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Remarque : ceci est un travail de maturité = baccalauréat.
Il n'a pas de caution scientifique, médicale ou autre, et, bien que cette élève ait fait un travail qui a été accepté dans le contexte scolaire, il ne peut prétendre être une source fiable d'informations !

Travail de maturité 2006-2007 Collège Calvin

La manipulation à Genève

Nos décisions sont-elles vraiment librement choisies ?

Les sources de manipulation sont-elles différentes à Genève ?

Appiah-Mensah Christabel, 406

maître acccompagnant F. Lombard

Table des matières

  • Introduction :
  • Cadrage théorique
    • Chapitre 1 : Question générales
    • Chapitre 2 : Partie sur l’ouvrage de Joule et Beauvois
    • Théorie de l’engagement
    • Techniques de manipulation
    • Stratégies comportementales
    • Effets des stratégies comportementales
  • Repères Méthodologiques
  • Résultats
    • Tableau
    • Graphiques
  • Analyse
    • Taux d’acceptation
    • Perception de la susceptibilité générale à la manipulation
    • Perception sa propre susceptibilité à la manipulation
    • Perception de ce qui peut influencer les gens
    • Pays d’origine
  • Conclusion
  • Remerciements
  • Bibliographie
  • Annexe


Résumé

a venir encore

INTRODUCTION :

« Manipulé, moi ? Jamais ! », le titre du livre de Pascal Génot et Fernand Ettori constituerait la réponse, sur mesure, de certains lorsque la question leur serait posée. Néanmoins, qu’ils se détrompent ! La lecture de nombreux textes sur cette question prouvent le contraire; ils le sont au même titre que n’importe qui d’autre, car il existe diverses formes de manipulations : psychique, physique et médicinales. Beaucoup l’ont compris, la manipulation psychique a d’énormes avantages, puisqu’elle se développe et s’étend à travers de nombreux domaines, tels la publicité. Effectivement, celle-ci s’est sournoisement immiscée dans notre quotidien. Toutefois, qu’est-ce que la manipulation à proprement parler et comment est-elle employée dans la vie de tous les jours ? C’est la question que se sont posée Robert Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, deux chercheurs français, qui ont accompli diverses expériences, puis recueilli leurs résultats dans un livre intitulé Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. Ils ont décidé d’aider les honnêtes gens à percevoir et à se protéger des pièges des manipulateurs. L’ouvrage fait clairement comprendre que n’importe qui est capable de manipuler, et vice versa, de se faire manipuler. Néanmoins, la question de savoir si la manipulation fonctionne partout de la même manière reste dans l’air. Les propos de Joule et Beauvois sont-ils vérifiables ? C’est ce que je vais tenter d’éclaircir en testant quelques-unes de leurs théories, à Genève. Pour se faire, il serait judicieux d’expliquer quelques points essentiels avant d’entamer la problématique en elle-même.

CADRAGE THEORIQUE :

Chapitre 1

Nous tenterons d’éclaircir quelques points généraux avant d’entamer une discussion plus approfondie sur la matière, en s’aidant principalement du Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (Joule et Beauvois, 2002).

Comment définir la manipulation ?

Le Petit Robert nous propose : « Emprise occulte exercée sur un groupe ou un individu - Manipulation de foules. Le registre de psychiatrie médico-légale nous propose : «La manipulation mentale est l'ensemble des manœuvres visant à modifier les processus décisionnels d'un individu ou d'un groupe social par utilisation de techniques individuelles ou groupales physiques ou psychiques " afin de le (ou les) placer sous contrôle partiel ou total de l'auteur de la manipulation ». Face à cette définition se pose le problème du degré de manipulation - socialement acceptable ou moralement condamnable (éducation, publicité, etc.).

Soyons plus simple et disons-le comme ceci : la manipulation consiste à contrôler un individu ou un groupe par l’esprit en utilisant des techniques de persuasion adaptées (ex. suggestions mentales), raison pour laquelle, le contrôle se fait sans que l’individu ou le groupe en ait conscience.

On utilisera le terme de soumission librement consentie dans ce cas. Ce terme sera expliqué ultérieurement. Certes, la soumission par la violence et la soumission chimique, font aussi partie de la manipulation mais notre travail consistera à définir et expliquer la manipulation psychique. Dès lors, nous ne ferons que survoler quelques points.

Comment y arrivent-ils ?

Joule et Beauvois affirment que la clé de la manipulation ne dépend que de la (des) décision(s) du manipulé. Il suffit donc d’agir sur certains points de son esprit, à savoir sur sa capacité d’accepter ou de refuser une information. Autrement dit, contrôler son pouvoir de décision. De ce fait, il est généralement attendu que l’individu ou le groupe, en question, pense entreprendre par ses propres moyens et non à travers une conscience d’origine extérieure (l’intention des manipulateurs). Concrètement, celui-ci sera persuadé d’être autonome, certain d’avoir pris seul ses décisions, ne se doutant pas qu’elles lui ont été suggérées.

Quels sont les points sur lesquels est basée la manipulation ?

Disons qu’il y a quatre « groupes » exploitables constituant les bases de la manipulation. L’émotionnel et l’instinctif composent le premier groupe. Celui-ci est suivi par le répétitif, la pression physique, morale et mentale, individuelle ou de groupe . Le troisième groupe, lui, est formé de l'exploitation des biais cognitifs, d’informations incorrectes, de simplifications rhétoriques et autres sophismes. Enfin, le dernier groupe est constitué de principes de « récompenses » et de « punitions » émanant d’un « maître ».

Que sont les biais cognitifs, la rhétorique et le sophisme[1] ?

- Un biais cognitif est une erreur dans la prise de décision et/ou le comportement adopté face à une situation donnée. Celle-ci résulte d'une faille ou d'une faiblesse dans le traitement des informations disponibles. La publicité exploite souvent des biais cognitifs pour faire passer des messages en employant, par exemple, un raisonnement fallacieux. Les biais cognitifs sont liés à la connaissance culturelle d'un individu ou d'un groupe d'individus.

- La rhétorique est l'art ou la technique de persuader, généralement au moyen du langage. Son origine grecque signifiant « technique/art oratoire » désigne au sens propre « l'art de bien parler ». Dans l'Antiquité et au Moyen Âge, la rhétorique s'intéressait à la persuasion dans des contextes publics et politiques, comme les assemblées et les tribunaux. À ce titre, elle s'est développée dans les sociétés ouvertes et démocratiques avec des droits de libre expression, de libre réunion, et des droits politiques pour une partie de la population.

Le concept de rhétorique a varié pendant ses 2500 ans d'existence. De nos jours la rhétorique est décrite, au sens large, comme l'art ou la pratique de la persuasion par n'importe quel moyen de communication, dont le langage en particulier. Les termes « rhétorique » ou « sophistique » sont souvent utilisés avec un sens péjoratif, quand on souhaite opposer les paroles creuses de l'action, ou séparer l'information de la désinformation, de la propagande, ou encore pour qualifier des formes douteuses de discours pseudo argumentatif. Quoi qu'il en soit, en tant qu'art de la persuasion, la rhétorique continue à jouer un rôle important dans la vie publique contemporaine.

La seconde moitié du XXe siècle assiste à une renaissance spectaculaire de la rhétorique qui fleurit par exemple dans le domaine de la propagande politique ou commerciale, et la controverse juridique ou philosophique.

- Le sophisme, ou l’argument à logique fallacieuse, est un raisonnement qui apparaît comme rigoureux et logique, mais qui en réalité est faux. Le sophisme repose sur le moteur du syllogisme. L'adjectif fallacieux désigne ce qui est mensonger. La logique désigne en rhétorique l’art de construire un discours cohérent. Nous avons donc affaire à une contradiction dans les termes. Les logiques fallacieuses ont été expliquées et décortiquées à des fins pédagogiques.

Quelles sont les méthodes de manipulation ?

Un petit tri s’impose car il en existe un certain nombre. Nous verrons ci-dessous les plus répandues puis ultérieurement, celles définies dans le traité de Joule et Beauvois.

Méthode Pavlov

Cette méthode définit la manipulation mentale dans le sens d’un conditionnement. Cela revient à « programmer » le sujet.

Ivan Pavlov développa cette idée au début du XXe siècle et l’expérimenta sur son élevage de chiens. Un stimulus A, qui était présenté dans un premier temps, provoquait une réaction A. Le stimulus A étant de la nourriture, la réaction A était la salivation du chien. D’autre part, le stimulus A ajouté au B, provoquait toujours la réaction A, même en sachant que le stimulus B était un élément sonore. Donc, au son de la cloche et à la présentation de la nourriture les chiens salivaient. Au cours d’une autre expérience, le stimulus A fut enlevé, laissant uniquement le stimulus B, et pourtant le résultat fut identique. La réaction A fut obtenue : salivation du chien. [2]

Comment expliquer cela ? Les chiens sont passés d’un réflexe naturel (saliver en voyant de la nourriture) à un réflexe conditionné (saliver suite au son de la cloche). Cette réaction fut obtenue après maintes répétitions de ces stimuli et donc après une sorte de conditionnement. Le principe est le même lorsque nous tendons la main pour saluer une tierce personne, ou que nous freinons au feu rouge au volant d’un véhicule.

Pavlov a démontré que l'on pouvait utiliser de nombreux stimuli et programmer de nombreuses réactions, voire des réactions adaptées aux réactions de l'individu.
Ici, la répétition est un facteur essentiel.

[3]

Méthode MKULTRA

Toutes les sources récoltées, portant sur cette méthode, n’indiquent pas d’auteur. Les informations suivantes peuvent être erronées. Basée sur l’émission d’impulsions électromagnétiques, s’inspirant des techniques de torture chinoises et nord-coréennes ainsi que celles de l’ex-URSS, telles la méthode Pavlov, la CIA l’a développé en 1950 et suite à son échec, tous les enregistrements furent détruits en 1973.

Méthode "MISE"

Les lettres « MISE » signifient Money, Ideology, Sex et Ego. Les agents secrets ont employé cette méthode pour obtenir des informations et/ou la collaboration de leurs ennemis. Money pour « acheter » leurs services ; Ideology pour les convaincre ou les corrompre ; Sex pour les rendre sexuellement dépendants et Ego en les flattant d’après des protocoles basés sur des études psychologiques. Donc, à part le point « E », elle n’est pas une méthode de manipulation mentale à proprement parler. Toutefois, la Guerre Froide fut un terrain adéquat pour exploiter cette méthode.

Méthode subliminale

L'adjectif «subliminal» vient du latin « sub », qui veut dire «en dessous», et du mot « limen » qui signifie «seuil». Signifiant littéralement en dessous du seuil. Or les messages subliminaux ont pour effet de provoquer un changement chez le sujet observé sans que celui-ci en ait conscience. Il s’agit de diffuser le message à une intensité tellement basse que le conscient ne le perçoit pas, seul le cerveau en garde une trace dans l'inconscient. Il serait judicieux de dire « en dessous de la conscience ». Quoiqu’il en soit, le mécanisme de ces messages est « hors » du niveau de conscience. Il paraîtrait que le cerveau filtre différemment les informations reçues selon les niveaux de conscience. Les informations envoyées par ces messages subliminaux semblent échapper aux filtres connus du cerveau. Ainsi, certaines informations peuvent influencer les émotions sans que le cerveau cognitif y ait eu accès. Ces messages se manifestent sous forme auditives ou visuelles; le terme stimulation subliminale englobent par conséquent ces deux formes.L’étude sur la stimulation subliminale[4] débuta par Poetzl (1917) suivi de Fischer (1954)[5]. L’invention de la télévision, en 1950, permit de concrétiser en quelque sorte l’utilisation de cette nouvelle méthode de manipulation mentale.Actuellement, un marché d’écoutes audio curatives se développe. Chaque écoute comporte des effets subliminaux, sur un fond de bruit d’océan, centrés sur un « problème », un « défaut » ou une « crainte » de l’individu. L’écoute doit se faire au moins deux fois par jour, dont idéalement une fois juste avant de dormir. Il est garanti qu’après quatre à six semaines d’écoute, l’acheteur constate des résultats visibles. Pour se faire, l’acheteur doit être détendu au moment de l’écoute facilitant ainsi le processus vers la « guérison ». Dans le cas contraire, celui-ci peut se faire rembourser s’il ne rencontre aucun changement probant. Cette méthode est néanmoins répertoriée sous la rubrique médicinale…

Méthode de l'angoisse

Développée dans les années 30, cette méthode est basée sur l’angoisse (l’émotionnel), puisque dans ces moments-là toutes les fonctions du cerveau donnant une solution immédiate à un problème sont désactivées. L’individu apeuré, réagit de façon primaire, le rendant prévisible, comme un animal poursuivi par son chasseur, tombant « bêtement » dans le piège creusé au sol. En effet, la peur peut influencer le sujet. Ainsi, il fera tout pour échapper à la peur en faisant notamment ce que on attend de lui, mais également mentir, même s'il sait que cela ne réussira pas. L'utilisation de la terreur est un moyen connu et utilisé depuis longtemps; les tortures, les menaces, les interrogatoires en témoignent. D’ailleurs, cette méthode s'applique plutôt bien sur les groupes. Cependant, elle n'est pas infaillible et peut devenir ingérable.[6]

Méthode médicinale

Plus récente, elle se caractérise par l'utilisation à grandes doses d'antidépresseurs et de calmants ayant pour effet de limiter les capacités cognitives du sujet, qui se comporte alors comme une éponge. À son « réveil », le patient ne garde qu’une vague trace des informations ou du conditionnement opéré sous contrôle médicamenteux, mais n'en aura pas ou peu conscience.

Comme évoqué précédemment, les cures subliminales se développent à grand pas et d’autres méthodes médicinales existent comme par exemple celle de la manipulation des os crâniens, mais aussi des plantes. Et dans ce cas précis, le mot manipulation signifie l’action effectuée sur les plantes dans le but afin de les transformer en médicaments, etc. D’où la conséquence de soumission chimique.

Manipulation mentale sectaire :

Les principaux « protagonistes » recourant à ce type de manipulation sont les sectes. En effet, celle-ci est directement associée aux sectes lorsque elle est décelable et identifiable. Elles ont leur propre système de procédure ; le recrutement dans un premier temps, suivi du conditionnement rendra l’individu incapable de discernement. Jean-Marie Abgrall[7] , un psychiatre bien renseigné sur la matière, dit : « ils attirent par le mystère, maintiennent et retiennent par la peur. »

Ils n’abordent jamais de sujets concrets ne se risquant donc presque jamais à être contredits ni à se faire passer pour des fabulateurs. L’hypnose constitue leur principale technique de manipulation.

Qui sont les plus manipulables ?

Joule et Beauvois proclament haut et fort que tout le monde peut manipuler ainsi qu’être manipulé. Ils ont sûrement raison mais malheureusement, certaines personnes sont plus manipulables que d’autres :

Les personnes présentant un esprit affaibli ou peu développé sont plus propices à se faire manipuler. Des facteurs tels la dépression, un choc traumatique ou un évènement choquant, un traumatisme ayant eu lieu durant l'enfance et une schizophrénie ou schizoïdie de l'individu, font que l’individu est affaibli psychologiquement et donc plus facilement contrôlable. Idem pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, une faible instruction académique ainsi que les personnes ayant une maladie mentale ou physique.

L'âge, entre aussi en compte puisque plus l’individu est jeune plus il est influençable et donc manipulable par extension. ″Jeune″ désigne les individus en dessous de la trentaine.

Ceci dit, il ne faut pas croire que tout ceux qui ne correspondant à ces « catégories » ne peuvent pas être manipulés. Des gens éduqués menant une vie agréable ou des gens en bonne santé, etc. peuvent aussi se faire berner. En effet, il est dit que ces derniers ont une plus grande sensibilité aux biais cognitifs, les rendant donc sensibles à la manipulation. En conclusion, le propos de Joule et Beauvois est valable mais il ne faut pas oublier les différents degrés de manipulation.

Chapitre 2 :

Théorie de l’engagement

Cette théorie, reposant sur la notion de persévération d'une décision, a été présentée par C.A. Kiesler de l'université du Kansas en 1971 . Il a décrété que l'engagement est le lien qui existe entre un individu et ses actes. C'est un phénomène d'adhérence de l'acte à celui qui l'émet. Seuls nos actes nous engagent et seules les décisions s'accompagnant d'un sentiment de liberté donnent lieu à des effets de persévération, conséquence de l'engagement. Un individu engagé adopte inconsciemment un comportement d’acceptation. C’est-à-dire qu’il croit agir librement alors qu’il y a été poussé.

« C’est qu’en effet l’efficacité des stratégies de manipulation qui nous intéresse repose pour l’essentiel sur le processus même d’engagement.» (p.93)

Les degrés de l'engagement peuvent être modulés en jouant sur certains facteurs tel que: en rendant des comptes, en assumant ses actes, en trouvant des raisons de son acte au-dehors de lui-même. Il en accepte la responsabilité. Donc, la manière de renforcer l’engagement est de pratiquer un étiquetage, en disant au manipulé qu’il est « quelqu’un de … » c’est pourquoi il prend la bonne décision : « ce canapé est superbe, on voit que vous avez bon goût ! ».

Il faut distinguer les actes problématiques des actes non problématiques. Les premiers englobent tout ce qui est contraire aux convictions et aux comportements antérieurs de l’individu (ou socialement répréhensibles) et les seconds, eux, vont à l’encontre des premiers. Il est important de les distinguer parce que l’engagement varie selon l’acte en question. Il aura pour effet de renforcer le comportement face au changement dans un acte non problématique, alors qu’il aura pour effet de modifier les idées dans le but de le rationaliser dans un acte problématique.

Les techniques de manipulation

Les techniques de manipulation mentionnées dans l’ouvrage de Joule & Beauvois ne sont pas motivées par la persuasion. L’idée consiste à provoquer un comportement relativement facile à obtenir, dans un premier temps, mais qui augmente la probabilité dans un deuxième temps de favoriser le comportement désiré.

La plupart des comportements développés par Joule et Beauvois comportent le système des deux décisions consécutives. Le premier comportement peut par exemple être une décision d’amorçage. C’est-à-dire annoncer des avantages ou masquer des inconvénients. On révèle l’information à l’individu manipulé juste avant la décision finale. Il prend deux décisions : la première d’opter pour un comportement, et la deuxième – avec une forte probabilité – de s’y tenir une fois la « mauvaise nouvelle » révélée.

La théorie de l’engagement repose sur deux principes : « seuls les actes nous engagent », et « on peut être engagé à différents degrés par ses actes, selon les circonstances, le lien n’étant donc pas automatique ».

Les éléments qui renforcent le caractère engageant d’un acte sont les suivants: le caractère public, la répétition,l’irrévocabilité, le coût et le sentiment de liberté de l’individu qui le réalise.

Stratégies comportementales :

- Effet de gel :

Commençons par définir ce terme. Joule et Beauvois le qualifient d’une adhérence à une décision prise. Comme si une décision prise, seul ou en groupe, gelait le système de choix possible, en focalisant le protagoniste concerné sur son comportement le plus directement relié à sa décision.[8]

Nous avons tendance à adhérer à la finalité de nos décisions et comportements, non aux bonnes ou mauvaises raisons qui nous y ont conduit.

Cette effet d’adhérence aux décisions, se manifeste dans deux autres phénomènes: la dépense gâchée et le piège abscons. La dépense gâchée est définie comme un phénomène apparaissant chaque fois qu’un individu reste sur une stratégie, ou sur une ligne de conduite dans laquelle il a préalablement investi ( en argent, en énergie, en temps) au détriment d’autres stratégies, ou lignes de conduite plus avantageuses. Deux expérimentateurs( Arkes et Blumer 1985) ont pu illustrer ce phénomène en présentant deux forfaits de ski à prix différents à quelques élèves. Les élèves ont été demandé de s’imaginer avoir dépensé 100$ pour un forfait dans le Michigan et 50$ pour un autre dans le Wisconsin. Ils s’aperçoivent ensuite que ces forfaits tombent le même week-end et qu’ils ne peuvent être remboursé ni d’un côté ni de l’autre. On leur demandent alors de choisir laquelle de ces deux forfaits ils choisiraient.

Le piège abscons est un processus similaire, dans lequel un individu s’entête dans un comportement même lorsque celui-ci devient absurdement coûteux ou que les objectifs fixés ne sont plus atteignables. Pour être efficace, le piège abscons suppose qu’une décision soit nécessaire pour en sortir (facilité de ne pas décider) et qu’une limite à l’investissement maximal n’ait pas été décidée à l’avance. Exemple de la psychanalyse. Résumé : « J’ai déjà trop investi pour abandonner ».

On appellera escalade d’engagement ces comportements, qui peuvent parfois conduire à un comportement de plus en plus problématique qui consiste à ne pas revenir sur une décision que l’on a prise. Cela peut s’expliquer par un besoin qu’a l’individu de rationaliser sa première décision.

Les phénomènes d’escalade d’engagement, de dépense gâchée et de piège abscons peuvent être qualifiés d’être d’automanipulation puisqu’aucun individu n’intervient pour pousser l’individu dans le piège. Or, « on peut toutefois concevoir d’autres variétés de pièges liés à l’activité de décision et en s’inscrivant plus dans un scénario d’automanipulation. Ces autres variétés de pièges requièrent alors l’intervention d’autrui comme élément déclencheur et relèvent donc, à proprement parler de la manipulation d’un individu par un autre. »(p. 53) , nous disent Joule et Beauvois. Le manipulateur se basera tout de même sur les effets de persévération de l’activité de décision afin d’arriver à ses fins.

- Leurre :

Cette technique est très convoitée dans le monde du commerce. Elle consiste à amener un individu à prendre la décision de se comporter d’un telle manière généralement dans le but qu’il y gagne en avantages. Ceci fait, on lui annonce qu’il ne peux plus se comporter de la sorte parce que les circonstances ont changé. On lui propose alors une autre offre ( comportement de substitution) ne représentant pas les mêmes avantages.

Très peu de recherches expérimentales ont été fait sur cette technique. Joule et Beauvois utilisent l’achat d’une paire de chaussures comme l’exemple pour illustrer cette technique :

« Vous avez décidé de vous offrir un paire de chaussures pour un prix très avantageux. Vous avez donc décidé d’un comportement ( ici comportement d’achat) dont les bénéfices sont évidents (disposer d’une belle paire de chaussures sans grever votre budget) Vous apprenez que votre pointure n’est pas disponible. Les circonstances ont donc changé, et il ne vous est plus possible d’acheter cette paire de chaussures comme vous l’aviez décidé. Celle-ci a, par conséquent, le statue de leurre. On vous propose alors une autre paire [...] qui vous plaît tout autant mais plus chère. On vous suggère, ce faisant , d’effectuer un autre achat qui peut se substituer au précédent mais qui ne présente pas les mêmes avantages. » ( p.70)

Le manipulateur dans cet exemple est le vendeur. L’achat de cette personne repose sur la persévération de sa première décision qui est bien évidemment orientée par le vendeur. Tous ces éléments font qu’il s’agit d’une manipulation.

- Amorçage :

On peut recourir à un leurre afin d’obtenir un amorçage : en annonçant des avantages ou en masquant des inconvénients. L’information est révélée à l’individu manipulé juste avant sa décision finale. Il prend donc deux décisions : la première en optant pour un comportement, et la seconde – avec une forte probabilité – en s’y tenant une fois la « mauvaise nouvelle » révélée.

- Pied dans la porte :

On distingue deux variantes de cette technique ; l’une est dite explicite, l’autre implicite.

La variante explicite consiste dans un premier temps, à obtenir d’un individu un comportement lui coûtant peu, pour ensuite en obtenir un plus coûteux. Comme par exemple, demander l’heure à un passant pour ensuite lui demander de l’argent pour téléphoner.

Ladite implicite provoque un comportement contraire chez l’individu (qu’il n’aurait pas eu ) n’ayant pas subi le pied dans la porte auparavant. Par exemple, le comportement altruiste provoqué (surveiller un caddie 3 minutes pour chercher un portefeuille perdu) incite l’individu à avoir un comportement altruiste spontané qu’il n’aurait pas eu sinon (ramasser un autre portefeuille tombé). Afin que l’efficacité de cette technique soit bonne, il faut que le coût ne soit pas trop faible, peu engageant, mais ni trop fort, pour ne pas être rejeté. Les deux étapes se situent dans un même registre d’actions ; que la deuxième requête se fasse dans un délai maximum de 7 à 10 jours ; que les demandes implicites ne comportent que des comportements peu coûteux ;que la première étape ait une décision engageante et finalement que l’individu soit « flatté » en utilisant un langage permettant à l’individu de s’identifier au comportement préparatoire (« c’est bien de rencontrer quelqu’un qui se mobilise pour de bonnes causes ! »),

- Porte au nez :

Cette technique est une variante de la technique du pied-dans-la-porte. Contrairement au pied-dans-la-porte (PDLP), c’est l’engagement final qui facilite le comportement de l’individu : elle consiste à obtenir un refus de l’individu, après lui avoir présenté une demande démesurée, pour ensuite lui soustraire une acceptation en lui proposant une demande moins coûteuse. De plus, cette technique a une durée plus courte que celle du PDLP : 24h maximum contre les 7‑10 jours pour le PDLP.

Les explications possibles reposent sur la norme sociale des concessions réciproques, sur la diminution du coût apparent du deuxième comportement, ou sur la présentation de l’individu de qui émane une [9]quête.

Cette technique fut officiellement dévoilée en 1975 par Robert Cialdini 1 et ses collaborateurs. Elle se baserait, selon eux sur le principe de réciprocité 2 : « puisque l'autre fait un pas en ma faveur (il propose une requête moins coûteuse), je me sens un peu plus obligé d'accepter (librement !) sa seconde requête. »

Afin que l’efficacité de cette technique soit garantie, il faut que la demande appuie une noble cause, que la première demande soit la plus coûteuse et que les deux étapes ne se diffèrent que par leur coût. Sans oublier que la deuxième demande se déroule sur un lapse de temps relativement court (24h max.) Il faut aussi que les requêtes soient effectuées par la même personne.

Lorsque ces conditions ne sont pas respectées, le taux d’acceptation de la deuxième requête est relativement la même que lorsque cette requête est présentée seule.

Effets des stratégies comportementales :

Sur le plan des actes (effet comportemental), On constate qu'un individu peut adopter en toute liberté des comportements nouveaux allant dans le même sens après voir réalisé ceux que l'expérimentateur (ou le "formateur") lui a extorqués. Sur le plan des idées (effet cognitif), ces comportements sont susceptibles d'engendrer des codifications sur les croyances et les opinions de celui qui les a réalisés. On imagine facilement tout le profit que les sectes peuvent tirer de ces mécanismes psychologiques, principalement au plan de l'autoprogrammation !...

REPERES METHODOLOGIQUES :

J’ai voulu tester une expérience à Genève pour deux raisons : d’abord pour vérifier si les théories de Joule et Beauvois s’appliquaient vraiment à tous ou si les genevois étaient particuliers ; ensuite parce que cela permettrait de créer un lien avec le thème « Genève, ville internationale ». J’ai choisi de tester la stratégie comportementale dite d’amorçage. Elle présente beaucoup d’avantages considérant les frais et matériaux nécessités pour vérifier d’autres stratégies comportementales.« [...] l’expérimentateur téléphonait aux étudiants et leur proposait de participer à une expérience comptant pour une heure de crédit.Dans une première condition (condition contrôle) il disait d’entrée toute la vérité. Il faisait donc savoir aux étudiants que l’expérience était programmée à 7 heures du matin avant de leur demander s’ils souhaitaient y participer : « La salle dans laquelle l’expérience doit avoir lieu est occupée durant la journée et le soir par d’autres personnes du département, aussi avons-nous programmé cette expérience le mercredi et le vendredi à 7 heures du matin. Peut-on prendre rendez-vous [...]? »Dans une seconde condition (condition d’amorçage) l’expérimentateur cachait d’abord une partie de la vérité aux étudiants. Il leur demandait, cette fois, s’ils souhaitaient participer à l’expérience sans leur faire connaître l’heure à laquelle elle était programmée. Pas difficile, en procédant ainsi, d’obtenir un « oui »massif et peut-être même franc. Ce « oui »obtenu, il ne restait plus qu’à l’expérimentateur d’informer ses sujets de la nécessité de se rendre au laboratoire à 7 heures du matin, en leur proposant un rendez-vous exactement dans les mêmes termes que ceux énoncés dans la condition précédente. »L’expérience effectuée à Genève, est inspirée de l’expérience décrite au-dessus dans Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. Donc comme celle du haut, elle comporte une condition contrôle et une condition d’amorçage. Le groupe A représente la condition de contrôle c’est-à-dire que l’individu ne recourt qu’à une décision. Le groupe B représente la condition dite d’amorçage parce que l’individu recourt à deux décisions consécutives. La deuxième devant être prise suite à l’annonce d’un inconvénient.L’expérience se déroule en pleine rue avec une assistante qui questionne les passants et moi, placée un peu plus loin en prenant soin d’être dans le champ de vision de l’assistante et des « victimes ».Notre condition de contrôle consisterait à demander aux passants s’ils seraient prêts à remplir un questionnaire en échange de chocolats. L ’amorçage serait d’abord de proposer aux passants des chocolats gratuits s’ils remplissent un questionnaire, puis lorsqu’ils acceptent, leur annoncer que le chocolat est en rupture de stock. Puis pour suivre Joule et Beauvois, il leur sera demandé s’ils souhaitent tout de même remplir le questionnaire.Tout se joue sur la prise de décision : la condition de contrôle n’en demande qu’une contrairement à celle l’amorçage qui en demande deux. Les personnes de la deuxième condition accepteront généralement de poursuivre ce qui leur est demandé malgré l’inconvénient ; simplement à cause de cette deuxième décision.C’est ce qui sera testé dans un premier temps. Le questionnaire a aussi son rôle à jouer : l’âge (vérifier si plus jeunes plus manipulables), la région ou le pays d’origine (rapprochement/ lien avec Genève) et si les genevois ont conscience ou l’impression de se faire manipuler dans leur quotidien, constituent les questions du questionnaire.Un pré-test a dû être mis en place, afin de vérifier si l’expérience ne comportait pas trop de failles. Si tel était le cas, il était préférable de trouver une nouvelle méthode immédiatement, afin d’effacer la faille et commencer sans interruption. Le questionnaire a dû être modifié à deux reprises ainsi que le slogan de notre pancarte et sa taille.L’idée de départ était d’effectuer un groupe A indépendamment du groupe B. Finalement, les deux groupes ont été « fusionnés » pendant l’expérience. Une liste [10] déterminant l’ordre d’apparition de chaque groupe a été établie dans le but d’éviter de choisir le groupe selon « la tête du client ».Une boîte Adidas a servi de « récipient » aux « prix ». Cela facilita l’expérience, notamment lorsque la personne était attribuée au groupe B : la boîte laissait vraiment croire que les prix était réellement terminés ; rendant du coup l’expérience plus crédible.L’expérience n’a malheureusement pas récolté beaucoup de résultats. Seulement vingt-trois questionnaires ont pu être remplis rendant l’analyse des résultats peu représentative. Premièrement parce que les passants trouvaient tous genres d’excuses afin d’échapper au questionnaire mais aussi pour notre manque d’organisation temporel. Bien que les questionnaires obtenus soient peu, l’analyse peut tout de même être faite.

RESULTATS :

Vingt-trois personnes ont été testées au total : quatorze dans le groupe A et les neuf restants dans le groupe B. Rappelons que le groupe A impliquant la condition de contrôle : toutes les informations leur ont été données ; ils n’ont eu qu’à décider s’ils voulaient remplir le questionnaire ou non. Le groupe B symbolisant la condition d’amorçage : ils ont d’abord dû accepter de remplir le questionnaire pour ensuite découvrir qu’il n’avait plus de prix. C’est alors qu’on leur a demandé s’ils voulaient tout de même poursuivre ; dans ce cas de figure, deux décisions sont prises sous condition. Toutes les réponses des questionnaires remplis ont été recueillies dans le tableau ci-dessous.

Groupe

Accepté

Origine

Manipulation générale

Manipulation personnelle

Facteurs manipulateurs

Tranche âge

1

A

non

2

B

non

3

B

oui

Antigua

assez

un peu

Médias, Famille, Amis, environnement, Culture

30-40 ans

4

A

oui

Sri Lanka

pas du tout

pas du tout

/

40-50 ans

5

B

oui

Italie

assez

assez

Publicité, Politique, Images, les Femmes les Amours

30-40 ans

6

B

oui

Egypte

assez

pas du tout

/

10-20ans

7

A

oui

France

facilement

pas du tout

Médias

30-40 ans

8

B

oui

Angleterre

facilement

assez

Télévision, Amis, Famille

10-20 ans

9

A

oui

France

pas du tout

un peu

Le respect de la personne en question

50-60 ans

10

A

oui

France

facilement

un peu

l'état d'esprit et l'humeur

30-40 ans

11

B

oui

France

facilement

assez

l'entourage, les médias, le travail, les patrons

50-60ans

12

A

oui

France

facilement

assez

Publicité et les discours

20-30ans

13

A

non

14

B

oui

Suisse

facilement

facilement

travail en état de stress, l'argent,les amours

10-20 ans

15

A

oui

Suisse

facilement

facilement

Normes sociales, influence des experts, pour être accepté socialement

20-30 ans

16

B

oui

Suisse

facilement

pas du tout

Médias

60-70 ans

17

A

oui

Etats-Unis

assez

assez

Manque de confiance en soi, la peur de ne pas être accepté comme on est.

10-20 ans

18

A

oui

Uganda

assez

un peu

la peur

30-40ans

19

B

oui

Sri Lanka

assez

assez

/

30-40 ans

20

A

oui

Allemagne

facilement

un peu

Envie d'être accepté

20-30 ans

21

A

oui

Ghana

assez

un peu

Avoir une bonne apparence, faire bonne impression

10-20 ans

22

B

oui

Malaisie

assez

facilement

l'Argent

20-30 ans

23

A

oui

Suisse

facilement

un peu

le degré de maturité et le moment

20-30 ans

24

A

oui

Cap-Vert

facilement

pas du tout

les amis, l'argent les femmes, etc.

10-20 ans

25

A

oui

Cameroun

pas du tout

pas du tout

les amis, le comportement

10-20 ans

Résultas


Bien que peu représentatifs, nos résultats montrent les mêmes tendances que ceux de Joule et Beauvois : le taux d’acceptation de la condition d’amorçage( groupe B) est supérieur à celle de la condition de contrôle ( groupe A). Certes le groupe A a la plus grande quantité de questionnaires remplis mais le taux de refus est supérieur à celui du groupe B. Ceci renverse la balance d’avantage du côté du groupe B. Le groupe B remporte haut la main contre le groupe A : son taux de refus doit être inférieur à celui du groupe A mais son taux d’acceptation doit être supérieur à ce dernier. Vérifions : le taux de refus du groupe A : 2/14 contre 1/10 pour le groupe B. Lorsqu’ils sont mis sur le même dénominateur commun : celui du groupe A revient à 10/70 contre les 7/70 du groupe B. Maintenant le taux d’acceptation : celui du groupe A est 14/16 et celui du groupe B est 9/10. Les dénominateurs communs donnent : 70/80 pour le groupe A et 72/80 pour le groupe B.

La vue d’ensemble ne montre rien de particulier. Le « pas du tout » n’a pas de dessin particulier. Oscillant au fur à mesure que la tranche d’âge vieillit, il commence très fort pour passer à zéro et finalement arriver au « un ». Le « un peu » progresse jusqu’à la 30-40aine pour disparaître et finalement obtenir un « un ». Le « assez » oscille entre les 10-20aines et les 30-40aines pour finalement obtenir un « un ». Le « facilement » progresse entre les 10-20aines et les 20-30aines où il s’arrête. Il n’y a pas de conclusion à tirer de ce graphique. La théorie des jeunes ne fonctionne pas dans notre cas.

Les personnes du groupe B pensent être manipulables contrairement à celles du groupe A. Celles du groupe B n’ont pas tort puisqu’elles sont celles manipulées dans cette expérience.

ANALYSE :

Taux d’acceptationNous devions recevoir un taux d’acceptation plus élevée dans le groupe B que dans le A, selon Joule et Beauvais. Le groupe B représentant le comportement d’amorçage, avec le système des deux décisions, fait que l’individu garde sa décision initiale malgré l’inconvénient. C’est effectivement le cas ici : 9/10 d’acceptation pour le groupe B contre 14/16 pour le groupe A.Chez Joule & Beauvais plusieurs expériences basées sur cette notion d’amorçage (double décision) ont été entreprises. Celle citée dans leur livre est celle dont je me suis inspirée. 95% des étudiants ont accepté de participer à l’expérience pour la condition d’amorçage contre 79% d’acceptation dans la condition contrôle. Ils sont même allés jusqu’à voir si les étudiants allaient effectivement se rendre à 7h sur les lieux. Encore une fois, la condition d’amorçage remporte sur la condition contrôle : 53% contre 23%. Les résultats ne les choquent guère parce que le fait de prendre deux décisions consécutives fait que l’individu manifeste une consistance dans son comportement qu’un individu dans la condition contrôle ne manifeste pas au même degré. Ce dernier est donc moins engagé que celui dans la condition d’amorçage.Perception de la susceptibilité générale à la manipulationLe groupe manipulé à proprement parler, c’est-à-dire le groupe B, perçoit les gens comme assez ou facilement manipulables (50-50). C’est assez ironique, parce qu’ils se sont effectivement fait manipuler ; comme s’ils répondaient pour confirmer la théorie. Le groupe A semble être partagé sur le sujet, mais tendent relativement vers le pas du tout…Chez Joule & Beauvois il est clair que les gens manipulés n’en ont clairement pas conscience. Voilà la raison même qui les ont poussé à écrire leur livre pour venir en aide à tous ceux ayant ce problème mais aussi pour ceux qui le voyaient mais qui n’arrivaient pas à réagir contre.Perception de sa propre susceptibilité à la manipulation:Là encore, le groupe B semble être conscient de la situation puisqu’ils se perçoivent eux-mêmes comme assez et facilement manipulables. Certains ont quand même répondu qu’ils ne l’étaient pas du tout ; comment expliquer qu’ils aient tout de même été manipulés ? Nous pourrions dire que ces exceptions là, démontrent l’inconscience du manipulé, puisqu’ils croient prendre leurs propres décisions… Les plus jeunes pensent néanmoins être plus facilement manipulables que leurs aînés.Le groupe A est partagé sur cette question. En effet, Le schéma des jeunes semble relativement identique à celui des plus vieux.Chez Joule & Beauvois, aucune expérience n’a été effectuée afin de définir si l’age constituait un facteur important dans la manipulation. Ce qui est compréhensible puisqu’ils ont clairement déclaré que n’importe qui pouvait manipuler et être manipulé. Nous pouvons déduire que leur théorie de « n’importe qui peut être manipuler ou manipuler » comprenait l’âge, sans quoi leur théorie perdrait un peu de sa crédibilité.Perception de ce qui peut influencer les gens :Il semblerait que l’entourage (famille, amis, etc.), l’argent et les médias soient perçus comme étant les « forces » les plus manipulatrices à l’heure actuelle. Il y en a certes d’autres comme la mode, l’Eglise, la Politique, la peur et j’en passe... Les gens ont tendance à désigner les « forces » les plus populaires sans forcément creuser plus loin. Il en existe bien d’autres et vous seriez étonnez du nombre de gestes simples du quotidien pouvant être qualifiés de manipulateurs.Chez Joule & Beauvois, le facteur principal influençant les gens est la prise de décision. Nous remarquerons que certaines des choses citées ci‑dessus peuvent avoir une assez grande influence sur la prise de décision d’un individu ; L’église, la politique, l’argent, la mode etc.
Pays d’origine :La diversité d’origines reportée ici nous laisse croire que Genève qualifie effectivement de ville internationale.Là encore Joule& Beauvois n’ont rien entrepris. Ce point rejoint celui de l’âge. C’est-à-dire qu’ils n’influencent en aucun cas sur le fait d’être manipulé ou de manipuler.

CONCLUSION

Mes résultats montrent que les gens ont généralement conscience de se faire manipuler mais il semblerait qu’ils ne font rien pour déjouer ces tours de manipulations. Joule et Beauvois l’ont bien compris et ont décidé de tendre une main à tous ces gens-là et à d’autres encore.Quid de la manipulation genevoise ? Nous pouvons désormais dire que la manipulation est partout la même y compris à Genève. L’être humain garde ses attributs, peu importe où il se situe sur la planète. Joule & Beauvois savaient effectivement de quoi ils parlaient parce que leur théorie reste inébranlable. Le questionnaire nous le confirme. Nous pensons et agissons fondamentalement de la même façon. Il reste néanmoins beaucoup à apprendre sur le sujet ; ceci n’est un qu’un survol de la matière. Peut-être qu’un jour d’autres découvertes seront faites et que les propos de Joule et Beauvais n’auront plus de sens.Qu’en est-il de l’internationalité de Genève ? Eh, bien, la variété des origines nous le prouve bien. J’ai donc pu démontrer que Genève était une ville internationale grâce au questionnaire, remplissant donc mon contrat pour le lien avec Genève.Quelques points théoriques ont pu être démontrés/confirmés grâce à cette expérience. Néanmoins, les résultats ne confirment pas la théorie concernant les jeunes : les avis sont assez divergents ; grands et petits semblent appartenir au même groupe.Ce travail m’a ouvert les yeux et l’esprit. J’ai beaucoup appris et je suis contente d’avoir pu effectuer une expérience par moi-même.

Remerciements :

J’aimerais remercier une amie, Camille Loup, de m’avoir mise la puce à l’oreille pour mon sujet de maturité.Je remercie mon assistante Chloé Dünn, sans qui, l’expérience n’aurait pas eu lieu. Merci encore pour son jovialité et sa solidarité.Je remercie ma famille entière pour le soutien moral qu’elle m’a fourni. Je remercie particulièrement trois d’entre elle: mon oncle, Auguste Abosi, à qui la dure tâche de correction syntaxique a été donnée ; ma mère ,Sarah Coleman, pour l’aide fournie pour la mise en page et ma tante Patience Häfliger, sans qui je n’aurais jamais eu de lectrice finale. Mes amis méritent aussi d’être remerciés pour la relecture. Je remercie, d’autre part, Mme Marie-Christine Sanchez pour la relecture finale de mon travail.Je remercie mon professeur accompagnateur de m’avoir suivie, conseillée, et motivée pour ce travail. J’ai eu des passages difficiles et il a su me redonner l’envie d’achever ma tâche.

BIBLIOGRAPHIE :

ANNEXE :

1. Schéma explicatif de la méthode Pavlov ( p.4):

2. Questionnaire du sondage:


[1] Infos récoltées sur Wikipédia.

[2] cf. Annexe pour le schéma explicatif de l’expérience de Pavlov.

[3] Parodie de la méthode Pavlov.

[4] Ces expériences démontrèrent que l’inconscient existait vraiment et que l’inconscient influençait le comportement normal ainsi que les conditions psychiatriques.

[5] Fischer exposa des individus à quelques stimuli visuels se trouvant en dessous du niveau perceptuel du conscient.

[6] cf. ouvrage de LeDoux J.E, Synaptic self ( 2001)

[7] J-M Abgrall est l’auteur de l’article LA MANIPULATION MENTALE : MYTHE MEDIATIQUE OU REALITE PSYCHIATRIQUE ? et du livre La Mécanique des sectes

[8] La citation originale a été modifié.

1 Robert Cialdini et ses collaborateurs (Cialdini, Vincent, Lewis, Catalan, Wheeler et Darby, 1975), lors d'une expérimentation dans laquelle, demandaient à des étudiants de parrainer un adolescent d'un centre de détention pour jeunes délinquants, deux heures par semaine et ce, pendant deux ans. Une fois cette requête fort coûteuse, refusée, Les auteurs proposaient alors aux étudiants précédemment sollicités, une sortie unique de deux heures durant laquelle ils parraineraient un des garçons du centre de détention. Précéder cette dernière demande, de la sollicitation coûteuse, permit de tripler le nombre d'acceptations de parrainage pour la sortie unique, par rapport à un groupe contrôle d'étudiants auxquels seule cette sortie unique était proposée.

2 La réciprocité est l'un des six principes fondateurs de la théorie qu'il développa dans son ouvrage, Influence : the Psychology of Persuasion, 1984.

[10] cf. Le tableau dans le rubrique « Résultats »


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