Increasing picture effects in learning from illustrated text

Un texte publié dans Learning and Instruction, vol. 3, pp 227-238, 1993, par JOAN PEECK.

L'effet des images dans des textes éducatifs est souvent décevant car les lecteurs ne portent pas suffisamment d'attention (ou de manière inadéquate) à l'information visuelle présentée. Cet article discute des possibilités pour augmenter la portée des illustrations sur le lecteur. Pour améliorer l'importance des images, l'auteur propose de concevoir des taches qui nécessitent de traiter l'information contenue dans les images.

Introduction

Il semble y avoir un consensus quant au fait que les images ont un potentiel qui pourrait contribuer à l'efficacité de textes éducatifs. En plus de leur role décoratif, les images peuvent exciter la curiosité de l'apprenant, expliquer des concepts difficiles, aider à l'acquisition d'informations et augmenter le traitement cognitif. De plus, des recherches ont démontrés l'influence des images sur la mémorisation du contenu d'un texte. Par contre, la manière dont les illustrations favorisent la rétention est moins claire. Des effets de facilitation ont été mis en évidence par certaines études.

Différentes explications ont tenté de mettre en évidence l'effet facilitateur des images:

Bien que les effets positifs des illustrations aient maintes fois été démontrés, on ne trouve de nos jours que peu de contributions significatives dans la pratique éducative. Les enseignants vont souvent utiliser les images de manière superficielle ou inadéquate, ce qui n'aurait aucun effet sur l'apprentissage (voire des effets indésirables). Le traitement inadéquat des illustrations peut provenir de différents facteurs, dont le fait que le sens global (the gist) est compris de manière très rapide (environ 300 milisecondes). En effet, cette impression de facilité peut induire l'apprenant en erreur, en lui laissant croire qu'il a compris le sens de l'image.

Il y a donc une ambivalence, un paradoxe quant à la position des illustrations dans le processus éducationnel. Il y a d'une part un consensus quant au potentiel de l'image, et d'autre part il y a de bonnes raisons pour envisâger l'effet des illustrations dans un texte d'un point de vue pessimistement réaliste. Cet article veut donc essayer d'augmenter l'effet des images dans le texte en utilisant le cadre bien connu ;) de Jenkins, à savoir les facteurs suivants: les taches critiques, la nature du matériel, les caractéristiques de l'apprenant ainsi que les activités d'apprentissage.

Nature du matériel

Un certain nombre de variables sont connues pour affecter l'efficience des images dans un texte:

La couleur, par exemple, peut permettre d'augmenter l'impression de réalisme, peut aider à diriger l'attention sur une information spécifique, peut permettre de détecter des inter-relations, ...

D'une manière générale, l'insertion d'images dans un texte est d'autant plus pertinente que le contenu véhiculé par le texte est complexe, ou non encore appris, lorsque l'utilisateur n'est pas familier avec le contenu.

Un autre aspect important est le degré de recouvrement entre le texte et l'image au niveau du contenu. La position, la mise en texte, est importante par rapport au texte auquel l'image se réfère. Il a été mis en évidence que, lorsque placée avant le texte, l'image peut aider à activer des conaissances antérieures ou activer un schème permettant d'organiser le matériel textuel qui suit. Une étude a montré que des étudiants étaient plus à même de transférer un apprentissage lorsque l'image et le texte y attenant sont cote-à-cote.

Une variable récemment mise à jour est la légende, le fait de nommer des parties d'une image afin de permettre à l'apprenant de comprendre et d'interpréter les illustrations correctement. Les études les plus récentes considèrent les images comme une source d'information significative, et non plus comme adjonction décorative au texte. D'autre part, il est accepté aujourd'hui que l'efficacité d'une illustration est d'autant plus grande lorsqu'accompagné de texte.

Caractéristiques de l'apprenant

Il faut tenir compte, lors de la conception d'illustrations, de certaines caractéristiques concernant l'apprenant. L'âge, par exemple, peut affecter la capacité à se concentrer sur les parties importantes d'une figure.

Une autre variable pertinente est la capacité de lecture ou de compréhension. Certains auteurs ont conclu que les illustrations étaient plus utiles aux mauvais lecteurs qu'aux bons. Peut-être simplement parce que les mauvais lecteurs ont plus de mal à se représenter le contenu sur la seule base du texte; ou encore parce que ces utilisateurs se basent plus sur le contenu des images, du fait de leur déficience en lecture. Toutefois il faut remarquer que le fait de se référer régulièrement aux images dans un texte n'augmente pas la qualité de l'apprentissage.

Il ressort que des effects cognitifs bénéfiques ne sont atteint que si le lecteur est capable d'extraire l'information pertinente des figures proposées. Ceci sera facilité par quelques connaissances préalables sur lesquelles baser la construction de connaissances nouvelles.

Une expérience de van den Bosch (1979) a essayé de mettre en évidence l'effet organisateur qu'à le fait d'être conscient des différentes caractéristiques d'une image. Les enfants participants à cette expérience connaissent les 3 catégories d'information habituellement présentes dans un texte illustré: l'information provient du texte seul, des illustrations seules, ou des deux. Les sujets sont encouragés à traiter l'information plus en profondeur en leur faisant faire quelques exercices nécessitant une réflexion, par opposition au groupe controle qui ne devait que lire le texte. Les résultats montrent, pour des enfants de 5e année, que la rétention est nettement meilleure dans le premier cas.

Un autre programme est le TAP (Thinking About Pictures), qui permet d'enseigner aux élèves quelques heuristiques et conseils concerant le traitement d'illustrations permettant à ces derniers d'effectuer des inférences et de réfléchir sur le contenu informatif des images.

Une manière d'augmenter l'impact d'images est donc d'intégrer à l'enseigment de la lecture le traitement d'images et illustrations.

Activités d'apprentissage

La meilleure manière d'augmenter le traitement de l'image par les lecteurs est certainement d'intégrer au matériel d'apprentissage des activités (en plus de la lecture simple). Par exemple, l'enseignant peut demander aux élève de remplir des cases vides dans un dessin, ou encore comparer des images, utiliser les images pour répondre à des questions, ...

Une étude de Peeck (l'auteur du présent article) montre que centrer l'attention sur l'image a un effet sur l'apprentissage. L'expérience comporte 3 groupes expérimentaux: un groupe qui lit un texte sans images, un autre avec illustrations, et un troisième pour qui la consigne est de se concentrer sur les illustrations et leur rapport avec le texte. Ce dernier groupe a obtenu des résultats significativement plus élevés que les autres à un post-test quant aux questions portant sur les images (mais pas de différences à propos des questions sur le texte seul).

Un autre facteur qui peut aider l'enseignant, ou le concepteur d'illustrations, est de demander à l'apprenant d'extraire une information d'une image particulière. Dans le même genre, il apparaît également plus efficace à l'enseignant de créer son propre matériel illustratif afin de moduler précisément les variables visuelles importantes (plutôt que d'acheter son matériel tout fait). A noter que ceci demande de la part de l'enseignant des capacités particulières (graphisme, manipulation d'outils informatiques, investissement de temps, ...). De même, lorsque les apprenants peuvent participer de manière interactive à la conception des illustrations, le contenu est mieux compris/retenu.

Pour résumé, voici un tableau (tiré du texte, sans le consentement de l'auteur) présentant les interventions instructionnelles et ses implications sur les activités d'apprentissage:

Cyril Roiron