MICROMONDES de Sécurité
 

On peut avoir recours à un micromonde pour sensibiliser et former les délégués syndicaux à l’importance de la sécurité sur les chantiers.
Pour se faire, on peut imaginer mettre à disposition de la personne en formation une photo d’un lieu en travaux avec une liste de machines, d’engins ou de personnes à placer sur l’image en ayant pour objectif de respecter les normes de sécurité des chantiers.

Lorsque les objets sont disposés à leur juste emplacement d’après l’apprenant, on lui donne la possibilité de vérifier si la sécurité est respectée en appuyant sur une touche « marche » qui active les différentes machines et outils et qui lui permet de vérifier s’il possède les connaissances nécessaires pour contrôler la sécurité sur les chantiers et par la même éviter aux ouvriers un éventuel accident.

On peut également inclure une touche « aide » qui donnerait des indices à l’apprenant lorsqu’il est en manque d’inspiration pour le placement des divers objets. Dans cette fonction apparaîtraient en icônes les objets à placer et en cliquant dessus, l’apprenant pourrait consulter les règles à suivre concernant tel ou tel objet.

De plus, l’apprenant aurait également accès à une description des machines ou des outils à placer sur le chantier pour éviter qu’une question de graphisme puisse l’induire en erreur. Cette présentation serait accessible à chaque moment de l’exercice et comprendrait également une liste de toutes les fonctions de chaque machine pour aider l’apprenant à ne rien oublier.

A la fin d’une série d’exercices de difficulté moyenne, le programme proposerait des sortes de challenges où les icônes d’aide et de description seraient absents et où les situations les plus inhabituelles seraient présentées. Tels que poser une grue sur un terrain pentu ; le travail de nuit ; par temps de pluie ; etc.

Le risque que l’apprenant consulte trop fréquemment les indices mis à sa disposition en cas de besoin et qu’il ne construise pas ses connaissances tout seul est bien présent. Ici, le micromonde ne remplirait pas son rôle puisqu’il est sensé justement  faire tâtonner l’élève et explorer les nombreuses possibilités de réponses jusqu’à trouver le bon chemin à suivre et ainsi avoir élaboré lui-même ses connaissances en la matière. On en trouve la confirmation dans le livre de Bossuet (1982) quand il dit (p.51) :

"L’enfant n’est plus l’objet à modeler, à éduquer. Il devient sujet. "

en parlant de la théorie de Logo, le célèbre micromonde de Papert.

Les règles à suivre sont plus concrètes avec une présentation sous forme de micromonde qu’avec un didacticiel où l’apprenant ne fait que répéter ce qui lui est présenté . C’est un bon intermédiaire entre l’outil que nous venons de mentionner et la simulation qui n’est pas non plus nécessaire. En effet, le micromonde permet d’avoir une vision plus réelle et plus globale que le didacticiel et est un moindre investissement par rapport à la simulation. On retrouve cette idée dans le livre de Bruillard (1997) quand Papert décrit les micromondes à la page 141 comme :

"des objets qui d’une certaine façon sont semblables à ceux avec lesquels on travaille dans le monde réel et, d’une autre façon, sont semblables à des objets abstraits. Ce sont des objets transitionnels qui aident à manipuler les objets abstraits, des passerelles entre les apprentissages intuitifs et formels.".

Ce type d’argument est important à relever du fait que le syndicat est un groupe dont les fondements initiaux sont la solidarité. En effet, le bénéfice financier est loin d’être le but premier de cette institution mais surtout, la grande part de l’argent qui entre dans le syndicat est constituée des cotisations des membres (env. 1% du salaire). C’est pourquoi, si le syndicat décidait d’investir dans des programmes informatiques de formation des délégués, il serait utile de se poser la question si un micromonde suffit plutôt qu’une simulation, afin de ne pas investir dans de « l’inutile » avec l’argent des ouvriers.

Avec la fonction « marche-marche pas », l’apprenant peut vérifier s’il est prêt ou non et a la possibilité d’opérer des changements dans ses réponses pour arriver au  fonctionnement du système. Dans ce cas de figure, il peut par conséquent construire ses connaissances par tâtonnement et décider  lui-même s’il a besoin d’indices ou pas afin de cheminer  d’une manière correcte. Ce même Papert précise sa vision du micromonde dans un autre ouvrage, celui de Baron et Bruillard (p.202-203) :

"C’est l’enfant lui-même, à travers ses expériences, qui est le moteur de l’apprentissage, constructeur de son propre savoir. L’expérience est le meilleur professeur et, pour apprendre réellement, on doit découvrir soi-même les solutions des problèmes. L’idée c’est donc de donner le contrôle à l’apprenant sans découper artificiellement le sujet en séquences de présentation. ".

Ainsi, cette vision paraît d’autant plus adéquate dans une optique de formation d’adulte, l’apprenant étant, par définition, relativement indépendant dans tout ce qu’il entreprend.

Avec ce type de programme, on peut également craindre pour la motivation de l’apprenant. En effet, la question est de savoir si l’élève va trouver et/ou prendre le temps de se mettre devant l’exercice et se former si personne n’est là pour le contrôler. Ce point est d’ailleurs mis en évidence dans l’ouvrage de Baron et Bruillard (p.208) :

" L’une des difficultés bien repérées de l’apprentissage fondé sur la construction de micromondes est celle de l’orientation et du soutien que l’on peut fournir aux apprenants. Comment combiner la résolution de problèmes et la motivation liée à l’apprentissage par la découverte avec une interaction tutorielle ? "

Toutefois, ce dernier problème pourrait être facilement résolu par la proposition déjà citée dans le chapitre précédent : celle de proposer aux travailleurs une période suffisamment longue à l’issue de laquelle tous auraient travaillé sur le micromonde disponible.
 
 
 
 

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