Sommaire du mémoire de Sylvain RHEAUT
Durant les quinze dernières années de sa vie, Rousseau
a consacré énormément de temps et d'énergie
à la botanique. Plus qu'un simple passe-temps, c'était devenu
une véritable passion. En constatant l'importance qu'il accordait
à cette science, on peut se demander quelle place a pu occuper et
quel rôle a pu jouer la botanique dans l'œuvre de Rousseau. Avant
de répondre à cette question, il s'est révélé
nécessaire de rassembler d'abord tous les éléments
qui faciliteraient l'étude de ce thème. Il a fallu, dans
un premier temps, fouiller l'enfance et les premières œuvres de
Rousseau afin de mettre à jour les racines de sa passion pour la
botanique. Il fallait ensuite se représenter le contexte social
et scientifique autour de 1762, année durant laquelle Rousseau s'adonne
pour la première fois à l'étude des plantes de façon
scientifique. Une fois ces éléments en place, il devenait
possible de procéder à une approche littéraire et
psychanalytique de la botanique dans l'œuvre de Rousseau. Plusieurs chercheurs
avaient déjà défriché ce terrain, et la deuxième
partie du travail se consacre à réaliser une synthèse
de ces études éparpillées. On a commencé par
observer les effets du vocabulaire scientifique sur l'écriture de
Rousseau et par constater comment ce dernier appliquait son style à
la botanique. On a découvert ensuite que la botanique, à
l'instar d'une drogue, était devenue pour Rousseau une nécessité
affective; il utilisait cette "science aimable" pour se mettre à
l'abri des hommes et de ses propres chimères. Enfin, le rôle
de la botanique dans le processus du souvenir a été mis en
lumière de même que les étroites associations qui s'établissent
entre l'étude des plantes, le thème des paradis perdus et
les femmes. Par le biais d'un de ces éléments, Rousseau était
à même d'évoquer les autres. Dans la troisième
partie, il est question de Rousseau en tant que vulgarisateur. On était
familier avec l'écrivain, le philosophe et le pédagogue,
il restait à connaître l'auteur des textes de vulgarisation
que sont les Lettres sur la botanique et du Dictionnaire de botanique.
En vue de démontrer la pertinence scientifique de ces écrits,
on a dû d'abord mesurer son érudition botanique et, pour ce
faire, sa correspondance a été des plus utiles puisqu'elle
a permis de retrouver les livres qu'il avait lus et de mettre en lumière
les relations qu'il avait entretenues avec des gens du milieu scientifique.
Ensuite, toujours au moyen de la correspondance, on a pu établir
les positions de Rousseau dans les débats scientifiques en cours
et découvrir les activités botaniques auxquelles il s'est
adonné avant de s'intéresser à l'écriture d'initiation.
Enfin, muni de toutes ces informations, on a pu analyser les Lettres et
le Dictionnaire en tant qu'œuvres de vulgarisation.
Herbier de Jean-Jacques Rousseau
(collection Abbaye de Chaalis)