Rapport sur le projet

Projet sur un groupware pour cours-séminaires

Vers page travaux

Présentation du projet

Dans ce premier chapitre, il est principalement question de présenter ce projet de "groupware pour cours-séminaires" très globalement, d'en décrire les grandes lignes. Nous verrons aussi quelques points sur l'approche adoptée ici, ainsi que le contexte dans lequel s'inscrit le projet. 

Introduction

D'une manière très générale, et à la limite schématique, ce projet consiste en une analyse des groupwares dans un environnent éducatif ou pédagogique. Cette introduction a pour but, entre autres, de présenter les spécificités de cette analyse.

Tout d'abord, il s'agit plutôt d'une analyse théorique, dans le sens d'une réflexion relativement abstraite sur des enjeux de fondements, de validité, qu'une analyse évaluative à proprement parler, où il serait question de comparer un certain nombre de dispositifs dans l'optique de définir leurs défauts et mérites respectifs. Ce n'est évidemment pas dévaluer ce dernier type d'analyse qu'opérer cette distinction, ni même prétendre que la théorie lui est complétement étrangère, non, il s'agit bien de préciser d'emblée au lecteur que s'il s'attend à trouver ici un état des lieux des groupwares en activité, il fera mieux de se reporter sur d'autres sources.

Ensuite, cette analyse se veut dialectique, au sens où on la définit au niveau de l'éducation secondaire, à savoir : " thèse, anti-thèse, synthèse ". Dans une première partie, il s'agira de mettre en évidence les principaux, selon moi, arguments en faveur des groupwares ; y seront mélangés des considérations personnels et des " choses " entendues ci et là, ce chapitre aurait pu d'ailleurs s'intituler " pourquoi c'est bien et ce qu'on peut en attendre ". Dans le chapitre suivant, nous verrons donc les argument in contro qui consisteront essentiellement en une série de difficultés que peuvent rencontrer les groupwares dans leur utilisation, et les empêcher souvent d'atteindre leurs (trop) nombreux, et souvent (trop) optimistes, objectifs. Un troisième chapitre viendra naturellement opérer la synthèse, dans laquelle, pour l'essentiel, je chercherai à définir ce que l'on peut raisonnablement espérer des groupwares et les moyens qu'il faut se donner pour concrétiser ces espoirs.

Enfin, ce projet d'analyse, au premier abord très théorique, se veut aussi, dans une moindre mesure bien entendu, un projet de développement. En effet, sur la base des enseignements tirés du chapitre synthétique, il a été conçu une maquette de groupware, insérée dans un dispositif pédagogique en voie d'élaboration (environnement intégré).

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Thématique

Comme il aura été maintenant compris, le thème de ce projet est le groupware de type éducatif ou pédagogique. Nous adopterons de ce dernier une définition assez large, nous entendrons en effet par groupware un ensemble d'instruments, basés sur les technologies associées à l'internet, mises à disposition d'une communauté d'utilisateurs dans le but d'établir, et surtout de maintenir, une communication. La facture pédagogique du projet particularise le groupware dans le sens que la communauté d'utilisateurs est structurée selon une relation dominante d'enseignant-enseigné (excusez le barbarismeJ ); cette relation sera d'ailleurs au centre de la refléxion, une des questions, ou un des enjeux, de ce travail étant d'en définir la substance éducativement optimale, à savoir s'il est préférable de s'orienter vers une approche client (conception en termes d'offreurs et demandeurs de connaissances), hiérarchique (les droits du maître, les devoirs de l'élève) ou open-learnig (que je qualifierais de collaborative égalitaire).

Quant à la communication, dont la nature dépend fortement du type d'approche relationnelle qui est privilégiée, elle constitue évidemment l'enjeu primordial. D'un point de vue très général, une des grandes questions autour des nouvelles technologies de l'information et de la communication, est de savoir quel(s) type(s) de communication(s) - car la communication n'est jamais une - ces dernières permettent, et surtout, pour certains "social scientists" en tous cas, dans quelle(s) mesure(s) cela constitue un progrès ou non par rapport aux canaux traditionnels de communication. Au niveau plus "régional" de ce projet, ma thématique, et non plus simplement le thème, sera en quelque sorte de reprendre cette problématique et de l'appliquer aux groupwares, ce qui n'implique pas qu'il y ait possibilité d'inférence du particulier au général Ainsi s'agira-t-il d'esquisser des réponses à des questions telles que: que pouvons-nous attendre des groupwares? En quoi cela permet-il d'améliorer, si cela l'améliore, l'enseignement traditionnel?

Pour traiter de cet enjeu, je propose d'utiliser la métaphore du village. En effet, cette expression très en vogue (village global, village planétaire), au-delà de la fonction trop souvent apologétique et auto-légitimatrice qu'on veut lui faire jouer, me semble pointer sur un élément essentiel des processus de communication dans le monde moderne, celui du lien social et de sa tension inhérente entre communauté et individualité. Déjà conceptualisée par Tönnies à la fin du XIXème siècle, au moyen de sa distinction entre gemeinschaft et gesellschaft, cette problématique des principes de régulation(s) sociale(s) reste d'une entière actualité, en témoigne le vif débat américain entre communautariens et libertariens (sans oublier les néo-républicains), et à mon sens ne saurait laisser de côté les nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Enfin, concernant les instruments sus-mentionnés, ils sont très nombreux: newsgroups, forums, blackboard, agenda, post-it, e-mail, et ainsi de suite, et on peut tout à fait en imaginer nombre d'autres. Pour ma part, du fait du contexte du projet, de sa taille et de la thématique adoptée, je me concentrerai essentiellement sur deux instruments en particulier, les forums et les e-mails. En effet, d'une part je ne pense pas que le traitement des autres instruments apporte grand chose à l'analyse théorique qui s'attache surtout aux principes sous-jacents; d'autre part, je crois, dévoilant ainsi une de mes conclusions, que du point de vue de l'efficacité pédagogique la multiplication des moyens de communication n'est pas une stratégie très prometteuse, à savoir qu'en la matière il y a gain marginal fortement décroissant, voire négatif au-delà d'un certain seuil.

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Cadre de validité

Comme je l'ai déjà laissé entendre mon projet ne vise pas à mener une analyse globale des nouveaux médias en général. Premièrement il se limite à la sous-branche des groupwares, et à l'intérieur de ces derniers aux environnements éducatifs ou pédagogiques. Ces deux limitations restreignent, ou plutôt définissent, par nécessité le cadre d'application, de validité des conclusions et déjà des constats qui pourront se dégager de ce travail.

Mais à ces deux premières barrières il faut encore en ajouter une troisième, tout aussi importante, qui a trait au type d'enseignement, moins par rapport à la matière enseignée qu'à la structure organisationnelle de l'enseignement. En effet, le cadre d'analyse est ici représenté par le cours ex catedra de niveau supérieur (type université) auquel est rattachée une série de séminaires, variant selon les effectifs et les ressources humaines et financières à disposition.

Ce qui rend spécifique ce type d'enseignement est essentiellement triple. Premièrement, le public auquel s'adressera, ou par qui sera utilisé, le groupware est déjà d'un niveau élevé de formation, ce qui n'en fait pas forcément des génies pour autant, mais des individus à qui il est théoriquement possible de demander un minimum d'effort (surtout que formellement ils se trouvent dans une situation d'engagement volontaire). Ensuite, ce que je propose d'appeler en raccourci un "cours-séminaire" fournit deux types d'enseignements assez différents, en principe un plus théorique, axé sur l'acquisition de connaissances, dispensé par le professeur lors du cours, l'autre plus pratique, axé sur l'utilisation des connaissances, dispensé par les assistants dans le cadre des séminaires (j'insiste sur le caractère théorique, voire idéel, de cette description). Enfin, nous avons trois types d'acteurs en présence, pourvus d'attentes et de droits-devoirs très différents, sans entrer dans le détail des différences à l'intérieur des groupes.

Au final, lorsque sont prises en compte ces trois particularités, nous obtenons un cadre d'analyse tout à fait spécifique, mais d'une certaine complexité déjà, au vu du nombre de relations communicationnelles potentielles. C'est d'ailleurs sur ces différents niveaux possibles d'interactions et leur envisageable gestion que je porterai particulièrement mon attention.

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Scénario de référence

A côté de ce cadre d'analyse théorique, se trouve un cas concret qui servira de scénario de référence tout au long du projet. Il s'agit du cours d'Uitlisation Des Ordinateurs en sciences sociales (UDO) dispensé par le professeur Horber. Ce cours correspond tout à fait à la définition du cours-séminaire et constitue un bon scénario pour de nombreuses raisons, dont je ne présenterai ici que les principales:

  • Masse critique: (j'anticipe encore une fois sur mes conclusions en considérant que le genre de dispositif dont il est question n'est raisonnable qu'à partir d'un certain nombre d'utilisateurs) UDO compte environ 150 étudiants qui se distribuent entre cinq séminaires d'environ 30 personnes, ces derniers étant obligatoires.
  • Claire division du travail: comme dans le modèle exposé ci-dessus, le cours traite de la théorie et les séminaires s'occupent de la partie pratique, avec la particularité supplémentaire de fournir des travaux pratiques réalisés en salles informatiques sous la supervision de l'assistant.
  • Contrôles continus: l'avantage de procéder à trois évaluation, sous formes de test, durant le semestre réside dans le fait que le rythme de l'enseignement est soutenu et que l'on peut compter avec des effectifs assez constants.
  • Ressources électroniques: si le support principal du cours demeure le polycopié, un centre de ressources, comprenant entre autres des modules pédagogiques, est en phase d'élaboration-réalisation; ce dernier pourrait ainsi servir d'environnement dans lequel s'intégrerait le groupware.

Ces différents points, ainsi que l'expérience personnelle de l'auteur dans l'enseignement de cette matière, font d'UDO l'exemple idéal pour la mise en perspective des analyses plus théoriques.

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Niveau d'analyse

Sur la base des paragraphes précédents, on aura peut-être compris que l'analyse sera menée sur deux niveaux. Le premier, que l'on pourrait qualifier d"abstrait", est défini par le cadre de validité défini ci-dessus, le second, relevant plutôt de l'illustration, correspond au scénario de référence qui vient d'être exposé.

La répartition entre ces deux niveaux devrait s'effectuer de la manière suivante: l'analyse aura principalement lieu au niveau théorique, le niveau concret devant surtout intervenir dans l'optique d'étayer un argument ou de rendre plus parlante telle ou telle analyse. D'autre part, je chercherai toujours à distinguer ce que l'exemple utilisé peut avoir de particulier et ce qui, tout en lui étant irréductiblement propre, peut être généralisé aux cours-séminaires dans leur ensemble.

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Utilité et objectifs

Dans ce deuxième chapitre, il s'agira de défendre l'idée selon laquelle les groupwares peuvent constituer un apport substantiel à l'enseignement traditionnel dans le cadre des cours-séminaires. Je commencerai par une argumentation très générale, en essayant d'exposer certains grands principes qui permettent de soutenir cette position. Dans un deuxième temps, je passerai en revue quelques argument plus spécifiques en faveur des groupwares.

Pertinence du Groupware

Dans la foulée de l'engouement pour l'internet, et pour tout le développement du multimédia, les groupware n'échappent pas à l'idéée qu'en tant qu'instrument supplémentaire, ils constituent une richesse de plus et donc un progrès qui vient pluraliser les choix.

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Enseignement perfomant

Un volet important de la légitimité du groupware réside dans le fait qu'il constitue un instrument de plus à la disposition de l'enseignant, et qu'en ce sens il représente une potentialité d'améliorer l'enseignement dès lors que l'on peut lui trouver un usage. Ainsi, puisqu'il s'agit d'une nouveauté qui par définition n'existait pas avant, le groupware ouvre nécessairement de nouvelles possibilités. Parmi celles-ci, on peut noter les suivantes:

  • Meilleure information: pour tout ce qui a trait à l'organisation, du cours mais surtout des séminaires, on est assuré de toucher tous les interessés. Il n'est du coup plus nécessaire de répeter à plusieurs reprises la même information pour essayer de tenir compte des retardataires ou de la fluctuation de l'audience en termes de personnes présentes.
  • Décharge: certains aspects de l'enseignement souvent pénibles, et pour l'enseignant, et pour l'enseigné, pourraient être déchargés du cours au profit d'informations électroniques, cela devant permettre de se concentrer sur le saspects plus fondamentals de l'enseignement. Si l'on prend l'exemple d'UDO, une partie des séances est consacrée d'une part à corriger les exercices qui ont été réalisés lors de la séance précédentes, d'autre part à présenter ce qui est au programme de la journée, ce qui revient le plus souvent à consacrer du temps à présenter les syntaxes et les modifications qu'il faudra apporter à l'exemple du polycopié. Ce genre d'informations pourraient très bien être reportées sur le réseau.
  • Reflexion et concertation: en faisant passer un certain nombre de questions par des forums ou des e-mails, on donnne à l'enseignant la possibilité de vérifier que la réponse qu'il aurait donné a priori soit effectivement correcte, ou encore d'approfondir la question ou d'illustrer sa réponse. Il peut aussi consulter ses collègues par exemple. Ce point est particuliérement intéressant pour les assistants qui souvent ne maîtrisent pas forcément parfaitement la matière et sont plusieurs à donner le même enseignement; cela leur permet, par la concertation, d'une part d'éviter des erreurs, de l'autre d'acorder leurs violons, de façon que des informations contradictoires ne soient dispensées d'un groupe de séminaire à l'autre.

Dans l'ensemble, du point de vue de l'enseignant, les groupwares sont en quelque sorte tout bénéfice, puisqu'en bonne partie, ils lui offrent des possibilités nouvelles, sans pour autant l'obliger à les utiliser en toutes circonstances.

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Apprentissage facilité

Aux avantages que procure le groupware du côté enseignant dans l'optique de perfectionner sa tâche, correspondent, un peu comme par effet de miroir, les avantages que peuvent retirer les étudiant du point de vue de leur aprentissage. Ainsi peut-on mentionner:

  • Support supplémentaire: en diversifiant les sources d'informations et les supports pédagogiques, on donne des possibilités supplémentaires à l'étudiant d'acquérir la matière, ce qu'il n'a pas compris dans tel cadre, peut-être le saisira-t-il au travers d'interventions dans le forum par exemple. En un certain sens, on procède de la sorte à une extension de l'offre pédagogique, ce qui équivaut à une liberté accrue du point de vue de l'étudiant.
  • Canal supplémentaire de communication: même dans les cas de séminaires assez intenses, les occasions pour les étudiants de poser des questions sont relativement limité, ce qui fait par exemple que lorsque l'opportunité enfin se présente, ils ont peut-être, entre-temps, été contraints de passer à autre chose. Par l'introduction d'un groupware, on permet de remédier à ce genre de problèmes puisque l'étudiant peut à tout moment faire part d'une difficulté, d'un problème; et si une gestion efficace est mise en place, l'étudiant peut s'attendre à se voir répondre assez rapidement, ce qui éviterait certains cas de "blocage".
  • Verbalisation: une des qualités indirectes des groupwares est d'obliger la personne désireuse de soumettre une difficulté de l'écrire et donc, dans une certaine mesure en tous cas, de le conceptualiser. Dans de nombreux cas, par cette simple démarche, l'étudiant parvient à solutionner son problème.
  • Collaboration: les forums principalement peuvent avoir un effet stimulant sur la collaboration entre étudiants selon deux cas de figures au moins; d'une part, il y a la situation où un étudiant discret, car "complexé", va se rendre compte qu'il n'est pas seul, et loin de là, à éprouver des difficultés, ainsi risque-t-il de sortir de sa réserve; de l'autre, les forums permettent, partiellement au moins, de se faire une idée de la distribution des compétences au sein de la communauté étudiante et donc éventuellement de savoir à qui il serait possible de demander un coup de main.

Donc, un peu comme dans le cas de l'enseignement, le groupwar pourrait contribuer à l'amélioration de l'apprentissage, en augmentant les moyens des étudiant par le bien d'instruments supplémentaires.

 

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Flexibilité et autonomie

La flexibilité et l'autonomie sont des concepts très en vogue et sont souvent invoqués comme qualités essentielles des nouvelles technologies de l'information. Plusieurs points peuvent être avancés à l'appui de cette thèse.

  • Rythme personnalisé: cet argument est d'ordre plus général mais permet d'y inclure la question des groupwares, à savoir que le report d'une partie conséquente de la matière du cours et des séminaires sur des dispositifs ou supports externes permet d'adapter, dans des mesures variées, l'apprentissage au rythme de l'étudiant. Ce dernier a en effet le loisir de revenir sur certains aspects, ou à l'inverse d'en sauter d'autres, flexibilité qui est difficilement envisageable dans un séminaire de trente personnes, et à moins forte raison dans un cours de cent-cinquante.
  • Travail à distance: en plus du rythme, l'introduction de groupwares autorise aussi une plus grande mobilité géographique, l'étudiant ayant un moyen efficace de communication accessible depuis n'importe où.
  • Développement de l'autonomie: Par la recherche d'informations, par la gestion de sources et ressources diverses, l'étudiant s'habitue à s'organiser dans son travail, il devient plus autonome. A terme, on peut même espérer qu'il acquière une véritable méthode de travail qui puisse lui servir dans de nombreux autres domaines.
  • Adaptabilité des enseignants: grâce au groupware, les assistants peuvent adapter partiellemeent le déroulement des timing ou des exercices selon les besoins qui s'expriment dans les séminaires. On peut imaginer par exemple un sujet pour lequel l'exercice s'avère très difficile ou mal formulé, l'assistant pourrait alors améliorer la question ou fournir des exercices supplémentaires.

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Rationnalité et économie(s)

Dans une optique de politique d'enseignement, un argument qui vient souvent à l'appui de la médiatisation de l'enseignement est sa rationnalité, non plus liée cette fois à la qualité de l'enseignement en tant que telle, mais plutôt aux conditions structurels et organisationnels dans lesquelles l'enseignement à lieu. Le recours à ce type d'arguments est évidemment fortement fluctuant selon la conjoncture économique, l'enjeu de la réduction des coûts de fonctionnement devenant saillant en périodes de restrictions budgétaires.

Gain de temps: l'enseignement pouvant être partiellement déchargé sur un support informatique, c'est tout ça que les enseignants récupèrent de temps. Dans cette perspective, suivant l'orientation idéologique, on peut réallouer ces ressources temporelles dans la fourniture de nouveaux services, ou alors on peut supprimer des postes, et par là diminuer les charges salariales.

Economies de papier: on peut imaginer au moyen des groupwares ne plus avoir à distribuer de support papier, même les fameux polycopiés qui accompagnent si souvent les cours pourraient être progressivement distribués électroniquement, tout au long de l'année ou du semestre.

Ces arguments ont évidemment une portée quelque peu limitée dans le cadre d'analyse du présent projet, puisqu'ils s'appliquent surtout à la perspective de l'éducation à distance. Néanmois, si les groupwares ne peuvent pas, par leur seul impact, remettre fondamentalement le cours-séminaire en cause, ils peuvent y contribuer en tant qu'instrument à l'intérieur d'un dispositif plus large.

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Difficultés

Dans ce chapitre qui fait contre-poids au précédent, nous allons nous attarder cette fois sur des arguments, des interrogations qui cherchent à remettre en question le bel optimisme qui ressort du tableau dressé ci-dessus.

Un instrument limité

L'idée ici n'est pas de simplement reprendre un à un les arguments favorables à l'utilisation de groupwares dans le cadre de cours-séminaires, pour leur opposer à chaque fois un argument exactement contraire. Plutôt que de mener une attaque en règle contre ce type de dispositifs, il s'agit plutôt, à partir des points énoncés dans le chapitre précédent, de montrer qu'il existe un nombre importants d'aspects demeurant problématiques et face auxquels les groupwares n'ont pas forcément de réponses à apporter, qu'ils ne sont pas nécessairement l'instrument adéquat à ces niveaux.

Les deux axes principaux de la reflexion qui s'esquisse ici sont d'ordre, respectivement, technico-sociologique et normatif. Le premier élément, qui sous-tend partie des points exposés ci-dessous, réside dans l'idée (constat?) que toute technologie nouvelle, de par son inscription dans une évolution et un contexte de pratiques sociales, est soummise à des limitations et des contraintes largement au-delà de celles qui lui sont inhérentes. Le second élément aspect consiste à remettre en question, non pas à la nier a priori, l'idé(ologi)e selon laquelle il y a systématiquement mise en équation de la croissance quantitative et qualitative (plus, c'est mieux). Cette ligne argumentative n'implique évidemment pas une retombée dans un passéisme bucholique, mais plutôt recherche une distance critique vis-à-vis de la "nouveauté", spécialement lorsqu'elle s'immisce dans des domaines aussi fondamentaux que l'éducation et la formation. Le corrélat de cette approche critique est évidemment de ne pas considérer que jusqu'à présent tout va bien et qu'il s'agit juste de préserver un "patrimoine", l'éducation traditionnelle ne devant pas éechapper à l'examen.

Ainsi, comme pour le chapitre précédent, je vais passer en revue une série d'arguments, de problématiques qui pousseraient plutôt au scepticisme quant à l'apport que pourrait représenter l'introduction de groupwares au niveau des cours-séminaires.

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Une production virtuelle?

Un premier aspect que je trouve très important, bien qu'il me semble que l'on commence à en avoir un peu plus conscience, c'est que si le monde de l'informatique est dit "virtuel", la production des biens et services qui rendent ce monde vivant elle ne l'est pas.

En d'autres termes, le travail nécessaire à la mise en place et l'entretien de systèmes de communication est souvent très largement sous-estimé. Il est évidemment possible d'acquérir des instruments prêts à l'emploi, mais, au-delà du problème potentiel du coût, ce genre de produits sont par définition standardisés, ne tenant pas en compte compte les besoins dans toutes leurs spécificités. Point qui me paraît d'autant problématique que le succès de systèmes de communication dépend à mon sens fortement de leur capacité à paraître naturels (la référence demeurant je crois la discussion entre égaux). Ainsi, plus l'outil sera dessiné selon son contexte d'utilisation, plus ses chances d'être adoptés par les acteurs seront élevées.

 Du point de vue de l'enseignement, on ne peut donc pas trop compter sur l'introduction de groupwares pour "gagner du temps", surtout à moyen terme, durant les phases de réalisation et de rôdage du dispositif. De plus, comme on le verra plus en détails avec les points suivants, la mise en place est une chose, l'entretien en est une autre.

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La nécessaire animation

Dans la droite ligne de l'argument précédent, la pratique nous a appris, dans le cas plus spécifique des forums, mais c'est sûrement partiellement valable pour des dispositifs plus importants comme des campus, qu'il n'y pas de forums sans animation. C'est-à-dire, qu'au départ déjà, les acteurs doivent être incités à se rendre dans le forum, puis à y revenir, et finalement à y participer. Ce qu'il vaut bien comprendre par là, c'est qu'il est naïf, voire dangereux, de tabler a priori sur le développement spontané d'une dynamique à l'intérieur d'un forum. Et à nouveau, cela signifie du travail et de l'investissement supplémentaire. En ce sens la mise à disposition de canaux de communication est une condition nécessaire à celle-ci, mais ne saurait êtr une condition suffisante.

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Impersonnalité et anomie

Par rapport aux problèmes de communication, on peut considérer aussi que l'utilisation de groupware vise à substituer un type de communication par un autre et qu'il faut s'interroger sur la qualité de celle-ci. En effet il est indégnable que l'échange d'e-mails n'est pas semblable à une interaction réelle, et qu'il s'agit de comparer les avantages et les inconvénients dans la perspective de l'enseignement. Ainsi peut-on craindre une impersonnalisation des rapports enseignant-enseigné.

Par ailleurs, et d'une manière plus générale, on peut considérer qu'il n'est pas très rationnel de recourir à une médiation électronique dans les rapports d'enseignement, car finalement on obtient une plus grande flexibilité dans le cadre de rapports de communication orale, et ces derniers sont aussi beaucoup plus efficaces en termes de rapidité.

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Flexibilité ou loi de la jungle?

Quant à la flexibilité, il y a des chances qu'elle ne profite en fin de compte qu'aux personnes qui sont déjà avantagés par de meilleures prdispositions, qui ont plus de ressources dans la matière enseignée. L'encouragement de l'autonomie est en ce sens très avantageuse et intéressante pour les étudiants qui sont déjà plus ou moins autonomes.

Comme il avait déjà été mis en évidence plus haut, l'utilisation de la communication électronique comporte le risque de dépersonnaliser les relations, ce qui rendrait certainement les étudiants qui ont des difficultés encore moins enclins à recquérir une assistance. Pour ces personnes la fexibilité a de fortes chances d'être synonime d'échec. En effet, cette "philosophie" va à l'encontre des besoins de certains qui se situent plutôt au niveau d'un plus fort encadrement.

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L'illusoire collaboration

Enfin, l'idée de promouvoir la collaboration entre étudiants au moyen de groupwares paraît passablement irréaliste tant les étudiants ont tendance à gérer de plus en plus leurs études de manière très individualiste. Mais surtout, le fait de partager virtuellement un même espace de communication et d'information apparaît de loin pas une base suffisante pour que collaboration s'installe.

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Opérationnalisation

Maintenant que nous avons passé en revue quelques avantages et inconvénients des groupwares dans un environnement pédagogique, nous allons voir quelques propositions envisageables dans l'optique d'exploiter au mieux les potentiels de cet instrument.

Tentative de synthèse

A partir des différents points ou éléments qui ont été soulevés lors des deux derniers chapitres, je vais essayer de dégager quelques pistes pour la définition d'un dispositif de groupware efficace, c'est-à-dire faisant jouer la complémentarité entre cours traditionnel et support électronique plutôt que la substitution. Cette entreprise de synthèse comprendra trois étapes.

Dans un premier temps, je définirai trois objectifs que j'appellerais raisonnables, dans le sens où prenant en compte les difficultés potentielles présentées plus haut, ils seront plutôt modestes mais relativement sûrs en termes de coûts (ils ne peuvent guère générer de véritablement mauvaises surprises). Ensuite, je présenterai quelques éléments sur la manière de, ou les conditions à remplir pour, atteindre ces objectifs. Enfin, je décrirai une maquette qui a été réalisée dans le prolongement de ce projet et qui cherche à opérationnaliser les concepts dégagés ici.

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Vers l'autonomie collaborative

Le premier objectif que l'on peut attendre d'un groupware, et qui à mon sens est de loin le plus important est de développer la collaboration et l'autonomie, ce que je propose d'appeler d'"autonomie collaborative". Je parle d"autonomie collaborative" dans le sens où le but serait que les étudiants se débrouillent "seuls" et non "seul". Il est clair pour moi que cette idée d'"autonomie collaborative" est une dynamique à promouvoir et non un état d'esprit sur lequel il serait possible de s'appuyer. Il ne s'agit donc pas d'un effet nécessaire des groupwares mais plutôt d'un potentiel effet positif.

D'autre part, je pense que la verbalisation que nécessite le fait d'écrire un e-mail peut avoir un effet salutaire sur certains étudiants; en effet, à simplement réfléchir à la formulation de leur question, certains vont trouver la réponse tout seul et quelques uns parmi eux vont peut-être comprendre qu'ils ne sont pas si nuls qu'ils veulent bien le croire, mais qu'en réfléchissant un peu de manière sérieuse ils seraient certainement capables de bien plus.

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La permanence pédagogique

Ce deuxième objectif a plutôt trait à la flexibilité et à une offre d'enseignement plus performante. L'idée ici est de proposer une sorte de permanence pédagogique en profitant de la pluralité des enseignants et de leurs horaires. On pourrait ainsi optimiser la disponibilité de l'enseignant envers l'enseigné, tout en déchargeant le premier de sollicitations impromptues du dernier. Dans le même ordre d'idées, il est aussi envisageable de proposer aux étudiants des plages horaires où ils sauraient qu'au maximum dans l'heure, ou la demie-heure, qui suit, ils auraient la réponse à leur question.

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La décharge technico-administrative

Le dernier objectif concerne l'organisation générale du cours-séminaires et l'articulation entre ses différents éléments. Cela dépend évidemment du type de cours, mais le plus souvent, une des caractéristiques des cours-séminaires réside dans un supplément de "problèmes organisationnels" (coordination des séminaires, examens ou travaux pratiques, etc.). Le dispositif envisagé devrait justement permettre d'alléger substantiellement l'enseignement à proprement parler de ces questions administratives. Non pas que l'on puisse s'attendre à vraiment gagner du temps, mais cela permettrait lors des enseignements de se concentrer sur l'essentiel, ou du moins ne pas avoir à sans cesses passer d'un niveau à l'autre, ce qui a pour effet le plus souvent de perdre complétement les étudiants qui ont déjà un peu de peine à suivre. D'autre part, un tel dispositif permettrait d'assurer l'information pour tous (les gens ayant manqué une leçon).

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Rélisation des objectifs

Afin de donner toutes leurs chances à ces objectifs de se réaliser, j'aimerais dégager quelques principes dans l'optique de la conception et réalisation de groupwares. Ces principes sont tirés pour partie de la reflexion menée dans ce projet, pour partie de l'observation de dispositifs existants et de la pratique.

  • Groupware integré: ce point me paraît tout à fait essentiel; pour qu'un groupware dans le domaine de l'éducation ait des chances de fonctionner, il ne peut être mis à disposition tout seul, ses chances de survie seraient à mon avis proches de zéro (en témoigne la très faible, pour ne pas dire inexistante, utilisation du e-mail dans les contacts enseignants-enseignés). Il est donc primordial qu'il y ait intégration du groupware dans un dispositif informatique plus large et qu'il ne se suffise pas à lui-même, mais constitue un instrument, une fonction à l'intérieur d'un ensemble d'autres ressources.
  • Groupware concentré: un défaut que l'on retrouve souvent me semble-t-il dans les environnements intégrés (Campus Tecfa, Web CT) est la multiplication et la dispersion des éléments du groupware. Je pense que ces deux caractéristiques nuisent à la fréquentation régulière des fourms par exemple, ce qui paraît quand même une des préconditions à leur animation. En ce sens, je préconise de regrouper les différents instruments sur un même lieu, qui soit évidemment facilement accessible et de se restreindre à un nombre pas trop élevé de ces instruments.
  • Distribution de biens rares: pour qu'un forum soit utilisé, il faut au préalable qu'il soit fréquenté. Pour cela, un moyen est de proposer en son sein certaines choses qui ne se trouvent nulle part ailleurs. En ce sens le groupware n'est plus simplement qu'un supplément, qu'un instrument complémentaire du cours-séminaire, il en devient partie intégrante. Par exemple, on pourrait distribuer les correctifs d'exercices, les dates d'examens au moyen du forum.

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Présentation de la maquette

En m'appuyant donc sur ces principes et en visant les objectifs présentés plus haut, j'ai conçu une maquette (cliquer sur l'image ci-dessous pour y accéder) pour le scénario de référence, qui permet de montrer une opérationnalisation possible d'un groupware qui se voudrait efficace; évidemment, on ne peut juger de la réussite du modèle réduit que sur certains aspects, puisqu'en fin de compte seule la pratique peut dire si un dispositif est véritablement une réussite ou non.

Par rapport à l'opérationnalisation des principes retenus, nous voyons d'abord que tout tient en une page, et que cette dernière n'est autre que la Home page du site, par définition accessible depuis partout à l'intérieur. Ensuite, les instruments sont limités, les e-mails des assistants, qui se trouvent sur la droite, plus deux forums, un technique et l'autre conceptuel. Dans cette optique de limitation, j'ai beaucoup hésité à recourir à deux forums mais il s'est assez vite avéré que de confondre en un seul forum, deux types de préoccupations, d'interrogations si différentes aurait plus contribué à dérouter les étudiants qu'à augmenter l'audience.

Pour voir la maquette

Ensuite, par rapport à notre scénario, il semble que ce modèle soit tout à fait adapté puisqu'à la fois il existe(ra) un véritable environnement dans lequel s'intégrerait le groupware, que ce dernier pourrait être facilement la source d'informations indispensables (liste des groupes en début d'année, dates, heures et lieux d'exas, et même les résultats si l'on veut), qu'il y a un grand nombre de questions des étudiants.

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Perspectives

Dans ce dernier chapitre, nous allons juste essayé de tirer quelques conclusions du travail effectué avec ce projet, d'évaluer dans quelles mesures il a été possible d'obtenir ou de traiter les aspects envisgés en début de recherche.

Points forts

Pour commencer par les satisfactions, je pense que ce projet a le mérite de rester modeste, et en cela réaliste. Tout en se voulant critique, son approche débouche quand même sur quelques éléments tout à fait concrets, sans renier les qualités potentielles de ces dispositifs mais sans tomber dans l'absurde inverse de l'ébouissement béat devant tout ce qui est à peu près nouveau.

Par ailleurs, ce dispositif a encore l'avantage de ne pas sappuyer sur une vision trop optimiste de l'étudiant, ce qui évite certaines mauvaises surprises.

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Points faibles

Du côté des insuffisances, je voudrais juste mentionner deux points:

  • Mise de côté de la gestion: cet aspect (la gestion) a en effet complétement été négligée dans ce rapport, ainsi n'a-t-il pas été approfondi la question de la répartition des tâches parmi le sétudiants, ni l'éventuel présence du professeur dans le dispositif
  • Peu de collaboration: malgré qu'il ait été présenté avec l'objectif de développer celle-ci, elle apparaît quand même comme un effet espéré mais aucune mesure visant spécifiquement ce but n'a été élaborée.

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Améliorations envisageables

Bien sûr, on pourrait déjà essayé de pallier aux deux insuffisances qui ont ét observées, mais d'une manière plus générale il s'agirait quand même d'attendre un peu que l'utilisation du groupware nous donne ses résultats. En effet, cela demeure encore le meilleur moyen de savoir comment fonctionne réellement ce genre de systèmes au niveau individuel.

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Conclusion

Finalement, l'étude menée ici sur les groupware est à la fois positve et à la fois déprimante, elle montre que ce genre de services peuvent être véritablement utile, mais que pour cela , il y a pas mal de principes à tenir, beaucoup de boulot à réaliser et de temps à passer.

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Rapport sur le projet

Réalisé par Julien Dubouchet

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