Site du Racard avec
phpWebSite
Concept du site
Avec ce site, j'ai voulu
essayer de donner une ouverture accrue à un lieu par
définition marginal et refermé, qui a pour vocation d'accueillir des
individus que la société rejette ou a rejetté. Qu'il s'agisse de
drogués, d'alcooliques, de malades psychiques, tous sont momentanément
ou définitivement enfermés dans leurs cassures, renvoyés à leurs
stratégies de survie. Un tel lieu permet qu'ils se sentent considérés,
et qu'ils acquièrent éventuellement plus d'autonomie. Pour beaucoup
il s'agit du dernier endroit qui les accueillera sans les brider. Ils
sortent souvent des institutions psychiatriques, et leur destin est très
souvent d'y retourner pour des séjours plus ou moins longs, plus ou
moins fréquents.
Leurs représentations de
l'Autre, social ou culturel, la réflexion originale qui nourit sa prise
en considération et soutient, quand elle est possible, sa lente
reconstruction, l'engagement des "accompagnants" du Racard, tout
cela m'a semblé justifier qu'on tente de trouver là des richesses
peut-être très utiles qund elles sont discutées, quand elles secouent
nos certitudes, notre confort bien-pensant. Mais pour cela il faut un
débat, des rencontres d'opinions, des clashs, des étincelles. Un tel
lieu a pour vocation de vivre dissimulé derrière les talus de notre
"normalité", à moins de l'aller chercher, de le pousser à se montrer, à
se dire, à se justifier, à vivre pour nous aussi.
L'internet facilite
l'ouverture, mais rien ne dit qu'il facilite le dialogue. L'intégration
dans un complexe social se heurte à la sclérose des réseaux; et qui se
soucie de la valeur éventuelle de ceux qi crient soudainement dans la
rue, de ceux qui hantent les gares, qui ont les avant-bras bleus? Et
pourtant, des lieux comme le Racard ouvrent les yeux tant sur des
pratiques inattendues que des énoncés originaux et authentiques.
Ce site veut être un tel
lieu de rencontre, de confrontation, de remise en question réciproque.
Réalisation
L'utilisation du site
doit être le plus simple possible, sa gestion ne doit demander qu'un
minimum de connaissances en informatique, et bien sûr, il n'est pas
question d'avoir à aprendre l'anglais pour pouvoir l'utiliser. Cela
limite considérablement les possibilités d'extension par des modules
préexistants, mais à l'examen, aucun n'a semblé correspondre aux
exigences de simplicité, de nécessité et de légerté en termes de temps
de gestion (un forum, s'il fonctionne, demande beaucoup de temps). La
gestion des annonces, pour peu que le dialogue s'installe, inquiète déjà
...
J'étais parti dans un
projet beaucoup plus ambitieux, mais il s'est rapidement révélé en total
décalage avec son rôle futur. Trop de technologies différentes, trop de
connaissances nécessaires pour le maintenir. Je me suis rabattu sur une
pure utilisation des possibilités offertes, même si les contraintes
paraîssent excessives. Mais je crains encore qu'il faille passer
beaucoup de temps en formation et "secours d'urgence", tant les
problèmes ont été nombreux et souvent difficiles à résoudre. D'autres
restent irrésolus, et incompréhensibles.
Pour donner de la
réalité au lieu, aux gens, j'ai choisi de demander à un adolescent de
faire des photographies. Il n'a pas d'a priori, il se lie immédiatement
et peut disparaître dans le décors sans créer des tensions par sa seule
présence. J'aime bien ce dialogue entre authenticité et pose, on ne sait
plus très bien où est la joie et son contraire, le vrai et le moins
vrai. D'autres photographies (les lieux) ont été faites à ma demande par
des collaborateurs du Racard. Elles me semblent magnifiquement habitées,
l'absence y est une question.
Les textes ont été
choisis (et résumés) dans un esemble vaste de publications
originales du Racard. Tout reste encore à faire, mais des textes
nouveaux sur l'identité, le temps, l'usage de l'espace dans cette
relation particulière qui se vit dans ce lieu original vont être mis
rapidement sous forme d'annonces, qui vont je l'espère susciter le
débat. Cette dimension essentielle du projet manque donc
encore.