Les Définitions
Elles ont été nombreuses et sous-tendues par une philosophie de l’ être humain en son entier, les deux questions Qu’est-ce que le jeu ? et Qu’est-ce qui fait que le joueur joue ? étant à notre avis difficilement séparables.

Pour J. Piaget, c’est simple. Nous lisons dans la naissance du jeu (In : La formation du symbole chez l’EnFaNt) : «  l’EnFaNt qui joue a l’air de jouer. Il reproduit ses conduites simplement pour le plaisir.
La mimique de l’EnFaNt suffit à montrer qu’il joue ».

Selon S. Freud (In : La création littéraire et le rêve éveillé passage de 1908) : «  L’occupation préférée et la plus intensive de l’EnFaNt est le jeu. Peut-être sommes-nous en droit de dire que tout EnFaNt qui joue se comporte en  poète, en  tant qu’il se crée un monde à lui, ou, plus exactement, qu’il transpose les choses du monde où il vit, dans un ordre nouveau tout à sa convenance. 
Il serait alors injuste de dire qu’il ne prend pas ce monde au sérieux, tout au contraire, il prend au sérieux son jeu, il y emploie de grandes qualités d’affect. Le contraire du jeu n’est pas le sérieux, c’est la réalité. En dépit de son investissement d’affects, l’EnFaNt distingue fort bien de  la réalité le monde de ses jeux. Il cherche volontiers un point d’appui aux objets et aux situations qu’il imagine dans les choses palpables et visibles du monde réel. Rien d’autre que cet appui ne différencie le jeu de l’EnFaNt du rêve éveillé. »

 Le grand B. Pascal dans ses Pensées nous ont portés à réfléchir : « Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être en plein repos, sans passion, sans affaire, sans application, il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, son vide… Il y a dans les hommes un instinct qui le porte à chercher le divertissement et l’occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles et ils ont un autre instinct secret qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n’est en effet que le repos et non pas dans le tumulte ; et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un même projet confus. Ainsi l’homme est si malheureux qu’il s’ennuierait même sans cause d’ennui, par l’état propre de sa complexion. Et il est si vain, qu’étant plein de mille causes essentielles d’ennui, la moindre choses comme un billard et une balle qu’il pousse suffit pour le divertir. »
C’est donc ici le jeu-divertissement, ou comment ne pas sombrer dan l’ennui grave.

Certains psychanalystes d’EnFaNts, dont M. Klein, établissent  des relations entre le stade dépressif normal du bébé et l’invention du jeu.

Le JOUET

Quel est le support matériel du jeu de l’EnFaNt ?
Reportons-nous à la descrition faite par  A.Freud : selon le niveau de développement de l’enfant, 
le jouet sera petit, simple, coloré, parfois bruyant, ou doux, mou en tissu ou peluche, ou dur, 
à roulettes, à pousser, tirer, vider ou encore mécanique.
On peut remarquer que les générations d’enfants préfèrent de plus en plus le jouet électronique au jeu d’assemblage tel que les Meccano ou encore même les Legos
Leur créativité se verra-t-elle diminuer ?

Le jouet a une fonction de plaisir certes, mais également de  communication.
Il est très souvent donné en cadeau à  l’EnFaNt qui doit tôt ou tard, apprendre à dire "merci". 
Winnicott nous a bien montré ce tournant où le bébé s’aperçoit, une fois de plus, que la possession-non-Moi n’est pas sa propriété-allant-de Soi. Il est aux mains de l’adulte qui donne, reprend, range, refuse et exige de la reconnaissance. L’EnFaNt est situé là, dans cette  société du don, de l’échange, bons sentiments égalent le jouet, et réciproquement, bons sentiments contre le jouet.
« Pourquoi tu me rapportes toujours quelque chose ? » disait une petite fille à sa grand-mère.

Pour conclure

Le jeu est :
 Ce à quoi joue celui qui joue, on parlera donc des prémisses du jeu, des jeux, du jouet.
Ce qui fait celui qui joue, l’acte de jouer, le playing dirait D. Winnicott. Mais dans l’acte de (jouer)  il y a l’idée, la préforme mentale de ce que c’est que jouer.

Ce qui fait que le joueur joue et que, par sa suite, il y ait des jeux et se qui s’ensuit. Vous aurez alors le choix entre se fuir en jouant ou se faire en jouant, dilemme, je crois, élucidé par les psychanalystes d’EnFaNts.

Extrait de Le jeu, l'enfant,
Guillemaut. J, Myquel. M, Soulayrol .R , (pp.8-13),1984.