Fiche1: Analogon

Définition

D'après le Robert: n.m., 20ème; mot grec chose analogue, analogie. Par extension, le statut d'ANALOGON de l'image signifie que l'image ressemble à, est le reflet de, la copie de l'objet qu'elle représente.

Je crois qu'il est important de revenir en arrière et de définir le terme d'IMAGE. Ce terme est utilisé de manière approximative pour désigner des productions aussi différentes que le dessin d'enfant, la photo de famille, la peinture, la video. En fait ce terme englobe toutes les représentations qui offrent un RAPPORT D'ANALOGIE avec les modèles du monde visible.

Conflit:

Il arrive aussi que le terme image s'applique à des compositions non figuratives ou abstraites comme une peinture de Mondrian. Dans ce cas on peut se poser la question de quoi l'image est-elle un analogon ? (voir aussi: DEGRE D'ANALOGIE plus loin).

Discussion:

L'image est un analogon, un signe visuel dans lequel nous reconnaissons non pas la réalité mais une imitation de la réalité. Imitation parce que l'image est un objet à deux dimensions et que cette réduction d'un monde à 3 dimensions fait appelle à plusieurs techniques de transformation (l'image est un objet technique). Cependant l'arsenal technologique contemporain nous fait croire que l'image (la photo, le film) est une représentation analogique presque parfaite de la réalité. Et de ce point de vue il est bon de rappeler que la photographie transforme le réel, elle n'en est qu'une reconstruction. A toutes les étapes de la production photographique, le photographe intervient et les modifications sont possibles (rappellez-vous l'image du film de "L'année dernière à Marienbad" que nous avons discutée durant le cours).

Les differents DEGRES D'ANALOGIE (degré d'iconicité) entre l'image et le representé ont été très exploités par des peintres surréalistes, comme Magritte ou Salvador Dali, pour générer des images à double sens. A l'oppose, la dégradation de l'analogie permet la création d'une forme de portée générale -> le symbole. En prolongeant se raisonnement on peut faire remarquer que image et écriture sont historiquement liés: pictogrammes, idéogrammes. Plus près de nous, et toujours dans l'écriture, on peut se rappeller le travail typographique d'écrivains comme Mallarmé ou Queneau.

Sources bibliographiques:

1.1 Réponse de Grob

Bonjour a tous,
Bien recu les fiches concepts de Daniel que je trouve tres claires.
Pour l instant pas de question particuliere a formuler a ce sujet.
Il etait important, a mon avis, de definir l aspect plus "technique" du processu s de la vision, ce qui a ete fait avec la fiche sur les "cones" et batonnets".
Je pense revenir sur la question du gabarit avec les fiches sur "traitement par donnees" et " traitement par concepts", puisqu il s agit de questions proches.

Salutations.
Jean-Manuel

1.2 Réponse de Métral

Bonjour a tou-te-s !
Voici quelques commentaires sur la premiere fiche de Daniel, concernant l'analogon.
1. Daniel emploie souvent la famille de termes "representation, representer". C'est un terme peu precis, car polysemique. Dans le vocabulaire courant, ces termes recouvrent plusieurs niveaux, du materiel a l'ideel. J'aime bien pour ma part me referer aux termes allemands de "Darstellung" et "Vorstellung", qui distinguent au moins deux niveaux: celui de la "presentation" (Darstellung), qui serait plus materiel (une photo, un dessin sont des "presentations"), et celui de la "representation" (Vorstellung), qui serait plus ideel (image -mentale- qu'on se fait d'un objet...). La distinction en deux groupes est peut-etre trop sommaire et schematique...?

2. Daniel dit "l'image est un objet technique", et le montre de facons diverses dans le meme paragraphe, par exemple avec la photographie, qui "n'est qu'une reconstrction". La, j'aurais employe le terme "representation" (avec une ambiguite voulue, qui regrouperait les sens materiel et mental). Pour moi, l'image va bien au-dela du simple aspect technique: la photo implique un sujet photographiant, qu'on a tendance a oublier. Il est responsable du cadrage, du choix du sujet, des contrastes, et est porteur d'un ensemble de valeurs (parfois explicites, souvent implicites) qui depassent largement l'aspect technique. Ainsi, si "a toutes les etapes (...) les modifications sont possibles", il y a un ensemble de valeurs implicites qui sous-tendent la photo (et les images en general) et qui la connotent.

3. Daniel parle enfin de symbole en termes de "forme de portee generale". Je lui prefererais une autre definition, qui inclurait la dimension culturelle ("qui evoque, par sa forme ou sa nature, une association d'idees "naturelle" (dans un groupe social donne) avec qqch. d'abstrait ou d'absent" (Petit Robert, 1979, p.1903)), ainsi que la distinction entre signe et symbole que fait Saussure: le symbole n'est jamais arbitraire, alors que le signe l'est (Cours de linguistique generale, reedition 1972, p.101). De nouveau le probleme de la polysemie...

En resume, pour cette fiche, j'aurais aime peut-etre quelques exemples de plus. Les autres concepts attaches a celui-ci feront probablement l'objet d'autres fiches, ce qui precisera le tout par la suite.

A bientot,
Greg

1.3 Réponse de Peraya

A tou(te)s,
Voici mes commentaires sur la premiere fiche de Daniel "ANALOGON" 1- Je trouve par principe une bonne idee de partir d'un dictionnaire. Mais, pourquoi ne pas partir d'un dictionnaire semiologique ou de la communication... cela nous aurait intriduit directement dans le vif du sujet !?

2- Ok pour la définition de l'image, en general...

3- "CONFLIT": quid de la peinture de Mondrian ?
C'est partiellement juste de parler a ce propos de degre d'analogie... La veritable opposition est ici entre image figurative et image abstraite. Mais meme abstraite l'image de Mondrian demeure analogique: les carrés sont analogiques de carrés et leur arrangement peut etre createur de rythme, etc qui se percoit comme un signe visuel. Il faut voir la différence que je n'ai pas eu le temps de faire entre signe visuel et signe plastique dans la theorie du groupe MU.

4- "DISCUSSION": impression de realite
Ok pour cette partie de ta fiche aussi, mais pourquoi ne pas avoir mis en rapport avec la notion de transformation entre referent et signe comme le propose le groupe MU (voir document Module 1) ... Ceci aurait ete une facon d'integrer les notions vues a ton propre travail... ! Les différents degres d'analogie (on reveindra) dans le prochain module, font partie de la discussion sur les transformations.

5- MAGRITTE/DALI
Ce sont des surrealistes et non des hyperrealiste. Ce dernier terme designe des peintres americains qui ont les premiers utilises la peinture acrylique avec un souci de minutie dans la reproduction photographique de scenes peintes. L'un des plus connus est David Hockney (circa 1995) qui apeint de terribles piscines: on y plongerait ... :-)

6- ANOLOGIE/SYMBOLE
Je ne parlerais pas de degradation qui possede des connotations negatives, mais bien d'abstraction.

Voila quelques commentaires... (je n'ai pas verifie le nombre de mots, ni les contraintes editoriales).

Il est encore temps que d'autres reagissent...

Daniel

1.4 Réponse de Peraya (2)

Bonjour a tou-te-s !
REM: Gregoire, j'adopte ta formule "tou-te-s", vachement plus economique que la mienne.....

Voici quelques commentaires a propos du commentaire de Gregoire sur la premiere fiche de Daniel, concernant l'analogon.

1- DARSTELLUNG/VORSTELLUNG
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J'aime bien cette opposition et Gregoire a raison de la rappeler. Pour ma part, je voudrais vous signaler (apprendre, c'est aussi faire des liens et pas seulement avec des pointeurs WEB... ;-) !!) que j'ai tente d'introduire une distinction similaire avec la difference entre "formes de representation" (symbolique, analogique) et "supports d'affichage".

La distinction n'est pas schematiaue elle tout au contraire de mon point de vue tres operationnelle.... Si vous voulez que je revienne sur ces distinctions, je puis mettre le transparent reamenage sur le WEB (pas tout de suite...)

2- PHOTO
********
OK pour les remarques de Gregoire. Il y a eu un long debat dans les annees '70 sur l'illusion de realite produite par le dispositif technique tant photographique que cinematographique (voir revues "Cahiers du Cinema", "Cinethique", "Tel Quel" de l'epoque). L'enjeu etait de montrer que cette "naturalisation" de la technique, cette facon de montrer l'artefact comme un produit, une vision naturelle etait un produit de l'ideologie dominante:

Les litteraires, historiens et les sociologues du groupe auront sur ce theme bien des choses a dire: Daniele, Jean Manuel, est-ce que ceci evoque pour vous quelques rappels ou references ?

3- SYMBOLE/SIGNE
****************
Je puis revenir sur cette defintion et ces distinctions lors d'une prochaine seance, meme brievement. L'important est de realiser que chaque auteur utilise des termes differents pour designer des choses identiques. D'un auteru a l'autre, il n'a y donc pas de convergence, ou de congruence.

Le "symbole" chez Peirce et Saussure ne sont pas les meme choses: chez le premier, le symbole correspond au signe chez le second par exemple... Saussure utilise le terme symbole dans une acception plus proche du sens commun et utilise l'arbitraire pour faire cette difference. De ce dernier point de vue, le symbole saussurien serait assez proche de l'icone percienne, ou en tous cas contiendrait des elements analogique...

Je craoins cependant que ce soit complique pour la majorite d'entre vous SAUF a refaire des lectures de base (cf Meunier Peraya, partie 1). Voila mes complements d'informations.

Merci a tous ceux qui lisent et participent...

danielp


Friday, December 29, 1995
Daniel Scherly