LA VUE
Le système visuel
De la rétine aux aires visuelles
La vision avant la naissance
La vision de la naissance à une année
Quelques jeux de regards proposés par Anne Bacus

 
 
 

Le système visuel
 

Nous nous bornerons ici à une présentation sommaire du système visuel. En effet, nous ne prendrons en considération que les éléments nous semblant essentiels à la compréhension du traitement de l’information visuelle.
 
 
 

Pour une présentation plus exhaustive, cliquez ici.

 
 
1. Corps vitré
2. Cristallin
3. Iris
4. Humeur acqueuse
5. Pupille
6. Cornée
  7.  Sclérotique
  8.  Choroïde
  9.  Fovéa
10. Rétine
11. Tache aveugle
12. Nerf optique

 
 
 
Le globe oculaire
Les membranes
Les milieux transparents
Les muscles

 
 
  Le globe oculaire est irrégulièrement sphérique, il a 25 mm de diamètre et son poids est de 7 à 8 grammes. Il est formé par une enveloppe faite de trois membranes concentriques.
 
  La première membrane est constituée de la sclérotique (7) et de la cornée (6).
La sclérotique occupe les 5/6 postérieurs, elle est perforée d’un orifice pour le nerf optique (12).
La cornée est transparente. Grâce à son fort rayon de courbure, elle agit comme une lentille convergente. Elle contribue donc à la mise au point de l’image sur la rétine (10). Elle a un pouvoir de 43 dioptries.

La partie arrière de la deuxième membrane se nomme la choroïde (8). Elle est riche en vaisseaux sanguins, tapissée de cellules pigmentaires et est traversée également par le nerf optique.
En avant de la choroïde, se trouve le muscle ciliaire. Ce dernier contribue au changement de dioptrie du cristallin (2), c’est donc le muscle de l’accommodation.
L’iris (3) constitue la partie antérieure de cette deuxième membrane. La face antérieure de l’iris, le stroma contient des pigments. Une forte teneur en pigments fait apparaître l’iris en brun, alors qu’une faible densité de pigments détermine les couleurs verte et bleue. L’iris possède une musculature lisse de grande importance qui permet la contraction ou la dilatation de la pupille(5).

La dernière membrane constitue la partie nerveuse de l’œil, la rétine (10).
La couche nerveuse est constituée de trois couches cellulaires.
La première est celle des photorécepteurs. La deuxième, la couche ganglionnaire de la rétine, est formée des cellules nerveuses bipolaires. La troisième, la couche ganglionnaire du nerf optique, se compose de grands neurones dont les axones constituent le nerf optique.
Dans la rétine, nous avons environ deux millions d’axones pour chacun des nerfs optiques.

Il existe deux sortes de photorécepteurs, les cônes et les bâtonnets.
Les cônes sont importants pour la vision en couleurs. Ils sont très peu sensibles à la lumière (vision diurne ou en condition de vision artificielle). Dans chaque rétine, nous avons trois sortes de cônes ayant des propriétés distinctes. Ils contiennent des photopigments (rhodopsine) différents. Les uns sont plutôt sensibles à la lumière rouge, d’autres à la lumière verte et d’autres à la bleue. La sensation de couleur résulterait de la combinaison variable de ces trois éléments de base. Lorsque tous les cônes sont stimulés de manière égale, cela provoque la sensation de blanc. Les cônes sont concentrés surtout à la fovéa. Nous en possédons entre six et sept millions par rétine.
Les bâtonnets sont très sensibles à la lumière. Ils permettent la vision nocturne ou crépusculaire. Il en existe un seul type. La fovéa ne contient aucun bâtonnet. Ces derniers se trouvent en périphérie. Chaque rétine contient environ cent millions de bâtonnets.

Deux endroits importants de la rétine sont encore à définir : la fovéa et la tache aveugle.
La fovéa (9) est le centre géométrique de la rétine. Elle a un diamètre d’environ 0,5 millimètres. Dans 95% des cas, lorsque nous fixons notre attention sur un objet, l’image de cet objet est formée sur la fovéa. Elle possède une forte densité de cônes, ce qui explique la perfection et la précision des images visuelles qui s’y forment. Elle constitue donc la zone maximale de l’acuité visuelle.
La tache aveugle (11), quant à elle, est un endroit dépourvu de photorécepteurs car c’est le point de convergence de tous les axones des cellules ganglionnaires formant le nerf optique.
 
 

Le cristallin (2) est une sorte de lentille biconvexe, transparente et élastique. Il est situé en arrière de l’iris. En changeant sa courbure, il permet à une image qui s’approche de rester nette. Il a un pouvoir de 13 à 26 dioptries. Avec l’âge, le cristallin devient de plus en plus rigide. Son pouvoir d’accommodation diminue (presbytie).

L’humeur aqueuse (4) est un liquide incolore qui remplit l’espace compris entre la cornée et le cristallin.

Le corps vitré (1) emplit le globe oculaire en arrière du cristallin.
 
 

Les yeux sont tenus dans leur orbite par des muscles. Une paire de muscles permet les mouvements haut-bas, une autre permet les mouvements droite-gauche et la troisième permet des torsions du globe oculaire.
 
 
 
 

De la rétine aux aires visuelles
 

Un rayon lumineux traverse la cornée, l’humeur aqueuse, le cristallin et le corps vitré.
Les milieux transparents de l’œil font converger les rayons lumineux sur la rétine où se forme une image renversée et de taille réduite. Le cristallin peut se courber pour adapter la vision. Avant d’impressionner les cellules sensibles, la lumière devra traverser toute l’épaisseur de la rétine. Les bâtonnets et les cônes sont formés de rhodopsine et de rétinal. Quand il reçoit un photon, le rétinal change de forme. Cela va perturber la rhodopsine qui va activer une autre molécule et ainsi de suite. Des réactions chimiques vont fermer les canaux dans la membrane du cône ou du bâtonnet. Ces canaux étant bloqués, les ions de sodium et de potassium s’accumulent. Leur charge crée une tension électrique (hyperpolarisatioon). Ces impulsions électriques sont transmises aux cellules bipolaires puis aux cellules ganglionnaires. Ensuite, ces signaux cheminent le long du nerf optique, puis du chiasma optique et des bandelettes optiques, aboutissent au corps genouillé et montent vers le lobe occipital.
 
 
 
 
1. Rétine

2. Nerf optique

3. Chiasma 
    optique 

4. Aires 
    visuelles

Les informations provenants du champ visuel droit se projettent à gauche de chaque rétine et vice-versa.
La rétine se divise en deux champs : nasal et temporal. Par exemple, pour l’œil gauche, la partie nasale recevra les informations du champ visuel gauche alors que la partie temporale recevra celle de droite. 
Les fibres, nées de ces différentes régions, ont des trajets dissemblables. 
Les fibres nasales se croisent au niveau du chiasma optique, tandis que les temporales ont un trajet ipsilatéral.
L’hémisphère cérébral gauche reçoit ainsi une représentation complète de la moitié droite du champ visuel et vice-versa.

 
 
 
 

La vision avant la naissance
 

Le fœtus vit dans un monde obscur où peu de stimulus visuels sont présents.
Néanmoins, son équipement visuel, bien qu’immature, existe déjà.
Les échographistes ont pu constater que dès le septième mois, le fœtus bouge les yeux. Il ouvre et ferme ses paupières.
Des expériences ont mis en évidence le fait que lorsque l’on projette de fortes lumières sur le ventre de la mère, le fœtus les perçoit, bouge et s’en détourne. On a également pu noter une accélération du rythme cardiaque.
Malgré tout, le système visuel du bébé n’est pas totalement performant à sa naissance.
 
 
 
 

La vision de la naissance à une année
 

La vision fovéale est immature à la naissance. Les photorécepteurs n’ont pas encore leur place définitive. Ils sont encore trop distants les uns des autres et de ce fait la fovéa est plus grande. En outre, elle est plus temporale que lorsqu’elle aura atteint sa position définitive.
Cela peut induire la mère en erreur. En effet, quand le bébé regarde sa mère, cette dernière a l’impression qu’il fixe un point se situant derrière elle.
Entre la naissance et quatre mois, les photorécepteurs vont se serrer les uns contre les autres et les cônes se tassent dans la fovéa. Cette dernière va migrer du côté nasal. Le bébé aura une vision de plus en plus nette, son acuité visuelle sera augmentée.

La deuxième raison qui fait que le nouveau-né voit moins bien que l’adulte tient à la taille de ses yeux. En effet, le diamètre des globes oculaires du nouveau-né n’est que de 17 millimètres, alors que ceux de l’adulte sont de 25 millimètres. Cette différence de taille modifie également la taille de l’image.

A la naissance, le bébé fait la différence entre la lumière et l’obscurité. Cependant, les lumières trop vives l’agressent et lui font cligner ou fermer les yeux.
Dans l’obscurité ou lorsque la lumière est adaptée, nous pouvons observer des mouvements saccadiques.
Le bébé est particulièrement sensible aux différences de brillances et aux forts contrastes. Les saccades vont se dérouler autour de ces frontières de façon à maximiser l’excitation corticale. Cette maximisation peut rendre compte de l’essentiel de la motricité oculaire saccadique jusque vers douze semaines.
Les visages offrant de tels contrastes passionnent les bébés. Il est très tôt capable de reconnaître le visage de ses parents.

Les contactes visuels entre parents et enfants sont très importants car ils participent aux premiers échanges et dialogues.

Lorsqu’une source sonore est présente, nous pouvons observer des mouvements des yeux du bébé en direction de la source.

Vers trois mois, la coordination du système fovéal et du système périphérique vont permettre l’utilisation de la motricité saccadique en tant qu’outils d’exploration (début des coordinations visuo-manuelles).

En ce qui concerne la poursuite lente, les capacités évoluent également avec l’âge.
A six semaines, elle est encore grandement désorganisée.
A dix semaines, nous pouvons en constater l’amorce.
A douze semaines, elle est en général acquise sauf problèmes liés à la formation de l’axe corporel.

Le système visuel périphérique est fonctionnel dès la naissance.
Ce système est très important dans la régulation posturale. Il est donc fortement sollicité lors des apprentissages moteurs (étapes caractéristiques : contrôle de la tête pour le nouveau-né, coordination visuo-manuelle à trois mois, station assise à six mois, début de la marche à une année).
Les lunettes déforment la vision périphérique. Il est donc important de les utiliser avec précautions lors des acquisitions motrices.

La vision des couleurs demande deux à quatre mois pour se mettre en place.
Le bébé voit d’abord le bleu, puis le rouge, ensuite le vert et enfin le jaune.
Même si la rétine pouvait capter la couleur, le cerveau serait incapable de l’analyser car de nombreux neurones doivent encore se connecter. Pendant les trois premières années, le cerveau a une grande plasticité. Les connections entre les cellules de la rétine et le cortex peuvent se modifier. A la naissance, au niveau du cortex occipital, il y a recouvrement des liaisons neuronales des deux yeux. Si le développement se déroule comme prévu, un certain nombre de liaisons seront détruites. Si un œil fonctionne moins bien, l’autre prendra plus de place au niveau du cortex. Par exemple, le strabisme peut entraîner une amblyopie par défaut d’utilisation. L’œil qui ne peut pas regarder dans la même direction que l’autre perd son acuité. Le but de la rééducation précoce est de forcer l'œil qui fonctionne moins bien à travailler.
Les parents d’enfants à risques (enfants prématurés, enfants nés de familles avec antécédents de malvoyance, de strabisme ou porteurs de lunettes) doivent être particulièrement vigilants.
 
 
 

Quelques jeux de regards proposés par Anne Bacus
 
 
La décoration de la chambre de l’enfant a beaucoup d’importance. Il est mieux de choisir des teintes vives que pastel. Etant donné la sensibilité accrue des bébés aux contrastes, il est préférable de les privilégier.
Très tôt, les différents objets composant l’environnement du bébé peuvent être amenés dans son champ de vision et accompagnés de commentaires. Nous pouvons également déplacer lentement les objets pour inciter l’enfant à les suivre du regard.
Il est bien de présenter l’objet à l’enfant sous tous les angles afin qu’il puisse s’en faire une image complète.
De même lors de ses promenades, il faut penser à placer l’enfant de sorte qu’il puisse découvrir le monde environnent.
La voix peut être utilisée afin d’attirer l’attention de l’enfant sur différentes choses.
Dès neuf mois, l’enfant a la permanence de l’objet. Il est donc capable de savoir qu’un objet qui disparaît de sa vue continue d’exister. Dès lors, toutes sortes de jeux de cache-cache peuvent être instaurés.

 
 


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