Le programme Eurêka!
Rapport 

Le programme Eurêka!: entre éducation et créativité

Véritable laboratoire de création scientifique, Eurêka! - indéniablement un "micromonde" pour sa dimension constructiviste - est un programme qui permet de faire des expériences en reliant des objets entre eux. A première vue très élémentaire - rappelons qu'il est destiné en premier lieu aux enfants - il s'avère un peu plus complexe lorsqu'on commence à assembler les objets pour en construire des expériences. Très limité dans son ensemble, mais tentant pour des enfants sensibles aux formes, aux couleurs et aux événements créés, il est conçu comme une composition assez complexe d'unités élémentaires qui font l'objet d'une pseudo-programmation cachée plus poussée. Inutile de préciser donc que l'enfant participe activement au "jeu" de la programmation sans savoir qu'il programme, son activité se limitant à l'assemblage des pièces avec son conséquent déplacement dans l'espace du programme. Mais concrètement, que peut-on faire avec Eurêka!? A travers des objets préconfectionnés regroupés par thèmes dans une boîte à outils (pas moyen d'en créér de nouveaux!), les enfants sont confrontés à un véritable atelier dans lequel ils manipulent ces objets pour en faire des petites expériences scientifiques: de l'érosion à l'explosion, des dinosaures au cerveau en passant par les planètes et les étoiles il est possible, par un savant assemblage des objets fournis, de démontrrer l'existence de beaucoup de phénomènes qui ont caractérisé l'histoire des sciences. Un programme qui développe sans aucun doute la créativite de chacun sans omettre, et c'est le plus important, l'éducation de chaque enfant. Education qui se veut, bien entendu, multiforme: l'enfant est de toute évidence amené non seulement à développer des stratégies d'apprentissage pour un thème choisi mais également à se familiariser avec un type de raisonnement qui exige une comceptualisation très précise. A la question "que me faut-il pour démontrer l'existence de la gravité", par exemple, l'élève bâtit des structures cognitives par le biais d'un raisonnement de schémes sous-jacents qui l'amène à la résolution du problème (choix des pièces qui l'aideront à démontrer le phénomène, assemblage correct des pièces, adaptation progressive pour atteindre l'objectif, vérification de l'expérience et assimilation du concept).

Mon Eurêka! et le concept de gravité

"Qu'est-ce qui se passe lorsqu'une balle de baseball tombe du hat de la Tour Eiffel? Et si la Tour Eiffel était sur la Lune ou sur le Soleil? Voici une question passionnante à laquelle un enfant pourrait s'intéresser pour en développer un concept de construction. Comment faire donc? En choisissant les pièces adéquates pour l'expérience (des chambres de gravité, des chronomètres et un interrupteur) il fallait relier les objets pour que l'enfant se rendait tout de suite compte que lancer une balle de baseball depuis la Tour Eiffel placée sur la Lune, sur la Terre et sur le Soleil présentait des différences fondamentales quant à la vitesse d'arrivée au sol. Evidemment, l'expérience devait se faire de manière comparative! Beh oui, l'enfant doit pouvoir assimiler le concept de notion de temps en regardant les trois différents schémas proposés afin d'en tirer un raisonnement adéquat. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu placer 3 chambres de gravités, chacune reliée à un chronomètre en mesure de calculer la temps d'arrivée au sol de la balle de baseball (vérification simple d'une unité plus complexe!), les unes à côté des autres.Très facile, par la suite, de constater que les trois balles de baseball n'arrivent pas au sol au même moment. Pourquoi? Voilà la question clé! Pourquoi une balle de baseball lancée depuis la Lune emploi 19 secondes pour arriver au sol alors que la même balle, sur le soleil, emploi seulement 1 seconde? L'enfant doit pouvoir comprendre que si une balle déscend plus lentement qu'une autre il doit y avoir quelque chose qui la freine. Ou, du moins, il peut comprendre qu'une balle qui déscend plus vite pèse beaucoup plus qu'une balle qui déscend plus lentement. Il est évident que l'enfant ne pourra pas dire d'emblée que les balles ont un temps de chute différent parce que la force de gravité varie en fonction de la planète sur laquelle on se trouve. Il pourra néanmoins affirmer que quelque chose de différent, à parité de conditions, se passe. Il constatera effectivement que quelque chose freine la balle lancée depuis la Lune. Peut-être une force, un martiens invisible qui tente de la ralentir. Toujours est-il qu'il formulera des petits raisonnements conséquants en mesure de lui faire comprendre le concept. Et cela, ne serait-il pas le but d'un "micromonde"?

Eurêka!: un atelier complexe?

La tentation de dire non est forte, surtout lorsque l'on se trouve face à l'environnement du programme. Une boîte à outils de laquelle on sort les pièces (eh oui, "Logo" est bien là!), des personnages curieux et sympathiques, une surface de travail très colorée et surtout presque pas de texte rébarbatif et contraignant sont décidemment des élément qui font penser que tout est facile, d'autant plus que le programme lui même est destiné aux enfants. Mais plus on travail dans l'atelier et plus les choses se compliquent: difficulté de choix entre un objet et l'autre, quelques obstacles dans l'assemblages des pièces, ... bref l'enfant pourrait se voir bloqué peu après le début du travail. Le programme est parfois "hostile" dans la mesure ou il prétend que l'enfant sache ou du moins connaisse un peu certaines règles de manipulation (la reliure des interrupteurs et le cablage du réseau du programme). Un environnement assez contraignant, donc, qui présuppose sans l'ombre d'un doute la présence de connaissances préalables et, de toute évidence, d'explications précises en mesure d'allèger le parcours qui conduit l'enfant à l'obtention de son brevet de savant fou!



Alessandro ANZANI / Promotion Fanny


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