PIAGET

 

I. STADE SENSORIMOTEUR (0-2 ANS)

1. Stade I (0-6 semaines)

A ce stade, le fonctionnement du bébé se fait par des REFLEXES qui sont, pour Piaget, consolidés par l'exercice. Les réflexes forment des schèmes qui sont des structures élémentaires du développement humain. Le nourrisson n'a aucune notion d'objet permanent, aucune notion d'espace et il ne peut concevoir aucune autre causalité que lui-même ; il est le moyen et le but de toute chose.

2. Stade II (6 semaines-4/5 mois)

A ce stade, les premières HABITUDES commencent à se mettre en place, en tant que précurseurs de l'intelligence ; elles se manifestent sous forme de répétition de certains comportements. Les habitudes comportent 2 pôles différents : le pôle d'activité qui consiste en la reproduction de résultats obtenus au hasard mais qui paraissent intéressants aux yeux du bébé (réactions circulaires primaires) et le pôle de passivité comprenant les réflexes conditionnés, c'est-à-dire ceux qui sont déterminés par le milieu extérieur et consolidés par l'exercice de l'enfant. Les objets représentent pour l'enfant un intérêt momentané ; la notion d'espace se limite aux espaces buccaux, manuels et visuels mais séparément ; la notion de causalité est toujours floue puisqu'il n'y a pas de différenciation entre les moyens et les buts.

3. Stade III (4/5-9 mois)

Ce stade est caractérisé par l'apparition de 3 facteurs : la préhension intentionnelle, les réactions circulaires secondaires et la vision. LA PREHENSION INTENTIONNELLE peut se faire à ce stade car il y a coordination entre vision et préhension : la main gauche a le rôle de positionnement et la main droite celui d'opération.
LES REACTIONS CIRCULAIRES SECONDAIRES sont des actions sur des objets et elles permettent aux habitudes de devenir petit à petit des actes d'intelligence. Quant au REGARD, il devient à ce stade important et intentionnel. On retrouve toujours les espaces olfactifs, buccaux, mais il y a une nouveauté : l'espace visuel est conçu en rapport avec l'espace manuel. Il y a aussi un début de causalité à ce stade car l'enfant se rend compte que certaines actions provoquent certains effets.

4. Stade IV (9-12 mois)

Ce stade est caractérisé par l'apparition des CONDUITES à travers l'identification d'un but précis au départ avant de commencer une action. L'application de différents
SCHEMES à des situations appropriées devient un acte d'intelligence. La permanence de l'objet reste dépendante de l'action du sujet et de la recherche de l'objet. La notion d'espace est vue comme un contenant où on retrouve l'objet.

5. Stade V (12-18 mois)

Il y a apparition des REACTIONS CIRCULAIRES TERTIAIRES : c'est-à-dire que l'enfant répète les résultats intéressants qu'il a obtenu mais en faisant varier les facteurs. Il donne un sens à ses conduites et procède par essais et erreurs, en progressant. Les tâtonnements sont dirigés par des schèmes susceptibles d'orienter la conduite. La notion d'objet est instable à ce stade ; l'enfant peut désormais concevoir un espace décentré de lui-même grâce aux structures de groupes de déplacement ; la causalité est perceptive.

6. Stade VI (18-24 mois)

Pour la première fois à ce stade, l'enfant utilise des schèmes dans un but non effectif ; il fait ses expériences de vérification dans la réalité. La notion de
PERMANENCE DE L'OBJET est totale à ce stade, à savoir que lorsqu'un objet est perdu, il est quelque part. L'enfant peut comprendre la réversibilité des déplacements.

 

II. STADE PREOPERATOIRE (2-6 ANS)

C'est la période de différenciation entre le signifiant et le signifié : la construction de la
FONCTION SEMIOTIQUE. C'est aussi la période d'acquisition du langage qui se fait à travers la maîtrise progressive des différentes formes de signifiants : les indices, les signes et les symboles. L'enfant va apprendre à communiquer en premier lieu grâce à des formes d'IMITATION variées comme le jeu symbolique qui consiste à dissocier des éléments sensori-moteurs de leur contexte immédiat pour les représenter dans un monde fictif ou évocateur du sien (par exemple prendre une chaise pour faire le cheval) ou alors l'imitation différée qui est l'imitation d'un événement déjà vécu en l'absence du modèle (par exemple faire le mouvement du clocher par des mouvements de bras).Ce stade est aussi caractérisé par l'acquisition totale de la permanence de l'objet, c'est-à-dire que l'enfant peut penser à quelque chose sans qu'il soit présent. Mais ce qui est important de noter par dessus tout à ce stade c'est l'apparition de l'EGOCENTRISME (direct ou indirect). L'égocentrisme indirect se manifeste de plusieurs façons différentes : l'artificialisme, la causalité morale, le finalisme, l'animisme. L'ARTIFICIALISME est le fait de penser que tout a été fabriqué par l'homme ; la CAUSALITE MORALE est marquée par le fait qu'il y a des lois physiques mais elles sont pareilles aux lois morales (ex : les bateaux flottent parce qu'ils sont gentils) ; le FINALISME consiste en la pensée que tout se passe dans un but bien précis (ex : les nuages avancent dans le ciel pour amener la nuit) ; l'ANIMISME qui considère que tout est une projection de soi. A ce stade, l'enfant est capable de faire des pré-sériations et des pré-classifications mais sans notion de réversibilité ; il est encore incapable de faire une opération et son inverse (revenir au point de départ) ainsi que de raisonner sur 3 dimensions à la fois. La dernière caractéristique de ce stade est celle de CONTRADICTION ; l'enfant peut affirmer une chose et son contraire sans se rendre compte de l'absence de congruence.

 

III. STADE DES OPERATIONS CONCRETES (7/8-11/12 ANS) 

Ce stade est caractérisé par la notion d'
OPERATION définie comme une action intériorisée et réversible, et donc solidaire d'un groupe. On peut nommer 4 propriétés principales d'une opération qui sont valables aussi bien pour les sériations que pour les classifications : la composition directe ( 2+1=3), la composition inverse (3-1=2), la composition identique (3+0=3) et la composition associative. A ce stade, l'enfant n'effectue plus de pré-opérations mais bien des opérations et il raisonne non plus en terme de pré-concepts mais bien de concepts. C'est la maîtrise de la REVERSIBILITE qui va permettre l'apparition de structures opératoires de 2 types : logico-mathématiques (sur des objets discontinus) et infra-logiques (sur des objets continus). Ces structures vont amener à un besoin de construction d'INVARIANTS au sein d'un système de transformation, et donc à la notion de CONSERVATION. L'enfant acquiert à ce stade la notion d'espace, de mesure, de temps et de vitesse. Cependant, il est incapable de raisonner sur le hasard ou le possible bien qu'il se pose des questions sur la causalité et le pourquoi des choses qui l'entourent.

 

IV. STADE DES OPERATIONS FORMELLES (11/12-15/16 ANS)

Ce stade est caractérisé par le RAISONNEMENT HYPOTHETICO-DEDUCTIF, c'est-à-dire que le réel devient un cas particulier du possible. Cette forme de raisonnement est sous-tendue par 2 structures nouvelles : la combinatoire et le groupe INRC qui indique les deux réversibilités, par inversion N et par réciprocité R, où I représente la transformation nulle et C la corrélative. Avant ce stade, l'enfant avait besoin d'un support concret pour raisonner, alors qu'à cet âge là, il peut raisonner sur des hypothèses, sur le possible sans savoir si c'est vrai ou faux. L'enfant peut désormais utiliser des schèmes de pensée beaucoup plus complexes : les schèmes combinatoires, les schèmes de proportion, les schèmes de coordination, les schèmes d'équilibre, les schèmes de probabilité, les schèmes de compensation et le dépassement de l'expérience qui est la faculté de passer à une généralité absolue où la réalité n'est pas forcément observable.