Staf16 - Réalisation de logiciels éducatifs
Projet de réalisation d'un didacticiel

A quoi sert une taxonomie d'objectifs?


Intuitivement, nos savons que certains objectifs sont plus difficiles que d'autres. Citer la formule de l'aire du carré est plus facile que de décrire la théorie de la relativité. Identifier un carré est plus facile que de résoudre un jeu d'équations à deux inconnues. Dans le premier cas, la différence de difficulté est lié à la complexité de l'objet, dans le second cas à la complexité de l'activité cognitive. Parallèlement à la pédagogie de maîtrise se sont développés de nombreux efforts pour proposer une classification des opérations cognitives. Ces classifications intègrent généralement les deux élément évoqués ci-dessus: d'une part, l'activité cognitive et, d'autre part, l'objet sur lequel porte cette activité.

Il est difficile de déterminer la qualité d'une taxonomie du point de vue théorique. Vu la complexité de notre architecture cognitive, il nous semble en réalité difficile de définir des catégories d'activité de haut niveau, telles celles décrites ci-dessus, qui ne fassent pas appel à des mécanismes sous-jacents communs. Nous noterons par exemple que la catégorie 'conceptualisation' a un statut particulier dans la description ci-dessus. Ce terme est quelque peu ambigu car il désigne plus généralement les activités de formation du concept, sur base d'induction et de discrimination. Il est utilisé ici pour décrire les activités dans lesquelles un concept déjà formé est mis à l'épreuve. Lorsque le critères sont bien spécifiés, la conceptualisation peut en fait être considérée comme l'application simple de critères d'appartenance à une classe. D'autre part, l'activité d'élaboration d'un concept s'apparente plutôt d'exploration inférentielle du réel, puisque la tâche consiste à explorer un ensemble d'exemples et de contre-exemples afin d'émettre une hypothèse sur la définition du concept.

Toutefois, une telle taxonomie se justifie à nos yeux davantage comme outil pédagogique que comme classification à visée théorique des activités mentales. Or, d'un point de vue pédagogique, il est par exemple utile de discriminer la conceptualisation et l'application simple, afin que le concepteur pense à varier les formes d'activités. En tant qu'outil de conception, la taxonomie possède une fonction générative et une fonction sélective.

La fonction générative consiste à utiliser la taxonomie comme un prisme à travers lequel un même contenu peut être associé à une variété d'objectifs. Trop souvent, les activités sollicitées se limitent à quelques catégories, en particulier la reproduction et l'application simple. Le concepteur peut systématiquement s'interroger sur les activités plus complexes, tels que l'exploration inférentielle du réel ou la résolution de problème.

Dans ce contexte, nous aimerions ajouter une catégorie définie par Xavier Silva, l'application-ajustement. Il s'agit par exemple d'activités dans lesquelles le sujet doit retrouver une erreur dans les étapes de la résolution d'une équation ou corriger le résultat d'une opération incorrecte. Du point de vue cognitif, il n'y a probablement pas de bonne raison d'en faire une catégorie spécifique. Par contre, du point de vue pédagogique, cette catégorie supplémentaire peut amener le concepteur à imaginer des activités auxquelles il n'aurait pas pensé.

Bien que nous n'ayons pas de données empiriques pour supporte cet argument, il est raisonnable de penser que les connaissances sont mieux assimilées et surtout mieux utilisables par la suite si elles sont été utilisées dans une gamme variée d'activités intellectuelles.

La fonction sélective consiste à utiliser l'identification des activités cognitives comme moyen de sélection des activités d'apprentissage. Par exemple, un objectif de conceptualisation implique des activités d'induction et de discrimination. Nous présenterons dans le module 4 des éléments de méthodologie spécifique aux diverses catégories d'activités cognitives.