Avez-vous eu le droit
de choisir le pays dans lequel vous aviez envie d’adopter ?
P : Le bureau de la jeunesse avait des
gens de référence dans un certain nombre de pays. On a choisi
le Pérou parce qu’on connaissait
des gens là-bas, ça évite
de se retrouver seuls quand on a un grand coup de blues. Il y avait d’autres
pays sur la liste : le Brésil, la Colombie, la Taïlande, ...
. Actuellement le Pérou ce n’est plus possible.
Comment s’est passé le choix
de l’enfant?
P : On avait quand même certaines
exigences. A l’époque, pour le
premier enfant on aurait pas été prêt à adopter
un enfant de couleur très foncée ou avec un handicap, ce
qui était le cas du deuxième enfant. On voulait un enfant
qui nous «ressemblait» un peu par la culture (c’était
un pays catholique). C’est une adoption qui nous faisait moins peur.
Mais il n’y a pas de catalogue.
C : En fait ça dépend des
périodes. Il y a des périodes où c’est les parents
qui choisissent. Maintenant c’est la mode de dire qu'il y a un enfant qui
cherche des parents. A notre époque c’était les parents qui
choisissaient. On donne l’âge, le sexe. Pour nous le sexe c’était
indifférent mais l’âge c’était quand même le
plus près possible de la naissance, de l’accouchement d’un enfant
biologique.
Parlez-nous de votre deuxième adoption
?
P : Après quelque temps, on s’est
dit que ça serait bien d’en avoir un deuxième et comme ça
ne venait toujours pas biologiquement, on a fait les même démarches
pour le Paraguay. Mais ça n’a pas joué. Et on
a cherché un moyen d’adopter plus facilement,
étant donné les problèmes qu’on avait eu avec le Paraguay.
C : On a entendu une émission à
la radio sur une personne qui faisaient venir des enfants indiens inadoptables
dans le pays parce qu’ils avaient un handicap : surdité, polio,
aveugle, un manchot. Alors on nous a dit que la procédure était
très rapide parce qu’il y avait 50 enfants pour un couple.
P : Il faut aussi remplir des papier et
puis elle nous a demandé si on voulait une fille ou un garçon.
On avait déjà un garçon, alors pourquoi pas une fille.
Oui, mais de quelle couleur ? Souvent les inadoptables sont très
foncés. Et ils nous ont demandé si on acceptait un handicap.
On a dit oui dans la mesure où ça ne touchait pas la tête.
Un enfant qui a un handicap sur le reste du corps, ça passe plus
facilement. On ne pose pas le même regard sur un enfant qui a un
handicap sur la tête (aveugle, sourd, bec de lièvre, ou autre
chose). Ca donne une impression de débilité.
Et puis un jour elle nous téléphone
pour nous proposer une enfant de 3 ans qui avait la polio. Elle ne nous
montrerait que celle-ci et c’était ou oui ou non. Ce n’était
pas un choix sur un catalogue. On a dit oui. Et puis un jour on est allé
la chercher à l’aéroport.
C : La différence entre aller chercher
son enfant et l’attendre c’est qu’on se rend pas bien compte de l’ambiance
du pays. Il me manque l’odeur du pays.
D avait 4 ans à ce moment là,
comment le lui avez-vous annoncé
et comment a-t-il vécu cette arrivée ?
C : Il se rendait bien compte qu’on faisait
des démarches, de la paperasse. Et on
lui a expliqué que c’était comme pour lui.
Il était très content.
P : On a toujours parlé de son adoption,
on lui a toujours montré les photos Et puis on lui a dit qu’il allait
arriver une petite soeur, comme lui il était arrivé. Et il
se réjouissait. Il n’y a pas eu de problème, il était
même très content d’être l’ainé.
C : D’ailleurs on ne voulait pas d’enfant
plus agé que lui, on voulait qu’il reste l’ainé, qu’il garde
sa place de premier.