Interview avecWBCSD:

Analyse par Amandine Dupont, Stéphanie Favre, Nina Probst, 2CA

" Nous devenons ce que nous mangeons, en mangeant des organismes génétiquement modifiés devenons-nous des produits génétiques ? "

Le 27 janvier, nous sommes allées interviewer une société internationale appellée WBCSD (World Business Council for Sustainable Development ). Cette association a pour but de donner des conseils aux sociétés afin de les aider à se donner une image plus écologique. Les membres que nous avons interrogés sont d'avis partagé mais ils sont en général plutôt en faveur les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés).

Les avis diffèrent quant à leur position face à la phrase citée ci-dessus. En effet, David, 30 ans, estime que dans notre style de vie on ne prend pas assez le temps de se renseigner sur la nature de notre nourriture dû au manque de temps et même à l'envie de se renseigner à chaque fois. Il estime que " quand on se nourrit, on ne pense pas vraiment à ce que l'on mange. "

Nous sommes tout-à-fait d'accord avec cette phrase. Il est vrai qu'à l'heure actuelle, le train de vie de notre société ne nous permet pas de prendre le temps de faire attention à la qualité des produits que nous achetons. De plus, les personnes célibataires ou les personnes travaillant à plein temps recherchent des aliments rapides à préparer et ils ne prennent pratiquement jamais le temps de se renseigner. Par contre, une mère de famille soucieuse de la santé de ses enfants fera plus attention et recherchera des aliments le plus naturels possible.

Un autre membre de la société, de culture anglaise estime, pour sa part, que " de toute manière, ce n'est pas important, que l'on peut tout compenser par des vitamines. "

Cette phrase nous a passablement choquée. Peut-être qu'elle est en rapport avec le fait que la personne est américaine et vient donc d'une culture légèrement en avance sur nous et qui a donc une autre façon de voir les choses. Mais nous estimons terrible de se dire que bientôt peut-être on ne se nourrira plus qu'aux vitamines.

La dernière personne interviewée, venant du Canada, pense que rien n'est vraiment mauvais à condition de ne pas en abuser. Par exemple les scientifiques ont découvert qu'un verre de vin par jour était bénéfique pour l'organisme mais que si l'on en buvait plus, cela devenait très néfaste.

Concernant l'information et l'étiquetage, les membres de WBCSD sont unanimes. " Toutes les informations désirées sont trouvables, par exemple sur internet, mais celles destinées au public sont très commerciales. " Il est vrai que si on a du temps à passer à trier les sites ou les médias, on peut trouver une multitude d'informations. Mais si on désire faire des recherches dans les laboratoires ou dans des industries spécialisées et qu'on compare les deux sortes d'informations on voit que celles-ci sont sélectionnées et travaillées selon le but que recherche celui ou celle qui les fournit.

En effet " les savants ne diraient rien s'ils découvraient quelque chose d'important pour des raisons économiques " Nous trouvons que cela fait peur de se dire que notre monde est si fixé sur l'expansion économique que les consommateurs ne seraient peut-être même pas avertis d'un danger éventuel. D'autant plus que les médias aussi sont aussi responsables de cela, ils savent beaucoup plus que ce qu'ils ne dévoilent et si on ne se fiait qu'à eux on ne verrait que les aspects positifs des OGM. Cela s'appelle " information mal dirigée ".

Concernant les étiquetages, on remarque qu'ils sont parfois trompeurs, en effet " tout ce qui n'est pas flagrant n'est pas étiqueté. " Si par exemple, on achète un jogourt aux fraises, l'emballage ne nous informera pas de la provenance des colorants qui peuvent être génétiquement modifiés.

A notre avis, nous possédons déjà un avantage puisqu'en Suisse une loi oblige les fabriquants à inscrire la composition de tous leurs produits sur l'emballage, ce qui n'est pas toujours le cas par exemple en France. Nous estimons d'ailleurs qu'il est important de connaître les condiments utilisés dans nos aliments et qu'il serait donc utile qu'une loi similaire intervienne dans les autres pays. Mais il est évident que la composition n'est jamais complète.

En ce qui concerne les risques des OGM, chacun des membres pensent que les dangers sont très présents surtout à long terme. Chacun nous a donné un exemple différent concernant cela.

Christine nous dit " penser tout de suite aux films d'horreur ". Pour elle c'est " sortir des normes de la nature et aboutir à des choses monstrueuses comme par exemple le clonage . De plus, plus les aliments sont modifiés plus ils perdent leur saveur et ainsi l'homme perdra le goût de la nourriture. "

Nous sommes d'accord avec cela car en effet si l'on compare une assiette de soja provenant du jardin avec une assiette de soja génétiquement modifié, nous choisirions certainement la première même si l'aspect extérieur est plus appétissant dans la deuxième. Nous ferions ce choix en pensant que le soja naturel est plus sain.

Quant à la Canadienne, elle estime que les risques ne sont pas encore assez connus. En effet elle nous parle d'une gélatine pour bébés au Canada qui était recommandée parce qu'on la disait bénéfique mais elle s'avéra quelques années plus tard très dommageable pour l'organisme de l'enfant.

Il est vrai que les OGM sont des phénomènes récents et nous n'avons pas assez de recul pour pouvoir en déterminer les risques à long terme.

L'américaine, elle pense que " ça va totalement à l'encontre de la nature. La biotechnologie détruit la biodiversité. " En effet les hommes choisissent les espèces qu'ils veulent exploiter et délaissent les autres et ainsi ils les font disparaître. Le problème est que lorsqu'une espèce n'existe plus, on ne peut plus la faire réapparaître. Nous pensons que si une espèce disparaît, le cycle de la vie sera atteint et il y aura des repercussions très graves.

Nous avons ensuite parlé des risques. A ce propos Christine pense que même si nous découvrions des risques on ne pourrait stopper le processus parce qu'il y a " d'autres applications de ce qui est biotechniques. " Elle pense " tout d'abord aux savants fous qui continueraient malgré les dangers. " Il est vrai qu'on ne pourrait jamais s'assurer que tous les scientifiques suivent les indications. Mais ces problèmes sont actuels ; en effet, en ce qui concerne le clonage humain, on ne peut pas savoir si une personne ne s'amuse pas à expérimenter cette nouvelle science, pourtant interdite. Le contrôle ne peut donc jamais être fait à 100%.

Christine pense qu'il pourrait aussi rester des sequelles dans la terre. Peut-être que si on arrêtait d'un coup de modifier génétiquement le maïs, les gènes modifiés se seraient déjà transmis à d'autres plantes, sans que l'on se doute de rien. Il est évident qu'on ne peut pas contrôler toute la nature et qu'en tout cas, celle-ci mettrait beaucoup de temps à redevenir entièrement " naturel ", en supposant qu'elle y arrive.

De plus la biodiversité est aussi en danger. En effet, si nous reprenons l'exemple du maïs transgénique, sa résistance contre la pyrale est bénéfique pour l'homme, d'un point de vue économique. Il faut toujours produire plus en moins de temps et en moins d'espace, mais si on regarde cela d'un point de vue plus écologique, on peut se demander de quoi va se nourrir la pyrale ? Cette modification génétique peut faire disparaître cette espèce, comme d'autres manipulations déjà faites avec d'autres espèces.

Christine dit aussi qu' " on a pas attendu la biotechnologie pour que la richesse de la nature et de la faune diparaisse, elle a déjà disparu avant. " Elle ajoute que les pesticides n'ont fait qu'empirer les choses. Les OGM ne vont bien sûr pas améliorer le problème, bien que le processus soit déjà entamé.

Nous trouvons qu'il est vrai que la biotechnologie n'est pas seule en cause et que les pesticides ont déjà fait disparaître des espèces mais les OGM sont un phénomène bien plus dangeureux et ses conséquences sont bien plus graves.

Lorsqu'on parle d'OGM, on pense au futur. On pense qu'ils ne sont pas encore présent dans notre marché ou alors à faible quantité. Mais en y réflechissant on se rend compte que les proportions sont plus grandes que ce que l'on croit. Comme le dit Christine " ils sont présents dans les colorants, les préservatifs,… " Nous avons été étonnés de cette réponse puisque nous n'imaginions pas que les OGM étaient si présents dans notre vie quotidienne, ce qui montre quand-même que nous ne sommes pas très bien informés.

Quant à l'avenir des OGM, David pense que ce n'est que la continuation d'une sélection présente depuis la Nuit des Temps. Il dit qu'on " a d'abord adopté le blé, qu'on l'a ensuite cultivé et mélangé avec d'autres ingrédients pour en faire du pain. " De notre côté, nous pensons qu'il a en partie raison, c'est une évolution, mais n'y a-t-il pas certaines limites à cela ? Il est un peu facile de faire n'importe quoi en se disant : " ce n'est pas grave, c'est ainsi que l'homme évolue ! " et d'un autre côté, sans risque, il n'y a pas d'évolution. Toute la question est de savoir ou doivent se placer les limites.

Christine de son côté voit le futur différement. Elle pense qu'il y aura de forts mouvements contraires et que le grand développement se fera plutôt du côté médical. " Mais quoi qu'il en soit, il faudra du temps aux hommes pour accepter ces nouvelles techniques, qui ne seront, d'après elle, pas acceptées avant une ou deux générations. "

Son avis montre que ces techniques boulversent quand même les gens. Tous ces débats, ces mouvements pour ou contre montrent la difficulté du problème. Il y a d'excellents côtés qui pourraient permettre d'avancer rapidement dans le domaine de la médecine, de trouver peut-être des médicaments miracles à de terribles maladies, mais les risques en jeu ne pourraient-ils pas amener à quelque chose de plus terrible encore ? Ce débat laisse paraître toutes sortes de questions auxquelles il est difficile de donner un avis catégorique. Lorsque le présent est si instable à ce sujet, il est difficile de parler de l'avenir. Mais il est certain que cela engendrera beaucoup de tumultes et de débats. Mais encore une fois, peut-on vraiment aller à l'encontre du progrès ?

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