Fiche expertise du logiciel

J'ai vécu au XVIIIème siècle

EDIL-BELIN en coédition avec le CNDP, 1991.
Scénario primé au Concours Natonal des Logitiels Educatifs (Ministère français de l'Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports).

Table:

1Le programme et ses finalités 4Le rôle du maître
2L'activité de l'élève 5Interêts et limites
3Les aides à l'apprentissage 6Prolongement

Il s'agit de deux logiciels exploitant une banque de données de 1000 documents historiques sur la vie quotidienne et l'organisation sociale en France sous l'Ancien Régime. Le premier est un utilitaire de consultation et d'exploitation de la base documentaire, avec sortie sur imprimante; il est particulièrement intéressant en milieu scolaire de pouvoir coupler une source historique avec des aides à la compréhension intégrées à la base de donnée; on note que les auteurs ont constitué le lexique et les textes explicatifs avec des documents d'époque toutes les fois où cela etait possible.
Notre analyse portera sur le second programme, qui se réfère aux jeux de rôle. Il propose en effet un ensemble d'activités à partir de la base de données, aboutissant à la constitution d'un personnage fictif, mais crédible, décrit et définit par une fiche. Il ne vise pas à la mémorisation mais à la découverte des réalités sociales de la vie sous l'Ancien Régime.
L'utilisateur est immergé dans un ensemble de documents dont il explore le contenu, découvre la forme, mais ce micro-monde est filtré par un tutoriel qui guide l'élève vers le but proposé; en outre, l'utilisateur organise les informations, peut les reprendre et les modifier, il les enrichit par une production écrite personnelle, en vue de les éditer, aspect qui peut rattacher ce logiciel à la famille des progitiels.
Ce produit est explicitement destiné à tous les publics (sauf aux très jeunes enfants bien sûr), même s'il est particulièrement adapté aux élèves des classes de l'enseignement secondaire en milieu scolaire et a été très visiblement conçu pour eux.
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Le logiciel propose à l'élève une démarche dont le principe implicite est de constituer un personnage vraisemblable, c'est à dire sélectionner et produire un ensemble de données historiquement cohérentes les unes avec les autres.
Les séquences sont organisées comme suit (on n'a relevé que les activités principales): A partir de ce cadre, l'élève est libre de son cheminement à l'intérieur d'une séquence et entre les séquences: à tout moment, l'élève peut abandonner son personnage et en créer un autre; lors de l'élaboration d'une fiche, il peut ne traiter que certains thèmes, sauter des étapes, revenir en arrière. Cette ouverture est cohérente avec l'activité d'exploration proposée; elle ne garantit pas en revanche que l'élève parvienne à un résultat formateur.

Dans le cas où l'élève utilise les potentialités du logitiel, celui-ci offre un environnement d'apprentissage 
interessant à plusieurs égards, qui peuvent concerner l'enseignement de l'histoire mais aussi de l'expression 
française:
  1. Le fait de confronter l'élève à des textes historiques, dont la forme constitue d'ordinaire un obstacle à la lecture et à l'analyse, en vue d'un objectif final ludique; la motivation peut réduire la distance entre l'élève et le texte et l'apréhension de celui-là envers celui-ci.
  2. Le fait de selectionner une partie des documents et de les compléter ou les trancrire dans une production personnelle permet à l'élève de ne pas rester passif devant les données historiques; il est amené à en réaliser une représentation mentale qu'il réactivera du jeu de rôle à la suite du logitiel et en gardera ainsi une trace en mémoire.
  3. L'activité d'imagerie est encouragée par le recours à l'imagination dans les questions ouvertes; on peut supposer que l'élève aura tendance à mettre en oeuvre la même activité lors de la lecture des documents écrits, ce qui constituerait un apport important pour un élève confronté à un texte historique.
    On note à cet égard que, par les tests de cohérence offrant le choix de justifier une réponse évaluée par le logiciel comme incompatible, le programme indique la nécessité de cohérence sans contraindre l'imagination ni porter un jugement négatif et définitif sur la production de l'élève; au contraire, la nécessité de justifier sollicite l'imagination en même temps qu'elle incite à trouver des liens logiques entre plusieurs informations. En même temps, la procédure de justification est associée à un joker qui connote son caractère exceptionnel, bien que le nombre de jokers ne soit pas limité.
  4. Le fait de combiner une activité de sélection et de production d'information; ainsi, la lecture est rendue plus efficace lorsque l'élève a découvert qu'il devra compléter ou transcrire l'information. En outre, la production d'écrit est peut-être facilitée par le "bain" dans les documents; à ce propos, le programme offre une fonction interessante pour l'élève qui a du mal à rédiger: les données entrées par l'utilisateur de manière "brute", sous forme de tableau (en particulier dans la fiche d'identité) sont rédigées et mises en forme par le programme, gratifiant ainsi l'élève dans la fiche finale d'une production écrite "correcte".
  5. Le fait de combiner des activités différentes dans un même but.
  6. L'importance accordée aux activités de contrôle par l'élève lui-même:
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L'aide est acessible en permanence et concerne deux types de difficultés: table

Là se trouve le principal problème soulevé par ce logiciel: dire qu'il ne permet pas d'alléger la tâche de l'enseignant est un euphémisme!
On a vu que le programme se réclame des jeux de rôle et base là-dessus la motivation de l'utilisateur et son efficacité cognitive. Or, s'il est un outil performant dans le travail de préparation d'un tel jeu, c'est bien à l'enseignant d'assurer la mise en place de tout le reste, ce qui demande un travail considérable. C'est le cas en particulier s'il veut que ses élèves exploitent une bonne partie de ce qu'il ont produit, qui concerne des aspects très variés de la vie au XVIIIème siècle. Pour que la suite soit à la hauteur du travail préparatoire, il faut au maître de véritables talents de metteur en scène ainsi que beaucoup d'heures de travail personnel et avec les élèves. La collaboration entre le professeur de français et celui d'histoire parait indispensable. On peut même imaginer qu'une équipe pédagogique particulièrement dynamique se serve de ce logiciel comme base d'un projet de grande envergure aboutissant à un spectacle ou une réalisation vidéo...
En outre, la réalisation complète d'une séquence, en traitant de tous les thèmes proposés, représente un grand nombre d'heures de travail; il est donc indispensable que le maître intervienne pour limiter le cheminement de l'élève. Sur cette base, le travail sur ce logiciel est bien adapté aux classes hétérogènes car les élèves les plus rapides peuvent avoir la possibilité de prolonger l'exploration au delà des bornes définies par le professeur.
Enfin, l'enseignant doit définir les critères d'évaluation du travail réalisé.
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De ce qui précède, il apparaît que la richesse documentaire, l'interêt et la variété des activités proposées à l'élève et l'efficacité de l'aide font de ce produit un outil remarquable.
Cependant, on a vu qu'il laisse à l'enseignant la rude tâche de le compléter, ce qui en découragera plus d'un.
Une autre limite d'importance, et qui concerne aussi le rôle du maître, réside dans le fait que les activités tournent autour de la notion de cohérence des données selectionnées et produites par l'élève. Or, c'est la maîtrise du domaine qui permet de répondre à cette exigence; elle semble loin de la portée de l'élève du secondaire, qui n'aura vu en cours qu'une infime partie des aspects de la vie sous l'Ancien Régime abordés dans le logiciel, même si le professeur en limite l'usage. Il est vrai que la richesse de la documentation et du lexique permet théoriquement à l'utilisateur de tester la cohérence de ses choix, mais en pratique, il y a peu de chance qu'il se livre spontanément à ce travail fastidieux. Pour que celui-ci soit à la portée de l'élève et ne le ralentisse pas trop vers l'objectif qui le motive, il faudrait que l'enseignant puisse avoir un contrôle des questions fermées pour en simplifier éventuellement le vocabulaire.
De plus, l'exigence de cohérence est implicite, jusqu'à ce que l'élève tombe sur un test de cohérence négatif; il aurait peut-être mieux valu l'expliciter à l'entrée du programme.
En d'autres termes, l'ambition de ce logiciel fait son interêt comme ses limites.
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Outre les éléments donnés ci-dessus, on ne peut s'empêcher d'imaginer la portée de cet outil si on y intégrait le fameux jeu de rôle, et tant qu'à faire, en version 3D et multimédia! Quelle motivation pour les élèves! Sans compter que seraient facilités la mémorisation des informations mises en situation et la compréhension des relations sociales, et que les incohérences pourraient être découvertes et corrigées par l'élève lui-même.
Cela en ferait un produit extrêment coûteux à développer mais lui ouvrirait le marché grand public.
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A.M
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