Didacticiel de Lecture Rapide : Conception

Thème, Objectifs et Analyse des Objectifs

1. Thème général
2. Objectifs
3. Objectifs opérationnels
4. Taxonomie des objectifs
5. Analyse des objectifs
6. a compléter

Remarque préliminaire: Après plusieurs lectures, mon choix s'est essentiellement porté sur "Apprentissage et enseignement de la lecture" de Jocelyne GIASSON et Jacqueline THERIAULT, éd. Ville-Marie, 1983
Par défaut, les n° de pages mentionnés sont des extraits de cet ouvrage

1. Thème général

   Table des matières
   Chez les personnes ayant un bon niveau de lecture la perception des mots est globale et instantanée. Il leur suffit de l'image du mot pour reconnaître ce mot.(p.82)
   Les bons lecteurs font moins de fixations par ligne; c'est donc dire qu'ils perçoivent plus de mots dans une seule fixation. (p.89)
   Pour tenter de faciliter une appréhension des mots sous forme de paterns, ce didacticiel présente une structure générale sur trois niveaux:
   • b Un niveau moyen de reconnaissance de mots (plus ou moins longs)
   • a Un niveau inférieur de reconnaissance des lettres, en cas de difficultés au niveau moyen
   • c Un niveau supérieur passant à la phrase (de plus en plus longue) si les performances au niveau moyen sont jugées satisfaisantes.

2. Objectifs généraux:

   Table des matières
   L'objectif principal est de provoquer la mise en place d'un réflexe inconscient de lecture globale des mots par la présentation répétitive de mots simples (d'abord), en faisant varier les paramètres d'affichage. Bien que l'entrée du logiciel se fasse au niveau moyen (les mots), je commence la description des objectifs au niveau inférieur (les lettres)
   • Objectif du Niveau a :
     La mémoire à court terme ne peut mémoriser que 7 à 10 informations. La lecture d'un mot ne peut donc se faire correctement que si les lettres elles-mêmes sont déjà correctement mémorisées.
     Le niveau inférieur du logiciel a donc pour but de faciliter, par répétition de l'affichage, la mémorisation des lettres et surtout leur différenciation.
     La discrimination visuelle des lettres montre (p.179) que des enfants de 5 ans ne confondent pratiquement jamais certaines lettres (i et d par exemple) mais que d'autres lettres (comme p, q, d et b) sont plus souvent confondues.
     L'objectif est de faire passer, par exercices répétitifs, la reconnaissance des lettres d'un mode conscient (lent, réfléchi) à un mode inconscient (rapide, réflexe) en présentant d'abord les lettres facilement discriminées puis, en introduisant progressivement, une par une, les lettres créant plus de confusion.

   • Objectif du Niveau b : Table des matières
     Une lecture est généralement lente à cause de trois facteurs principaux:
     • La nouveauté du mot
     • La mauvaise discrimination des lettres
     • La phonation mentale du mot
     
     Si les lettres sont bien discriminées, le temps de reconnaissance d'un mot connu n'est plus proportionnel au nombre de lettres qui le compose (p.82), mais uniquement à sa nouveauté. Par une reconnaissance visuelle globale du mot, la "lecture" d'un mot long est aussi rapide que celle d'un mot court.
     Par la maîtrise du temps d'affichage, le logiciel permet de vérifier si le mot est connu ou s'il fait encore l'objet d'un déchiffrage. Après s'être exercé au niveau précédent, le but du niveau moyen du logiciel est de mémoriser des mots nouveaux.

     Une présentation rapide du mot (1/100 de seconde) qui n'autorise pas son déchiffrage (syntaxique), ni sa phonation (mentale ou pas) permet, par contre, sa reconnaissance globale (pattern), et par là même de déterminer si le mot est connu ou pas.

     L'objectif est donc de permettre, après vérification, et par présentations répétitives et variées, la mémorisation globale des mots inconnus, courants et simples d'abord, puis de mots plus longs et plus rares.

   • Objectif du Niveau c : Table des matières
     Si les mots sont bien mémorisés sous forme de patterns (icones) la Mémoire a Court Terme (MCT) qui n'est pas surchargée par des opérations de déchiffrage, peut en stocker de 5 à 10, c'est à dire une phrase.
     La phrase pouvant être mémorisée en MCT sera d'autant plus longue qu'elle aura une signification.
     La non discrimination correcte des lettres, ainsi que la non mémorisation des mots sous forme de patterns, surcharge la mémoire à court terme (MCT) qui ne peut plus appréhender une phrase entière, et n'autorise plus la construction de sens.

     Il est donc indispensable de vérifier les étapes précédentes (lettres discriminées, mots patternités) pour affirmer qu'une personne sache lire.

     De plus, pour permettre à un individu d'apprendre un mot nouveau, par la lecture, il est important que ce mot soit le seul mot à devoir être déchiffré dans une phrase, car, trop de mots inconnus dans une phrase lui ôte également son sens (p.201).
     Enfin, l'utilisation du contexte de la phrase pour donner du sens à un mot inconnu est une caractéristique du bon lecteur.
     Au niveau supérieur du logiciel, des phrases de plus en plus longues sont présentées au lecteur, (avec un mot nouveau, ou un trou...) pour lui permettre de s'exercer à la construction du sens. Il me semble important que cette tentative de construction de sens n'intervienne qu'après les étapes précédentes de différenciation des lettres et de "patternisation" des mots. (L'effort de construction de sens sollicite la mémoire de travail qui est trop surchargée si les mots doivent encore être déchiffrés).

3. Objectifs opérationnels

   Table des matières
   • Objectifs opérationnels généraux Le logiciel se présente sous forme d'un exerciseur.
     La lecture rapide utilisant des reconnaissances rapides et inconscientes des lettres et des mots connus, il vise la mise en place d'une connaissance procédurale (inconsciente, automatique), comparable aux réflexes acquis. La mise en place d'un réflexe (procédure) ainsi que son renforcement ne peut se faire que par un entraînement intensif (Drill and practice).
     De plus, un environnement adéquat permet de proposer de manière automatique (débrayable) et au moment opportun:
     • Une aide
     • Un corrigé
     • Un autre niveau de difficulté
     • Un autre type d'exercice
     Pour éviter la surcharge au niveau de la mémoire de travail, la manipulation par l'enfant est simplifiée au maximum. Après observation des contenus de deux fenêtres il doit taper une seule touche sur les trois possibles:

     1ère touche	bon	d'accord	Enter	Entrée
     2ème touche	pas bon	pas d'accord	Space	Espace
     3ème touche	quitter	abandonner	Esc	Echappe

   • Objectifs opérationnels au Niveau a: Table des matières
     Selon Popp (1964) (p.179) les lettres peuvent être classées selon les difficulté de discrimination.

     Après présentation d'une lettre fixe dans la fenêtre de gauche, l'enfant doit taper une des trois touches lorsqu'il la reconnaît parmi d'autres lettres apparaissant dans la fenêtre droite de l'écran.

     Lettres identiques	bon	1ère touche	Entrée
     Lettres différentes	pas bon	2ème touche	Espace
     abandonner	quitter	3ème touche	Echappe

     On peut imaginer quelques variations à la présentation des lettres:
     • Pour la première lettre présentée à gauche:
       • Elle reste affichée jusqu'à sa reconnaissance parmi les lettres présentées à droite
       • Elle ne reste affichée qu'un certain temps en fonction du niveau d'habileté de l'enfant
       • Après reconnaissance, la nouvelle lettre est choisie parmi celles présentant plus de difficultés de discrimination

     • Pour la seconde lettre présentée à droite:
       • Elle est d'abord affichée de façon intégrale
       • Son affichage est progressif (de haut en bas, de gauche à droite...)
       • Sa position varie (verticale, horizontale...)
       En complément on peut imaginer qu'une aide s'affiche si l'enfant ne reconnaît pas une lettre ou s'il commet plusieurs fois la même erreur.

       Un tableau statistique final donne, pour les lettres présentées, les différents scores de reconnaissances ou d'erreurs commises.

   • Objectifs opérationnels au Niveau b: Table des matières
     Après présentation d'un mot fixe dans la fenêtre de gauche, l'enfant doit taper une des trois touches lorsqu'il le reconnaît parmi d'autres mots apparaissant dans la fenêtre droite de l'écran.

     Mots identiques	bon	1ère touche	Entrée
     Mots différents	pas bon	2ème touche	Espace
     abandonner	quitter	3ème touche	Echappe

     On peut imaginer quelques variations à la présentation des mots:
     • Pour le premier mot présenté à gauche:
       • Il reste affiché jusqu'à sa reconnaissance parmi les mots présentés à droite
       • Il ne reste affiché qu'un certain temps en fonction du niveau d'habileté de l'enfant
       • Après reconnaissance, le nouveau mot présenté est choisi parmi une liste de mots de moins en moins connus

     • Pour le second mot présenté à droite:
       • Il est d'abord affiché de façon intégrale
       • Son affichage est progressif (de haut en bas, de gauche à droite...)
       • Sa position varie (verticale, horizontale, à l'envers...)
       En complément on peut imaginer qu'une aide s'affiche si l'enfant ne reconnaît pas un mot ou s'il commet plusieurs fois la même erreur.

       Un tableau statistique final donne, pour les mots présentés, les différents scores de reconnaissances ou d'erreurs commises.

       Si le nombre d'erreurs est trop important le programme propose de revenir au niveau inférieur (la lettre). Il présentera alors à l'enfant les lettres des mots n'ayant pas étés facilement reconnus.
       Si, au contraire, la reconnaissance est aisée, le programme proposera plus de mots nouveaux, plus difficiles, plus longs ou de passer au niveau supérieur (la phrase).

   • Objectifs opérationnels au Niveau c: Table des matières
     Après présentation, dans la fenêtre de gauche, d'une phrase dont un mot manque, l'enfant doit taper une des trois touches pour le choisir parmi une liste de mots présentés l'un après l'autre dans la fenêtre droite de l'écran.

     Mots correct	bon	1ère touche	Entrée
     Mots incorrect	pas bon	2ème touche	Espace
     abandonner	quitter	3ème touche	Echappe

     On peut imaginer quelques variations à la présentation de l'exercice:
     • Pour le mot manquant dans la phrase de gauche:
       • Il s'agit du complément d'objet, du sujet, du verbe...
       • Une lettre du mot à trouver s'affiche si une erreur est commise
       • Si le mot choisi est correct la phrase s'affiche en entier, sinon, elle s'affiche avec le mot incorrect en couleur...
       • Le temps d'affichage de la phrase diminue en fonction du niveau d'habileté de l'enfant

     • Pour les mots proposés à droite:
       • Ils sont d'abord affichés de façon intégrale
       • Leur affichage est progressif (de haut en bas, de gauche à droite...)
       • Leur position varie (verticale, horizontale, à l'envers...)
       On peut imaginer que l'exercice est fini quand 10 phrases ont été complétées par les dix mots correspondants. Les phrases peuvent faire partie d'un texte cohérent pour que le sens du texte se construise tout au cours de l'exercice. Les phrases complétées peuvent rester affichées à gauche de l'écran, ainsi, à la fin de l'exercice, tout le texte est affiché de façon complète.

4. Taxonomie des objectifs

   Table des matières
   • Taxonomies des objectifs au Niveau a:
     • Selon Bloom, il s'agit à ce niveau de reconnaître des données particulières (lettres) sans appréhension intellectuelle afin de permettre leur discrimination par identification de leurs éléments constitutifs.

     • Selon Guilford, il s'agit ici de cognition (et de mémorisation si la première lettre ne reste pas affichée) traitant des informations de nature symbolique et produisant une relation (identiques, différentes) entre les deux lettres affichées.

     • Selon De Cortte et al. (1976), l'aperception de lettres et leur reconnaissance s'effectue ici sans aucune production ni reproduction.

     • Selon D'Hainaut (1986), il s'agit d'exploration du réel (discerner les ressemblances ou différences entres deux lettres affichées) si possible sans mobilisation convergente ou divergente (il ne doit pas y avoir d'introspection de la mémoire) ni activités intellectuelles (reproduction, conceptualisation ou application).

   • Taxonomies des objectifs au Niveau b: Table des matières
     • Selon Bloom, à ce niveau les données particulières sont les mots eux-mêmes qui doivent être reconnus sans appréhension intellectuelle ni phonation mentale. (le sens du mots n'intervient qu'au niveau suivant) afin de permettre leur reconnaissance globale (sous forme de pattern, sans intervention sémantique ni syntaxique).

     • Selon Guilford, il s'agit, ici aussi, de cognition (et de mémorisation si le premier mot ne reste pas affiché) traitant des informations de nature symbolique (patterns) et produisant une relation (identiques, différents) entre les deux mots affichés.

     • Selon De Cortte et al. (1976), l'aperception de mots nouveaux (ou leur reconnaissance) ne fait appel qu'à une activité perceptive. Il n'est pas demandé de reproduire les mots présentés, ni de les utiliser dans des productions différentes. Seule une certaine production évaluative est demandée (identiques, différents) .

     • Selon D'Hainaut (1986), il s'agit d'exploration du réel (reconnaître un mots parmi ceux présentés) si possible sans mobilisation convergente ou divergente ni activités intellectuelles (aucun travail de réflexion ni d'introspection de la mémoire n'est demandé).

   • Taxonomies des objectifs au Niveau c: Table des matières
     • Selon Bloom, à ce dernier niveau, la recherche de sens fait appel à la compréhension (il y a donc appréhension intellectuelle).

     • Selon Guilford, il s'agit maintenant de production convergente. Le fait de compléter une phrase, pour lui donner un sens, avec un mot choisi parmi ceux proposés est un traitement sémantique de l'information en produisant une relation entre un des mots affichés et la phrase incomplète.

     • Selon De Cortte et al. (1976), l'aperception de mots présentés (ou leur reconnaissance) fait appel à une activité perceptive globale qui se double d'une production évaluative (choisir le mot en fonction de son sens) et d'une production convergente (un seul mot peut être choisi dans une liste fournie). L'activité mentale de recherche de sens n'est pas perturbée par des activités de déchiffrage (niveau précédent) ni par des activités de mobilisation convergente ou d'exploration du possible (le mot n'est pas cherché en mémoire).
     • Selon D'Hainaut (1986), à l'exploration du réel (choisir un mots parmi ceux présentés) si possible sans mobilisation convergente ou divergente (aucun travail d'introspection de la mémoire n'est demandé), s'ajoute la conceptualisation: Parmi les mots proposés, lequel donne un sens à la phrase incomplète?

5. Analyse des objectifs

   Table des matières
   • Analyse mathétique des objectifs:
     Gilbert (1962,1969) décompose la tâche en une séquence stimulus-réponse. D'Hainaut "s'éloigne des fondements béhavioristes pour intégrer une vision plus cognitiviste".
     Ici, quel que soit le niveau du programme, il n'est demandé à l'élève de n'effectuer qu'une seule opération: Le stimulus (d'après Gilbert), ou l'objet (d'après D'Hainaut), est la présentation des deux mots simultanément. L'opération est une évaluation. La réponse, ou le produit, est la communication du résultat de l'évaluation de l'enfant à l'ordinateur par la pression d'une des deux touches possibles.

   • Première remarque:
     L'extrême simplicité de cette analyse mathétique montre une volonté de simplification à l'extrême de travail intellectuel dans le but de produire un réflexe (procéduralisation) de lecture globale et de reconnaissance des mots sous forme de patterns.
     Aux niveaux a (lettres) et b (mots), des productions mentales "parasites" ne doivent pas perturber la mise en place de ce réflexe. Pour cette raison, les temps d'affichage sont de plus en plus courts et ne donnent pas l'occasion à l'enfant de mettre en place une réflexion qui ralentirait son activité.
     Au niveau c des pertes de temps en déchiffrage ne doivent plus perturber la recherche de sens. Tout est mis en place pour distinguer au mieux déchiffrage (iconique) et recherche de sens (sémantique).

   • Seconde remarque:
     L'analyse sémantique des objectifs est difficile à faire car elle s'applique plus à des connaissances déclaratives tandis que l'objectif principal du logiciel est de mettre en place une connaissance procédurale.
   • Troisième remarque:
     L'accès au niveau c (phrases) et à la recherche de sens doit être dépendant de la bonne procéduralisation au niveaux a (lettres) et b (mots). On peut imaginer un retour au niveaux inférieurs lors d'erreurs répétées. De plus, les exercices de reconnaissance des lettres peuvent se faire sur les lettres des mots ayant provoqués des difficultés. De même, selon l'habileté acquise par l'enfant, les mots proposés au niveau supérieurs peuvent n'être composés que des lettres discriminées par l'enfant.
   • Dernière remarque:
     Les différentes démarches proposées font appels à des mécanismes différents (induction-déduction ou analogie-discrimination).
     Les principes d'activité, d'exercice, de redondance et d'exploitation des erreurs sont également mis en application.
     Le principe de progressivité, à chaque niveau (lettres plus difficiles, mots plus longs, temps plus courts) se double d'un principe de différenciation: Le travail au niveau des lettres est différent de celui au niveau des mots. De même, déchiffrage et recherche de sens doivent être, dans la mesure du possible, totalement disjoints. Enfin, le feed-back (lors d'erreurs répétées) et l'individualisation (adaptation de la difficulté des exercices à l'habileté acquise par l'enfant) permettent, je crois, de fournir un didacticiel complet et efficace.

     Table des matières