Résumé de l'article:

Comment les textes et les graphiques sont-ils utilisés par des apprenants ayant du succès et par des apprenants n'en ayant pas.
W.Schnotz, E. Picard, A. Hron.

  1. Introduction
  2. Théorie
  3. Hypothèses
  4. Méthode
  5. Résultats
  6. Discussion et conclusion
  7. Bibliographie

1. Introduction:

Peu d'études ont été menées pour déterminer le rôle des graphiques par rapport à un texte dans un apprentissage. Un texte et un graphique ne véhiculent pas le même type d'information, le traitement de leur type de représentation n'est pas le meme, cependant il semblerait qu'ils puissent se compléter au niveau de l'information transmise.
Cette recherche cherche à observer comment se différencie l'utilisation d'un texte et d'un graphique basé sur le temps et les décalages horaires sur Terre, entre des apprenants les ayant bien compris et d'autres les ayant moins bien compris. Deux types de stratégies peuvent être utiliées, une est de type symbolique, l'autre sur le traitement d'un modèle.

2. Théorie:

Bien que l'utilisation de textes et de graphics comme source d'information se fasse depuis plusieurs années, peu d'attention y a été portée de la part de la psychology cognitive et de l'apprentissage. Les différentes recherches centrées sur ce domaine, ont concentré leurs efforts uniquement sur l'impact des graphiques par rapport au texte. Depuis peu les recherches se sont portées sur les graphiques, les informations qu'ils pouvaient transmettre, par quels moyens, etc. On a trouvé qu'en fait les textes et les graphiques sont des sources d'informations complémentaires contribuant de manières diverses à construire un modèle mental. Un texte permet la formation d'une représentation symbolique propositionnelle qui servira ensuite comme base pour la construction d'un modèle mental analogue. Inversement on peut considérer un graphique comme un modèle extérieur permettant un une construction plus directe d'un modèle mental à travers la perception d'une configuration spatiale, soit une représentation visuelle analogique.
La compréhension d'un graphique peut être assimilée à un processu d'élaboration aboutissant à la création d'un modèle mental. Or deux cas peuvent se produire: soit l'apprenant construit un modèle mental sur la base d'un graphique, soit il peut utiliser le graphique pour évaluer un modèle existant déjà.
Dans l'étude du texte et du graphique auxquels étaient soumis les apprenants dans cette recherche, il y avait deux types de traitements d'informations possible, un symbolique et l'autre un traitement basé sur un modèle. Avec le premier de nouvelles informations peuvent être générées en appliquant des règles de traitement symbolique sur des symbols existants. Alors qu'avec la deuxième stratégie les nouvelles informations vont être intégrées dans un modèle existant, le complétant et l'enrichissant ainsi.
Le but de cette recherche est de voir quel traitement va être utilisé et quels seront les résultats du traitement sur l'apprentissage et la compréhension.

3. Hypothèses:

L'hypothèse principale était que les apprenants utilisant un traitement basé sur un modèle acquéreraient une compréhension meilleure et plus grande que les apprenants utilisant un traitement symbolique qui lui est plus superficiel et moins complet. Ainsi il était supposé que les apprenants parvenant à répondre avec succès à des questions sur les décalages horaires, utiliseraient le graphique plus intensément en intégrant de nouveaux éléments que les apprenants répondant avec moins de succès. Les apprenants ayant du succès retireraient plus d'informations permettant de construire un modèle d'un texte que ne le feraient des apprenants sans succès. Et de plus les apprenants à succès seraient plus apte à s'adapter lors de la construction de leur modèle mental.

4. Méthode:

L'expérience consistait en trois phases:
  1. pré-test oú les sujets passaient un test d'intelligence, puis recevait une carte d'oú ils devaient déduire le plus d'informations possibles.
  2. le test-même: les sujets devaient répondre à 11 questions sur les décalages horaires (par exemple: quelle heure est-il à Anchorage et quel jour est-il, si à Tokyo il est jeudi 15h00?), ils pouvaient consulter un graphique représentant la carte de la Terre avec les différents fuseaux horaires et un hyper-texte contenant autant d'informations de type traitement symbolique que de type construction d'un modèle. Les sujets avant de répondre utilisaient la méthode de Penser à haute voix, permettant ainsi à l'expérimentateur de savoir quel type de traitement utilisait le sujet.
  3. post-test: les sujets devaient répondre à un test de compréhension constitué de 25 items relativement complexes.
Les sujets étaient 26 étudiants universitaires.
Les différentes réponses des sujets au-cours des phases de pré-test et de test ont permis de déterminer quel type de traitement était utilisé par les sujets. De même leurs réponses au post-test on permis de classer les sujets en deux catégories: ceux ayant bien répondu étaient considérés comme étant des apprenants à succès, ceux ayant moins bien répondu comme étant des apprenants sans succès.

5. Résultats:

Les résultats montrent que les apprenants à succès ont utilisé plus d'informations provenant du graphique et l'ont étudié de manière plus approfondie et diverse que les apprenants sans succès. En ce qui concerne la récupération d'information dans le texte, les apprenants sans succès en ont retiré deux fois plus que ceux à succès. Toutefois et contrairement aux hypothèses expérimentales, les apprenants à succès n'ont pas retiré beaucoup plus d'informations permettant de constuire un modèle que les apprenants sans succès de manière absolue, cependant en comparant les fréquences, les proportions entre les deux types d'informations, les différences sont significatives entre les deux groupes de sujets. Ainsi les apprenants à succès n'ont pas retiré plus d'information du texte mais ce sont plus concentrés sur les informations de type construction d'un modèle. D'autre part les apprenants à succès se sont mieux adaptés aux demandes de la construction d'un modèle, intégrant de nouveaux éléments lorsque les questions le rendait nécessaire. De plus, les sujets ayant eu du succès accédaient à l'information textuelle pertinente au bon moment comparé aux sujets sans succès.

6. Discussion et conclusion:

Les résultats de cette étude montrent que l'utilisation d'un graphique peut avoir une forte influence sur un apprentissage avec succès. Ils corroborent ceux d'une autre recherche qui avait trouvé qu'une visualisation à travers un graphique est utilisée par des apprenants pour construire une représentation mental schématique d'un sujet qui est ensuite élaboré au moyen d'un texte.
Cette étude montre que l'acquisition de connaissance au travers de textes et de graphiques est un processus stratégique adaptatif qui pourrait être contrôlé et dirigé par des individus. On pourrait imaginer aider ceux ayant des difficultés à retirer de l'information, leur donner des conseils pour une meilleure élaboration entre des graphiques et leur modèles mentals respectifs. Ces conseils pourraient être sous la forme soit de demander aux apprenants d'identifier certaines informations, certains types de relations spatiales, etc soit en leur donnant des tâches qui pourraient les conduire à identifier des relations entre différents éléments du graphique. Les recherches futures pourront peut être nous apporter plus en ce qui concerne l'acquisition de connaissances au travers de textes et de graphiques par des stratégies d'apprentissage appropriée.

7. Bibliographie:

A. Hron, E. Picard, W. Schnotz; How do successful and unsuccessful learners use texts and graphics; Learning and Instruction, Vol 3, pp. 181-199, Great Britain, 1993.


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Y.P.S.