Résolution de problème et compréhension sont des activités interdépendantes comme on vient de le voir. Soulignons encore que ces deux tâches utilisent le savoir-faire qu'une personne a sur les buts, plans, instruments, etc.. Si on introduit le concept de l'acteur téléologique du récit, la définition donné à la fin du dernier paragraphe se lit de la facon suivante: "A problem solver may generate a plan as the solution to some problem, while a natural language understander must apply knowledge about people 's goals and plans in order to make the inferences necessary to explain the behavior of a character in a story" (Wilensky 81:198). Plus spécifiquement: L'essence de l'individu ordinaire en train de résoudre un problème (Angl: "problem solver") est son aptitude à créer un plan pour satisfaire un but, tandis que lorsqu'il est en train de comprendre un récit se contente de suivre les buts et plans des acteurs ou de faire des inférences à certains moments sur la signification de ses observations. Un récepteur pour comprendre doit s'interroger sur l'existence d'un but donné, se demander s'il découle d'un but supérieur, s'il fait partie d'un grand plan, ou s'il y a des circonstances spéciales qui le motivent. Ces inférences sont voisines du "backwards chaining" de la théorie de la résolution de problème. On dispose d'un fait et on veut trouver son explication (le prouver) par quelque chose qui existe quelque part dans la mémoire, ou même dans le texte. On explique par exemple un plan avec un but, une action avec un sous-but dans un plan, un but par un plan ou un autre but, etc. On a recours à ce type de raisonnement pour expliquer par exemple les comportements conflictuels dans un article de journal.
On a également vu lors de la discussion des schémas des récits, que le récepteur doit faire des prognostiques ("inférences en avant", Angl: "forward inferences") et générer des attentes. Ceci facilite la compréhension en évitant au récepteur de faire de trop longues réflexions et en mettant l'information dans un cadre qui lui donne sa signification. Dans le cas du récit les attentes ont également des fondement psychologiques: "On se demande ce qu'il va se passer, il y a de la tension, du suspense (si l'histoire est bonne) qui vient partiellement de nos interrogations sur ce que les gens vont faire, ce qui va leur arriver, etc., L'analyse du récit sous cet angle se fait sous l'hypothèse que les actions des caractères sont contrôlées par des plans en vue d'atteindre un but. Cépendant la mise en forme d'une analyse explicite des plans et des buts des acteurs du récit soulèvent bien des problèmes. Le texte en lui-même dit en général peu de choses. La validité des inférences ensuite, ne découle pas d'un critère précis. Il est difficile de décider par exemple jusqu'à quel point il faut faire raisonner un modèle lorsqu'il traite un certain texte. Enfin la formulation des mécanismes de raisonnement est également tres` difficile. Comme le montrent les recherches depuis 1956 il est impossible de définir des lois universelles de raisonnement. Le raisonnement fonctionne peu au moyen de principes très généraux et se sert plutôt d'un savoir très large sur le monde et utilise du savoir-faire spécifique à un certain domaine de savoir. Il est utile dans ce cadre de faire la distinction entre meta-savoir et savoir spécifique de résolution de problème, qui forment les extrémités d'un continuum. Ce savoir va de l'abstrait au contrêt, et du général au spécifique. Ainsi un individu dispose par exemple du savoir sur le savoir de résolution de problème. Compte tenu de ces difficultés on en est encore au stade de l'élaboration d'une théorie de résolution de problème s'appliquant aux récits. On est encore très loin d'avoir de résultats "sûrs" et complèts, même sur des domaines relativement fermés. Dans le prochain paragraphe je essayerai de donner une esquisse de quelques domaines (moins de règles et principes) de résolution de problème qui interfèrent avec le processus de compréhension du récit.