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1.2.1.2.3 Souris
Aujourd'hui le dispositif de pointage le plus utilisé est la souris, inventée en 1964 par Douglas C. Engelbart. Le déplacement de la souris sur un plan horizontal provoque le roulement de la boule située sous la souris. Ce roulement active des potentiomètres ou autres systèmes de comptage (magnétique ou optique) qui traduisent le déplacement en cordonnées horizontales et verticales. Le mode du contrôle du curseur est relatif. L'échelle contrôle/affichage est contrôlée - et donc modifiable - par le logiciel. Le succès de la souris s'explique par l'analogie presque directe entre le déplacement de la souris et celui du curseur. Cette analogie est cependant affaiblie par certains facteurs: le plan de déplacement de la souris est perpendiculaire au plan de déplacement du curseur, le déplacement de la souris sans contact avec le plan du bureau ne provoque aucun déplacement du curseur, ... Nous reviendrons prochainement sur ces difficultés. Les déplacements de la souris sont plus rapides lorsque le sujet sélectionne un objet situé dans un coin de l'écran que si l'objet se trouve en milieu d'écran, probablement parce que les bords de l'écran guident le pointage (Blankenberger & Hahn, 1991).

L'utilisation de la souris ne comprend pas uniquement le déplacement de la main de l'utilisateur, mais également l'action de cette main en un point particulier: pousser un bouton, saisir un objet, le relâcher, l'ouvrir,... L'utilisateur indique l'action choisie en 'cliquant' sur le ou les boutons présents sur le dos de la souris. La signification d'un simple ou d'un double 'click', accompagné ou non d'un déplacement de la souris, résulte de conventions qui sont encodées dans le logiciel, nous y reviendrons dans la section 1.3. Les souris disposant de plusieurs boutons permettent d'entrer plus rapidement des commandes que des souris mono-bouton pour lesquelles certaines commandes requièrent un double-click (Price & Cordova, 1983).

Le déplacement de la souris exige un espace non glissant (d'où l'utilité de tapis) et assez important (au moins 20 cm de côté). Lorsque cet espace n'est pas disponible, par exemple pour les ordinateurs portables, il existe une autre version de la souris: le 'trackball'. Sorte de souris à l'envers, l'utilisateur manipule directement une balle dont la grandeur varie selon les modèles. Dans ce cas, l'analogie entre déplacement du curseur et l'action de l'utilisateur est cependant affaiblie. La manipulation efficace d'un 'trackball' nécessite un apprentissage plus important que la manipulation d'une souris.

Figure 1.6 : Le 'trackball' est une souris inversée.

De nombreux travaux ont été réalisés afin d'améliorer l'ergonomie de la souris:

Figure 1.7 : Souris optique

Un autre inconvénient de la souris est qu'elle mobilise une main de l'utilisateur, ce qui perturbe fortement la frappe au clavier. Une solution consiste à remplacer les commandes les plus fréquentes transmises par la souris par des combinaisons de touche clavier (des 'raccourci-clavier'). D'autres utilisateurs s'entraînent à manipuler la souris de la main gauche afin de garder leur 'bonne main' pour des opérations plus complexes. Après tout, les guitaristes droitiers parviennent bien à des manipulations complexes de la main gauche lorsqu'ils jouent les accords sur la manche de l'instrument. Il existe également des souris pour pied ('footmouse'). Il s'agit en réalité de pédales qui peuvent s'incliner de gauche à droite et d'avant en arrière et fonctionnent en quelque sorte comme un joystick.

Nous avons évoqué le problème de la perpendicularité du plan de déplacement de la souris par rapport au plan de l'écran. Un autre problème est la dissociation des champs: le champ visuel de l'utilisateur couvre soit le déplacement du curseur sur l'écran, soit le déplacement de la souris mais ne peut couvrir les deux simultanément (voir figure 1.8). Ce problème est particulièrement important lorsque le sujet veut dessiner un trait en se référant à d'autres objets présents à l'écran. Tout utilisateur d'un logiciel graphique a expérimenté par exemple la difficulté d'écrire son nom avec la souris (et l'outil crayon) comme on le ferait avec un véritable crayon. Lorsqu'un sujet dessine au moyen d'un véritable crayon, il perçoit simultanément la naissance du trait et le déplacement du crayon ce qui permet une régulation immédiate du mouvement de la main. L'utilisation de la souris implique une dissociation du plan de trait et du plan de l'outil, ce qui détériore les possibilités de régulation. Ce problème concerne particulièrement les outils de dessin qui ont un effet immédiat sur le document: le crayon, la brosse, le lasso. Il est moins important pour les outils dont l'effet est différé, par exemple lorsqu'il s'agit de dessiner une droite: celle-ci n'est tracée qu'au moment où l'utilisateur relâche le bouton de la souris. Tant qu'il maintient ce bouton enfoncé, il peut tâtonner. Cette convention accorde donc à l'utilisateur la possibilité de réguler son mouvement. D'autres solutions aident la régulation du mouvement dans le dessin: choix de contraintes sur le tracé ou le déplacement (horizontal ou vertical uniquement), choix de contraintes sur les positions (définition d'une grille d'écran), possibilité de modifier des portions du trait (p.ex. le rayon de courbure), de lisser une courbe, d'afficher les coordonnées du curseur ou les dimensions d'un objet, ou encore de générer une courbe en partant d'une équation ou d'un polygone.

Malgré ces difficultés, Crook (1993) observe qu'après seulement 5 séances d'entraînement des élèves de 6 ou 7 ans manipulent la souris aussi efficacement que des adultes débutants. Il observe des performances équivalentes pour les garçons et les filles. La principale difficulté pour les enfants surgit lorsqu'il est nécessaire de déplacer la souris en la soulevant, c'est-à-dire sans déplacer le curseur, afin de continuer un mouvement.

Figure 1.8 : Dissociation des champs moteur et visuel

Nous verrons en outre que la souris peut également servir de périphérique de sortie.