LE STADE DES OPÉRATIONS CONCRÈTES Les
opérations
logico-mathématiques Selon Jean Piaget, le développement intellectuel de l'enfant ne se fait pas régulièrement mais passe par certains stades. Comme nous l'avons vu précédemment, il détermine trois stades parmi lesquels il insère une étape qu'il nomme période. Il s'agit: 1/ Un stade
Sensori-Moteur : (de la naissance à 2 ans) Au niveau
Pré-Opératoire, l'enfant n'est pas capable de
comprendre que la quantité de matière, le
poids,... d'un objet ne change pas lorsque cet objet subit
certaines modifications topographiques (ex. l'épreuve
des jetons que nous illustrons sur ce site) ou physiques (ex
: épreuve des boulettes). C'est seulement à
partir du stade des Opérations Concrètes que
l'enfant acquiert une certaine logique qui lui permet
d'admettre la conservation. Cette logique ne porte que sur
les objets manipulables réels, concrets ; l'enfant a
besoin d'un apport visuel. Il s'agit donc d'une logique
différente de celle du stade suivant qui, elle,
s'applique également aux opérations
hypothétiques, virtuelles, aux propositions. Selon
Piaget, l'enfant passe par des phases d'équilibration
successives ; tout d'abord entre l'intuition simple et
l'intuition articulée puis entre cette
dernière et une phase mobile qui est dite
opératoire. Le critère de passage de
l'intuition à l'opération est la
réversibilité des actions
intériorisées .
Deux types d'opérations apparaissent à ce stade :
Les structures
des Opérations Concrètes, ou groupements sont
en fait des systèmes de transformations mais ne
pouvant être effectuées que par rapport
à un invariant. Au stade qui nous intéresse,
la conservation de ces invariants est l'un des meilleurs
critères de l'opérativité de l'enfant.
Les épreuves piagétiennes, et celle que nous
avons reproduite ici, permettent justement d'évaluer
si l'enfant a acquis ce critère de conservation ou
pas.
Nous allons maintenant voir les différents concepts auxquels nous amènent les opérations logico-mathématiques :
Il s'agit de
classer les objets, de les grouper, selon leurs
critères communs. Le développement de cette
notion chez l'enfant se fait selon un processus de
différenciation et de coordination simultané
entre la compréhension et l'extension des classes. La
compréhension étant ce qui rassemble les
caractères communs s'appliquant aux objets qui
composent une classe et l'extension étant ce qui
concerne l'ensemble des objets auxquels s'appliquent les
caractères communs. Le processus cité
ci-dessus permet d'acquérir la notion de l'inclusion
logique des parties dans le tout. Cette dernière
suppose la conservation de la classe totale, Ex : avec les fleurs et des primevères : s'il y a un bouquet de 6 fleurs et 6 primevères, il faut que l'enfant comprenne qu'il y a plus de fleurs que de primevères à la question " Y a t' il plus de primevères ou plus de fleurs ? "puisque les primevères font également partie de la classe des fleurs. Cette notion n'est pas évidente pour l'enfant, il n'est pas facile de comprendre que la partie est plus petite que le tout.
Il s'agit
d'une construction dont le critère est la
compréhension de la transitivité. Avant sept ans environ, l'enfant n'a pas une notion opératoire du nombre et il n'arrive pas à la conservation des ensembles numériques. Par exemple si l'on place 5 jetons avec 5 autres jetons en correspondance terme à terme et qu'ensuite on réparti l'une des lignes en 2 + 3, un enfant pré-opératoire pensera que la quantité de celle-ci a changé et il maintiendra cette inégalité même s'il que dans les deux cas, il y a 5 jetons. C'est l'acquisition des structures de classification et de sériation qui permettent à l'enfant d'accéder é la conservation du nombre et à comprendre qu'un nombre n'existe pas seul mais qu'il fait partie d'un système, d'une suite de nombres. Cette construction du nombre sera approfondie dans la suite du site puisque nous avons choisi d'analyser une épreuve relative à ce concept. Les concepts
suivants font partie des opérations dites
infra-logiques. A partir du
stade Opératoire, l'espace euclidien et l'espace
projectif se constituent. Ils se construisent ensemble mais
parallèlement l'un à l'autre et sont tous deux
dérivés de l'espace topologique ; le premier
espace se constituant du stade Sensori-Moteur. L'espace
topologique est inhérent à l'objet, il en
exprime les propriétés intrinsèques ;
il constitue les objets eux - même avec leur propre
espace. L'acquisition de ces espaces permet à l'enfant d'acquérir notamment la conservation des surfaces ; alors qu'auparavant il se basait sur ses impressions perceptives directes, l'enfant développe un processus d'intuition simple, fondé sur la représentation élémentaire. Ensuite cette intuition devient articulée, elle porte sur les transformation appliquées aux objets. A ce stade, le temps devient objectif grâce à une construction opératoire. En effet, avant ce stade, le temps est considéré comme un temps vécu et est lié à l'action, l'enfant n'a pas de représentation mentale donc ce temps reste subjectif. La notion de la construction temporelle repose également sur les structures que l'enfant a mis en place précédemment (sériation, classification...). Toutes les structures que l'enfant acquière à ce stade lui permettent également d'accéder au système de mesure et à la notion de vitesse mais ceci seulement vers la fin du stade car ces structures dépendent de celles acquises antérieurement. Ainsi au stade Opératoire l'enfant acquière une logique qui s'applique au réel. De plus, ce stade marque la domination de l'aspect opératif de la pensée sur l'aspect figuratif et l'enfant arrive à une décentration qui lui permet la coordination réversible des actions intériorisées ainsi que la constitution de systèmes opératoires de transformations ayant des invariants. En effet, les régulations représentatives du stade Pré-Opératoires deviennent générales et déductives ; l'enfant parvient aux opérations. Pour y arriver il passe par un tâtonnement puis l'itération des mêmes actions lui permet, par exemple dans la sériation, de classer rapidement des bâtons en se basant sur la transitivité. Il s'agit ici de relation additive. Et lorsque l'enfant tient compte de deux dimensions, par exemple la longueur et la grosseur, on parle alors de relations multiplicatives ; dès que la décentration est complète, l'enfant est capable de considérer ces deux dimensions simultanément et donc de parvenir au stade des Opérations Concrètes. Nous avons vu que l'un des arguments utilisé par l'enfant pour expliquer la conservation, l'invariance, est la réversibilité. Ce concept mérite d'être explicité car il a une grande importance dans l'évaluation du stade, ou sous-stade, auquel appartient l'enfant dans les épreuves piagétiennes auxquelles il est soumis. |