Le profil des protagonistes



 
 
 
1. LES ABUSEURS 2. LES VICTIMES 3. LE CONTEXTE FAMILIAL

 
 
 

1. LES ABUSEURS
 

Pour certains auteurs, tout abuseur sexuel est aux prises avec une pathologie importante.
Pour d’autres auteurs ils pensent que ce sont des sujets tout à fait normaux, ils pensent aussi que l’abus sexuel (surtout celui intra-familial) est surtout du à la particularité de la dynamique familiale.
Quant à l’opinion publique, le thème des abus sexuels n’est pas exempt de stéréotypes (gens ordinaires, ou exemplaires, et non des monstres à la base.
C'est pourquoi la classification des abuseurs sexuels est une entreprise extrêmement hasardeuse.

Mais on peut tout de même distinguer quelques points :

1) Selon Finkelhor (1984), L’abuseur sexuel est, dans la majorité des cas, un mâle.


2) L’abus est le plus souvent le fait d’une personne connue de la victime (parents, amis, proches.).
    Dans les cas d’abus intra-familiaux :


3) L’abus sexuel est fortement lié à l’abus d’alcool Il peut jouer un double rôle :


4) L’abuseur se rend coupable de multiples abus et il est généralement récidiviste.

    De nombreux chercheurs rapportent qu’un bon nombre d’abuseurs ont connu eux-mêmes
    des expériences abusives dans leur enfance. On peut parler d’un cycle de violence sexuelle

Les conclusions d’enquêtes sur la personnalité des abuseurs sexuels varient considérablement, allant de la normalité à la psychopathie, en passant par la démence et la perversion. Leur niveau intellectuel se situe en général dans la norme.
 

Le profil psychologique:
 

Point de vue psychanalytique:

Pour que l’individu puisse retrouver une certaine aise, cette tension devra être « liée » et 3 modes principaux seront à disposition de l’appareil psychique :

1. La somatisation
2. Le passage à l’acte
3. La mentalisation

Pour les deux premiers points dès que la tenson se présente elle se lie dans le corps ou dans le passage à l’acte et cela sans détour par la pensée, la symbolisation, la fantasmatisation. Cela permet à l’individu d’obtenir satisfaction sur le plan mental avec différentes alternatives de gratifications différées. La personne qui mentalise sera moins sujet à la somatisation et au passage à l’acte.

Selon certains auteurs on peut distinguer 2 types d’abuseurs :

1. Le type « passif-dépendant » :

D’apparence pudique et moraliste (voire religieuse) l’abuseur envoie un message de fragilité. Soumis aux autres lorsqu’il s’agit de définir la relation il peut accepter la prédominance de son partenaire, inspirer la tendresse et le désir de protection ;
Il se lie fortement à sa victime sans fréquenter d’autres personnes. Les relations sexuelles avec le partenaire sont rares ou inexistantes : l’objet du désir devient l’enfant car il se sent trop inadéquat pour se tourner vers d’autres femmes.

2. le type « agressif-dévorant » :

L’attitude ici est plutôt expansive, conquérante, méprisante de l’environnement social. Il montre une volonté de coloniser, de contrôler, de soumettre les autres en revendiquant la tyrannie et le despotisme. On peut voir la violence verbale, physique et psychologique sous forme d’injures, d’humiliations, de mépris à l’égard des faibles, des femmes.
Il imposera sa loi sexuelle (et autre)sur tous ses sujets. Il est très craint, car l’abus sexuel sera accompagné souvent de sévices physiques graves.

Conclusions à propos de ces deux types d’abuseurs

Le point commun de ces derniers c’est une carence affective, un manque flagrant de stabilité et de continuité dans le contact avec la figure maternante. L’enfant ne réussit pas à identifier comme source de satisfaction un ensemble de stimuli stables susceptibles de devenir un « objet aimé et aimant » réel.
Qu’ils soient actifs ou passifs, on peut qualifier sans hésiter les pères incestueux de pervers.
L’abuseur nie l’existence de l’autre et l’utilise à des fins purement personnelles.
L’abuseur ne poursuit qu’une seule envie, celle d’assouvir ses désirs personnels. Inconscient de ce qu’il fait subir à son enfant, il n’a aucun respect pour lui. Il y a une grande distance entre l’acte commis et ce que l’agresseur en perçoit, il se sent irresponsable.
 
 

2. LES VICTIMES

Tout d’abord une définition :

« La victime est un individu qui reconnaît avoir été atteint dans son intégrité personnelle par un dommage évident, identifié comme tel par la majorité du corps social. »

Caractéristiques de la victime :
 

Si parfois ce qui est de l’ordre des apprentissages scolaires ou professionnels est préservé, on observe cependant des symptômes psychosomatiques liés à l’angoisse :  Observation clinique qui signalent à l’extérieur que la victime est touchée dans son intégrité physique et dans l’image de son corps :
  Les variables suivantes peuvent influer à des degrés divers sur la personnalité de l’enfant victime :
  Pour pouvoir survivre à la situation abusive, la victime doit mobiliser des mécanismes de défense qui biaisent l’expression de sa personnalité.
L’utilisation de ces mécanismes de défense exige une dépense d’énergie psychique aux dépends d’autres fonctions psychologiques (telles que la verbalisation, la mentalisation, l’imagination, la fantasmatisation, la créativité, la symbolisation, qui sont fondamentales à la structuration de la pensée).
Au risque d’éprouver une angoisse de morcellement ou d’anéantissement, l’enfant se défend en évitant de comprendre.
Il élabore des mécanismes de survie qui maintiennent l’événement réel hors de portée du champ de mentalisation.
La personnalité de l’enfant abusé est tributaire de mécanismes d’identifications.
Dés lors qu’il doit faire face à ces dramatiques situations son registre d’entendement est confus et brouillé donc lorsqu’il devra faire face à une nouvelle expérience relationnelle ou sexuelle son passé traumatique ressurgira et il récupèrera les mêmes mécanismes symptomatiques défensifs qu’il avait l’habitude de mobiliser.
Cette reviviscence du vécu traumatique replonge l’enfant dans un système d’accommodation qui engendre une variété de symptômes post-traumatiques.
 

3. CONTEXTE FAMILIAL

Face à l’abus sexuel, l’enfant perd son statut d’enfant pour devenir de manière privilégiée (exclusive ou particulière ) la victime d’un abus de pouvoir adulte et/ou le partenaire d’une relation qu’il n’a pas désirée.

La gravité de l’abus sexuel est essentiellement caractérisée par:
 

L’enfant devient « adultifié », il peut remplacer sa mère absente ou inconsistante auprès d’un père autoritaire et régressif qui envisage son enfant comme un partenaire sexuel à part entière.

Hormis le fait que le sujet victime d’abus sexuel présente des symptômes intrapsychiques à des degrés divers, l’inceste  engendre aussi des défaillances au sein du système familial qui se manifestent sur plusieurs niveaux :
 

  A l’intérieur de la famille, la victime a une position double:   Le rôle qu’on a attribué à cette victime, de sauver la famille par son silence et son acceptation en la culpabilisant, peut lui donner l’idée qu’elle est effectivement responsable de la cohésion et de la stabilité de la famille, du bonheur des uns et de la souffrance des autres.

L’enfant devient un objet, victime de :
 

De la victimisation, à la participation, en passant par l’accommodation (accommodation aux sévices est fondamentale au «  bon fonctionnement »du système abusif), l’enfant ne joue pas son rôle d’enfant, il devient« un autre », un objet, un jouet, un falsificateur de lui-même, et compromet sa propre identité.

L’enfant abusé prend une place privilégiée par rapport à sa fratrie et /ou sa mère.
Cette place suscite rejet et jalousie et envenime les interrelations familiales.
Le couple incestueux constitue une coalition, un sous-système familial, qui s’oppose au reste de la famille ou qui fonctionne en autarcie.

Il existe une inertie sociale, c’est-à-dire que les parents abuseurs furent eux-mêmes victimes un jour.
L’enfant n’a pas le droit de décevoir, sinon il devient le mauvais objet de la frustration du parent et la cible désignée de ses réactions hostiles, abusives et perverses.

Cette constellation familiale mise en orbite autour de nœuds problématiques, confine l’enfant à son rôle rigide qui est fondamental pour l’équilibre, précaire, du système familial.
La symptomatologie abusive de la famille repose alors sur le principe du bouc-émissaire ou de la victime sacrificielle.

Sa loyauté au groupe familial, au clan, se manifeste à travers les actes, les paroles, et le comportement de l’enfant dont les réponses se rigidifient d’une manière masochiste ou automatique.
La dynamique du système abusif et du secret est dés lors confondue avec un modèle figé de transactions déshumanisées qui correspond à un véritable abus de pouvoir sur l’enfant.

Ayant perdu son statut,  l’enfant s’efface en tant que sujet et peut dans certains conflits d’exercice du droit de visite et/ou de droit de garde faire l’objet d’un odieux chantage affectif  de la part de l’un de ses parents. Il est alors désigné comme le médiateur d’une situation conflictuelle. Ainsi dans certaines situations il est sacrifié par sa mère qui lui dénie le droit d’aimer son père.
Incompris parce qu’il souffre de la séparation parentale et qu’il capte l’agressivité maternelle il lui arrive d’exprimer son désarroi par des attitudes aberrantes.

L’enfant peut jouer un rôle de parent de son ou ses parents : il doit à la fois gérer l’infantilisme pervers de son abuseur et la surdité et la paresse psychoaffective de sa mère.