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Lieu
Le phare se trouvait en face de la cité d'Alexandrie, sur l'île de Pharos, en Egypte. |
Historique
En 341 av. J.C., le roi perse Artaxerxès III Ochos
s'empara de l'Egypte. Excédé par la longue et dure résistance
des Egyptiens et de leurs alliés grecs, Artaxerxès instaura
sur tout le pays un régime de terreur. Il fut assassiné par
son propre conseiller Bagoas. Deux autres souverains lui succédèrent
qui tentèrent après lui de se maintenir en Egypte, Arsès
et Darius III Codoman. Alliés des Egyptiens contre les Perses, les
Grecs se présentèrent en libérateurs en la personne
d'Alexandre le Grand (356-323, roi de Macédoine, fils de Philippe
II et d'Olympias). Il pénétra en Egypte à la fin de
l'année 333 où il fut accueilli et fêté comme
un libérateur. Alexandre ayant réduit les ports de la côte
syrienne et les estimant trop à la portée d'un retour perse,
prit la décision de créer de toutes pièces une grande
cité portuaire sur la côte d'Egypte, ouverte sur la riche
vallée du Nil, mais aussi sur l'Arabie, la Libye et l'Asie. Il choisit
un site face à une petite île nommée Pharos. Il confia
à son architecte Dinocratès le soin de dessiner la nouvelle
ville et d'aménager son port.
Après la mort d'Alexandre, Ptolémée
Sôter (le "Sauveur") son successeur, soucieux de préserver
le territoire dont il avait la charge, ramena la dépouille du conquérant
en Egypte et fit ériger un tombeau qui fut remplacé sous
Ptolémée II Philadelphe, fils de Ptolémée Sôter,
par un mausolée somptueux.
Il est possible que le Phare figurait déjà
dans le projet de Dinocratès, mais c'est Ptolémée
Sôter qui commanda l'ouvarge à l'architecte Sostratos de Cnide
lequel dut commencer les travaux aux alentours de 290 av.J.-C. La construction
du Phare demanda plusieurs années et l'inauguration eut lieu sous
le règne de Ptolémée Philadelphe vers 280-279.
Description
Grâce aux textes que nous possédons, nous
pouvons localiser avec précision l'implantation du phare: sur l'extrémité
nord-est de l'île de Pharos, à laquelle l'édifice doit
son nom et qui se situe en face de la cité d'Alexandrie. Le Phare
et son enceinte devaient grâce à leur situation de commandement
immédiat de l'entrée du port, jouer un rôle dans le
système d'alerte et de défense.
Différents auteurs firent des descriptions du
Phare et en donnèrent des dimensions parfois fort variables. De
celles-ci, nous retiendrons que le Phare avait une hauteur d'environ 120
mètres et qu'il était constitué de trois étages,
de hauteur et de largeur dégressive, et respectivement de plan carré,
octogonal et circulaire, couronnés d'une statue de Poséidon,
avec au sommet une flamme éternelle amplifiée par un miroir.
Nous pouvons nous appuyer sur des images figurant le Phare lui-même
et que l'on trouve sur des supports très différents: sa silhouette
fut reproduite sur des monnaies et des figurines pendant des siècles.
Le Phare constituait un progrès considérable
pour la navigation puisqu'il permettait un repérage nocturne.
A Alexandrie, l'entrée du port, dont le signal
majeur était le Phare, visible la nuit jusqu'à une distance
pouvant atteindre 50 kms (300 stades selon Flavius Josèphe, général
et historien juif, 37-100 ap. J.-C.) était repérable de jour
avec précision grâce au temple de Neptune, édifié
sur la pointe occidentale de l'île de Pharos, et à l'est du
Phare par le temple d'Isis Lochias construit sur l'extrémité
du petit cap rattaché à la cité d'Alexandrie.
Le Phare disparut peu à peu, par absence d'entretien
et à la suite de plusieurs séismes: un raz de marée
au IVème siècle, puis deux tremblements de terre aux XII
et XIVème siècles. Ibn Battuta fut le dernier voyageur à
décrire sa beauté, déjà très abîmée,
en 1349. En 1477, le sultan mamelouk Qâyt-Bay donna l'ordre de construire
une forteresse sur l'extrémité nord-est de l'île de
Pharos, où se trouvaient probablement les restes du Phare. Il est
vraisemblable de penser que le soubassement du Phare est inclus dans la
base du donjon du château de Qâyt-Bay qui a ainsi pris la succession
du monument antique comme signal et comme protecteur du port d'Alexandrie.
En 1994, des fouilles sous-marines furent entreprises
dans la rade d'Alexandrie par Jean-Yves Empereur et son équipe.
Parmi les vestiges de la cité, les colonnades, les sphinx, les colosses
de granite rouge représentant Ptolémée et sa femme,
ils retrouvèrent entre autres les restes du Phare d'Alexandrie.
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