EO 771 Thématique de projets:

Technique didactique et ruse pédagogique
Institution du questionnement et scolarisation des technologies

Présentation [dia] [page de tutorat]

> Les questions à se poser : cadre conceptuel

On peut partir du principe qu'un scénario pédagogique conçu par un enseignant peut (doit ?) articuler la technique didactique (les questions posées par le maître) et la ruse pédagogique (les questions dont le maître voudrait que les élèves se les posent). Si le savoir visé est au croisement des questions et des propositions finalement validées par le maître (argument d'autorité) ou par la discussion maître-élèves (autorité de l'argument), il faut d'abord identifier ces questions et ces propositions (objectifs), puis organiser le travail scolaire afin de progresser vers l'objectif visé (scénario pédagogique). On peut le faire de plusieurs manières différentes, et en combinant différents genres de questionnements. En particulier, et du point de vue de l'élève :

• Le questionnement " autodidacte ". C'est-à-dire la recherche de propositions indiscutables, par exemple lorsque les élèves utilisent des encyclopédies, des bases de données ou des ressources documentaires pour préparer des exposés, des articles, des expositions, des sites d'information, etc. Et qu'ils utilisent Internet et ses moteurs de recherche pour accéder directement à des sources fiables mais éloignées.
• Le questionnement " didactique ". C'est-à-dire la discussion des réponses possibles aux questions du maître, par exemple lorsque les élèves répondent à un questionnaire ou à une interrogation orale qui doit à la fois les inciter à réfléchir et les guider dans leur réflexion. Et que le maître utilise les propriétés des hypertextes pour progresser de question en question.
• Le questionnement " scientifique ". C'est-à-dire la recherche de propositions discutables, par exemple lorsque les élèves deviennent de " vrais " chercheurs, qu'ils mènent des enquêtes et réalisent des observations pour connaître le mode de vie des fourmis rouges ou les préférences alimentaires des habitants des grandes cités. Et qu'ils utilisent le courrier électronique pour communiquer avec des interlocuteurs nombreux et difficiles à contacter.
• Le questionnement " évaluateur ". C'est-à-dire la formulation de réponses indiscutables (valides/invalides) aux questions du maître, par exemple en situation de test ou de prétest. Et que le maître utilise un formulaire en ligne pour poser ses questions, et automatiser ensuite le traitement et la validation des réponses.

 On peut croiser deux axes qui permettent de mieux comprendre l'articulation entre ces quatre genres de questionnements.

Sur l'axe horizontal, les propositions. Sur l'axe vertical, les questions. Et pour chacun des axes, un pôle " indiscutable " et un pôle " discutable ". C'est-à-dire un pôle où le maître institue d'autorité la validité ou l'invalidité des prétentions (questions ou propositions). Et un pôle où il accepte d'en débattre, et où prévaudra non pas l'argument de son autorité, mais l'autorité du meilleur argument. On obtient quatre quadrants, dont l'un où rien n'est discutable (évaluation) et l'autre où tout peut l'être (recherche scientifique). Les deux derniers permettent le passage entre les deux premiers, puisque l'un fixe uniquement la validité des propositions (autodidacte) et l'autre uniquement la validité des questions (didactique) (voir aussi : Maulini, 2001).

Inutile de dire que ces quatre genres se présentent rarement sous une forme épurée, et que les pratiques pédagogiques ne cessent de les combiner entre eux, de manière plus ou moins consciente, plus ou moins explicite, plus ou moins opportuniste. C'est tout l'enjeu de la construction et de l'analyse de scénarios pédagogiques suffisamment riches pour intégrer les technologies dans l'espace scolaire du questionnement, et reprendre à leur manière les ruses et les détours qui font la difficulté mais aussi la joie de l'enseignement.

> Références théoriques :

Maulini, Olivier (2002). La scolarisation des technologies. Questionnement didactique, questionnement pédagogique. Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation.

Maulini, Olivier (2001a). Les outils technologiques de l'action pédagogique. Université de Genève, laboratoire LIFE (chantiers de l'innovation).

Maulini, Olivier (2001b). La communication scolaire : techniques, ruses et institution du questionnement. Intervention pédagogique et sociologie critique. Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation.

Meyer, Michel (2000). Questionnement et historicité. Paris, PUF.

Tardif, Jacques (1998). Intégrer les nouvelles technologies de l'information. Quel cadre pédagogique ? Paris, ESF.

> Les projets possibles : quelques scénarios pédagogiques

Enigmes et questionnement didactique : les objets ménagers sur Petit-Bazar (Enseignement primaire, CH-Genève)

Enquête et questionnement scientifique : le méga-journal de l'école des Tattes (Enseignement primaire, CH-Genève) >> Le scénario complet

Recherche et questionnement autodidacte : Georges Brassens à l'école de Carbay (Education nationale, F-Anjou)

Et encore :

Les élèves deviennent maîtres : la maquette de classe de l'école de Lutry-Echerins (Enseignement primaire, CH-Vaud)

Les maîtres deviennent élèves : d'où vient le chocolat ? des étudiants en sciences de l'éducation (Tecfa, CH-Genève) >> Le scénario complet

> Quelques liens

L'institution du questionnement

Asking good questions, au coeur d'un hypertexte construit sur l'articulation propositions/questions.

Classroom Questions on Eric (Educational resources information center)

Dis papa : Le site des papas confrontés aux questions de leurs enfants.

Un père en déroute: Fernand Raynaud, C'est étudié pour.

Ask an Expert, la réponse à toutes vos questions.