'on peut dire, des organismes génétiquement modifiés. L'arrivée de ces derniers en Afrique, en Asie et dans les pays latino-américains signifie peut-être la mort des traditions des peuples vivant dans ces parties de la planète. Non seulement les OGM provoquent une déchirure sociale par les dépendances qu'ils entraînent, mais ils engendrent aussi, et cela à long terme, des problèmes d'adaptation à un nouveau milieu et menacent la survie des petits paysans et des familles qui cultivent leur propre terre.
Les travaux agricoles sont accomplis comme une cérémonie. La réunion des participants est très importante, car elle exprime leur gratitude envers Dieu, ou autres divinités. Cela montre combien ces peuples sont attachés à leurs origines et à leurs croyances.
Ces traditions, ces actes sacrés, sont-ils menacés ? Les fortes relations liant les membres de ces communautés ne souffriraient-elles pas de l'occidentalisation et du développement de la biotechnologie ?
Hier, ce fut le temps des moissons et des chants de fêtes en l'honneur de la terre, symbole des divinités. Aujourd'hui, l'énorme impact des OGM sur ces populations les conduit vers un quotidien menacé par un déboussolement économique, et sans doute par une augmentation des maladies virales, qui paradoxalement pourraient être amenées par les OGM eux-mêmes.
Un parallèle intéressant peut être établi entre le maïs transgénique et la " milpa " , lointaine tradition guatémaltèque de la culture du maïs, qui a donné naissance au système de diversification des variétés de maïs actuelles. Ce système de culture remonte au croisement naturel des plantes téosinte et tripsacum, qui donnèrent naissance au maïs, et qui a continué à se propager d'année en année, d'une zone géographique à une autre, et d'un climat à un autre. Cette propagation a engendré la formation et l'évolution de nouvelles variétés de maïs dont beaucoup nous sont encore inconnues. La milpa a nourri, jusqu'à aujourd'hui, des populations entières. Les OGM pourront-ils en prendre le relais ?
Nous avons vu que le génie génétique pourrait être la solution au problème de la faim dans le monde ; que de nombreuses promesses ont été faites aux pays du Sud ; que certains produits utiles aux PVD pourraient, dans un proche avenir, être grandement améliorés ; mais que de nombreux problèmes parsèment la route conduisant les OGM vers les pays du Sud. Qu'en est-il alors des opinions actuelles sur la question ? Les avis divergent fortement. Il est difficile de les classer en deux catégories, car même si elles sont opposées, les opinions sont souvent très nuancées.
Certains organismes, tel Greenpeace, radicalement opposés aux OGM, quelle que soit leur utilisation, se montrent encore plus intransigeants quant à leur introduction dans les PVD. Ils affirment que les promesses de l'industrie des biotechnologies ne sont que " pure propagande pour tenter de nous convaincre que les OGM sont une invention résolument favorable à l'homme ". Ils prétendent également que les causes de la faim dans le monde s'étendent bien au-delà du seul secteur agricole, et que " les OGM ne changeront rien à ce déséquilibre des forces ". Au contraire. Ce n'est que " dépendance accrue et précarité renforcée " que nous promet " le futur "transgénique" pour les pays du Sud ".
Beaucoup d'organisations non gouvernementales (ONG), moins catégoriques, estimant que le génie génétique est une technologie bénéfique, tentent de mieux l'exploiter tout en luttant, entre autres, contre les brevets.
D'autres organisations, beaucoup plus optimistes, espèrent que les problèmes actuels vont se résorber, et que les OGM, très utiles aux PVD, finiront par être acceptés.
Enfin, certains groupements tentent de modifier le courant politique, convaincus que les états devraient peser davantage sur l'orientation des OGN.
Il serait temps, à ce stade de la réflexion, de se demander ce qu'en pensent les premiers concernés, les pays du Sud, qui se trouvent actuellement devant une bifurcation : deux voies s'ouvrent pour eux. Soit ils refusent catégoriquement tout risque lié aux OGM sur leurs terres, soit ils acceptent ces nouvelles technologies des pays du Nord, tout en défendant leur cause. On pourrait envisager alors une division internationale du travail : le Nord produirait massivement les denrées agricoles, afin d'en exporter suffisamment pour les besoins des pays du Sud, ceux-ci se spécialisant de plus en plus dans les produits manufacturés, ce que permettrait leur abondante main-d'oeuvre.
Plusieurs PVD se sont actuellement engagés dans la première voie. Le gouvernement indien, par exemple, vient d'interdire l'importation de semences dans lesquelles un gène stérilisateur a été introduit. En Thaïlande, la dissémination du riz transgénique a été interdite, le gouvernement craignant des effets nocifs pour les espèces naturelles.
Mais tous les PVD ne sont pas aussi catégoriques. Beaucoup de leurs gouvernements sont conscients des risques environnementaux et éthiques, mais espèrent cependant pouvoir accéder aux OGM. Certains parmi eux ont créé des organismes de recherche qui effectuent des travaux sur les biotechnologies, mais uniquement orientés sur leurs propres besoins.
Quelle que soit la voie qu'ils choisissent, tous les PVD doivent impérativement élaborer un système pour protéger leurs propres espèces végétales et sauvegarder leur biodiversité.
Il nous paraît encore nécessaire de montrer que les organisations opposées aux OGM dans les PVD soulignent qu'ils ne sont pas l'unique solution pour lutter contre la faim et qu'il faut relativiser leur importance. La faim ne peut être combattue qu'en donnant les moyens aux populations de produire ou d'acheter de la nourriture. Une meilleure exploitation des terres disponibles, une irrigation plus performante sont nécessaires. Il faudrait aussi exploiter une méthode très productive qui consiste à associer arbres, cultures et élevage, méthode déjà utilisée au Sahel et au Sénégal.
Des chercheurs agronomes tentent actuellement de promouvoir ce qu'ils appellent la " révolution doublement verte ". Le principe en est d'associer la viabilité écologique, économique et sociale des populations les plus pauvres, les oubliées de la révolution verte, processus de modernisation agricole apparu en Occident après la seconde guerre mondiale.
Nous avons malheureusement découvert, grâce à ce travail, que le tableau est beaucoup plus noir que nous ne l'avions imaginé. Derrière les belles paroles des industriels se cache une exploitation à nos yeux inadmissible. Les détenteurs des biotechnologies ne s'inquiètent pas des intérêts des pays du Sud. Ceux-ci seront-ils éternellement tenus à l'écart de notre marche en avant ? Faut-il laisser l'homme blanc, une fois de plus, détruire le fragile équilibre que ces peuples ont pourtant maintenu depuis des générations ?
Les OGM sont une belle occasion dont la planète entière pourrait profiter, dans l'intérêt de tous les peuples. Mais, pour l'instant, nous nous sommes engagés très vite, trop vite, sur une voie qui est encore loin de cet idéal..., sans prendre le temps de respecter nos différences.
Néanmoins, animées par un optimisme juvénile, nous refusons de croire que tout est perdu. Les peuples du Sud sont en droit, s'ils le désirent, de bénéficier des avantages des biotechnologies tout en veillant à ce que leur dignité et leurs intérêts soient respectés. Quant aux pays du Nord, ils ont le devoir de respecter la volonté et l'autonomie des pays du Tiers Monde, en s'interdisant tout abus nuisant à ces populations, abus dont nous connaissons déjà de trop nombreux exemples, malheureusement rendus possibles par les lois du Nord qui garantissent la liberté d'entreprise.
Si maintenant, au terme de notre travail, nous pouvons formuler un voeu, nous souhaiterions que toutes les personnes ayant un rôle de leader, dirigeants d'industries, hommes politiques aussi bien que journalistes et tous faiseurs d'opinion, prennent conscience des intérêts planétaires et ne s'arrêtent pas au seul confort de l'Occident. La génération que nous représentons aura-t-elle la volonté, le courage et les moyens de s'attaquer à la toute-puissance de l'argent et de lutter de toutes ses forces en faveur d'une justice universelle ?
ANNEXES (seulement disponibles dans le travail original des élèves)
N° 1 : Tableau donnant quelques exemples de denrées dont la production pourrait être transférée de l'hémisphère Sud dans les usines du Nord
N° 2 : Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme, particulièrement articles 18 et 19, (voir page suivante).