La
Semana Santa
La semaine sainte
est l'un des temps forts de la vie andalouse. C'est un rite très
ancien. Peu après la conquête chrétienne de l'Andalousie,
on vit se répendre la pratique de la mortification.
Des confréries de disciples se constituèrent
par quartier ou par corporation. A l'occasion du vendredi saint, elles
défilaient dans les rues en se flagellant à l'aide de cordes
nouées ou avec des chardons. Ces flagellations publiques furent
interdites par le pape Clément VI, au XIVème siècle.
Les confréries des pénitents remplacèrent alors les
mortifications par le port de la croix et par la représentation
graphique puis sculptée des scènes de la Passion du Christ.
D'abord transportés sur des brancards,
ces ensembles statuaires prirent auXVII ème siècle
de telles proportions qu'il fallut
remplacer les brancards par les actuels "pasos " en bois, portés
de l'intérieur par une cinquantaine d'hommes, les "costaleros" Au
fil du temps, les confréries ajoutèrent à leur procession
une représentation de la Vierge. Dans toutes les villes, la Semaine
Sainte est célébrée avec éclat et majesté
mais celle de Séville est la plus réputée.
La Semaine Sainte de Séville dure huit jours, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques. Chacune des cinquante-six confréries est rattachée à une église ou à un couvent. Chaque confrérie dispose d'un itinéraire qui lui est propre. Toutefois, il existe un parcours obligé et commun à toutes qui passe par le centre de la ville et qui traverse la cathédrale.
L'ordre processionnel est toujours le même : d'abord viennent, portant les cierges, les "nazarenos" vêtus de la tunique de la confrérie et coiffés d'une cagoule à pointe, afin de préserver l'anonymat de leur pénitence. Puis viennent les "penitentes "qui, pieds nus, portent une lourde croix de bois. Les "hermandades" les plus nombreuses peuvent compter plusieurs milliers de frères. Aussi leur procession est-elle très longue. Puis suivent les "pasos " du Christ et de la Vierge, accompagnés ou non de musiciens. La sortie et l'entrée de l'église constituent des moments d'intense émotion, car le passage des porches, souvent bas et étroits, exige de la part des "costaleros" une grande habileté et du courage. La procession des "pasos" connaît d'autres moments intenses, particulièrement dans les virages à angle droit des ruelles de la vieille ville. Le talent des porteurs consiste à faire tourner le paso avec grâce, dans un mouvement d'ensemble si coordonné qu'il en est presque imperceptible.
Au cours de ces moments
de grande tension, un silence total règne parmi la foule.
On n’entends guère que la voix du "capataz", qui de l’extérieur,
dirige les porteurs, et les coups de "llamador", ce marteau mobile fixé
au rebord du paso, et à l’aide duquel les ordres de levée
et de pose sont donnés. Un tonnerre d’applaudissement accueille
la réussite ou l’élégance du mouvement que les costaleros
sont parvenus à donner au "paso". De temps à autres s’élève,
du haut d’un balcon et au passage de Christ ou de la Vierge, la voix d’un
"cantaor de saeta". C’est un chant qui s’apparente au "cante por martinete"
l’un des chants flamenco les plus profonds. La "saeta" parle de la douleur
de la Vierge, ou bien elle évoque les plaies ou les paroles du Christ.
On y retrouve, comme dans les autres formes de festivités, ce même goût pour l’ostentation et l’excès. Cette recherche du plaisir de l’instant est bien l’un des traits majeurs de la personnalité andalouse. On raconte à ce sujet l’histoire suivante : une nuit à Triana, un "cantaor" avait si bien chanté qu’on le tua sitôt qu’il eut fini, car, dit-on, il n’aurait jamais pu rechanter aussi bien ! Ce chant était unique et devait le rester. |
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