Quelques réflexions en vrac ...  

P : Les gens sont plus ouverts à l’adoption qu’il y a 50 ans en arrière. Ils voyagent plus. Mais je me demande si après la guerre les gens adoptaient facilement un enfant blanc mais qui était juif. Je suis sur que ce n’était  pas si évident que ça. Mais c’était par rapport à l’époque et à notre époque on vit un autre retrait par rapport à certains enfants. Et dans 50 ans ça sera encore autrement. 

C : Chaque enfant, même s’il est adopté est différent et chaque parent est aussi différent. Les gens auront vécu une histoire complètement différente de la notre, parfois pas drôle. 

P : Et il y a aussi des adoptions qui tournent mal. Adoption ce n’est pas des gentils parents qui vont chercher un gentil enfant qui n’a plus de parents et tout se passera bien. Il ne faut pas oublier que l’enfant a aussi des grands-parents, une génétique, qui ne sera peut-être pas meilleure ou moins bonne que des enfants biologiques. Le gamin peut être violent, pervers, fainéant, ... A quelque part on ne sait jamais ce que peut devenir un enfant.. Nous on essaie de leur donner un minimum pour qu’ils deviennent quelqu’un dans la vie, c’est à dire qu’ils se supportent eux-mêmes, qu’ils supportent leur voisin et qu’ils soient équilibrés. Mais on ne sait pas ce qu’il va devenir, en tant que personnalité. Est-ce que ça sera un intellectuel, un travailleur, est-ce que ça sera un voleur, ... ? On ne sait pas. Il y a une part d’inconnu de ce que va devenir l’enfant. Il peut avoir de mauvaises relations, se laisser entraîner parce qu’il n’a pas de caractère. On ne sait pas.  

P : Le genre de question que je me pose c’est pourquoi n'y a-t-il pas plus de parents qui adoptent. On a des amis qui ont fait le tour du monde mais ils n’ont pas adopté. 

C : Il y a des voisines par exemple qui voient des émissions sur les enfants dans le tiers-monde, sur des orphelinats, ... alors le lendemain, c’est sûr elles veulent toutes adopter et puis pour elles, ce qu’on a fait nous est formidable. Moi j’en suis presque gênée. Indirectement c’est quand même égoïste. Pour D c’était quand même un besoin d’enfant, même si on n'en faisait pas une maladie.  
La société pousse, indirectement à faire quelque chose que ce soit médicalement par la science ou par l’adoption. On est dans une société, où si on voit un couple sans enfants, on se demande s’ils ne sont pas égoïstes. Alors que parfois il y a de réelles souffrances derrière. Dans notre société ce n’est pas facile d’être un couple sans enfant. 

P : Pour être reconnu socialement, l’enfant c’est un peu une carte de visite. Faire un enfant pour en avoir un, c’est idiot. Et dans l’adoption on tombe peut-être aussi dans un travers comme ça. On est marié, alors pour être reconnu, on doit avoir un enfant. On ne peut pas en avoir, alors on en adopte un. Ça pose un tas de questions.  
Mais chacun se débrouille, il y a la vie qu’on a envie de créer mais on est quand même conditionné par un contexte. La preuve c’est que quand on est dans un petit village isolé, ça se fait moins. Mais à Genève, ça paraît plus naturel d’avoir un enfant étranger dans la famille.