Certains malades atteints d' hallucination motrice ou kinesthésique déclarent éprouver la sensation que tout leur corps est agité par des mouvements, alors qu’il n’en est rien. Ils ont l’impression qu’un de leurs membres s’est déplacé, alors qu’il n’a pas bougé.

L’hallucination psychomotrice, au contraire, correspond à un mouvement que le malade déclare involontaire. Dans cette catégorie, peut être classée la sensation de la conservation d’un membre amputé et des mouvement qu’il accomplit.

Le « membre fantôme » des amputés est une perception sans objet, ce qui est exactement la définition de l’hallucination… Certains préfèrent classer ces sensations parmi les illusions car elles ne sont pas indépendantes de toute excitation périphérique. La différence est que les amputés situent leurs sensations dans une partie de leur corps, tandis que les hallucinés les situent en dehors de leur personne.

L’hallucination de l’amputé est à distinguer de la sensation provoquée par l’excitation des nerfs au niveau du moignon. Dans le cerveau siègent une représentation et par là une conscience du corps et de ses différentes parties : c’est la somatognosie. Après amputation d’un membre, il garde la sensation de sa présence : « Je sens une main comme si je l’avais » dit l’un, « Je sens ma jambe » dit l’autre. Dans les rêves, l’amputé utilise tous ses membres comme s’il les possédait : il marche, il danse, il saisit… Eveillé, il sent le membre absent bouger, la main s’ouvre et se ferme. L’importance du facteur psychique dans l’illusion du « membre fantôme » est démontrée par le fait que l’amputé peut, dans le cas où ses facultés mentales sont atteintes, nier l’absence d’un membre, d’une jambe par exemple, et prétendre le toucher lorsqu’on lui demande.

L’inscription dans les centres de la gnosie des différentes parties de notre corps est aussi démontrée par les sensations des paraplégiques par section de la moelle épinière : ils sentent leurs pieds, leurs jambes parfois dans des positions inconfortables.