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Interview de Guy-Olivier Segond

Analyses et commentaires

« C'est toute l'histoire de l'humanité qui est dernière nous. Le génie génétique, c'est une étape un peu particulière, parce que cela touche au génome-même. »

Pour l'analyse des dires de M. Segond, nous avons fait nos commentaires par thèmes, en prenant position à la fin de chacun.

Politique
 Guy-Olivier Segond nous explique qu'un problème politique est un problème qui concerne l'ensemble des citoyens ; étant donné que le génie génétique est un progrès « extraordinaire », c'est l'ensemble des citoyens qui est concerné : « Pour la première fois dans l'humanité, l'être humain sait comment modifier le patrimoine génétique dans l'ordre végétal, animal ou chez l'homme et quelque part c'est un pouvoir nouveau [...] ».
 « En soit, une découverte scientifique est neutre, elle devient un bienfait ou un méfait par les applications que l'on peut en faire. » L'autorité politique, avec la communauté, doit donc dire dans quel sens vont les applications. Il faut créer un débat publique « institutionnel » ; c'est une tâche difficile car « [ces problèmes] font appel à d'autres réflexions, qui procédent dans un autre ordre [...] et l'autorité ne peut pas fonctionner avec son modus operandi traditionnel ». En outre, les avis sont mitigés dans toutes les classifications politiques ; dans les deux bords, il y a des arguments pour et contre le génie génétique. Par exemple, la gauche peut condamner les intérêts économiques des multinationales, comme elle peut avancer que le génie génétique pourra nourrir l'ensemble de la planète.
Quand à notre avis personnel, nous remarquons que G.-O. Segond respecte sa caractéristique politique première, à savoir qu'il se situe sur l'échelle politique, plutôt au centre (avec nuances). Mais à notre avis, si le clivage politique n'est pas important, être à gauche ou à droite est important, car il va nous donner différents arguments, pour prendre position sur la question.

Consommateurs
 Selon M. Segond, les interrogations des consommateurs remettent en cause le progrès. Ces craintes sont justifiées. En effet, à chaque invention qui apparaît dans le quotidien de l'homme, ce dernier est forcé de s'adapter, d'où certaines craintes : « Il y a eu [...] tout le temps dans l'histoire humaine des modifications et des adaptations de l'être humain par rapport à son environnement ». Ces craintes n'ont pourtant pas vraiment de fondement. Depuis toujours, on fait des sortes de transformations du génome des plantes, non pas « en laboratoire, mais par les mécanismes naturels » (croisements d'espèces, sélection,...).  Le fait de transformer le génome par le génie génétique se situe en réalité sur une ligne de progression. D'après G.-O. Segond, le risque est partout dans la société ; les manipulations génétiques comportent alors autant de risques que n'importe quoi d'autre. Le risque fait plus peur lorsqu'il est minime que lorsqu'il est très grand.
 Quant à l'information des consommateurs, M. Segond pense qu'elle est satisfaisante : « Ils ne sont pas informés comme un scientifique l'est », mais comme dans tout débat, ils sont assez renseignés pour prendre position.
Pour notre part, nous pensons que l'information est suffisante, mais que le risque est plus grand que d'ordinaire car les manipulations du génome pourraient entraîner des conséquences irréversibles sur notre environnement. De plus, elles sont beaucoup plus difficiles à contrôler que les conséquences des modifications progressives survenues dans la nature, car celles-ci s'opéraient beaucoup plus lentement ; la nature évolue plus ìpar elle-mêmeî sans le génie génétique.

Lois
 Tous les pays sont en ce moment en consultation afin de trouver des lois qui établiront des garde-fous. En Suisse, la législation est en cours de rédaction pour mieux protéger encore le consommateur. «Cela commence toujours par la Constitution, les lois fédérales, et les réglements d'application. Maintenant, nous sommes à l'étage Constitution, ça s'est voté ; ensuite il y a l'étage de la loi, elle est en cours de fabrication ;  puis après il y a l'étage réglementation d'application (...) ces processus lents permettent aussi de voir ce qu'il faut cadrer ».
Mais des lois sont déjà en place ; les aliments génétiquement modifiés doivent être contrôlés et étiquetés ; les médicaments doivent êtres homologués par l'OICM (Organe Intercantonale du Contrôle des Médicaments). Pourtant, ces mesures ne permettent pas une sécurité à 100%. Même l'initiative pour le génie génétique n'aurait pas permis cela. On peut bien-sûr imaginer des abus, mais le risque est non négligeable. Dans notre société, un produit mis sur le marché, alors qu'il n'a pas obtenu la certification, sera assez vite repéré.
Notre point de vue concorde avec Guy-Olivier Segond (PRD) sur la rédaction des lois. Ce processus est optimal, car il fonctionne par paliers. Par contre, il prétend que l'étiquetage est fiable, alors que des tests (B.A.T.S., A.B.E., etc.) prouvent que l'on ne peut pas toujours détecter des O.G.M. dans des aliments.

Agrobusiness
 M. Segond nous a expliqué que les lois suisses ne ralentissent pas la recherche, car elles sont simplement inexistantes pour l'instant (cf. le chapitre des lois, plus haut). Les multinationales font simplement un « screen » des pays pour savoir quelle législation favorise leur implantation dans tel ou tel état.
 Quant au but de l'agrobusiness, il ne s'agirait pas uniquement du gain. Les sociétés découvrent des nouvelles techniques qui vont leur permettre de gagner de l'argent. Mais cette recette pourra servir aussi à financer de nouvelles recherches qui serviront à soigner d'autres maladies, à lutter contre d'autres fléaux. Mais le politique note bien que les boîtes en question « n'ont pas pour seul idéal le bien de l'humanité ».
 Les sociétés agroalimentaires mettent en avant des arguments en faveur du tiers-monde. Selon le conseiller d'Etat, il s'agit d'une « combinaison » de publicité mensongère et de vérité. Mais il ne le prouve pas complétement ; il explique uniquement qu'il est positif que le génie génétique aide les populations à lutter face à la famine, mais n'aborde pas le problème de publicité chimèrique.
 Si ces entreprises s'occupent des pays en voie de développement, c'est parce que la recherche scientifique, l'investissement économique entraîne des avantages pour les populations en famine. Le produit de l'industrie agroalimentaire sont des intérêts à exploiter pour les pays du tiers monde.
 Pour ce qui est de notre position, nous sommes entre nous passablement opposés. D'une part nous pensons que le seul intérêt de l'agrobusiness est le gain, et que ces de sociétés se fichent du sort des pays du tiers monde. Mais d'autre part ces sociétés ont deux aspects, on les perçoit comme sadiques, mais qu'elles font avancer l'humanité ; et que sans ces moteurs l'économie ne serait pas aussi forte. Mais d'une manière générale, ces sociétés ont par définition un but lucratif. Nous nous opposons au Conseiller d'Etat, lorsqu'il dit que les gains provenant de certains investissements vont financer la recherche pour d'autre maladies par exemple, car on sait (les chiffres le prouvent) que les gains sont des bénéfices en majeures parties.

Avenir
 Monsieur le Conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond se veut très prudent sur l'avenir du génie génétique : « c'est très difficile de prédir l'avenir [...] chaque fois que j'ai essayé de le faire, je me suis trompé ! ». Toutefois, ils pensent que des discussions auront lieu et que des décisions seront prises (pour le système législatif ?). Enfin, le génie génétique est « la discussion de notre génération ; peut-être que dans 20 ans cela aura été abandonné comme l'énergie nucléaire, car on trouve quelque chose d'autre, peut-être qu'au contraire ce sera développé comme l'aviation car on aura rien trouvé d'autre. »
 A notre avis, Guy-Olivier Segond nous prouve son raisonnement par des exemples qui ne sont pas scientifiques (droit de vote des femmes, réunification des deux Allemagne, ...), qui ne nous démontre rien alors. Pour nous, la recherche en génie génétique va se développer, car il représente un énorme progrès ; de nombreux sociétés et chercheurs vont travailler à ses applications, car ces dernières permettront d'améliorer moult choses dans le médical et l'agricole.
 Maintenant, il est clair qu'une législation assez stricte va se mettre en place, afin d'éviter des débordements qui pourraient être un véritable danger pour notre avenir à nous. De plus, l'opposition pro contra manipulations génétiques empêchera que les applications ne se fassent trop vite.

 

Ce fut très intéressant de découvrir d'autres facettes du génie génétique à travers l'analyse de Monsieur Segond. On remarque à l'entendre qu'il est un pur politicien : il sait répondre à des questions, qui peut-être l'embarassent, par de longs exposés qui n'ont pas de grands rapports avec la question, mais qui sont captivants et qui nous font oublier le contenu de la question. Nous remarquons qu'il a une position plutôt en faveur du génie génétique, surtout du point de vue médical ; quant au problème des plantes, il connaît moins la question notamment car il est le chef du Département de la Santé. En tout cas, nous nous réjouissons de confronter son point de vue à ceux des autres personnalités interviewées.
 En définitive, le Conseiller d'Etat nous a parlé d'une législation vigilante de consommateurs qui doutent mais dont les craintes sont pourtant sans fondement, de sociétés agroalimentaires toujours prêtes à s'investir encore plus dans le recherche ; et en retrait de tout cela, il y a énormément de politique. Mais en tout cas tout semble se présenter de bon augure. Pourtant, M. Segond se veut prudent lorsqu'il aborde l'avenir de cette technologie. La machine est lancée ; mais où s'arrêtera-t-elle ?