La campagne suisse STOP SIDA: de l'émission à la reception
A propos d'une manière de faire.

The Swiss STOP AIDS Campaigns: from Emission to Reception
On Ways of Doing

English Version

 

Le vidéo que nous proposons existe en deux versions: la version originale en français et sa version traduite en anglais. Chacune est différente et la version anglaise ne possède sans doute pas le mêmes caractéristique que la version originale. Quelles sont alors ses caractéristiques majeures ? Qu'est-ce qui s'est donc perdu entre les deux versions ?

Stratégies

Lors de la préparation de ce document, plusieurs stratégies de communication et plusieurs dispositifs d'énonciation ont été envisagés. Certes, il s'agit de communication socio-éducative: nos objectifs sont de type informatif et formatif; nous souhaitons vous faire partager nos concepts, nos analyses et nos points de vue. Pour ce faire, il nous fallait vous proposer une information et un cadre de référence théorique en même temps que certaines analyses.

Deux modèles étaient possibles. Le premier, classique et surtout économique, est celui du cours filmé : il existe de nombreux exemples de ce type produits par des instituts de formation à distance et l'on se souvient du débat théorique né à ce propos dans le sillage du projet européen de télévision éducative par le satellite OLYMPUS. Le second, plus coûteux en temps et en argent, consiste en une production réellement scénarisée et construite à l'image des fictions, des documentaires ou encore des émissions éducatives. Entre ces deux extrêmes, toutes les formules sont possibles et c'est souvent le budget qui oriente la décision.

Un cours filmé

Dans notre cas, nous avions certes des contraintes budgétaires, mais moins sans doute que certains partenaires du projet HUMANITIES. Cela ne nous a pas empêché de songer un moment à faire un cours filmé d'autant que le panel d'intervenants, pour des raisons factuelles, s'est vu progressivement réduit aux deux seuls intervenants que vous verrez/avez vus.

Selon notre expérience, un cours frontal filmé, au sens strict l'enregistrement d'un cours magistral, ne nous paraissait pas idéal :

 

Un modéle mixte

Aussi avons-nous opté pour un modèle mixte :

La présence d'interlocuteur réel, Pierre, avec qui nous dialoguons. Même si son rôle est ténu et s'il parle peu, sa fonction est clairement celle de tout étudiant dans un processus de communication éducative : il est pour nous un interlocuteur, un partenaire et nos interventions se sont construites aussi en fonction de ses réactions bien que souvent " muettes " ou invisibles à l'écran (mimiques, gestes, etc.). Ensuite, il demande des explications et se fait le porte-parole des apprenants que vous êtes.

Des éléments de narrativisation et de scénarisation, la volonté de construire un vidéo homogène dans la diversité des points de vue : les deux regards, celui du Dr D. Hausser et le mien, se croisent autour d'un même objet dont ils découvrent chacun des aspects différents mais ô combien complémentaires. La volonté d'alterner l'académique et l'humour, respectant en cela l'évolution même des campagnes.

Le dispositif d'énonciation de ce vidéo contient donc des séquences éducatives, voire presque didactiques, et d'autres plus narratives. Pourtant, mêmes les premières possèdent, du moins nous l'espérons, une forte valeur interpellative due à la construction dialogique de ces entretiens. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : d'entretien plus que de leçons. Cette force dialogique, nous la devons à la présence de Pierre, sur le plateau et à l'image : c'est elle qui donne le ton explicatif, persuasif de toutes ces séquences et fonde notre volonté de faire comprendre.

La version anglaise

La version anglaise, elle, est tout autre. La diffusion européenne impose une version traduite et c'est ce que nous avons fait : strictement une traduction de la transcription du texte français. Seulement, aucun de nous n'est anglophone natif, et notre niveau de maîtrise de la langue est inégal. Il aurait donc fallu réaménager la traduction du texte de chacun en fonction de :

Bref, il aurait fallu adapter le texte de chacun en fonction de son niveau de maîtrise de la langue anglaise orale. A cette condition, avec suffisamment de temps pour apprendre le texte et apprendre à le " jouer " nous aurions pu conserver à la version anglaise le caractère dialogique que possède la version française. Une autre solution aurait été de le faire doubler par des professionnels..... Mais le budget nous l'interdisait.

Etant donné les conditions de production et les délais de réalisation extrêmement courts (une soirée en studio pour réaliser la version anglaise), nous nous sommes tenus à la première solution : dès lors le dialogue prend des allures de texte lu et les voix dialoguées, polyphonique (chaque intervenant représentant un point de vue) se fondent en une voix off, celle que l'on a souvent analysée comme celle du savoir immanent par laquelle se réintroduit le caractère magistral et le didactisme, stricto sensu.

C'est sans doute dommage mais c'est peut-être aussi le tribut que nous ont imposé nos conditions de production.

 

Novembre 1996, Dr Daniel Peraya

 

 
The Swiss STOP AIDS Campaigns: from Emission to Reception
A Position Paper

 

The video which we are offering exists in two versions: the original French version and the translated version in English. Each one is different and the English version no doubt does not have the same characteristics as the original version. So what are its major characteristics? What then has been lost along the way between the two versions?

Strategies

During the preparation of this document, several communication strategies and several settings were considered. We are definitely dealing socio-educational communication here: our objectives are by nature informative and aim to train; we hope to share our concepts, our analyses and our points view with you. In order to do this, we had to offer you information and a theoretical frame of reference at the same time as certain analyses.

Two models were possible. The first, classic and above all economical, is that of the filmed lesson: there are many examples of this type in existence, produced by distance training institutes, and one recalls the theoretical debate that arose around this subject following the European Project of educational television broadcast by the satellite OLYMPUS. The second, more costly in time and money, consists in a properly scripted production constructed the way fiction, documentaries or educational programmes are constructed. Between these two extremes, all the formulas are possible, and it's often the budget that orients the decision. In our case, we did indeed have budgetary constraints, but less no doubt than certain partners of the HUMANITIES project. That did not stop us from considering doing a filmed lesson especially as the panel of speakers, for factual reasons, shrank progressively to the two speakers which you saw or will see.

A Hybrid Model

According to our experience, a face to face course - strictly speaking, the filming of a lecture - did not seem ideal to us.

Thus we opted for a hybrid model:

We based the narrative process on the presence of a real interlocutor, Pierre, with whom we interact and converse. Even if his role is tenuous and he speaks little, his function is clearly that of the student within an educational communication process: his is for us a person with whom to dialogue, a partner, and our speeches were built also in response to his reactions although they were often silent or invisible on the screen (facial expressions, gestures, etc.) He also asks for explanations and acts as the representative of you the students.

Elements of narration and dramatization, the will to build a homogenous video with a diversity of points of view were at the forefront: the two gazes, that of Dr D. Hausser and mine, are exchanged across the same object as they each discover and reveal different but pretty complementary aspects. The desire to alternate academic content and humour, respecting at the same time the very evolution of the campaigns.

This video thus contains educational sequences, maybe even didactic, and other more narrative sequences. However, even the first are, at least we hope so, compounded with a strong sense of commitment due to the dialogical construction of the interviews. This is indeed what is ment: interviews rather than lessons. This interactive force we owe to the presence of Pierre, whether on the set and on the screen: this presence sets the explanatory, persuasive tone of all these sequences and grounds our desire to make ourselves understood.

About the English Version

The English version is entirely different. The European broadcasting requires a translated version and that is what we did: a strict translation of the transcription of the French text. However, none of us is a native English speaker, and our level of mastery of the language is unequal. It would therefore have been necessary to readapt the translation of each speaker's text according to:

In fact, it would have been necessary to adapt the text of each person according to his level of mastery of oral English. With this condition fulfilled, and with enough time to study the text and learn to act it, we could have kept the dialogical character of the French version in the English version. Another solution would have been to have it dubbed by professionals.... But the budget forbade it.

Given the production conditions and very short deadlines (one evening in the studio to do the English version), we kept to the first solution: therefore the dialogue takes on an appearance of a text being read. The polyphonic dialogued voices, with each speaker representing a distinct point of view, melt away into an "off" voice, the very voice which has often been analysed as the voice of immanent knowledge through which the lecturing nature of oral teching and the didactic pedantry of the social owners of accepted competence is being enforced.

It's no doubt a shame, but it is also the tribute we had to pay to our conditions of production.

 

November 1996, Dr Daniel Peraya