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Les langues d’Australie sont
nombreuses, ce qui paraît normal étant donné
la grandeur du continent. L’isolement géographique des tribus, la
diversité de leurs conditions de vie
d’une région à l’autre, font que les contacts entre les langues
restent peu fréquents. Mais l’étude des systèmes linguistiques
australiens a montré que ces différences sont en réalité
des divergences à partir d’une langue-mère commune.
Les langues aborigènes
d’Australie sont donc génétiquement apparentées. Elles
se divisent en deux sous-familles.
Ces langues n’ayant pas d’écriture, la comparaison synchronique
est donc la seule méthode disponible, et elle a permis de mettre
en évidence des concordances, à la fois systématiques
et particulières, entre les deux groupes, concordances qui ne pouvaient
s’expliquer que par une provenance commune et unique.
LE PREMIER GROUPE Le groupe le plus étendu
forme les trois quarts environ des langues australiennes. Il comprend la
majorité des langues de l’est, du nord et d’une partie de nord-est
du continent. Phonologiquement, ces langues présentent un petit
nombre de voyelles seulement, le plus souvent trois, /a, i, u/, par contre
elles sont riches en consonnes nasales et en phonème /r/ : deux
mots, entièrement semblables, peuvent ne s’opposer que par la seule
distinction entre ces deux phonèmes /r/. Le résultat donnera
deux mots totalement différents, exprimant deux notions distinctes.
LE DEUXIEME GROUPE Les langues du deuxième
groupe sont beaucoup moins nombreuses. Elles se situent surtout dans certaines
îles de la côte nord. Phonologiquement et aussi bien pour leur
grammaire, elles sont différentes des premières.
LES HYPOTHESES SUR L’ORIGINE Ces langues forment donc
une énorme réserve de structures linguistiques cernées
par les limites du continent australien. Peut-on relier cet ensembles massif
et solidaire à d’autres systèmes linguistiques existant dans
le monde ? Les tentatives dans ce sens ont été nombreuses.
Plusieurs ressemblances (grammaticales et phonétiques) ont été
relevées avec l’Esquimau. Des similitudes phonologiques ont également
été mises en évidence avec les langues de la famille
du thaïlandais.
LES EMPRUNTS AUX AUTRES LANGUES Il existe bien sûr,
au sein de la plupart de ces langues, des mots étrangers, mais ce
sont des emprunts. Par exemple, pour les Yolngu (tribu), les Blancs sont
tous appelés des Ballenders, déformation du terme Hollander,
parce que les premiers Blancs que virent ces gens étaient des Hollandais
et se présentaient ainsi.
LANGUES ET STRUCTURES SOCIALES Les tribus sont divisées
en moitiés, et pour certaines, au sein de ces moitiés, en
sections, avec parfois même des sous-sections. Ces divisions sont
la base de la structure sociale de ces tribus. Certaines sections sont
tabous pour certaines autres et ne doivent avoir que des relations minimales
entre elles, ne communicant qu’en cas de réel besoin. C’est là
l’origine des « langues d’évitement », qui ne gardent
que la structure grammaticale de la langue générale et en
modifie le vocabulaire. Elles permettent d’éviter la communication
entre membres de deux sections incompatibles.
LA DISPARITION DES LANGUES ABORIGENES Les Aborigènes et
leurs langues ont disparu dans le sud, cédant place à l’anglais.
Mais au nord on trouve les grandes Réserves, desquelles les Aborigènes
peuvent sortir quand ils le désirent. Dans ces lieux, ils mènent
encore une vie traditionnelle, mais cela devient assez artificiel, surtout
pour les jeunes qui sont attirés par le style de vie offert par
les grandes villes. Ils tendent alors à quitter la tribu et parlent
de plus en plus l’anglais. Les anciens, au contraire, restent plus fermement
attachés à leurs traditions : la plupart ne parlent pas l’anglais.
Mais avec leur disparition, les langues Aborigènes tendent aussi
à disparaître.
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