PERSPECTIVE PSYCHANALYTIQUE:
LES PROBLEMES DE COUPLE


Pathologies du lien conjugal
  Aventures extraconjugales et crises de jalousie


Trois formes principales de pathologie du lien conjugal

 
1) Les relations de dépendance réciproque
Dans certains couples, les deux conjoints sont en conflit permanent et se rendent la vie insupportable, pourtant, ils ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. S’ils se séparent momentanément, ils se réconcilient rapidement, jusqu'à la prochaine crise. La jalousie de l'épouse est le plus souvent à l'origine des disputes, elle s'oppose à la revendication de liberté de l'époux. La possessivité de l'épouse fait fuir l'époux qui est aussitôt suspecté d'infidélité, une course poursuite s'engage alors entre eux. Si celui qui fuit se réfugie dans les bras d'une autre, cela ne dure pas, car les deux conjoints ne peuvent vraiment pas vivre l'un sans l'autre. Chacun est persuadé d'avoir raison, parce qu'incapable de se mettre à la place de l'autre. Quand l'un se sent bien, l'autre se sent mal, ils sont toujours en décalage l'un par rapport à l'autre, mais ce n'est pas toujours le même qui souffre, il y a bascule d'une crise à l'autre. Dans ces couples, il y a beaucoup de disputes, mais peu d'échange de coups, quand l'un devient agressif, l'autre fuit ou du moins ne réagit pas agressivement. Dans de tels couples, mari et femme se font souvent souffrir mais ils vivent aussi ensemble de grands moments de bonheur lorsqu'ils se réconcilient. Il y a alternance de phases d'exaltation au cours desquelles ils ont l'impression de s'aimer comme aux premiers jours et de phases de dépression au cours desquelles ils se font d’incessants reproches. La vie conjugale se poursuit jusqu'à la mort de l'un des conjoints. La séparation ne peut se produire que si celui qui fuit rencontre une partenaire du même type que son épouse, encore plus possessive qu’elle.

 
2) Les relations asymétriques
Beaucoup de couples évoluent suivant ce modèle de relation asymétrique qui aboutit, tôt ou tard, à une rupture brutale et irréversible. Le conjoint, qui n’a pas suivi le rythme d’évolution de l'autre, réagit fréquemment sur le mode agressif, ce qui a le plus souvent, comme effet le déclenchement d'une procédure de divorce. Dans d’autres cas, il y a constat d’échec, mais pas de séparation, chacun continue à vivre à sa façon et à son rythme, tolérant l'autre tel qu’il est, parce que chacun pense que c’est son intérêt. Les échanges conjugaux sont alors réduits à leur strict minimum, tant sur le plan affectif et sexuel que sur le plan matériel. Ces relations asymétriques ne deviennent jamais sadomasochistes. Momentanément terrorisé, le conjoint trouve finalement le courage de rompre pour ne plus souffrir.

 
3) le dépérissement progressif du lien conjugal
L’amour est comparable au feu du foyer domestique des Romains, il meurt si on ne l’entretient pas. C’est ainsi que, parfois, le feu de l’amour s’éteint progressivement avec les années. Les conjoints poursuivent, néanmoins, leur cohabitation par habitude, par intérêt et par peur de la solitude, mais ils ne font plus rien ensemble, n’ont plus de projets communs. Il n’y a plus d’échanges entre eux. C’est ainsi que meurt le plus souvent le lien conjugal, par désinvestissement progressif bilatéral. Cette mort se révèle rétroactivement, lorsque l'un des conjoints tombe amoureux d’un tiers. Cette nouvelle passion n'est souvent qu’un feu de paille, sa  transformation en une véritable relation conjugale exigerait que le conjoint infidèle ait résolu ses complexes inconscients à l’origine de son incapacité à aimer ou à être aimé.
                                                                          Tiré de Robert Viry
« Psychopathologie de la vie amoureuse- Etudes de cas »
Presses universitaires de Nancy, 1998

 
Aventures extraconjugales et crises de jalousie

 
A. L’aventure amoureuse d'une femme ou d’un homme marié est une liaison brève, une évasion momentanée hors du cercle conjugal quireste le plus souvent secrète et ne remet pas en cause la vie du couple. Elle est l’aboutissement d’un jeu de séduction, chacun des amants recherche une satisfaction narcissique et un plaisir sexuel qu’il ne trouve plus suffisamment auprès de son conjoint légitime.Contrairement aux amants passionnés, ils ne veulent rien changer à leur vie habituelle ni renoncer à leur indépendance. Leur aventure est une pause de plaisir dans une vie quotidienne pleine de soucis et de contraintes. Les amants se donnent l’illusion de vivre, avec un partenaire nouveau, une nouvelle lune de miel, mais la répétition del’expérience nouvelle la transforme vite en habitude nouvelle qui lasse encore plus vite que la relation conjugale habituelle, puisqu’elle n’est pas, comme celle-ci, renforcée par un lien d’intérêt ni par un lien affectif. Après une phase brève d’exaltation, les amants renoncent, sans trop de peine, à leur rêve d’amour parce que leur désir sexuel s’est émoussé ou s’est fixé, à nouveau, ailleurs. Parfois, l'un des amants réagit mal à l’éloignement de l'autre et fait une crise de jalousie.


B. Les crises de jalousie éclatent entre les amants infidèles, mais aussi entre les conjoints d’un couple légitime, elles ne sont pas toujours déclenchées par une infidélité réelle, un simple soupçon suffit. Si elles se répètent souvent dans un même couple, cela signifie le plus souvent que la relation conjugale est oedipienne et que chacun des conjoints fonctionne psychiquement dans un registre oedipien. maris et femmes vivent alors dans la hantise d’être trompés et s’accusent mutuellementde trop s’intéresser au collègue ou à la voisine. Les jaloux imaginent que leur rival est plus viril qu’eux, les jalouses que leur rivale a l’avantage de la jeunesse. En tant que sujet désirant et aimant, le jaloux exige d’être désiré et aimé, parce que c’est son droit. Il ne se rend pas compte qu’en retour, il ne reconnaît pas le même droit à l'autre et se conduit avec lui comme un enfant tyrannique. En se comportant ainsi, le jaloux incite son conjoint à le tromper, le passage à l’acte est alors une affirmation de soi du conjoint infidèle qui cherche à se faire reconnaître comme sujet désirant et aimant par celui ou celle qu’il séduit et surtout par celui ou celle qu’il trompe. Les crises de jalousie sont à l’origine de la plupart des scènes de ménage avec cris, pleurs et échange de coups, pour faire mal, mais pas pour tuer. Les relations amoureuses triangulaires et les scènes de jalousie appartiennent au répertoire du théâtre de boulevard, les réconciliations sur l’oreiller en sont le dénouement habituel. Chacun joue son  personnage de jaloux ou d’infidèle repenti sans trop de conviction, avec le secret espoir d’être trompé ou détrompé par les protestations de bonne foi ou de mauvaise foi de l'autre, le résultat final étant le plus souvent, la réactivation du désir érotique de l'un et de l'autre. Dans ces relations amoureuses oedipiennes, la jalousie est bien le piment de l’amour. Dans certains cas d’infidélité conjugale, l’adultère de l'un ne rend pas l'autre jaloux mais accentue son inhibition sexuelle et à tendance à le déprimer. Dans ces cas, mari et femme sont restés fixés en position d’enfant et considèrent l'autre comme un père ou une mère. Les couples oedipiens qui durent deviennent parfois des ménages à trois. Maris et femmes passent alors leur temps à se faire souffrir, ils ne parviennent pas à être heureux ensemble ni à se séparer.
 

 

Tiré de Robert Viry
« Psychopathologie de la vie amoureuse- Etudes de cas »
Presses universitaires de Nancy, 1998

 
 

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