Emergence du Bouddhisme en Occident
A la fin du XIXe siècle et au début
du XXe siècle, les relations économiques entre les pays européens,
l’Asie, l’Inde et les Etats-Unis amenèrent de nombreux chercheurs
à connaître la culture des pays bouddhistes, des traductions
furent entreprises, des échanges culturels eurent lieu, familiarisant
certains milieux avec un enseignement millénaire. Des écrivains
et des philosophes approfondirent son contenu, Arthur Schopenhauer écrira
en 1818 « Le Monde comme volonté et comme représentation
», en s’inspirant du bouddhisme et de l’hindouisme.
En 1922, Hermann Hesse écrira « Siddharta ».
Carl Jung, quant à lui, s’est intéressé aux
mandalas tibétains. Alexandra
David Neel a exploré les haut plateaux du Tibet. Mais c’est
surtout dans les années 50 et 60 qu’aux Etats-Unis, sous l’impulsion
du mouvement Beat, les écrivains Jack Kerouac, Allen Ginsberg,
Allan Watts donnent au bouddhisme une dimension plus populaire.
L’engouement grandit et le passage par l’Inde devient une étape nécessaire de toute une jeunesse. Une nouvelle route entre l’Orient et l’Occident s’est ouverte. Sans dogme, sans Dieu, s’adaptant aux cultures de tous les pays, le bouddhisme attire de nombreuses personnes par sa souplesse. En 1987 on comptait plus d’un million de bouddhistes en Europe notamment en France, en Allemagne et en Angleterre, asiatiques inclus, et environ 5 millions aux Etats-Unis. En 1989, l’attribution du prix Nobel de la Paix au Dalaï-Lama actuel a augmenté l’intérêt pour cette religion. |
Le monde scientifique n’est pas en reste. Fritjof Capra dans son ouvrage « Le Tao de la physique », dresse un parallèle entre certains concepts de la physique et l’approche du monde selon le bouddhisme. D’autres scientifiques abordent aussi cette question, conférant une modernité inattendue à une pensée plusieurs fois millénaire. Les Etats-Unis restent à la pointe dans ce domaine, multipliant les recherches et les traductions. L’ouverture sur le Pacifique leur donne un statut particulier et laisse présager l’apparition d’une culture de toute la région pacifique, véritable pont entre l’Asie et l’Occident. |
Des millions d’Occidentaux sont
attirés par le dharma […] et perdent de ce fait l’intérêt
pour leur propre tradition.
Il y a deux phénomènes ; certaines personnes gardent leur foi dans leur religion d’origine et adoptent certaines techniques, certaines pratiques d’une autre religion. Je crois que cela est très positif. Mais d’autres personnes désirent changer de religion. C’est ce phénomène qui est le plus dangereux. Il faut que les personnes réfléchissent beaucoup et longtemps. Car ce n’est pas naturel de se couper de ses racines. Si on le fait trop rapidement, c’est généralement par amertume et déception de son ancienne religion. Alors on devient critique contre sa religion d’origine. Cela est très grave car on détruit l’esprit même de la religion qui est la tolérance, la sagesse, l’amour. […] Croyez-vous que le bouddhisme puisse réellement s’implanter durablement en Occident […] ? Si on regarde l’histoire du bouddhisme, il faut distinguer les enseignements essentiels du Bouddha et la culture. En se répandant à travers le monde, les enseignements essentiels se sont enracinés dans des cultures diverses. C’est pour cela qu’on parle du bouddhisme tibétain, du bouddhisme chinois, du bouddhisme thaïlandais, etc. Au regard de cette histoire, on peut dire qu’il est tout à fait possible que les enseignements essentiels s’ancrent dans la culture occidentale et qu’il existera un jour un bouddhisme occidental. Propos recueillis par E. Saint-Martin, in « Actualités religieuses dans le monde », hors série no 2. |
Bibliographie
* Richard BRAHIMI, Guylaine GRISON,Guide pratique du Bouddhisme, Ed. J'ai lu, Aventure secrète, Paris (1998) * Jean BOISSELIER, La sagesse du Bouddha, Découvertes Gallimard Religions, Evreux (1993) * Satguru
Sivaya SUBRAMUNIYASWAMI, Dancing with Siva, Hinduism's contemporary
catechism, Himalaya Academy, India, USA (1999)
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