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Petit historique de l'hypnose : Dans la mythologie grecque, Hypnos personnifie le sommeil. Or, une personne hypnotisée reste consciente du début à la fin de la transe. C'est à un médecin écossais que l'on doit cette distorsion éthymologique. S'il a inventé le terme d'"hypnose", vers le milieu du XIXème siècle, James Braid n'est pas pour autant le père de la technique. L'histoire moderne de l'ypnose commence en Europe avec Franz Anton MESMER (1734-1815). Inventeur du magnétisme animal, ce médecin allemand était convaincu que l'univers comme le corps humain étaient parcourus par un fluide magnétique invisible dont on pouvait influencer l'équilibre. Utilisée comme anesthésie jusqu'à l'apparition du chloroforme, l'hypnose a donc d'abord conquis médecins et chirurgiens avant de séduire neurologues et psychiatres. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, deux écoles se sont affrontées : - celle
de la Salpêtrière avec, à sa tête, le
neurologue
Jean-Martin
CHARCOT, et
C'est leur interprétation de l'état hypnotique comme étant un produit naturel de la sugestion qui prévaut encore ajourd'hui. On peut définir l'hypnose comme : un état de conscience modifié au cours duquel l'attention du sujet est fixée de manière intense et soutenue sur un seul stimulus et qui s'accompagne le plus souvent d'un sentiment de relaxation profonde. Au cours de cet état, le sujet présente une suggestibilité importante, qui a un impact: • au niveau musculaire (sentiment de détente, catalepsie*), • au niveau mnésique (amnésies, hypermnésies*), • au niveau perceptif (distorsions perceptives, hallucinations). On peut ajouter
qu'il y a une atténuation de l'esprit critique et, qu'en général,
le contact avec le monde extérieur est préservé. Précisons
que l'état d'hypnose est un état naturel (que beaucoup de
gens peuvent expérimenter spontanément ou induit dans le
cadre d'une relation ou auto-induit).
catalepsie : léthargie, paralysie hypermnésie
: exaltation de la mémoire
Utilisée depuis longtemps déjà par de nombreux psychiatres et psychothérapeutes, l’hypnose commence à faire son chemin dans le monde médical. Dans certains cas, jusqu’en salle opératoire ! A Liège, une équipe de chirurgiens et de médecins applique l’hypnose, parfois accompagnée d’une anesthésie locale, pour des opérations pouvant durer plusieurs heures. En Suisse, le corps médical s’ouvre de plus en plus à cette technique. Près de la moitié des médecins généralistes et internistes contactés ont répondu à une enquête récemment menée à Genève. Si 2 à 3 % utilisent l’hypnose, ils sont près de 40 % à reconnaître recourir aux services d’un confrère qui pratique cette technique. Toujours plus de médecins s’intéressent aux thérapies relationnelles, car il est difficile de nier les interactions entre le cerveau et le corps. De plus, l’aspect relationnel thérapeute/patient joue un rôle essentiel dans cette technique. On peut faire
une distinction entre hypnose formelle et hypnose informelle.
Soulager la sensation de douleur : c’est là qu’intervient l’hypnose formelle. Celle-ci ne se substituera jamais à un traitement médical, mais pourra être utilisée en complément de celui-ci. A Genève, le Dr. Alain Forster (formé en hypnose aux Etats-Unis), la propose dans les cas où l’anesthésie doit être répétée plusieurs fois par semaine, ou pour les soins douloureux comme changer le pansement de grands brûlés. Consultant au Centre de traitement de la douleur, le médecin genevois a également recours à l’hypnose pour les douleurs chroniques. Concrètement, le patient n’est pas endormi, mais dans un état de conscience modifié où il perçoit différemment les stimulus extérieurs. La difficulté réside dans le bons choix des mots qui feront travailler l’imaginaire du patient. Des suggestions adaptées à chaque cas peuvent transformer le contexte d’une intervention chirurgicale et diminuer la sensation de douleur. L’hypnose formelle
repose sur une sorte de contrat entre thérapeute et patient où
ce dernier joue un rôle actif. Après avoir évalué
les problèmes et besoins du patient, et fixé l’objectif à
atteindre, le patient s’engage à apprendre l’auto-hypnose. La thérapie
doit lui révéler le talent qui sommeille en lui pour lui
permettre d’affronter et de mieux gérer la douleur.
L’hypnose offre un champ d’exploration théorique et clinique énorme. En psychiatrie, l’hypnose offre un large éventail d’applications possibles. Des phobies aux attaques de paniques, elle donne également de bons résultats pour traiter notamment l’impuissance masculine. Comparée à d’autres approches thérapeutiques, l’hypnose peut dans certains cas se révéler plus efficace et plus rapide que d’autres méthodes. Cette technique apprend aux patients à gérer leurs angoisses. L’hypnose s’avère
très utile dans le traitement des dépressions, mais est totalement
contre-indiquée dans les cas d’affections mentales caractérisées
par de sévères altérations de la personnalité
: psychoses, schizophrénies, arriération mentale. L’hypnose
thérapeutique apporte un soulagement, parfois une guérison,
mais n’est pas une panacée. Elle ne poursuit pas d’autres buts
que le mieux-être du patient.
Société
d'Hypnose clinique Suisse (SHypS)
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