Introduction
Intelligence Artificielle
: son objet d’étude
Enseignement
Intelligent Assisté par Ordinateur
Statut de l’ordinateur
Conclusion
Professeur des sciences de l’éducation Monique LINARD est chargée de mission aux nouvelles technologies à l’université de Paris X Nanterre. Son ouvrage « Des Machines et des Hommes « traite de l'apprentissage au moyen des nouvelles technologies. Nous nous intéresserons plus particulièrement au chapitre VI de cet ouvrage intitulé « Enseignement intelligent assisté par ordinateur (EIAO) et intelligence artificielle ». Nous présenterons ce chapitre sous forme de trois parties : une première partie traitera des raisons de la naissance de l'intelligence artificielle, une seconde de son rapport avec l'enseignement et enfin une troisième partie soulèvera le problème du statut de l'ordinateur.
L’intelligence artificielle est une branche
de l’informatique spécialisée dans la simulation des activités
intelligentes, elle s’inscrit dans les sciences cognitives. Les pionniers
de cette branche sont entre autres G.NEWELL et H.SIMON qui au début
des années cinquante exposent aux Etats Unis leur premier
programme de démonstration automatique de théorèmes
(the logic theory machine), mais c’est à J.MAC CARTHY que l’on doit
le terme « d'Intelligence Artificielle ». A cette époque
l’informatique pris un statut plus « cognitif », ainsi l’ordinateur
ne pouvait se limiter à ne traiter que des nombres mais des symboles
aussi.
L’ambition de simuler le raisonnement (par déduction, induction
ou analogie), les capacités d’abstraction et de représentation
devenait donc un grand projet. Monique LINARD se demande cependant si une
représentation totale du raisonnement humain est possible sur les
ordinateurs actuels. Deux tendances en intelligence artificielle répondent
plus ou moins a cette question. La tendance minimaliste dont les programmes
ont pour but de tester simplement le comportement cognitif humain et une
tendance maximaliste dont les programmes beaucoup plus développés
cherchent à montrer que les ordinateurs peuvent disposer de véritables
« états cognitifs » (tendance soutenue par G.NEWELL
et H.SIMON). Historiquement ces deux tendances ont toujours coexisté
et furent l’objet de nombreux débats. L’un de ces débats
porte notamment sur les possibilités réelles d’enseignement
grâce aux ordinateurs.
L’enseignement intelligent assisté
par ordinateur se détache des principes béhavioristes de
l’apprentissage pour considérer l’apprenant comme une personne qui
participe à l’élaboration de ses connaissances. L’auteur
parle d’orientation cognitiviste de l’intelligence artificielle.
Ainsi, on a vu naître des programmes beaucoup plus interactifs
et qui ne se limitaient plus simplement aux modèles mathématiques
(calculs, géométrie, …).
La résolution de problème est un bon exemple de cette
orientation. G.NEWELL et H.SIMON distinguèrent dans tout problème
un espace « tâche » et un espace « problème
». Le premier est la « description objective donnée
du point de vue de l'observateur extérieur et définissable
en termes d'ensemble des états possibles et de transformations de
ces états en vue de l'atteinte progressive de l'état final
souhaitée en termes d'objectifs et de sous-objectifs ».
L’espace problème quant à lui est « la représentation
subjective du problème par l'individu qui doit le résoudre
et qui est fonction de sa représentation de l'énoncé
et de ses connaissances antérieures » (chapitre I, p.29).
L’espace tâche définirait donc un parcours idéal
de l’apprentissage, l’espace problème dépendrait des représentations
et moyens de chaque individu. Or la correspondance entre ces deux espaces
en EIAO n’est pas toujours évidente selon Monique LINARD.
L’apparition des systèmes experts comme programme qui tiennent
compte de l’interactivité semble être une réussite
en EIAO, ceci par sa capacité de raisonnement, de proposition de
solutions, de détections des erreurs entre autres. Cependant l’auteur
fait remarquer que « le raisonnement d'un système expert (en
tant que système pointu) n'est pas comparable à celui d'un
apprenant débutant »(p.127). Ainsi, à la différence
des programmes pédagogiques tels que LOGO ou SMALLTALK, les systèmes
experts sont opérationnels que si certains savoirs sont déjà
acquis, leur objectif n’est pas vraiment pédagogique. Parmi tous
les programmes possibles, on peut donc se demander quel est le statut de
l’ordinateur.
Monique LINARD cite T.O’SHEA et J.SELF, auteurs
notamment de « Learning and Teaching with Computers : Artificial
Intelligence in Education » (1983), pour qui l’utilisation de
l’ordinateur dans l’enseignement diffère selon que l’ordinateur
a un statut de « tuteur » ou de « partenaire ».
Dans le premier cas, l’ordinateur joue le rôle de l’enseignant (c’est
le cas de certains didacticiels et des systèmes experts). Dans le
second cas, l’ordinateur est un outil d’apprentissage puisque l’apprenant
est en situation de découverte (tel que le langage LOGO).
Les auteurs continuent d’expliquer que l’enseignement où l’ordinateur
est tuteur suppose la définition d’un « modèle »
de l’élève et des stratégies pédagogiques ;
or cela ne va de soi.
En effet, les différenciations individuelles de chaque apprenant
rendent difficile la mise en place d’un modèle de l’élève.
Monique LINARD se demande ainsi : «comment un bon didacticiel
peut-il prendre en compte les intêrets et aptitudes d"un étudiant
? ».
En EIAO, l’approche où l’ordinateur est partenaire semble moins
problématique, elle permet de définir une réelle pédagogie
de soutien. Cette dualité entre les deux statuts de l’ordinateur
(tuteur ou partenaire) sous-entend une dualité plus générale
en Intelligence Artificielle où selon S.MOSCOVICI « une
rationalité informative scientifique à la fois s'oppose et
se complète à une rationalité représentative
de sens commun ».
La raison humaine ne se limite pas à une série de calculs, de même qu’en sciences humaines, les notions de symbole, de représentation sont primordiales en intelligence artificielle. Tous les outils conceptuels (systèmes experts, hypertextes, programmes spécifiques, …) rendent compte de la dimension sémantique et représentationnelle de la connaissance. Ainsi, les nouvelles technologies doivent être de véritable partenaire d’intelligence.