Résumé

Bernard Darras (1998), L'image, une vue de l'esprit: étude comparée de la pensée figurative et de la pensée visuelle, Recherche en communication, No 9.


L'article part d'une expérience mettant en scène des productions graphiques d'enfants et d'adultes. Les dessins sont présentés à un jury qui classe étonnement un grand nombre de dessins réalisés par des adultes comme étant des productions réalisées par des enfants. Il en découle de ce fait que les productions graphiques d'un adulte profane sont proches de celles d'un enfant, et ceci malgré le dynamisme et l'innovation de certains milieux artistiques.

Suite à cette constatation d'une stagnation du graphisme chez la majorité des adultes, Darras émet une hypothèse: certains stéréotypes guident nos productions graphiques. Ces stéréotypes ne sont cependant pas un appauvrissement du dessin, mais un processus cognitif parfaitement normal.

Darras va distinguer la pensée visuelle de la pensée figurative. La pensée visuelle fait référence à la  perception optique, à l'exprérience visuelle proprement dite. La pensée figurative quant à elle se réfère à l'aspect cognitif de la vision, à la reconstruction du matériel à partir de la perception visuelle. 

Dans le monde du graphisme, les deux modes de pensées vont donner lieu à deux types de produtions différents. D'une part les similis, qui gardent une similiarité avec l'expérience optique directe et qui sont une "copie" du réel (photos, vidéos, ...). On peut rapprocher les similis de la pensée visuelle. D'autre part les schémas, qui peuvent être plus abstraits,  mais qui ne sont cependant pas une simplification des similis. Un schéma pourra refléter l'objet réel de manière très générale (on parle dans ce cas de niveau super-ordonné), de manière un peu plus détaillée (niveau de base) ou de manière vraiment détaillée (niveau subordonné). On peut rapprocher les schémas de la pensée visuelle.

Les iconotyes vont pouvoir être construits à partir de schémas aux propriétés assez générales, regroupant des traits distincts, qui prennent souvant place durant l'enfance. Une composante sociale et culturuelle va pouvoir être mise en évidence; elle  va de ce fait avoir une influence sur l'universalité des iconotypes. L'influence de la culture anglo-saxonne permet de son côté une uniformisation progressive du sens des iconotypes.Comme les iconotypes peuvent être répétés facilement, ils vont petit à petit, dans un environnement stable, être automatisés. Leur automatisation va permettre de réduire la charge mentale de l'utilisateur. 

Les pictogrammes quant à eux sont des schémas (ou des iconotypes) qui suivent une certaine règle d'écriture. Ils sont validés par une communautés d'utilisateurs qui permet de les stabiliser durablement. Si l'on en croit ce qui précède, on peut donc d'une certaine manière dire que les iconotypes sont plus locaux, alors que les pictograpmmes sont plus universels.

Pour finir, Darras compare schémas et similis du point de vue cognitif, sémiotique et communicationnel. Dans les grandes lignes, on peut dire que

Iconotypes et schémas :

  • limites ouvertes (possibilité de cotoyer d'autres schémas)
  • allonomes, plurimédias et interactifs
  • organisation spatiale interne topologique
  • organisation spatiale entre signes réticulaire, linéaire ou scène
  • espace de production collectif ou individuel
  • zone de diffusion locale (lorsqu'il ne s'agit pas de pictogrammes)
  • rapidement produits - pas destinés à demeurer après l'échange
Similis :
  • des limites fermées
  • unimédia et autonomes (autosuffisants)
  • une organisation spatiale interne synoptique
  • une organisation spatiale entre signes synoptique ou scène
  • espace de production individuel
  • zone de diffusion universelle (aussi pour les pictogrammes)
  • moins rapidement produits - destinés à demeurer après l'échange, à être utilisés plusieurs fois.


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