Staf 13: Texte, son, image et communication



1. Catégorisation

--Définition: La catégorisation peut être considérée comme l'attribution d'un stimulus à une classe de stimuli. L'organisme stimulé par un objet extérieur réagit en rattachant l'"input" en question (image, objet, événement) à une classe ou une catégorie particulière. (Cf. Traité de psychologie cognitive 3).

--Discussion: Cette notion proviendrait d'études menées en anthropologie. Les anthropologues ont dégagé l'existence de régularités interculturelles dans la manière de structurer l'espace qui nous entoure. Cette structuration porte d'abord sur des catégories d'objets universellement présents: couleurs, animaux, plantes.

Les psychologues ont ensuite cherché à vérifier cette constatation pour des objets familiers en partant du principe que l'individu est capable de percevoir et de mémoriser des invariants et des régularités au milieu de la discontinuité.

Il y aurait donc un "premier niveau" qui consisterait en un découpage de base de la réalité et qui fonderait l'organisation de nos connaissances. Cette première catégorisation de la réalité se ferait en fonction des activités humaines les plus fréquentes.

Quels sont les effets de ce processus sur les éléments rangés dans les diverses catégories ?

Les expériences de Tajfel et Wilkes (1963) ont montré que les sujets ont tendance à ramener les caractéristiques d'un objet aux propriétés de la catégorie à laquelle il appartient (voir exemples).

On distingue différents niveaux de catégorisation ( Cf. Grand Dictionnaire de la Psychologie):

A. les catégories intermédiaires (ou de base)(expl. catégorie "table")

B. les catégories subordonnées (expl. "table de cuisine")

C. les catégories supra-ordonnées (plus abstraites)(expl. "meuble")

Les catégories "de base", les plus riches en attributs et en caractéristiques, sont les premières nommées par les enfants et jouent un rôle facilitateur dans les processus d'apprentissage. Les membres les plus représentatifs d'une catégorie en sont les prototypes (voir cette notion).

A noter que G. Vignaux parle aussi de représentations-types qui auraient un statut privilégié à l'intérieur d'une catégorie (expl. du berger allemand dans la catégorie "chien") ce qui renvoie à la notion de "degré de typicalité".

---Exemples: Recherche de Tajfel et Wilkes. (Pour une description complète: Traité de psychologie cognitive, p.14). En résumé: les sujets de l'expérience surestiment les différences existant entre les membres de deux catégories différentes après avoir pris connaissance du contenu de ces deux catégories. (Dans ce cas, il s'agissait de lignes de longueurs variables presentées aux sujets).

En d'autres termes, si les stimuli sont classés par le sujet dans des catégories différentes, les différences sont accentuées par le sujet. Si les stimuli sont classés dans la même catégorie, les différences sont minimisées.

---Problèmes: la notion de "catégorie de base", comme catégorie reliant les sous-catégories entre elles (Cf ci-dessus), reste floue. Comment la définir précisément ?

---Notions attachées: Prototype, hiérarchisation.

---Bibliographie:


1a. Réaction de DanielS

A propos de la fiche sur la CATEGORISATION:

j'ai un peu l'impression que l'on tourne en rond avec cette notion de prototype et que plusieurs nouveau termes sont introduits pour dire la même chose (ou bien je suis trop grossier pour percevoir les subtilités).

Est-ce que:

catégorie de base = prototype

catégorie subordonnée = cas particulier du prototype ?

Ou bien est-ce que chacune des trois catégories que tu mentionnes ont chacune des prototypes ?

Pour reprendre les exemples que tu donnes:

- est-ce que la catégorie de base "table" contient d'autres éléments ? (j'ai de la peine à m'imaginer quoi d'autre, si c'est le prototype + cas particuliers, alors quel le sens de la catégorie subordonnée ?).

- est-ce que la catégorie subordonnée "table de cuisine" il y a le prototype de toutes les tables de cuisine et les cas particulier que l'on connaît de ce prototype ?

Daniel Scherly


1b. Réaction de DanielP

TU DEFINIS

-Définition: La catégorisation peut être considérée comme l'attribution d'un stimulus a une classe de stimuli. L'organisme stimule par un objet extérieur réagit en rattachant l'"input" en question (image, objet, événement) a une classe ou une catégorie particulière. (Cf. Traite de psychologie cognitive 3).-

-----> Ta définition me semble juste mais soulève cependant un point important: qu'en est-il de l'association d'un stimulus a une classe ou a une catégorie plus générale et d'autre part la dénomination de cette catégorie. C'est a nouveau la différence entre figure et forme chez le groupe mu....

Ceci permet de nuancer ce que tu dis a propos des recherches anthropologiques, notamment ce que l'on sait des couleurs... qui est justement est des points les plus connus quant a la non correspondance entre des catégories par rapports a des stimuli identiques.

Par contre les catégories de base se créent en accord avec nos interactions avec le milieu m'intéresse aussi car cela montre la relativité de certaines de ces catégories de bases.... et la prégnance de certaines autres comme celles proposes par DENIS (sur les modelés mentaux): le haut et le bas, l'avant et l'arrière, catégories lies a notre constitution physiologique, a notre morphologie et a notre posture...

PROTOTYPE:

Quel est le rapport avec la typicalité ?

Serait-ce à dire que le prototype de l'oiseau c'est le moineau ?, du chien le berger allemand ?

Qu'en penses-tu ?


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1c. Réponse à DanielS

Bonjour a toutes et tous !

Pour répondre a Daniel Scherly.

Tu dis:

"catégorie de base = prototype catégorie subordonnée = cas particulier du prototype ? Ou bien est-ce que chacune des trois catégories que tu mentionnes ont chacune des prototypes ? Pour reprendre les exemples que tu donnes: - est-ce que la catégorie de base "table" contient d'autres éléments ? (j'ai de la peine à m'imaginer quoi d'autre, si c'est le prototype + cas particuliers, alors quel le sens de la catégorie subordonnée ?). - est-ce que la catégorie subordonnée "table de cuisine" il y a le prototype de toutes les tables de cuisine et les cas particuliers que l'on connaît de ce prototype ? "

Dans ce que j'ai lu sur la question, on trouve deux positions: ceux qui associent les notions de prototype et de catégorie plus étroitement que ce que j'ai fait et ceux qui les distinguent clairement. La seconde position me paraissait plus parlante et plus claire. Je m'explique en prenant un exemple concret: si l'on considère le cas des objets tridimensionnels, le prototype serait la vision la plus typique de ceux-ci. C'est-à-dire que dans le cas d'un monument touristique par exemple, il existe de multiples représentations possibles. Si l'on considère un temple grec antique, pour être concret, on peut le représenter de dessus, de cote, etc. Cela dit, il existe une représentation prototypique qui est constituée de la représentation de trois-quarts (exemple provenant du cours de sociologie de l'art). Donc, dans la catégorie générale temple grec, le prototype serait constitué par une représentation particulière. Ce qui n'empêche pas l'existence de sous- catégories (temples fermés, temple ouverts, etc.)

Voilà, j ai essayé de répondre à ta question. Est-ce que cela convient ? Si je suis totalement à côté de la "vérité" qu'on me le dise..

Bonne journée a tous.


1d. Réponse à DanielP

Suite des réponses.

DanielP dit:

"PROTOTYPE: Quel est le rapport avec la typicalité ? Serait-ce à dire que le prototype de l'oiseau c'est le moineau ?, du chien le berger allemand ? Qu'en penses-tu ?"

Ne faudrait-il pas plutôt parler de "degré de typicalite" ? Si l'on considère que les prototypes se forment selon un moyennage des différents exemplaires de la catégorie (cours Staf 13 3.4.3), ne peut-on dire que le berger allemand de la catégorie "chiens" se rapproche de cette moyenne (en ayant justement des proportions moyennes par rapport à un ensemble de chiens: du Pékinois au St-Bernard) Le degré de typicalite ne serait-il pas une évaluation du degré de rapprochement avec un prototype d'une catégorie ? Les prototypes ne peuvent-ils pas varier selon les lieux et les cultures, c'est à dire selon l'expérience des sujets ? Ce qui impliquerait des variations du degré de typicalite des différents exemplaires d'une catégorie en fonction du contexte.


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1e. Réaction de DanielP

Merci tout d'abord de ta réponse

TU DIS:

Ne faudrait-il pas plutôt parler de "degré de typicalité" ?

---->Je pense que tu as raison de poser le problème de cette façon. Le prototype serait la forme la plus proche de ce qu'est la représentation la mieux partagée, la plus partagée dans une communauté d'où l'importance du point de vue culturaliste.

danielp


2. Prototype

Voir aussi la fiche de Didier

---Définition: (voir la notion de catégorisation au préalable). Le prototype est, parmi l'ensemble des exemplaires d'une catégorie, celui qui illustre le mieux la classe considérée. Il possède donc un haut degré de typicalité et fonctionne comme un "résumé cognitif" à l'intérieur de sa catégorie.

---Discussion: Ce concept a été introduit par E. Rosch en 1973; le but étant de mieux définir la composition interne des catégories et de montrer que tous les éléments d'une catégorie ne partagent pas forcément les mêmes traits distinctifs. Cela pose donc la question de la représentativité des différents éléments d'une catégorie par rapport à cette dernière. Selon le Grand Dictionnaire de la Psychologie, le prototype est l'élément reflétant le mieux l'"air de famille" de la catégorie.

Quelles sont les hypothèses autour de la formation des prototypes ? D. Peraya en cite trois, qui ne sont pas exclusives (voir texte du cours, chapitre 3.4.3):

a. Moyennage des différents exemplaires perçus, dans une catégorie.

b. Elimination des exemplaires trop "déviants" dans le processus de construction du prototype.

c. Création d'un modèle typique reproduisant les traits caractéristiques du plus grand nombre des exemplaires.

Il faut tenir compte du fait que le prototype est une représentation en évolution, remise a jour en fonction de l'expérience.

Selon Lindsay et Norman, un objet possède des caractéristiques fondamentales et spécifiques. Les caractéristiques fondamentales s'appliquent à tous les cas d'une catégorie, alors que les caractéristiques spécifiques permettent de distinguer les différents cas. Dans le processus de reconnaissance, plus l'élément présenté possède les caractéristiques fondamentales de la catégorie, se rapprochant ainsi du prototype, plus la reconnaissance est aisée.

Ainsi, d'une manière générale, les prototypes procurent un résumé très utile de l'information et sont effectifs tant pour des objets (au sens large) que pour des chaînes d'événement (exemple d'une chaîne d'événements selon Staf 11: le fait d'aller au restaurant).

---Utilisation: Ce concept a influencé les travaux concernant la compréhension des mécanismes de la mémoire et de la reconnaissance (ou le prototype est vu comme un intermédiaire, résumé d'informations). Il a aussi été utilisé en psychologie sociale afin d'étudier les modes de représentation des catégories sociales.

---Problèmes soulevés: Toutes les catégories d'objets ou d'événements possèdent-elles un ou des prototypes ?

---Notions associées: catégorisation, degré de typicalité.

---Bibliographie:


2a. Réaction de DanielP

Voilà que je lis ta seconde fiche... elle me parait bonne mais je ne trouve pas la réponse à ma question.... Il est vrai que ce problème de lien entre typicalité et prototype n'est pas vraiment résolu, à ma connaissance.

danielp


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3-4: Traitement dirigé par données et traitement dirigé par concepts.

---Définition: Il s'agit de deux modes de traitement des données perçues par l'individu. Le traitement dirigé par données est déterminé par l'information-stimulus venant de l'extérieur et reçue par les organes sensoriels, alors que le traitement dirigé par concepts est guidé par les informations déjà stockées en mémoire, ce qui implique une expérience préalable et des concepts déjà acquis. Dans le cas du traitement dirige par données, on parle de processus "bottom/up"( l'interprétation du stimulus se faisant de "bas en haut", c'est-à-dire par interprétations successives jusqu'au résultat final). On parle de processus "top/down" dans le cas du traitement dirigé par concepts qui implique la génération d'hypothèses préalables autour du stimulus. Le processus vise ensuite à vérifier ces hypothèses en "descendant" vers la source pour vérifier ce qui est escompte. (Cf. Blackwell Dictionary of Cognitive Psychology)

---Discussion: Les activités cognitives de la perception visuelle et du langage impliquent ces deux traitements; la discussion porte en fait sur l'importance de leur rôle respectif. Le modèle de Neisser (1967) incorpore les deux traitements en soulignant que leur importance dépend du type de stimulus et de l'information contextuelle. Le contexte de délivrance de l'information est donc essentiel; dans le cas d'un contexte "valable" (c'est-à-dire porteur d'informations sur l'objet), la reconnaissance de ce qui est attendu prime, sans analyse complète du stimulus; dans le cas inverse, c'est le traitement dirigé par données qui prend le dessus.

Une bonne illustration de ces deux modes de traitement de l'information est fourni par le modèle du Pandémonium (Cf. Lindsay et Norman, pp. 278-282 et cours Staf 11). L'image des démons s'affairant autour du stimulus et de son interprétation est parlante. Ainsi, chacun d'eux serait spécialisé et responsable d'une tâche particulière (soit au niveau de la formulation d' hypothèses, soit au niveau du traitement des données) et transmettrait ses résultats aux autres "démons" au fur et à mesure des ses recherches.

Cette comparaison implique donc une combinaison des deux traitements; des conflits peuvent cependant survenir entre ces deux modes (voir l'exemple des figures équiprobables du Staf 13).

A noter: le rôle déterminant des prototypes (voir cette notion) dans le traitement dirigé par concepts. Ils permettent une conceptualisation de ce à quoi le stimulus peut se rapporter.

---Exemple: L'image du dalmatien présentée dans l'ouvrage de Lindsay et Norman (p. 12) et dans le cadre du Staf 13, illustre un traitement de l'information dirigé par concepts. En effet, il est impossible de donner une signification à cette image sans conceptualisation préalable. Le traitement par données est, dans ce cas, inopérant. En revanche, dans le cas de la reconnaissance des lettres de l'alphabet (exemple cite par le Blackwell Dictionary of Cognitive Psychology), l'accent serait mis sur le traitement dirige par données; dans ce cas, en effet, la richesse des informations visuelles (lignes et courbes) rendent inutiles la projection d'une hypothèse. Le traitement dirige par concepts intervient néanmoins a nouveau dans le cas du déchiffrage d'une écriture manuscrite ou les lettres sont déformées (pour une illustration concrète de cette dernière affirmation je vous fournis volontiers mes notes de cours...)

---Notion associée: prototype, gabarit (lié au traitement dirigé par données)

---Problème: de quelle manière sont gérées et articulées les informations provenant de chacun de ces processus ?

---Bibliographie:


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J.M.G