Prévention



 

 
 
 

Je voudrais surtout dire qu’il existe une hygiène de prévention et un espoir d’atténuer dès le début l’intensité et le développement des crises de la violence. J’espère beaucoup de l’institution des centres d’accueil pour les femmes et tout spécialement pour les hommes. Je considère qu’il s’agit d’une " maladie " du comportement avec à l’horizon un immense espoir de guérison.

Dans la prévention, je suis convaincue que les campagnes médiatiques de sensibilisation à ce problème produiront tant dans l’individu que dans la société, une nouvelle mentalité favorable à son éradication. La dernière campagne fut lancée au niveau national par Madame la Conseillère fédérale, Ruth Dreifuss, le 6 mai 1997. Elle dura 2 mois. Affiches, conférences, films, lignes téléphoniques, brochures rivalisèrent pour informer et alerter la population sur la gravité du problème.

Nombreux furent ceux qui l’approuvèrent et s’en réjouirent : " Moins un phénomène est reconnu socialement, déclare Lucienne Gillioz (1997), plus il est difficile d’en parler efficacement aux personnes concernées et plus il reste invisible " . Mais certains restent réticents. Comme ce psychiatre genevois spécialisé dans les thérapies conjugales, le Dr Bernard Gallay : " Cette campagne me heurte . Femmes victimes – hommes violents : l’équation est trop simple et ne correspond pas à la réalité, qui est bien plus compliquée que la campagne ne le laisse entendre. La violence existe aussi chez la femme. Seulement elle est plus subtile. Elle s’exprime par des non-dits ou par le refus de la sexualité. Dans ce jeu-là, l’homme est beaucoup plus dépourvu et il finit par passer à l’acte " (Jeameret, 1997).

Quant à moi, je suis persuadée que ce type de campagne, tout simplificateur qu’il soit, conduit l’opinion publique à en prendre conscience. J’espère que la prochaine campagne tentera de moins stigmatiser l’homme dans le rôle du tortionnaire et la femme dans celui de la victime. Elle développera le côté relationnel du couple et je souhaite vivement qu’elle soit plus efficace.

Il est très important de développer les centres d’intervention pour hommes violents, où l’on privilégierait l’accueil des hommes tout en favorisant l’accueil des couples. Je pense que l’équipe d’intervenants devrait être mixte et pas unisexe (des hommes pour les hommes et des femmes pour des femmes) et pluridisciplinaire. Plusieurs approches se réuniraient : sociologique, systémique, psychanalytique, biologique…

Il sera capital d’assurer un suivi post-thérapeutique. Enfin, il faudrait créer et organiser un accueil d’urgence, réservé aux hommes, fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre qui pourrait prévenir les crises imminentes, les débordements calamiteux et protégeraient leur femme.