ARGUE&GRAPH  STAF16
 
 

Le 23nov.-98
BOUZIDI Karima
 

Synthèse de la problématique soulevée  dans la question 2 : le statut de l’erreur
 
 

          On  dit souvent que l’erreur est humaine, néanmoins quelle est la place de cette erreur dans la conception des activités de l’apprentissage ?
Dans une première partie, on analysera les différents statuts de l’erreur en psychologie de l’éducation puis une seconde partie sera consacrée à un avis plus personnel.
 
 

          La conception empiriste qui peut être entre autres représentée par le béhavioriste Skinner, propose une démarche éducative où la connaissance, extérieur à l’élève, vient se «greffer » en quelque sorte sur ce dernier pour le former. Ce «greffage » où chaque connaissance s’associe à un comportement précis laisse peu de place à la notion d’erreur. En effet les béhavioristes partent du fait que l’élève «vierge » c’est à dire qu’il a tout à apprendre. Ainsi, à partir de cette conception, l’apprentissage s’effectue par association (entre un stimuli et un comportement) où chaque bonne réponse est renforcée positivement. Il est donc préférable de présenter à l’apprenant des activités qui facilitent la réussite.
Les béhavioristes ne voient donc guère l’utilité des notions telles que la prise de conscience, l’intention ou encore la compréhension.
Parallèlement, les psychologues cognitivistes dont Jean Piaget est un des représentants, considèrent la conception empiriste de l’apprentissage comme  étant trop mécanique où y est facilitée l’acquisition des habitudes. Les cognitivistes définissent une conception interactionniste de l’apprentissage entre des facteurs internes (le développement héréditaire) et des facteurs externes (l’influence du milieu social), ainsi l’apprenant participe à la construction de ses connaissances (on parle de constructivisme psychogénéticien). Cette construction suppose une assimilation puis une accommodation des activités mentales aux données de l’environnement. Un tel modèle, contrairement au béhaviorisme suppose l’existence de représentations mentales inobservables immédiatement . L’erreur prend donc un tout autre statut, non seulement elle est possible, mais aussi nécessaire car l’apprentissage ne repose plus sur une simple association entre un stimuli et une réponse, il se construit à partir de représentations mentales préexistantes qui peuvent être erronées.
 
 

          Certains parents, voire des enseignants ou même parfois certains élèves recourent en permanence à une pseudo théorie des inégalités naturelles pour expliquer la réussite ou l’échec d’un apprentissage. Ainsi cette vision qui prédominait dans les écoles du début du siècle plaçait l’enfant en difficulté comme un enfant « hors norme » . Aujourd’hui comme le confirme les résultats de la question 2, l e concepteur des activités d’apprentissage intègre les possibilités d’erreur (en dosant notamment les difficultés) car ces dernieres permettent justement l’apprentissage. Cependant, à mon avis, il est important de définir le type d’apprentissage lui-même pour pouvoir donner tel ou tel statut de l’erreur et doser les difficultés.
L’apprentissage classique où il s’agit d’apprendre une règle (mémorisation) puis de l’appliquer par des exercices laisse peu de place à l’erreur (par exemple, la différenciation entre «a » et «à » en orthographe grammaticale), soit c’est juste, soit c’est faux. Par un apprentissage plus ouvert ( les situations de résolution de problème entre autres) suppose des activités plus difficiles car l’un des objectifs du concepteur c’est de permettre à l’apprenant de prendre conscience de l’erreur de ses propres représentations mentales.
Ainsi, on note que selon le type de connaissance mise en jeu, les activités d’apprentissage peuvent se fonder soit sur le modèle béhavioriste, soit sur le modèle constructiviste ; d’où la nécessité dans un logiciel éducatif de varier les activités selon le type d’apprentissage.
L’erreur n’est pas une perturbation, elle devient source d’objectifs pédagogiques , l’auto évaluation (par une série de questions judicieuses) doit permettre à l’apprenant de prendre conscience de ses erreurs pour évoluer dans la connaissance. Ainsi le concepteur des activités d’apprentissage doit toujours avoir une attitude qui le renvoie aux capacités de l’apprenant, à ses questions, à ces éventuels problèmes, bref à la façon dont il conçoit résoudre l’activité.
 
 

          L’erreur, si elle est actuellement acceptée par tous comme intégrant le processus d’apprentissage, ne doit pas cependant laisser l’apprenant seul face à lui-même,  un questionnement (pistes, aides,...) doivent lui permettre de surmonter ses difficultés, ceci lorsqu’il se retrouve seul devant son ordinateur, en effet ce questionnement doit en fait remplacer l’entretien que l’élève aurait pu avoir avec l’enseignant sur ses erreurs.
 
 

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