LES MOYENS DE COMMUNICATION (VIA INTERNET) AU SEIN DES ECOLES DE HAUTE SAVOIE








INTRODUCTION
I     CADRE DE RECHERCHE
       1) Problématique
    2) Hypothèses
   3) Conceptualisation
II    UN PEU D'HISTOIRE
   1) Naissance d'Internet
  2) Le projet de mise en réseau dans l'éducation
   3) Le réseau de Haute Savoie
  3.1 historique
    3.2 objectifs
III   LES ECOLES
   1) présentation
    1.1 les différents sites
  1.2 activités et correspondance
1.3  les listes de diffusion
2) Les enseignants
  2.1 les formations
2.2 entretiens avec les enseignants
2.3 entretien avec le gestionnaire du réseau
   3) Le réseau : intégration difficile
       3.1 D'autres priorités
    3.2 le courrier électronique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
 



 
 

INTRODUCTION
 

        En novembre 1994, le gouvernement français lançait un appel à propositions pour développer les services et les usages des autoroutes de l'information. Cette action est suivie en mars 1997 par le projet de développement des réseaux informatiques dans les établissements scolaires. Le réseau scolaire de Haute Savoie est né dans le cadre de ce projet. Notre étude porte sur les moyens de communication générés par ce réseau.
Sachant que les nouvelles technologies de l'information et de la communication offrent de nombreuses possibilités comme les conversations simultanées ou le travail collaboratif, il serait intéressant de voir ce qu'il en est pour les écoles de Haute Savoie.
Un premier chapitre présentera notre cadre de recherche, puis un historique sur la naissance de ce réseau fera l'objet d'un deuxième chapitre. Enfin, avant de conclure un troisième chapitre nous permettra de voir ce qu'il en est réellement au sein des classes même, nous analyserons l'intégation d'Internet et les outils de communication au sein des classes.
 
 

I  CADRE DE RECHERCHE
 
 

1) Problématique

        Certaines écoles de Haute Savoie ont entrepris depuis peu d'années de se mettre en relation à partir des réseaux de communication informatique. Il serait intéressant de se pencher sur la nature de ces relations.
Si la notion même d'Internet renvoie à toute une infrastructure communicationnelle, on peut se demander si vraiment les activités pédagogiques construites autour d'Internet génèrent un réel cadre communicationnel au sein des écoles.

2) Hypothèses

        Partant de cette problématique, on peut formuler les hypothèses suivantes :


3) Conceptualisation

        Il est nécessaire de définir les termes clés de cette recherche, on commencera par la définition d'un terme couramment utilisé :

Avant d'entamer directement l'analyse de ce réseau, situons historiquement l'infrastructure d'Internet et sa mise en place dans l'éducation en France.
 
 

II   UN PEU D’HISTOIRE
 

1) Naissance d'Internet

        Les informations suivantes sont tirées du chapitre 1 de l'ouvrage "Learning Networks" qui retrace bien l'historique d'Internet  : dans les années 1960, à l’époque où le monde était encore divisé en deux blocs, les militaires américains ont réfléchi à la mise en place d’un système de communication qui puisse résister à une attaque nucléaire : il fallait que les ordinateurs travaillant pour la Défense puissent correspondre quoiqu’il arrive.
Pour cela, il ne fallait pas que le réseau repose sur serveur central ou qu’il soit architecturé en réseau poste à poste, mais que chaque terminal puisse communiquer avec n’importe quel terminal et qu’il n’y ait pas de hiérarchie entre les différents postes. Les militaires imaginèrent donc ARPANET, un réseau maillé, c’est à dire aux connexions multiples reposant sur un principe de transfert de données, on vit donc apparaître la première forme du courrier électronique. L’idée essentielle était que si une ligne directe, par exemple New York / San Francisco, venait à être coupée, l’information trouverait toujours un moyen de circuler en empruntant des chemins de traverse tels Chicago, Seattle...
Puis le réseau fut passé aux mains des chercheurs et des universitaires américains qui en comprirent très vite l’importance. Durant les années 1970, le protocole TCP/IP est devenu le protocole de communication standard du réseau. Le nombre d’utilisateurs, provenant principalement du gouvernement et du milieu universitaire, n’a pas cessé d’augmenter. Puis, enfin, il arriva dans le domaine public.
Bien que créé par des militaires, Internet n’a pas de commandement. Il n’appartient à personne, si ce n’est quelques associations qui, à défaut de contrôler et gérer le système se contentent de le réguler.
Les deux décennies suivantes furent consacrées à l’évolution technique des protocoles de transmission à l’amélioration de leur vitesse. Ainsi, au milieu des années 1980, les différents réseaux de recherche américains ont été reliés entre eux par des liens à haute vitesse (avec le protocole TCP/IP) pour former le réseau NSFN (National  Science Foundation Network)  et remplacer le réseau ARPANET.
Mais c’est au début des années 1990 que le réseau pris toute son ampleur grâce à l’invention de world wide web (WWW, littéralement «toile d’araignée mondiale «). Grâce à ce système, il est facile de manipuler des données telles que des sons, des images ou des vidéos.
Lorsque l’Internet a fait son apparition au début des années 1980, il y avait seulement 213 serveurs (ordinateurs qui fournissent des services en réseau) enregistrés. En février 1986, il y en avait 2 308. Aujourd’hui, grâce à une croissance absolument phénoménale, l’Internet comprend plusieurs millions de postes répartis sur toute la planète.
En France, le ministère de l’éducation national a entrepris plusieurs démarches pour introduire ces nouvelles technologies au sein des écoles.
 

2) Le projet de mise en réseau dans l’éducation
 

        En novembre 1994, le Premier Ministre lance un appel à propositions pour développer les services et les usages des autoroutes de l'information. Ce projet vise selon Alain Gérard (sénateur) à "favoriser  le travail coopératif, la communication entre les classes, l'accès aux ressources multimédias réparties sur les grands réseaux de communication ainsi que le développement de téléservices tels que l'assistance technique et pédagogique, la téléformation ou le télé-enseignement" ("Réseaux et multimédia dans l'éducation").
Ce projet de mise en réseau à travers RENATER (Réseau National de Télécommunication pour la Technologie, l'Enseignement et la Recherche) est piloté  par le ministère de l'industrie, de la poste et des télécommunications. Chaque Académie dispose d'une ou plusieurs liaisons permanentes sur le réseau RENATER qui sont accessibles par les établissements via le réseau téléphonique, le réseau numéris ou les réseaux câblés.
Il faut noter qu'au départ, et c'est encore actuellement le cas dans certaines régions, la mise en place d'un réseau pédagogique se heurtait fortement aux coûts élevés des communications, ce facteur n'est pas à négliger car l'égalité d'accès des écoles aux infrastructures de télécommunication varie selon les régions.
Quant est-il plus précisément en Haute Savoie ?
 

3) Le réseau de Haute Savoie

3.1 Historique

        Depuis 1995, un projet de raccordement à l'Internet à été lancé dans le cadre d'un partenariat Education National, Conseil Général de Haute Savoie pour offrir un accès Internet à tous les établissements scolaires (écoles, collèges, lycées) de Haute Savoie.
Pascal  BOYRIES et Jean Claude ROSSIGNOL dans la revue "Enseignement Public et Informatique : EPI" (n°88, décembre 1997) expliquent que ce projet est en fait né à partir de la conjonction de quatre facteurs :

3.2 Les objectifs

        Il s'agit dans un premier temps d'expérimenter des situations d'apprentissage utilisant les possibilités du réseau Internet au service du développement des compétences des élèves. Dans un second temps, identifier pour les enseignants les apports pédagogiques et les enjeux de ces nouveaux outils et enfin participer avec d'autres écoles à des travaux et les diffuser.
Qu'en est-il concrètement ? c'est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.
 
 

III  LES ECOLES DE HAUTE SAVOIE

1) Présentation

        Le réseau regroupe 144 écoles élémentaires (maternelles et primaires), mais seulement  23 ont un site web. Je me suis particulièrement intéressée à ces dernières.Le bilan quantitatif suivant réalisé par Jean Claude ROSSIGNOL (gestionnaire du réseau) nous offre un aperçu :

Fin juin 1999, sur les 768 écoles, collèges et lycées public ou privés sous contrat que compte la Haute-Savoie, plus d’un tiers sont connectés à Internet dans le cadre du projet EdRes74.
Ce qui représente, pour l’enseignement public :
- 32,5 % des écoles élémentaires
- 95,5 % des collèges
- 100 % des lycées
Par ailleurs,
- 24 organismes dépendant de l’Éducation Nationale (Inspections, CDDP, IUFM, CIO, GRETA…) sont intégrés au réseau EdRes74.
- 80 écoles ou établissements disposent d’un réseau informatique connecté à Internet par le CRI d’Archamps : 7 écoles, 43 collèges, 25 lycées, 5 organismes
- 9 établissements ont mis en place un serveur de communication dans une première phase de test. A la rentrée 99, 18 autres seront installés, précédant la phase de généralisation.
Adresses électroniques
Plus de 1100 adresses électroniques ont été crées sur le serveur du CRI d’Archamps dont environ 600 pour des enseignants (dont 72 uniquement pour le lycée d’Argonay ! ).
A l’heure actuelle, on peut estimer à 800 le nombre de comptes créés, dans les établissements, sur les serveurs de communication, dont environ 400 pour des élèves.
 Site web
Un serveur web, hébergeant les sites des écoles, établissements et projets, a été mis en place dès 1996.
A ce jour, il représente 64 sites (23 sites d’écoles, 17 sites de collèges, 15 sites de lycées), soit plus de 400 Mo de données et 6000 pages html.
Il a enregistré une moyenne de 120 000 requêtes par mois depuis un an (avec une pointe de 240 000 requêtes au mois de mars 1999 dont 30 672 le lundi 29 mars 1999 ! ).
Bravo aux écoles d’Anthy, talonnées de près par le lycée Baudelaire…
Listes de diffusion
Une quinzaine de listes de diffusion ont été mises en place, soit fonctionnelles, soit pédagogiques..
 

1.1 Les différents sites :

        La plupart des sites ont été réalisés par les enseignants eux-mêmes, certaines exceptions pour certains où la participation des élèves n'est pas à négliger, notamment pour ce qui est de l'écriture des textes, du scannage des dessins ou photos (la programmation restant du ressort du professeur). On peut classer ces sites selon deux catégories :


Voici le classement de ces sites selon ces deux catégories :
 
 
Catégorie 1 
Catégorie 2
Ecole d'Annecy Vieux Pommaries
Bernex
Chevenoz
Cruseilles
Essert Romand
Gaillard Chatelet
Gruffy
Megève
Rumilly
Saint Julien en Genevois
Sallanches Blancheville
Seynod La Jonchère
Thônon Le Châtelard
Villaz
Ecole d'Allonzier La Caille
Anthy sur Léman
Chatel
Domancy
 Houche
Metz-Tessy
La Roche Plain Chat
Saint Sigismond
Thiez La Crête

        A l'origine tous les sites ont un objectif communicationel puisqu'ils fournissent tous en fin de page leur adresse e-mail. Mais j'ai distingué ces deux catégories car à partir du moment où des organismes publics s'investissent dans la construction d'un site au sein d'un réseau bien spécifique, c'est en vue d'une interaction  ou d'un travail collaboratif pas forcément permanent, mais au moins occasionnelle.
Il se trouve comme nous le montre la classification de ce tableau que ce n'est pas tout à fait le cas. Ce classement traduit en effet une certaine difficulté d'intégrer Internet  dans les activités scolaire (ou en tant qu'activité scolaire), cela confirme entre autre notre première hypothèse émise dans le chapitre 1 de notre projet c'est-à-dire que les diverses écoles se limitent souvent à une simple diffusion d'informations : le web est souvent utilisé dans l'objectif de présenter les travaux réalisés collectivement en classe et moins d'interagir pour travailler avec d'autres écoles.
L'intérêt principal d'un site est de favoriser le contact avec les visiteurs (écoles ou particulier). J'ai retenu quatre sites qui à mon avis vont dans ce sens. Regardons de plus près ce qu'elles nous proposent.
 

1.2 Activités et correspondances
 


Les activités qui peuvent être présentées améliorent à mon sens la qualité de l'éducation ; en effet, comme l'explique Rachel COHEN, dans son ouvrage "La communication télématique internationale" (p.145) : "les élèves sont mis en situation réelle de communication, traitent des problèmes vrais et développent ainsi des capacités d'échange et de coopération dans des contextes interdisciplinaires".
Outre les activités entreprises personnellement par les classes, ces dernières peuvent avoir accès à des listes de diffusion crées dans le cadre du réseau scolaire de Haute Savoie.

1.3 Les listes de diffusion
 


Ces trois listes de diffusion concernent les écoles et les collèges de la région et d'ailleurs, on a pu observer que la majorité des écoles participantes au sein du réseau étaient celles qui possédaient leurs sites web. Selon Pascal MILLEREY, c'est "un système particulièrement prometteur car il permet de mettre en œuvre une réelle situation d'apprentissage sur l'Internet : la mutualisation.  De plus le degré d'implication peut se moduler (de spectateur à animateur de la liste)". Cependant le principe de tels espaces au sein d'Internet reste la participation et l'animation plus que la simple observation.  Il faut bien distinguer que même si on utilise le terme de modérateur pour désigner les responsables de ces listes, il ne s'agit en aucun cas d'un forum, mais bien un espace d'échange autour d'activités d'écriture et de lecture, les conversations ne sont pas simultanées.
 
 

2) Les enseignants

2.1 Les formations

        Divers organismes sont intervenus dans la formation des enseignants, à commencer  par l'inspection académique en collaboration avec le centre de ressources informatiques d'Archamps. ; la formation a porté sur les aspects techniques de l'utilisation d'Internet (logiciels de messagerie, éditeurs de pages HTML, …). Le CDDP (Centre Départemental de Documentation Pédagogique) de Haute Savoie a quant à lui organisé des journées d'information qui ont porté prioritairement sur la recherche documentaire, les moteurs de recherche, la gestion de signets.

Le CDDP et le site d'Archamps  ont un rôle important, ils assurent un suivi technique et un accompagnement pédagogique (mise en place d'un serveur web, coordination de projets divers, organisation de forums, …).

2.2     Entretien  avec les enseignants

Un questionnaire a été envoyé par e-mail à une vingtaine d'écoles inscrites sur le réseau.
Ce questionnaire est composé de cinq questions qui portent essentiellement sur la communication :
1) Combien de temps en moyenne accordez-vous à votre site ?
2) Quels outils utilisez-vous pour vos correspondances ?
3) Avec qui correspondez-vous prioritairement : écoles du réseau, écoles hors réseau, autres, … ?
4)  Les activités construites au sein du site ont-elles forcément un objectif communicationnel ?
5)  Les élèves maîtrisent-ils facilement les outils de communication offerts par le web ?

Je savais à l'avance que plusieurs d'entre elles n'allaient pas y répondre. En effet, l'utilisation des ordinateurs à l'école n'est pas régulière,  certains y travaillent par période (lors d'activités précises ou pour la participation d'un projet),  mais d'autres par contre en font un usage peut-être pas quotidien mais au moins hebdomadaire. Ce sont ces écoles qui m'ont répondu.
Voici les réponses d'enseignants de quatre écoles du réseau : Gaston Bachelard, La Crête, Blancheville, Les Houches.
 

Réponse 1  : Le site de l'école : pas de mise à jour depuis 2-3 ans !!!. Mais nous avons un projet de nouveau site sur les Risques Majeurs, et je me prépare à y passer une heure par jour. (Sans compter le temps d'élaboration et d'écriture en classe avec les enfants). Je gère une liste de diffusion (intermot) Comme j'en suis le "modérateur", j
'ai surtout un travail pour inscrire et supprimer les gens qui m'en font la demande (1/4 h par jour).
Réponse 2  : Il y en a tellement : le plus souvent, on part d'un texte d'enfant. Si on le corrige collectivement, les outils sont d'abord la craie et le tableau avant le clavier et le logiciel (Netscape Communicator 4.5 et OutlookExpress 4 ou 5). Parfois on joint des dessins et des photos et là il faut un scanner et un appareil
 photo numérique.
Réponse 3 : C'est triste à dire, mais le réseau 74 n'est pas actif. Pour notre cas, nous utilisons des listes ciblées <intermot> pour les textes à contraintes, <acticem> pour les échanges entre enfants qui ont des maîtres travaillant en pédagogie Freinet. Pour mon compte personnel, je suis abonné à des listes pédagogiques (<ecolfr><freinet>,...) et je reçois beaucoup de contributions très formatrices.
Réponse 4 : les informations émises auront forcément des récepteurs,  nous sommes déjà dans une chaîne de communication, certes à sens unique, mais déjà ô combien valorisante pour les enfants.
Je me demande s'il peut en être autrement ? La pédagogie Freinet est aussi la pédagogie de l'expression et de la communication, car l'enfant, naturellement aime s'exprimer et communiquer.
Réponse 5 : L'école est là pour le leur apprendre, pas de manière scolastique, mais en situation réelle et fonctionnelle de communication. Réponse 1 : C'est extrêmement variable. Directeur d'une école à 5 classes et non déchargé, il y a des périodes durant l'année scolaire où je ne parviens pas à dégager du temps pour me consacrer au site de l'école.
J'attends alors les vacances pour rattraper mon retard ! A d'autres moments de l'année où les tâches de direction sont moins prenantes, je consacre à la maintenance du site une moyenne de quatre à cinq heures par semaine.
Réponse 2 : - Logiciel de messagerie "Outlook Express 5" pour la correspondance entre classes et entre enfants
                    - Logiciel de messagerie et de news "Forte Agent" pour le courrier personnel
                    - Logiciel de navigation "MSIE 5.0" et "Netscape Communicator" pour la navigation sur le web.
                    - E-mail et listes de diffusion pour les échanges de classe à classe ou d'enfant à enfant
                    - E-mail, listes de diffusion et forums pour les échanges entre adultes.
Réponse 3 : - Avec les écoles inscrites aux listes de diffusion "club-écolones" et "intermots" pour les échanges de classe à classe.
                    - Avec les adultes inscrits à la liste de diffusion "listecolfr" pour les échanges entre enseignants.
Réponse 4 : Il s'agit en général de mettre en ligne les productions des enfants tant dans le domaine de la production d'écrit que dans celui des arts plastiques. Les objectifs sont d'une part, de permettre à un certain nombre de gens (correspondants, parents, visiteurs occasionnels...)d'avoir accès à ce que nous produisons, d'autre part, de donner une motivation supplémentaire aux enfants pour leurs écrits et leurs dessins.
Réponse 5 : Un apprentissage est évidemment nécessaire, comme pour n'importe quel outil. Un logiciel de messagerie est assez facilement maîtrisable par des enfants de CM (9-11 ans).Quant à la composition des pages du site au moyen d'un logiciel de création de pages html, elle demeure pour l'instant essentiellement de ma responsabilité, indépendamment de la saisie des textes et de la scanérisation des dessins que les enfants peuvent réaliser eux-mêmes. Il me semble en effet que la mise en page elle-même exigerait des enfants beaucoup de temps et je ne suis pas certain que ce temps serait utilisé au mieux.
  Réponse 1 : A la création du site, plusieurs semaines ont été nécessaires. Maintenant, on se contente de le réactualiser chaque année et c'est beaucoup plus rapide.
Réponse 2 : Essentiellement e-mail et listes de diffusion (ecoles, intermot ).
Réponse 3 : surtout avec les écoles du réseau ou avec les écoles inscrites sur les
mêmes listes de diffusion.
Réponse 4 : je pense que oui puisqu'elles visent à nous présenter et à informer nos visiteurs.
Réponse 5 : oui pour la messagerie, non pour la recherche sur le web. Les moteurs de recherche ne sont pas assez sélectifs pour des primaires.
  Réponse1: Un ordinateur connecté dans la classe sur lequel les élèves travaillent par groupe de deux tous les jours ½ h suivant un emploi du temps affiché.
Réponse 2  : pas de réponse
Réponse 3 : les écoles inscrites sur les listes de diffusion
Réponse  4 : Actuellement nous assurons sur notre messagerie echouch un échange ponctuel du type S.A.V. (beaucoup de courriers en rapport avec notre site). Quelques propositions encore timides de travaux coopératifs apparaissent (concours, textes, préparation de classe montagne, création de CD-Rom).
Il faut bien reconnaître que la correspondance individuelle ne passionne pas les élèves (avis partagé par plusieurs collègues). L’activité reste artificielle. Le plus gros du courrier exploitable en classe vient des listes ; elles permettent de mettre en place des séquences qui renouvellent les approches et les types de recherche dans un cadre coopératif bien structuré.
Réponse 5 : oui dans l'ensemble.

2.3 Entretien avec le gestionnaire du réseau

        Pour avoir plus de précisions sur le fonctionnement du réseau des écoles de Haute Savoie, j'ai contacté Jean Claude ROSSIGNOL au CDDP d'Annecy, gestionnaire principal de ce réseau, l'entretien fut le suivant :

1) Toutes les écoles n'ont pas leur site web sur le réseau, pourquoi ?
Deux raisons
* La formation : tous les enseignants n'ont pas la compétence leur permettant de produire et mettre en ligne des sites web, ni l'envie...
* Le projet pédagogique : créer un site web est avant tout lié à des choix pédagogiques tout comme réaliser un journal scolaire... Certaines écoles ont d'autres projets, tous aussi intéressants et riches.

2) Quels sont les principaux outils de communication utilisés ? Principalement l'e-mail ou y a-t-il des forums de discussion,...
Les news ne sont pas utilisés, même si l'outil existe. Peut-être parce que nous n'avons pas fait porter la formation ni l'information là-dessus. Question de priorités. Par contre nous utilisons beaucoup les listes de diffusion dont certaines avec archives.

3) Est-ce que toutes les écoles disposent des mêmes outils de communication ?
Non, même si pour des raisons d'efficacité (éviter la dispersion, faciliter la formation, la maintenance logicielle) je conseille certains outils :
- Netscape
- Pegasus

4) Le projet a débuté en 1995 avec 44 établissements, qu'en est-il aujourd'hui ?
Voir le bilan quantitatif
 

3) Le réseau : intégration difficile

3.1  D'autres priorités

        Comme je l'ai dit plus haut, l'usage de l'outil informatique est extrêmement variable. Peu nombreuses sont les écoles qui se sont accordés un horaire fixe pour la connexion au réseau.  Le problème est de savoir comment intégrer l'usage d'Internet  au sein de la classe.
Il apparaît d'après les entretiens et l'observation des différents sites que les classes qui ont réussis à s'intégrer dans le réseau et donc qui ont réussi à communiquer régulièrement avec d'autres classes sont celles qui participent activement aux listes de diffusion. Comment peut-on expliquer cela ?

Ainsi en s'abonnant à ces listes certaines écoles ont su à la fois intégrer Internet tout en respectant leur programme scolaire.
C'est cette adaptation de l'usage d'Internet aux programmes scolaires qui peut permettre de donner un aspect communicationnel aux activités menées en classe.  Or de nombreuses écoles ne sont pas inscrites sur ces listes ou y participent de manière très irrégulière. D'autres facteurs interviennent, écriture, vocabulaire et lecture ne sont pas forcément des priorités pour certaines classes, il y a d'autres projets dans d'autres disciplines et qui nécessitent aussi que le programme scolaire soit fini.  Finir le programme scolaire est une nécessité pour chaque enseignant, c'est la raison pour laquelle  nous pouvons observer que de nombreuses activités reflètent cet objectif  en priorité, cela confirme ainsi notre quatrième hypothèse, à savoir que les activités pédagogiques n'intègrent pas forcément un aspect communicationnel : les activités mises en place par les équipes éducatives reflètent souvent un objectif d'apprentissage qui sous-entend entre autre la volonté de finir le programme de l'année scolaire. Cet objectif fausse le rôle communicationnel des activités via Internet.

3.2 Le courrier électronique

        L'outil de communication le plus utilisé est le courrier électronique, d'ailleurs comme l'explique Jean Claude ROSSIGNOL, la formation des enseignants a porté essentiellement sur cet outil.
Dans le domaine de l'éducation les outils peuvent être divers comme l'explique Linda HARASIM dans l'ouvrage "Learning Networks" :

Selon l'auteur l'e-mail facilite surtout la communication individuelle ou avec de petits groupes, par contre les conférences et les news s'adaptent mieux aux communications entre classes, les messages y sont moins isolés.   Nous avons montré dans le paragraphe précédent que l'organisation, les moyens et les contraintes des programmes influençaient énormément les activités sur le réseau ; dans ce contexte le courrier électronique est l'outil le plus facilement accessible aux élèves (de plus son apprentissage ne nécessite pas un grand investissement de la part de l'enseignant). Les entretiens ont montré que la messagerie était le seul outil utilisé, or  cet outil s'adapte plus à une communication individuelle d'une part et d'autre part la correspondance individuelle offre peu d'intérêt (elle peut être faite chez soi aussi bien pour l'élève que pour l'enseignant).
L'usage d'un forum au sein de ce réseau aurait peut-être permis un échange fructueux entre les élèves et mettre des classes face à face, mais ceci aurait demandé plus de connaissance et surtout de moyens. En effet certaines écoles ne disposent même pas de salle informatique mais juste quelques ordinateurs dispersés dans les classes.
Ainsi, comme nous l'affirmions dans notre seconde hypothèse,  les possibilités de communication  dépendent vraiment des outils utilisés, certes la messagerie est facilement accessible mais elle ne répond pas tout à fait aux objectifs d'un réseau scolaire, à savoir des échanges collectifs en tant réel. Les liste de diffusion compensent ce manque en permettant la communication entre plusieurs classes. J-C ROSSIGNOL et P. BOYRIES affirment que "la création des listes dans le projet EdRes 74 donne du sens à la mise en réseau des établissements, elle conduit les enseignants à échanger, à collaborer, donne à l'enfant le sentiment d'appartenir à une communauté" (revue Enseignement Public et Informatique").
Nous affirmions aussi dans notre troisième hypothèse que la communication n'était possible que si les écoles disposent des mêmes outils. Comme le courrier électronique (via Netscape ou Outlook express) est le seul outil (pas de listes de distributions, ni de bulletin board, ni de computer conferencing, chat, …). , notre hypothèse reste ainsi en suspend, elle n'est ni confirmée, ni infirmée.
 
 
 
 
 

CONCLUSION

L'utilisation du Net à l'école se fait au travers de trois types d'activités : la recherche documentaire, la création, d'un site et la correspondance. Concernant la troisième activité, on a pu observer que cela se faisait essentiellement par la messagerie. Les correspondances entre élèves sont rares d'une part car il n'y a pas au sein de ce réseau une base de données sur les élèves, quelques sites ont tenté de donner la parole à chaque élève pour se présenter mais il reste très peu nombreux. D'autre part, dans l'ensemble les élèves n'ont pas un accès libre au réseau, lorsqu'il s'agit d'allumer les ordinateurs de la classe c'est pour y travailler collectivement avec des directives précises (recherche, répondre aux courriers, ...).
Plusieurs autres écoles font partie du réseau de Haute Savoie mais n'ont pas de site web, elles sont mentionnées sur la page d'acceuil du réseau, mais on a aucune information sur ces écoles, même pas leur e-mail, là encore la notion d'échange est ignorée. Cela confirme comme l'a affirmé un des enseignants lors de nos entretiens que "le réseau scolaire de Haute Savoie n'est pas actif".
Cette implantation est difficile car elle demande beaucoup d'investissement de la part des enseignants et des élèves. Concernant les enseignants (outre les contraintes des programmes), changer le système habituel d'éducation ne va pas de soi, concernant les élèves la communication requiert des compétences particulières : si le courrier électronique leur pose peu de problèmes, les aspects intellectuelles de la communcation sont moins évidents (exploiter des documents, communiquer avec des élèves d'autres cultures, travailler en collaboration avec des partenaires éloignés).
Il faudra donc du temps pour que le réseau des écoles de Haute Savoie soit véritablement fonctionnel.
 

BIBLIOGRAPHIE

Les ouvrages :

"Learning Networks" Linda Harasim, Starr Roxanne Hiltz, Lucio Teles, Murray Turoff
"La Communication Télématique Internationale" Rachel Cohen, édition Retz, 1995

Les articles :

"Enseignement public et Informatique : EPI", n°88 décembre 1997
"Réseaux et multimédia dans l'éducation", Alain Gérard, 1997

Documentations on line :

Bibliothèque de l'Agora :  "Internet à l'école primaire" Laurent Dubois, juin 1997
                                        "On line and distance éducation" Betty Collis, Université de Twente, 1995



BOUZIDI KARIMA
Le 20/10/1999
STAF 18