par Michael Curti, Bénédict de Moerloose
"Absolument, je suis porte-parole depuis 6 ans!"
" (ouf!) Greenpeace a une position officielle qui est d'exiger un arrêt des disséminations, donc pas de plantes génétiquement transformées dans les cultures, pas de brevets. C'est la position de base. Mais maintenant cette position est légèrement adaptée vu que manifestement certains états poussent, certaines industries poussent à la dissémination de cultures génétiquement manipulées. Vu que cela existe, on exige qu'elles soit au moins séparées pour que le consommateur sache ou puisse choisir ce qui va bouger ou ce qu'il a envie de manger. "
" C'est à dire que l'intervention transgénique dans une plante passe pas les différentes barrières de tests que la nature s'est imposées à elle-même. C'est à dire que ; bon ! De nombreuses plantes cultivées sont déjà difficilement capables de survivre toutes seules : si on ne les arrose pas, etc.! parce qu'elles ont été sélectionnées pour devenir de plus en plus performantes mais en milieu cultivé. Si on les relâche dans la nature, elles ne donnent pas grand chose, elles n'arrivent pas à la maturité pour se reproduire, etc.. Et les plantes transgéniques si elles sont disséminées, elles peuvent soit contaminer les plantes sauvages avec leur gènes transgéniques, soit représenter une concurrence déloyal pour les plantes sauvages parce que, par exemple, la plante transgénique secrète un insecticide, ce que la plante sauvage ne fera pas forcément, ou pas toujours, ou différemment. Il y a tout un problème qui est lié au fait que les plantes transgéniques sont toujours brevetées. C'est à dire que les agriculteurs doivent payer des redevances s'ils veulent garder une partie de la récolte pour les réutiliser l'année suivante et, si ce n'est pas le cas, elles sont dotées d'un gène qui désactive leur capacité à se reproduire, un gène terminator, comme on appelle ça. Et, ça représente aussi un problème pour l'agriculture en général, ça concurrence fortement les espèces locales qui sont souvent mieux adaptées à la région où elles sont cultivées, parce que les paysans connaissent leur région, s'échangent des semences par relation de bon voisinage (!). Si les plantes sont brevetées, les paysans ne pourront plus faire ça. Il y a aussi un très gros problème de santé publique qui est dû au fait que les plantes sont manipulées en utilisant un gène marqueur pour une résistance à certains antibiotiques. Et, de nombreux pays qui ont interdit l'importation de céréales contenant des gènes de résistance à des antibiotiques, ce qui n'est pas le cas de la Suisse, malheureusement. Tout ça fait une combinaison de risque (!). "
" Personnellement, c'était antérieur. Et personnellement, je pense que les scientifiques devraient être assez intelligents pour décréter, eux-mêmes, un moratoire sur les manipulations génétiques ? "
" Oui, essentiellement ! "
" C'est à dire que je pourrais vivre avec des chercheurs qui font de la recherche fondamentale et non pas appliquée, payée par l'industrie pour trouver des résultats rentabilisants dans les 5 ans. C'est le problème du soja de Monsanto et du maïs de Novartis: ce sont des plantes qui ont été commercialisées, parce que ces entreprises voulaient avoir l'avantage concurrentiel d'avoir commercialisé les premiers ! Mais c'est un avantage concurrentiel qui risquent de se retourner contre eux. Monsanto a commercialisé les premiers cotons, etc.. qui s'avèrent être un échec, parce que les plantes perdent leur balles, les balles sont déformées, ne sont pas utilisables : ce n'est pas un coton correct. Et il y a des agriculteurs qui se sont retournés contre Monsanto pour demander des dommages et intérêts. "
" Non, on ne peut pas se fier aux contrôles qui sont fait pas les autorités. (!) Les instances de contrôle de l'Etat sont souvent "sous la coupe " de l'industrie et ne la contrôle pas correctement. Et là Greenpeace a dû agir plusieurs fois, soit pour empêcher l'entrée en Suisse de céréales transgéniques qui n'avait pas été autorisées, soit pour faire évacuer, des rayons des magasins, des produits génétiquement manipulés qui n'étaient pas annoncés, qui n'étaient pas étiquetés correctement. Les autorités douanières de Bâle, par exemple, et le procureur du canton de Bâle ont reconnu que le rôle de Greenpeace était indispensable vu que manifestement les autorités n'arrivaient pas à suivre. Et ce n'est que après avoir autorisé le premier soja transgénique de Monsanto, que l'office fédéral de l'environnent a engagé des généticiens et des microbiologistes. "
" Non, elles ne sont pas prises, par appât du gain. "
" Non, celles qui travaillent dans la pharmacie sont obligées d'être extrêmement rigoureuses et très sévères, parce que c'est les seules qui sont vraiment contrôlées.(!) Dans ce domaine-là, on a moins de craintes, mais c'est surtout dans le domaine agricole et alimentaire. "
" Pour la Suisse, pour le moment, on a rien d'extraordinairement actif, mais on continue à surveiller soit ce qu'il se passe au niveau des disséminations, au niveau de la commercialisation. Par contre, en France, on a ouvert un réseau qui s'appelle info-conso, donc informations pour les consommateurs pour garantir le contenu des produits.
Pour la Suisse, on travaille aussi beaucoup pour le soutien des campagnes internationales. En ce moment, on est en préparation d'une conférence à Cartaghène, en Colombie, où on va parler de biosécurité, où en principe les ministres!, presque tous les Etats de la planète devraient signer un protocole sur la biosécurité. On essaie bien évidemment que ça aille dans notre sens,. C'est à dire : pas de disséminations, des contrôles, des obligations de déclarer les exportations et d'obtenir aussi l'autorisation d'importer du pays importateur.(!).
" Non, c'est scientifiquement clair. Par contre, il y a un risque que des agents pathogènes présents dans notre organisme absorbent un certain nombre de gènes transgéniques. "
" Indirectement, oui.(!) "
" Oui, Novartis, très clairement et Nestlé, manifestement aussi ! Novartis a commercialisé un maïs avec un gène de résistance à un antibiotique d'usage très courants : l'ampicilline, uniquement avec l'argument que c'est pour avoir un avantage concurrentiel sur le suivant qui allait commercialiser à peu près en même temps ou juste après. C'est clairement et uniquement pour leur bénéfices personnels, parce qu'aucun consommateur n'a jamais voulu des aliments résistants aux antibiotiques, les agriculteurs non plus. Et, il y a aussi un autre problème : Novartis ne fait pas que du maïs, il fait aussi des antibiotiques. Et on est actuellement devant un gros problème, c'est que la recherche en matière d'antibiotique n'avance pas, elle ne bouge pas. Ils comptent tous sur le génie génétique, mais, manifestement on sait transférer des gènes d'antibiorésistance, par contre créer des nouveaux antibiotiques, on n'en est pas capable. Peut-être bien parce que c'est une gamme de médicaments qui fonctionnent que dans certains ca. On est dans une philosophie d'expansion à l'infini, parce qu'on est les plus grands, les plus forts, on a coloniser la terre et tout ça! On ne se rend pas compte qu'il y a des choses qui ont une limite et quand elle est là, (ben) on ne peut pas aller plus loin. Et c'est possible qu'en matière d'antibiotiques, on n'arrivera pas à aller plus loin ! Et dans ce sens-là, l'attitude de Novartis est relativement criminel. "
Peu ! (!) "
" Pour le moment, il y a encore rien qui fonctionne vraiment bien, en matière de thérapigénique. Peut-être bien qu'on y arrivera. C'est effectivement un domaine où on peut faire de la recherche, parce que cela se passe justement au niveau universitaire, c'est fermé, les hôpitaux universitaires font quand même en principe un travail assez pointu, ils font attention, etc., mais j'ai surtout l'impression qu'on fait des promesses à des gens qui mènent une vie difficile, qu'ils aient la mucovisidose ou ces problèmes de dystrophie musculaire ou de myopathie. Ce sont des gens qui ont été beaucoup utilisés au moment de la votation pour la protection en disant " nous espérons là-dessus ! " Ce qui risque plutôt d'arriver, c'est que quand on aura bien compris comment tout cela fonctionne, on fera des dépistages. Et, on a déjà des dépistages qui dépistent les 140 maladies héréditaires les plus chères. Et, ma foi on avorte. Au Etats-Unis, des parents se sont déjà vus refuser des assurances, parce qu'ils avaient pas fait analyser le patrimoine génétique de leur futur enfant, et, sans analyse, il n'y a pas de couverture d'assurance. Et, en fait au lieu de soigner les malades, on va éliminer les malades ; pour soigner la maladie, on va éliminer les malades. Ce qui est, d'un point de vue d'une certaine rentabilité financière, peut-être défendable. Mais qui au niveau de la richesse humaine et de notre capacité à être compatissant et à vivre avec des gens qui ne sont pas tous beaux et intelligents,! je pense que ce sera une grosse perte.
Souvent, ça me fait penser à de la science-fiction, ce qu'on est en train de vivre : une société de plus en plus sélectionnée où on a des sociétés en couches, et dans la dernière couche vivent les riches, les beaux, etc.. et en bas les malformés, ceux qui n'ont pas les moyens et ceux dont les parents n'ont pas pu avorter, parce que ça aussi ça coûte! C'est bien gentil de dire que soit vous avorter, soit on vous fait pas d'assurance mais faut-il pouvoir avorter, encore faut-il être assurer en tant que mère, etc! C'est un problème qui va assez loin mais qui est difficile à résoudre en tant que tel, parce que c'est un problème d'écologie globale, lié aussi à la surpopulation. Est-ce qu'on veux continuer à mettre au monde tout le monde ou plus que les gens qui ne coûteront pas chers, qui seront rentables,! C'est un problème très compliqué qui enveloppe un problème religieux, éthique, ce n'est plus du ressort de Greenpeace! C'est tout un énorme débat, nous ce qu'on veut c'est qu'on agisse de façon responsable maintenant. "
Pour résumé, vous n'êtes ni pour ni contre le génie génétique ?
" C'est à dire, on est ni pour, ni contre une technologie. On est contre le mauvais usage qui peut en être fait ! "