Techniquement, le système est très impressionnant par sa qualité et la légèreté de son installation et de son usage, et si le mouvement n'est pas aussi fluide que celui auquel nous a habitués la TV et le cinéma, c'est - me semble-t-il - un défaut qui non seulement n'empêche pas de suivre le cours ni le discours, mais qui de plus sera certainement améliorés dans des délais assez brefs par les progrès technologiques.
D'un point de vue pédagogique, le système encourt les mêmes critiques que celles que l'on adresse en général à un cours ex-cathedra à distance, c'est-à-dire que ce n'est probablement pas en cherchant à "imiter" la réalité présencielle ("body language","eye contact", "présence charismatique", ...) que l'on parviendra aux meilleures solutions distancielles. Toutefois la possibilité de poser des questions en direct et néanmoins discrètement, puisque par écrit, est un plus tout à fait intéressant qui me semble permettre un contact un tant soit peu personnalisé en temps réel. Probablement que la technologie permettra sous peu de renvoyer l'image de l'apprenant-questionneur au conférencier.
Si le gag de Jean-François L'haire voulant nous faire croire à sa présence en temps réel au Brésil n'était peut-être pas plausible du point de vue du comédien (plausibilité du costume et du maquillage entre autres !) et du décor (par trop beau et immobile !), il l'était par contre des points de vue technique, pédagogique et ...éthique : les interventions technologiques de Jean-François L'haire sont de toute évidence sous-tendues par un engagement clair en direction du tiers monde et des pays en développement, et ce système de visioconférence me semble répondre de façon pertinente aux nécessités d'un enseignement de base destiné à des populations ne disposant pas d'environnements technologiques très sophistiqués ni d'accompagnements pédagogiques très diversifiés. Cela dit, j'avoue ne pas connaitre vraiment les contingences de l'enseignement à distance en direction du tiers monde.
Pour terminer et malgré ma difficulté à comprendre le langage "technico-ésotérique" qu'utilise Jean-François L'haire pour décrire ses travaux, je souhaite souligner à quel point j'apprécie ce "supplément de sens" qu'il donne à la technologie par la contextualisation de ses applications : l'absence de réflexion critique sur le développement des technologies et l'accès à l'Internet qui caractérise apparemment tout le cursus du Staf me reste comme une lacune choquante. A l'occasion de ces interventions de JF L'haire, j'aurais souhaité pouvoir au moins débattre de l'équipement du tiers monde et de l'accès au Web des info-pauvres d'une manière générale, sinon recevoir une information circonstanciée sur le problème qu'ils posent.
Etudiante Staf 1ère année
juin 2000