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1. Introduction


Le bon sens veut que tout le monde soit d'accord sur le fait que savoirs et savoir-faire sont complémentaires et qu'ils sont tout deux nécessaires au bon fonctionnement de l'intelligence. Pour le sens commun, ils forment un couple aussi indissociable que Laurel et Hardy, Roméo et Juliette ou encore ici à Paris, Chirac et Balladur. Mais pourquoi ces deux concepts sont-ils aussi interdépendants qu'il est presque indécent d'évoquer l'un sans l'autre ? S'agit-il de deux catégories de connaissances distinctes mais inséparables ou bien leurs rapports sont-ils plus complexes sur le plan fonctionnel ? Sur quels critères peut-on dire qu'une connaissance donnée appartient à l'une ou l'autre de ces catégories ? Une meilleure compréhension de leurs rapports dans des situations finalisées peut-elle nous aider à mieux prendre en charge les problèmes posés par leur acquisition ? Ce sont quelques-unes des questions que je voudrais aborder ici avec vous.

Ma communication porte donc sur la pertinence et l'évolution des concepts de "savoir" et de "savoir-faire" dans le champ de la psychologie scientifique. Plus précisément, je voudrais aborder ici la question de leurs rapports en les confrontant aux problèmes de l'apprentissage. Cet exposé comportera trois parties:

1. la première sera consacrée à une analyse des fondements psychologiques de la distinction "savoir versus savoir-faire". J'essaierai de montrer que cette distinction repose sur différents paradigmes expérimentaux (verbal versus pratique, sensori-moteur vs représentatif, déclaratif vs procédural...), mais nous verrons aussi qu'aucune de ces oppositions n'explique complètement à elle seule cette dichotomie. Ces oppositions doivent plutôt être comprises comme un réseau sémantique en formation, véritable stratification de concepts, héritée des grands heures de l'histoire de la psychologie.

2. Dans une deuxième partie, j'insisterai sur le fait que les meilleurs descripteurs de cette opposition sont les processus qui supportent les activités cognitives impliquées dans la production des savoirs et des savoir-faire et non les propriétés formelles des productions elles-mêmes. Nous examinerons ainsi plus en détail les rapports qu'entretiennent ces deux concepts dans des activités finalisées comme la compréhension de mode d'emploi, l'extraction de connaissances expertes ou encore la programmation informatique [j'ai choisi des domaines qui sont de ma compétence].

3. Sous la forme d'une conclusion et d'une ouverture, la troisième partie me permettra de montrer que l'opposition tranchée entre savoirs et savoir-faire (ou leur représentants) n'est pas forcément la meilleure façon de prendre en charge les problèmes posés par l'apprentissage par enseignement. En fait, ce sont essentiellement les contextes dans lesquels ces deux formes du savoir sont mises en oeuvre qui mettent en évidence certaines propriétés des connaissances, que le langage courant associe plus volontiers à l'une ou l'autre de ces catégories.


Template Expertise - 01 FEB 95

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