-chocolat: des siècles de passions- 
LA POLEMIQUE DES MGV
Quel est le pire ennemi des amateurs distingués de chocolat? La réponse tient en trois lettres: les MGV, ce qui veut dire Matières Grasses Végétales.

Si la falsification du chocolat ne date pas d'hier, elle est aujourd'hui légiférée puisque la Suisse autorise depuis 1995, et l'Europe depuis 1997, l'adjonction de 5% maximum de MGV autres que le beurre de cacao dans la fabrication du chocolat.

L'histoire de la falsification du chocolat est  très ancienne. Déjà sous le règne de Louis XIV, le médecin Bleygny dénonçait la tromperie de ceux qui rajouttaient de vieilles amandes de cacao au nouvelles fèves. Dans les années 1850, la célèbre revue médicale anglaise, The Lancet, publiat une étude qui révélait que plus de la moitié des lots de chocolats français et britanniques testés, avaient été colorés avec de la poudre de brique ou de l'oxyde de plomb, et qu'ils contenaient de la fécule de pommes de terre, ou de l'huile d'amande douce, voire même du saindoux, ou de la moelle, berk!!
 
L'adjonction de MGV s'explique pour deux raisons: elle permet de diminuer les coûts de production car les matières grasses telles que le beurre de karité, l'huile de palme ou l'ilipé sont nettement moins chères à l'achat que les féves de cacao. Deuxièmement, ces matières ont un avantage technologique; elles permettent un nappage plus solide des bonbons et autres barres chocolatées, et résistent beaucoup mieux à la chaleur, ce qui réjouit déjà les industriels prêts à partir à la conquête de nouveaux marchés commes les pays tropicaux, ou l'été sous nos latitudes.
L'adjonction des MGV ne doit pas dépasser 5% mais il est impossible, une fois le chocolat fini, de distinguer les différentes matières grasses qui le composent. Le consommateur est donc obligé de faire confiance au producteur, bonjour les abus! De plus, on ne sait pas si les qualités nutritionnelles du chocolat vont s'en trouver modifiées: le beurre de cacao est réputé pour ne pas se fixer aux cellules adipeuses et jouer un bon rôle dans la dissolution du mauvais choléstérol. Qu'en est-il des MGV? De plus, cette adjonction pénalise les pays producteurs de cacao qui en général sont des pays très pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud.

Heureusement, de nombreux chocolatiers refusent d'utiliser les MGV dans leur préparation. Ces matières sont surtout utilisées pour le chocolat de nappage et de couvrage, et comme elles sont encore mal accéptées par le public les chocolatiers ne veulent pas mettre en jeu leur réputation.

Néanmoins d'ici un proche avenir la controverse sera retombée, et il est presque certain que les MGV seront alors utilisées dans la pluspart des préparations. Il se dessine de plus en plus un chocolat à double vitesse: l'un cher et artisanal, fait avec des ingrédients de haute qualité et l'autre moins cher, plus sucré contenant d'autres matières grasses et nettement moins savoureux.
Bref pour le chocolat, comme pour le reste, les écarts entre riches et pauvres ne font que s'agrandir.
 
 

                   Vers choco-psycho