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La Verité

Point d’interrogation éternel, l’être humain a toujours voulu connaître la vérité, sur son origine, son avenir, et les rapports de pouvoir ont toujours eu comme enjeu le contrôle, voire le monopole, de l’information, de la vérité.

La valeur de vérité de l’antiquité était associée à celle de prédiction, les oracles et autres pythies étaient considérés comme des références fiables. Pourtant, Platon, penseur grec, mettait en garde ses contemporains, et par ses écrits tous les autres, du piège des vraisemblances et des fausses vérités. Il s’est servi d’une allégorie devenue célèbre, celle de la caverne pour montrer que nous sommes prisonniers de nos illusions, nous sommes plongés dans l’obscurité de nos certitudes, qui ne sont qu’illusions. Son postulat était que nous devions sortir de cette caverne, dépasser les apparences des choses pour pouvoir toucher la vérité, la réalité.

En plein obscurantisme culturel et religieux, le moyen âge a imposé une autre notion de la vérité, celle attachée au dogmatisme religieux, baissant ainsi le rideau de cette recherche de vérité des philosophes, en soumettant le peuple à la dictature de la pensée et d’un dieu unique. Le clergé ainsi autoproclamé défenseur de la vrai foi, n’a jamais connu autant de pouvoir, grâce au monopole sur la vérité, sa richesse s’est en effet accrue. Cette ferveur religieuse, les guerres de religion, telles que les croisades, la chasse aux sorciers en tout genre, a permis à bon compte d’éliminer les déviants et de faire main mise sur l’empire de l’Orient tant convoité (Bizance).

L’orientation des penseurs au fil des siècles, devant tant de massacres et d’opulence, a été de chercher une autre vérité religieuse, spirituelle, et sociale. Ce mouvement de libération du carcan de la vérité imposée a produit à différents endroits, et à différents moments, le schisme de l’église, la fronde, et de façon plus radicale, les révolutions sociales, comme la révolution française, les luttes pour l’indépendance, et au début du siècle des soulèvements ouvriers, la commune, le socialisme....

Une autre vérité, celle des sciences exactes, a pris le relais d’une foi vacillante, avec l’avènement de l’aire industrielle, du taylorisme et de l’organisation, qui a utilisé les données scientifiques et la métaphore de l’homme-machine, de la cybernétique pour imposer la vérité d’une organisation rationnelle du travail, du rendement scientifique de l’homme et de la parcellisation de ses envies, en séparant le labeur et les loisirs dans des sphères opposées.

Mais loin des aspirations des philosophes du siècle des lumières et des utopistes, le rêve social ne s’est pas réalisé, et chaque régime politique a montré ses failles, et la valeur de vérité a été associée à celle de manipulation, de propagande. Même le très médiatique Fidel Castro joue la carte du tourisme politique et culturel, en laissant en pâture aux badauds nostalgiques les restes de l’illusion d’un peuple laissé pour compte dans les jeux du pouvoir et de la reconnaissance de la seule Vérité ( le socialisme  pour l’un et le capitalisme pour l’autre)

La relativité d’Enstein a jeté un pavé dans la mare lisse de la conception du monde, comme avant lui, Galilée, l’homme n’était plus seulement un point parmi tant d’autres dans l’univers, mais ses repères spatiaux et temporels n’étaient plus des données finies et stables. Ajoutons encore le scepticisme ambiant et la désillusion du citoyen acteur du monde, et nous aurons le portrait du quidam de cette fin de millénaire, où les vérités sont multiples et interchangeables, la surinformation et la manipulation des enjeux économiques faussant le jeu de la conscience et imposant l’illusion d’une société de loisir et d’épanouissement.

Pour aiguiser un peu votre sens logique, essayez de répondre à cette question pour conclure:

L’homme dit « je mens », dit-il la vérité ?
 

"Si cette relativité du vrai fait échec au dogmatisme, elle ne conduit pas pour autant au scepticisme"
( Encylopaedia Universalis, 1986, p 599)